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-Oh! la la, ça gazouille, dit Clémence, en

se bouchant le nez.

E. ZOLA, L'Assommoir, p. 177.

Et dans La Curée, Renée répond à Maxime, qui prie sa belle-mère de ne pas être trop cruelle pour ce pauvre M. de Mussy :

Va dire à M. de Mussy qu'il m'embête.
E. ZOLA, La Curée, p. 44.

La pensée est claire lorsqu'elle représente l'objet d'une manière distincte, c'està-dire séparé de tout ce qui lui est étranger, et le sentiment est clair lorsqu'on aperçoit facilement la sensation ressentie.

Le trac lui serra les fesses..

E. ZOLA, L'Assommoir, p. 422.

C'est un des principaux effets de la peur

clairement exprimé.

Les hommes s'amusèrent à crier très fort, pour éveiller l'écho de l'arche, en face d'eux. Boche et Bibi la Grillade, l'un après l'autre, injuriaient le vide, et lui lançaient à toute volée : « Cochon! » et riaient beaucoup quand l'écho leur renvoyait le mot....

E. ZOLA, ibid., p. 99.

La pensée et le sentiment sont naturels quand ils conviennent parfaitement à la situation des personnes et qu'ils paraissent couler de source.

Telle est cette apostrophe du gardien d'un jardin public, réveillant un homme endormi sur un banc :

Il faut dormir chez soi quand on est soûl, crapule!

J. RICHEPIN, chanson des Gueux,

Les Terrains Vagues.

Quoi de plus naturel ?

Autre exemple:

Comme le zingueur recommençait à prêcher, l'autre, qui s'était mis debout, se donna une claque sur la fesse, en criant:

Ah! tu sais, baise cadet..... Garçon ! deux litres de vieille!

E. ZOLA, L'Assommoir, p. 112.

11.

CARACTÈRES PARTICULIERS DES PENSÉES

ET DES SENTIMENTS.

Les caractères particuliers des pensées et des sentiments sont :

La naïveté, la finesse, la grâce, la délicatesse, la hardiesse, la force, la vivacité et l'énergie, la majesté et la sublimité.

La pensée naïve est celle qui, sous un air simple et ingénu, réveille soudain une vérité qu'on ne soupçonnait pas.

Boche, d'illustre mémoire, explique naïvement son contentement, à la vue d'une oie succulente apparaissant sur la table:

Cependant l'oie venait de laisser échapper un flot de jus par le trou béant du derrière; et Boche rigolait.

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Moi, je m'abonne, murmura-t-il, pour qu'on

me fasse comme ça, pipi dans la bouche.

E. ZOLA, L'Assommoir, p. 274.

La naïveté se rencontre ordinairement chez les enfants qui sont nés avec beaucoup d'esprit.

Dans le Ventre de Paris, le petit Muche, un gamin de sept ans, dit à l'inspecteur des halles Florent :

C'est ma tante Claire qui a l'air d'une carne, ce matin.... dis, monsieur, est-ce que c'est vrai que tu vas lui chauffer les pieds, la nuit?

E. ZOLA, Ventre de Paris, édit. illust. p. 171.

Le sentiment naïf est celui qui paraît partir du cœur, sans effort et sans apprêt, auquel on ne s'attendait pas.

Je t'ai beaucoup aimé grand voyou de caniche
Et j'offris bien souvent la pâtée et la niche
A ton existence sans but;

Mais par le rire obscur de ta prunelle bleue,
Par le geste éloquent et voulu de ta queue
Toujours tu me répondais: zut!

J. RICHEPIN, chanson des Gueux,
A un ami sans nom.

La pensée fine est celle qui ne présente le sens qu'à demi, pour laisser deviner le

reste.

Dans L'Assommoir, Gervaise, abandonnée par Lantier, demande à Coupeau qui l'invite à la suivre et à unir son existence à la sienne :

Qu'est-ce que nous ferions ensemble ?

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