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M. de Buffon d proportion du respect et de l'es- | une circonstance particulière, il prend les armes time que j'ai pour lui. » J. J. « Les professions pour le renverser; mais un peuple, sans cesse ne paraissent ridicules qu'à proportion du sérieux inquiet et remuant, qui n'obéit qu'avec peine, est qu'on y met. » MONTESQ. « Un de nos amis que rebelle à son roi; les hérétiques sont rebelles à vous aimez à proportion des soins qu'il a de moi. » Dieu (MONTESQ.). « Quiconque ne résiste pas SEV. En proportion de signifie suivant telle me- à ses volontés, il est injuste au prochain, insure exacte, et a rapport uniquement à la quan- commode au monde et outrageux à Dieu. » Boss. tité. Il ne dépense pas en proportion de son re- << Henri IV était indulgent à ses amis, à ses servenu (et non pas à proportion de son revenu, viteurs, à ses maîtresses. » VOLT. « Le chien se comme le dit à tort l'Académie). « La critique pique d'être soigneux et fidèle à son maître. » LAF. exige du talent en proportion de ce qu'il peut. » 7° A, VERS.

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INGRAT, REBELLE, INJUSTE, INDULGENT, FIDÈLE, etc., à et envers.

Que la préposition à ait pour caractère ordinaire la généralité, le vague et l'indétermination, c'est ce que démontre tout ce qui a été dit jusqu'ici dans ce chapitre. Toutefois, ce caractère ne lui convient que quand, élevée au plus haut degré de l'abstraction, elle s'emploie comme une sorte d'auxiliaire à la suite des verbes et des adjectifs qu'elle joint à leur régime. Hors de là, considérée quant à sa valeur origi nelle et relativement au rapport qu'elle exprime proprement, elle a un sens précis, et c'est par cette précision même qu'elle se distingue d'autres prépositions, de vers, par exemple.

A et vers servent également à distinguer l'endroit où est une chose ou bien où aboutit une action; mais vers ne le désigne qu'à peu près. Cette étoile est située vers le nord signifie qu'elle est plutôt dans cette partie du ciel que dans une

Chacun de ces adjectifs avec à marque une manière d'être ou une disposition vague, générale, habituelle ou peu remarquable. Aussi est-ce toujours à qu'ils prennent avec les noms de choses, c'est-à-dire quand il s'agit de désigner les sentiments qu'on éprouve, ou d'exprimer comme on est à l'égard des choses. Ingrat à des bontés (FÉN., VOLT.), à des faveurs (MASS.), à un bien-autre, qu'elle est aux environs du nord. Quand fait (Boss.). Rebelle aux lois (J. J.), à la justice, on dit qu'elle est située au nord, le nord est aux ordres ou à la volonté de quelqu'un (ACAD.). considéré, non plus comme une grande division << Cela montre combien la réforme était indul- du ciel, mais comme un point fixe tout près dugente à ces pieux assassinats. » Boss. Fidèle à quel est l'étoile en question. Viens vers moi, veut sa vocation (BOURD.), à sa parole ou à l'amitié dire seulement viens de mon côté, et ne va pas (ACAD.). Les mêmes adjectifs s'emploient avec d'un autre, approche-toi de moi. Viens à moi, envers pour annoncer quelque chose de plus spé-indique la personne qui parle comme un terme cial, de plus significatif, de plus extraordinaire, ou un point précis sur lequel elle commande de et, par exemple, pour montrer de quelle manière se diriger. on est disposé, non plus à l'égard des choses, mais à l'égard des personnes. Ingrat envers son bienfaiteur (ACAD.), envers Dieu (PASC., BOURD., FEN.). Rebelle envers son roi légitime (VOLT.). La nature envers vous me semble bien injuste. (Le Chêne au Roseau). LAF.

Ces deux prépositions appliquées au temps diffèrent de même. Les historiens font remonter sa naissance vers l'année 1500, c'est-à-dire à peu près à cette année, environ l'année 1500, comme on disait autrefois. A notre heure dernière, indique un moment trop court et trop bien déter« De cette façon l'Église a cru être assez indul-miné pour qu'on puisse y substituer, dans aucun gente envers les homicides. » PASC. « Il ne suffisait pas que Dieu parût fidèle envers lui (S. Ignace de Loyola). » BOURD. « La charité nous rend fidèles envers tout le monde. » Nic.

cas, vers notre heure dernière.

