» sub furca vinctum inter verbera et cruciatus SUJE T D'HORA CE. XV ALBE LBE et Rome sont en guerre. Celle de ces deux Villes qui succombera sous les efforts de l'autre, doit lui être asservie. Mais presque tous les habitans de l'une ont fait quelqu'alliance, et voyent leurs parens et leurs amis dans l'autre. On convient donc unanimement de cesser l'hostilité générale et de faire combattre trois Romains contre trois Albains, pour terminer la querelle. Le sort nomine les six combattans: ce sont, d'un côté, les trois fils du vieil Horace, Chevalier Romain, et, de l'autre, les trois freres Curiaces, Gentilshommes d'Albe. Mais l'un des Horaces est l'époux de Sabine, sœur des Curiaces, et l'un des Curiaces est l'amant aimé de Camille, sœur des Horaces. Malgré des liens si puissans sur les cœurs de ces chers ennemis, ils combattent. Deux Horaces tom bent sous les coups de leurs adversaires; mais le troisieme triomphe de tous, les uns après les autres. Camille, au désespoir de la mort de son amant, auquel elle alloit être unie, sans ce malheureux combat, la reproche vivement à son frere, qui, furieux de lui voir des sentimens si peu Romains, lui plonge son épée dans le scin. Valere, Chevalier Romain, amoureux de Camille, et à qui la mort de Curiace donnoit quelqu'espoir, demande à Tulle, Roi de Rome, vengeance de cet attentat, que le vieil Horace prétend ne devoir être regardé que comme l'effet d'un premier mouvement, excusable dans un vrai Romain. Mais le Roi décide que ce qu'Horace vient de faire pour Rome le met au-dessus des Loix, et qu'au lieu de le punir, elle ne doit s'occuper que de l'avantage qu'il lui procure, en la rendant dominatrice d'Albe. xvij JUGEMENS ET ANECDOTES SUR HORACE. cc SI l'on reprocha à Corneille d'avoir pris dans un contemporain les beautés les plus touchantes du Cid, on dut le louer d'avoir transporté sur la scene Françoise, dans Les Horaces, les morceaux les plus éloquens de Tite-Live, et même de les avoir embellis. » Voltaire, Préface des Horaces, édition de P. Corneille avec des Commentaires. La persécution qu'on avoit exercée contre le Cid, fit craindre à Corneille qu'Horace n'eût pas un meilleur sort. Témoin, observe Pélisson, (Histoire de l'Académie Françoise) ces paroles qu'il écrivit à un de ses amis et des miens, lorsqu'ayant publié sa nouvelle Tragédie, il courut un bruit que l'on feroit encore des Observations et un Jugement sur cette Piece: Horace , dit-il, fut condamné par les Duumvirs ; mais il fut absous par le Peuple.» « Le succès a fait voir que Corneille cut tort de s'abandonner à une semblable crainte. ( Parfaict, Histoire du Théatre François , tome sixieme , page seconde de la Préface et de l'Histoire. ) On ne pouvoit pas avoir oublié ce qui étoit arrivé à l'occasion de son dernier Ouvrage : aussi Horace fut-il universellement applaudi. Personne n'osa écrire contre une Piece plus parfaite que le Cid.... La Tragédie d'Horace présente un événement aussi grand qu'intéressant : les épisodes augmentent encore cet intérêt , et la versification acheve de rendre ce Poëme un des chef-d'oeuvres du Théatre François. » « Pour découvrir tout le secret de diversifier agréablement une action, il ne faudroit que découvrir l'art dont Horace est conduit. (Fontenelle , Refexions sur la Poétique..) Les trois Horaces combattent pour Rome , et les trois Curiaces pour Albe ; deux Horaces sont tués, et le troisieme , quoique resté seul , trouve moyen de vaincre les trois Curiaces : voilà ce que l'His |