La vie des mots: étudiée dans leurs significations

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Delagrave, 1889 - French language - 212 pages

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Page 125 - Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes : Ils peuvent se tromper comme les autres hommes ; Et ce choix sert de preuve à tous les courtisans Qu'ils savent mal payer les services présents.
Page 187 - Ains a péri : la voyelle qui le commence, et si propre pour l'élision, n'a pu le sauver; il a cédé à un autre monosyllabe mais, et qui n'est au plus que son anagramme.
Page 37 - Il suit de là que la vie des mots n'est autre chose que la valeur constante que l'esprit, par la force de l'habitude, leur donne régulièrement, valeur qui les rend les signes normaux de telles images ou idées. Les mots naissent, quand l'esprit fait d'un nouveau mot l'expression habituelle d'une idée; les mots se développent ou dépérissent, quand l'esprit attache régulièrement à un môme mot un groupe plus étendu ou plus restreint d'idées.
Page 116 - C'est un de ces mots éphémères qui naissent avec le besoin instantané et meurent dès qu'il cesse ; ce ne sont pas des mort-nés ; ils ont vécu un moment et peuvent revivre avec la circonstance qui les a créés. Si le néologisme littéraire relève de. la critique et lui doit compte de ses créations, le néologisme populaire ne relève que de lui-même, et c'est à la science à .en rendre compte. Les anciens l'avaient déjà reconnu : le peuple est souverain en matière de langage : Populus...
Page 128 - L'hiver lui plaît; l'hiver, sauvage combattant, II se refait, avec les convulsions sombres Des nuages hagards croulant sur ses décombres, Avec l'éclair qui frappe et fuit comme un larron , Avec les souffles noirs qui sonnent du clairon, Une sorte de vie effrayante, à sa taille ; La tempête est la sœur fauve de la bataille...
Page 117 - Il est triste qu'en fait de langues, comme en d'autres usages plus importants, ce soit la populace qui dirige les premiers d'une nation. » Le suffrage universel n'a pas toujours existé en politique; il a existé de tout temps en matière de langue; là le peuple est tout-puissant, et il est infaillible, parce que ses erreurs, tôt ou tard, font loi. Le langage en effet est une création naturelle et non une construction rationnelle et logique. Les hommes, pour...
Page 129 - H les mots de même famille se renvoient, comme par ricochet, des significations ou des emplois propres seulement à l'un d'entre eux. » Ces deux chapitres abondent en exemples curieux et se lisent avec le plus vif intérêt. Le chapitre ni a pour titre : Concurrence vitale. Il présente quelques exemples de mots qui, pour des raisons diverses, arrivant à avoir des synonymes, ont perdu plus ou moins complètement leur sens ou leur existence...
Page 40 - Tout substantif, dit-il (p. 40), désigne à l'origine un objet par une qualité particulière qui le détermine. » Poursuivons cette observation, nous arrivons bien vite à voir que tout substantif doit être à l'origine un adjectif. Et, en effet, je ne crains pas de trop m'avancer en disant que tous les substantifs dont on connaît l'étymologie sont en réalité des adjectifs : donner...
Page 173 - Voilà ce que nous montre l'usage général de la langue actuelle. Mais, prenons les termes de métier, et nous verrons l'ouvrier verrier cueillir le verre au bout de sa canne, le maçon cueillir le plâtre avec sa truelle. C'est là que s'est réfugiée et qu'est encore vivante la signification qu'avait le mot dans la vieille langue. — La préposition en pour la conscience actuelle de la langue est le synonyme de dans, avec cette particularité qu'elle s'emploie devant des noms indéterminés...
Page 133 - Ainsi malgré les liens de famille que le développement de la langue peut établir entre les mots, le plus souvent ils vivent chacun de leur vie propre et suivent isolément...

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