A, ad, indique le point, mais le point fixe, précis, circonscrit, où l'on tend. Vers, de versus, tourné du côté de, ou simplement du côté de, Avec les noms de choses, il n'y a point de dif- exprime plutôt la situation où le côté par rapficulté; c'est toujours de la préposition à qu'il port à un autre ou à d'autres côtés qu'il exclut : faut se servir. Mais avec les noms de personnes, ce qui est vers l'orient n'est point du côté de envers n'est pas toujours de rigueur. Quelquefois l'occident, du midi ni du nord, sans plus de on peut et on doit dire, ingrat, rebelle, injuste, détermination. C'est pourquoi vers s'emploie parindulgent, fidèle à quelqu'un plutôt que envers ticulièrement bien quand il s'agit d'un lieu qui, quelqu'un. C'est quand on veut indiquer à l'égard dans l'usage ordinaire, est opposé à d'autres: de quelqu'un up sentiment vague, peu marqué, vers l'orient, vers l'occident, etc.; voyez ce pascomme est celui qu'on éprouve pour les choses, sage dans tel livre, vers le commencement, vers ou bien habituel et par cela même peu frappant. le milieu. Vers contient toujours cette idée d'opL'empereur d'Allemagne Henri IV dit haute- position à d'autres côtés ou à d'autres directions, ment que le pape Grégoire VII ne pouvait être et à, jamais; celui ci est absolu. Un médecin ou ingrat à son bienfaiteur. » VOLT. « Quand l'allu- un marchand, en concurrence avec d'autres, sion se présente d'elle-même, ce serait être in-dira: Venez vers moi. Mais on dira à un homme grat à la Fortune que de la rejeter. » VAUG. qui n'a de secours à attendre d'aucune part: Un sujet est rebelle envers son roi, quand, dans Venez à moi; ce qui ne supposera pas, comme

«

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dans le cas précédent, la défense d'aller d'autre la même différence trouvée entre d et avec, côté. Un vaisseau se dirige vers l'orient, parce entre à et pour, entre à et sur, se retrouve entre qu'ainsi il arrivera plus tôt au terme de sa course de et avec, entre de et pour, entre de et sur. que s'il allait vers l'occident, etc. On se dirige à Quelques exemples suffiront pour le démontrer. un lieu, par des raisons tirées du terme lui- De et avec, comme à et avec, désignent égalemême : un vaisseau va au nord, l'autre au midi, ment l'instrument ou la matière dont on se sert parce qu'ils espèrent tirer de plus grands avan- pour faire quelque chose. Frapper du pied ou tages de leur commerce, l'un avec le nord, l'autre avec le pied, lancer de la main ou avec la main, avec le midi. On lève les yeux ou les mains vers payer de ses deniers ou avec ses deniers, comle ciel toutes les fois qu'on a quelque raison pour bler un fossé de pierres ou avec des pierres. De ne pas les abaisser vers la terre; on lève les yeux est pour l'ordinaire, l'habituel; avec, pour les ou les mains au ciel pour implorer l'assistance cas particuliers, singuliers, remarquables: on de Dieu, pour adresser au ciel quelque prière. frappe du pied la terre, et avec le pied un objet Après avoir considéré les divers éléments, pour qu'on rencontre, une bête venimeuse, le haut en tirer des preuves de l'existence de Dieu, Fé-d'une chaise ou d'une table; on comble un fossé nelon continue en disant : « Il est temps de lever nos yeux vers le ciel. » « Tout près de là était un homme qui, élevant les yeux au ciel, disait Dieu bénisse les projets de nos ministres! » MONTESQ. « Que de voix plaintives s'élèvent au ciel contre ces hommes! » MASS.

ང་

La distance est si grande entre à et vers dans à la fin et vers la fin, qu'on peut mettre entre deux une autre préposition, sur: sur la fin. Quand on est à la fin de quelque chose, on a fini, on n'a plus rien à faire; quand on est vers la fin, on est déjà loin du commencement, on a même passé le milieu, mais rien de plus; quand on est sur la fin, ou va finir, on voit le terme tout près de soi, on y touche, on est presque dessus. Une discussion s'élève vers la fin d'un repas; c'est une vive querelle sur la fin du repas: et. à la fin du repas c'est une rixe, on sort de table pour se battre. « Elle me prie à la fin de son billet de lui renvoyer ce livre, J. J., implique qu'après cette prière le billet ne contient plus rien. « J'avais fait, vers la fin de l'Émile, une sortie contre cette cruauté, »J. J., indique seulement que cette sortie se trouve dans la dernière partie de l'ouvrage, et non pas dans la première ni dans celle du milieu. « Vous me reprochez de n'avoir pas fait changer de système à Wolmar sur la fin du roman, » J. J., c'est-àdire au moment ou sur le point de le finir, quand le roman approche du terme. D'ailleurs sur a cela de particulier, qu'il désigne, non pas la situation comme les deux autres, mais l'approximation ou l'action d'approcher: il n'est applicable qu'aux choses qui se font et non aux choses qui sont. Ainsi on ne dit pas sur le milieu d'un champ ou du ciel, comme on dit au milieu ou vers le milieu d'un champ ou du ciel. A la fin ou vers la fin d'un livre se trouve telle chose; sur la fin d'un livre, l'auteur fait telle chose, l'action change ou se modifie de telle manière. Il est sur son départ, et non à ou vers son départ, parce qu'il s'agit ici d'une action pure et non d'une

chose.

