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DE L'OUEST

(BRETAGNE, POITOU ET ANJOU).

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Dans un siècle et à une époque où tant de livres élaborés par le charlatanisme arrivent à la publicité sous le manteau de la camaraderie, il nous est doux de signaler une œuvre exemplairement consciencieuse, où le cœur tient plus de place encore peut-être que l'intelligence. Nous sommes heureux et fier que cet ouvrage soit dû à une plume bretonne (2); et c'est surtout cette origine qui, malgré notre inexpérience, nous a déterminé à en entretenir les lecteurs de la Revue.

(1) Un vol. in-8o, orné d'un portrait de Charlet, par Bellangé. Prix: 5 fr. A Paris, chez Paulin et Le Chevalier; à Nantes, chez And Guéraud et Cie.

(2) Né à Lorient, le 18 mars 1790, M. de La Combe servit honorablement dans l'ancienne armée et prit part aux dernières campagnes de l'Empire dans les rangs de l'artillerie de la vieille garde impériale. Resté des derniers à Fontainebleau, au moment de l'abdication, il recueillit ces paroles de la bouche même de l'empereur Napoléon: « Servez le nouveau souverain de la France avec la « même fidélité et le même dévouement que vous m'avez montrés. » Ces paroles, M. de La Combe les a prises au sérieux; colonel d'artillerie à vingt-cinq ans, ayant devant lui une carrière qui ne pouvait manquer d'être belle, il n'hésita pas, lors de la révolution de 1830, à briser son épée et à rentrer dans la vie privée, pour ne plus en sortir.

Nous dirons tout d'abord que cette publication a comblé un de nos vœux les plus chers, satisfait un besoin de notre cœur, en dévoilant enfin sous son véritable jour un grand artiste (1), une noble nature, un homme des temps antiques. Depuis près de trente ans, en effet, nous avons voué à Charlet une admiration ou plutôt un culte que comprendront tous ceux qui, comme nous, ont étudié l'œuvre de ce génie si éminemment vrai, de ce moraliste si profond, de ce dessinateur si correct et si pur (2).

Que d'autres se bornent à voir dans Charlet l'heureux reproducteur des types militaires de la République et de l'Empire (3), ou l'un des

(1) Nous savons, et nous en avons eu les preuves écrites sous les yeux, que Eugène Delacroix, dont on ne peut récuser la haute compétence comme peintre et comme écrivain, professe pour Charlet la plus vive admiration; il le regarde comme un des plus grands artistes de tous les pays. Presque tous ses ouvrages sont des chefs-d'œuvre, dit-il ; et si sa place n'a pas encore été marquée, elle ne peut manquer de l'être par ceux qui nous suivront.

A l'appui de ce jugement, nous ajouterons que, chaque jour, les productions de Charlet semblent acquérir une valeur nouvelle. Dans une vente qui vient d'avoir lieu à Paris, la lithographie du Tambour-maître, imprimée chez Motte, en 1821, a été adjugée au prix de 60 francs; celle des Deux Grenadiers de Waterloo, éditée par Delpech en 1818, est montée jusqu'à 81 francs, et enfin un dessin très-peu fait du maître, n'a pas été payé moins de 700 fr.

(2) Nous nous sommes servi de cette dernière épithète non-seulement pour caractériser la distinction et la correction du dessin chez Charlet, mais pour indiquer encore que l'obscénité la moins répréhensible ne salit jamais son rayon. Un de ses biographes a exprimé la même pensée avec un rare bonheur: «La muse de Charlet, quelque peu vivandière, dit-il, se fourvoie volontiers au milieu des verres et des pots. Naïve, burlesque, railleuse, elle vole de l'école au cabaret. Mais, quelle que soit son allure, jamais souillée, elle ennoblit tout ce qu'elle touche, et la franchise, la finesse de l'observation, écartent la vulgarité d'un crayon constamment spirituel et ferme. »> (Magasin pittoresque, t. XIV, p. 311.)

(3) A ce point de vue, la supériorité de Charlet sur tous ses contemporains n'a jamais été contestable et n'est plus contestée aujourd'hui. « Hto Bellangé, si bon juge en pareille matière, dit M. de La Combe, m'écrivait dans le temps : « Jamais « personne ne parviendra à cette vérité dans les types et dans les allures que « Charlet possédait si bien et qui le rend inimitable. Dans cent ans, on consultera « son œuvre comme la reproduction la plus fidèle des costumes et des militaires « de notre époque..... >> On ne saurait trop admirer cet esprit d'observation qui lui fait donner son caractère à chaque arme. Non-seulement le fantassin ne ressemble pas au cavalier, mais le grenadier est tout aussi différent du voltigeur que le dragon du hussard ou du lancier.

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