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Nous citerons les exemples suivants :

C'est elle, la bonne ale. Allons, tends-lui ton cou, Ouvre ta bouche entière,

Et mets la bière en toi! tu mets du même coup Ton ennui dans la bière.

J. RICHEPIN, Pâle et Blonde.

Tu l'aimais ton Paris, charogne parfumée
Pleine tout à la fois d'essences et de vers!

Le même, à Adrien Juvigny.

Derrière elle, au bord de l'ombre, dominant de sa haute taille, la table en désordre et les convives pâmés, Baptiste se tenait debout, la chair blanche, la mine grave, avec l'attitude dédaigneuse d'un laquais qui a repu ses maîtres.

E. ZOLA, La Curée, p. 38.

M. Emile Zola, parle encore, dans la Curée, page 68, d'une vague senteur de confessionnal et de cabinet de sagefemme.

L'allusion, en vertu d'une comparaison qui se fait dans l'esprit, dit une chose pour une autre, dont on ne fait pas une mention expresse.

Le Maître nous en fournit un bel exemple dans la peinture de l'intérieur d'un atelier de fleuristes.

Elles détournaient le mot de son sens, lui donnant une signification cochonne, mettaient des allusions extraordinaires sous des paroles simples comme celles-ci : « ma pince est fendue » ou bien « qui est-ce qui a fouillé dans mon petit pot. »> L'Assommoir, p. 464.

La périphrase, qui développe par un circuit de paroles ce qu'on aurait pu dire en moins de mots et quelquefois en un seul, mais d'une manière moins gracieuse, moins noble ou moins adroite, est absolument inconnue en littérature natu

raliste. Elle est contraire à l'essence même des principes. Nous ne la citons que pour mémoire et afin qu'on se garde bien d'imiter, en l'employant, les écrivains prétentieux ou pauvres d'idées qui en ont jusqu'ici abusé.

Veut-on quelque chose de plus recherché et de plus faux que ces quatres vers de Voltaire, cités comme modèle de périphrase?

L'Aurore cependant au visage vermeil
Ouvrait dans l'Orient le palais du Soleil.

La Nuit, en d'autres lieux, portait ses voiles sombres;
Les Songes voltigeants fuyaient avec les ombres.

Tout cela, au lieu de dire: « Le jour commençait à luire »> ou « le soleil se levait », ce qui aurait été bien plus intelligible et plus vrai.

Et cette autre de Dellile :

Et d'une horrible toux, les accès violents
Etouffent l'animal qui se nourrit de glands.

L'animal qui se nourrit de glands, pour ne pas dire un « porc »>; est-ce assez puéril?

Le soin que les écrivains naturalistes apportent à la propriété des termes nous montre le peu de cas qu'ils font de la périphrase. Ils ont bien raison.

L'hypothypose consiste à peindre si vivement et si énergiquement les objets que le lecteur croit avoir véritablement sous les yeux l'action, l'évènement, la passion ou le phénomène dont on lui parle. Bien employée, cette figure est toujours d'un effet saisissant.

L'hypothypose comprend:

L'éthopée qui décrit les mœurs, le caractère des hommes en général et l'instinct des animaux.

La prosopographie qui représente d'une manière vive et frappante la figure, l'air, le maintien, la démarche des hommes ou des animaux.

La topographie qui peint le lieu où se passe un fait, un évènement, et L'ODOROGRAPHIE ou description des odeurs émanant des lieux décrits.

Ces figures sont en littérature naturaliste les plus importantes, celles dont un écrivain habile sait tirer le plus grand parti pour intéresser et attacher vivement ses lecteurs. La vérité, l'exactitude scrupuleuse en sont les qualités principales dont rien ne doit détourner un auteur consciencieux.

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