8 DE et AVEC, DE et POUR, DE et SUR. Comparativement l'une à l'autre, les deux prépositions à et de sont, celle-ci plus déterminative, celle-là plus générale. Mais à l'égard des prépositions spécificatives proprement dites, c'està-dire de toutes les autres, elles ont un sens également vague et indéfini. Ainsi, à et de sont dans le même rapport relativement à par; et

SYN. FRANC.

de pierres, de décombres, et quelquefois, pendant la guerre, on comble les fossés avec des cadavres. Ou bien encore on se sert d'avec pour spécifier, dans le genre d'instrument et de matière généralement employés, l'espèce ou l'individu qu'on emploie dans un cas particulier. « S'il avait eu une fronde, le sauvage lancerait-il de la main une pierre avec tant de roideur? » J. J. Nous lançons mieux des pierres avec la main droite qu'avec la main gauche. On paye de ses deniers, et avec les premiers deniers de sa recette. On distingue les choses les unes des autres, comme on les compare les unes aux autres, sans grand effort, sans attention, sans difficulté, à première vue; et on les distingue les unes d'avec les autres expressément, en démêlant, en déterminant, en marquant fortement leurs traits caractéristiques; c'est la différence de l'homme qui voit et représente aux autres ses perceptions, à l'homme qui regarde et rend compte aux autres de ses observations.

D'un autre côté, de et pour, dans moyen de parvenir et moyen pour parvenir, sont entre eux comme à et pour, dans les expressions synonymiques ci-dessus examinées. Vous direz d'une manière toute générale il ne néglige aucun moyen de parvenir; et d'une manière particulière: c'est là un excellent moyen pour parvenir. On trouve un moyen de parvenir, on cherche un moyen pour parvenir. Les mêmes nuances peuvent servir à distinguer occasion de et occasion pour, soin de et soin pour le soin que prennent tous les peintres de placer leurs tableaux dans un jour avantageux ne contribue pas peu à les faire valoir; Cicéron propose, à l'imitation de l'historien, pour la disposition des faits, « le soin qu'un homme de bon goût prend pour placer de bons tableaux dans un jour avantageux. » FÉN.

En conversation on parle, on discourt de choses et d'autres, de nouvelles, de modes, de voyages: un orateur parle, discourt, sur tel ou tel sujet, un savant sur des matières plus ou moins difficiles. Faire un traité d'horticulture et un traité sur la culture du dahlia. « Tous ceux qui se sont mêlés d'écrire ou de la religion ou de la philosophie se sont servis d'Homère et de ses livres.» MONTAIGN. Pour bien écrire sur la religion et sur la philosophie, il faut de longues études, une rare application et comme une vocation particulière. Une assemblée est instituée pour délibérer de telles ou telles choses, ou elle déli

bère de telles ou telles choses d'ordinaire, suivant le cours naturel des affaires; elle délibère sur une chose dans un cas particulier, ou sur une chose qu'on spécifie ou qui est remarquable sous quelque rapport, imprévue, importante, capable de causer de longs débats. On félicite quelqu'un d'avantages communs, qui lui sont advenus, qui n'ont pas dépendu de son mérite propre, et, par exemple, d'un changement de fortune par suite de succession (LES.). « Je vous félicite du plaisir que vous avez eu de faire le voyage avec M. le comte d'Egmont. » MONTESQ. On félicite quelqu'un sur ses qualités, sur ses talents et sur ce qu'ils lui ont valu ou attiré d'heureux, sur le succès de ses travaux (FÉN.), de ses sermons (LES.), sur son goût (VOLT.), sur l'agrément et sur la politesse de son langage (LABR.). Congratuler s'employait aussi autrefois de la même manière, c'est-à-dire avec de dans les cas ordinaires qui ne méritaient pas qu'on insistât, lorsqu'il s'agissait d'un pur bonheur. « Quand on congratulait Tite d'une conquête si glorieuse (celle de la Judée): Non, non, disait-il, ce n'est pas moi qui ai dompté les Juifs; je n'ai fait que prêter mon bras à Dieu, qui était irrité contre eux. » Boss. Mais congratuler sur était une expression de choix, réservée pour les cas où il fallait louer la personne elle-même, ses mérites ou son habileté. « Un flatteur congratule Théodème sur un discours qu'il n'a point entendu, et dont personne n'a pu encore lui rendre compte. »

LABR.

9o POUR et AFIN, AVEC et PAR. Quand à et de sont synonymes, on peut aisément réduire chacun à son rôle précis et véritable en mettant entre eux l'opposition de la généralité à la spécialité. Il en est de même quand à et de se trouvent synonymes, chacun de son côté, des prépositions spécificatives, par, avec, pour, etc.; le caractère de la généralité convient aux premières, et aux dernières celui de la spécialité. Mais il y a plus: les prépositions spécificatives sont-elles elles-mêmes synonymes entre elles, alors leur différence se trouve encore dans cette même opposition: l'une des deux prépositions est plus générale, l'autre plus spéciale. De sorte qu'on peut établir d'une manière presque absolue la règle suivante pour la distinction des prépositions à qui il arrive d'exprimer le même rapport, c'est-à-dire d'être synonymes, c'est que l'une d'elles est pour les cas ordinaires, habituels, communs, l'autre pour les cas extraordinaires, particuliers, remarquables. Après tous les détails donnés dans ce chapitre et dans les trois qui précèdent, il suffira d'apporter seulement deux exemples pour confirmer cette théorie.

POUR et AFIN signifient l'un et l'autre qu'on fait une chose ou qu'une chose est faite en vue d'une autre.

En ce sens, pour est, par rapport à à, l'expression spéciale, particulière, remarquable: travailler à s'instruire, travailler pour s'instruire. Mais il devient à son tour l'expression générale, ordinaire, vague, par rapport à afin: travailler pour s'instruire, travailler afin de s'instruire. Il

marque une fin, une intention, moins particulière pour l'individu ou pour la circonstance. Toutes les femmes se parent pour aller au bal; mais, parmi elles, il y en a quelques-unes qui se parent afin de faire des conquêtes. Vous mangez pour vivre, et dans la maladie vous mangez de préférence de certains aliments afin de rétablir votre santé.-Et non-seulement pour exprime plus vaguement, plus faiblement l'intention, mais encore il semble être tout objectif et n'avoir rapport qu'au résultat qu'on a en vue de produire; il pourrait être remplacé par, à l'effet de; tandis que afin, tout subjectif, annonce expressément le dessein d'arriver à un certain but et se traduirait plutôt par, en vue de. On dit faire ses efforts, ou s'efforcer pour, quand on ne considère que l'effet qu'on s'efforce de produire, et faire des efforts afin, quand on a surtout égard au dessein, à l'intention, au désir qu'on a d'atteindre un but. Mais plus on fait d'efforts afin de le bannir, Plus j'en veux employer à le mieux retenir.

MOL. (Orgon parlant de Tartufe). Dans sa démonstration de l'Existence de Dieu, Fénelon, voulant montrer que tout dans l'univers manifeste un dessein, un plan, une intention, dit de chaque chose, elle est arrangée de telle et telle façon, afin que... On dira au contraire, pour faire telle chose, il faut, il est nécessaire, il suffit que..., parce qu'alors on considère surtout la possibilité et la facilité du résultat indépendamment de l'intention où l'on est de produire. Ainsi, afin signifie une intention particulière, ou particulièrement l'intention. Il signifie une fin particulière, une fin qui n'est pas celle qu'a tout le monde en faisant la chose, une fin à soi, secrète, fine, peu commune, détournée, éloignée, en un mot, qui se distingue des fins ordinaires. « Le marchand fait des montres pour donner de sa marchandise ce qu'il y a de pire: il a le cati et les faux jours, afin d'en cacher les défauts et qu'elle paraisse bonne; il la surfait pour la vendre plus cher qu'elle ne vaut; il a des marques fausses et mystérieuses, afin qu'on croie n'en donner que son prix. » LABR. << Nous nous étions hâtés de venir attaquer Salente pour nous défaire du plus faible de nos ennemis, afin de retourner ensuite nos armes contre cet ennemi plus puissant. » FÉN.

AVEC et PAR expriment le rapport de l'instrument ou du moyen employé pour parvenir au but proposé, avec l'agent qui emploie cet instrument ou ce moyen.

Mais avec est l'expression spéciale, et partant il désigne un rapport plus étroit, plus immédiat, un instrument précis, réel, physique; par est l'expression générale, ce qui fait qu'il signifie un rapport plus indirect ou plus éloigné, un moyen abstrait, idéal. Blair (Rhétorique, 3° partie, lecture X), à qui nous empruntons cette distinction, la développe et la justifie de la manière suivante : « On tue un homme avec une épée, il meurt par violence; un criminel est garrotté avec une corde par le bourreau. On trouve, dans un passage de l'Histoire d'Écosse, par Robertson, un exemple sensible de la différence qui existe entre ces deux particules. Un ancien monarque écossais demandait à ses nobles, par quel droit ils possédaient

leurs terres; les nobles se levèrent, et tirant leurs épées: « C'est par elles, s'écrièrent-ils, que nous les avons acquises, c'est avec elles que nous les défendrons. Par elles indique que leur épée fut un des moyens par lesquels ils acquirent leurs terres, lorsqu'ils employèrent la force pour s'en rendre les maîtres, et avec elles signifie que leur épée est l'instrument direct et immédiat qu'ils sont prêts à employer pour les défendre.

sous le point de vue moral, comme une violation; attenter sur ou contre la vie de quelqu'un signifie physiquement et rigoureusement porter la main sur lui, ou du moins c'est le sens propre d'attenter sur, et, de son côté, attenter contre se distingue par un caractère tout particulier. - On attente sur et contre les personnes; et quand on attente sur et contre les choses, cela s'entend d'une manière plutôt physique et réelle que mo

10° CONTRE. CONTRE et A, CONTRE et rale et abstraite. SUR. ETC.

Voici maintenant la différence d'attenter sur et d'attenter contre. Attenter sur, prendre sur, empiéter sur, est d'un usurpateur, d'un homme injuste; attenter contre, s'élever et marcher contre, sans crainte ou sans respect, est d'un audacieux ou d'un sacrilége. On attente proprement sur les droits. « Attenter sur la bourse du prochain. » LES.

Amour m'a fait défense

A et de sont les seules prépositions dont nous ayons longuement déterminé la valeur en les considérant, dans des chapitres distincts, à la suite de verbes qui s'emploient aussi sans préposition. Exemples: prétendre, toucher, suppleer, croire quelque chose; prétendre, toucher, suppléer, croire à quelque chose désirer, espérer, préférer faire une chose et de faire une chose, hériter une chose et d'une chose, traiter D'attenter sur des jours qui sont en sa puissance. un sujet et d'un sujet. On pourrait faire le même travail sur d'autres prépositions, sur contre, par exemple: on dit également combattre quelqu'un ou quelque chose, et combattre contre quelqu'un ou quelque chose. Après quoi, le sens de la préposition étant bien constaté, il serait facile de la distinguer soit de à et de de, soit de celles des prépositions qui sont spécificatives. Ainsi on apercevrait plus aisément la différence d'attenter contre par rapport à attenter à et à attenter sur, celle d'entreprendre contre par rapport à entreprendre sur, et ainsi des autres exemples, s'il y en a. COMBATTRE quelqu'un ou quelque chose, COMBATTRE CONTRE quelqu'un ou quelque chose. Contre marque opposition: combattre contre se doit donc dire, quand il s'agit d'exprimer une opposition forte, extraordinaire, acharnée, la lutte d'un homme qui combat le sachant et le Foulant, d'une manière ouverte et déclarée, qui ne craint pas de s'élever et de se porter contre. Cette expression dénote naturellement de la part du sujet une grande hardiesse ou de l'audace, et de la part de la personne ou de la chose combattue une grande résistance et la difficulté de la vaincre. Les Titans combattirent contre Jupiter. Suivant les traditions de l'antiquité, les pre-nous entreprenons sur ses droits, nous nous donmiers héros combattirent contre les lions et contre les sangliers avec des massues. » VOLT. « Par ces flèches tu seras invincible, comme je l'ai été, dit Hercule à Philoctète, et aucun mortel n'osera combattre contre toi. » FÉN. « Semblable à un rocher contre lequel les vents combattent en vain, Philoclès demeurait immobile. » ID. « Combattre contre un plus puissant que soi. » MAL.

(Psyché.) LAF., « Ozias attenta sur les droits sacrés du sacerdoce.» Boss. On attente proprement contre ce qu'il y a de plus élevé et de plus vénérable, et cette expression donne l'idée de marcher contre, ouvertement, hardiment, malgré les obstacles, l'opposition ou le caractère d'inviolabilité. « Attenter contre l'Etat, contre son roi, contre Dieu. » Boss. « Richelieu fit accuser les conspirateurs de vouloir attenter contre le roi même. » VOLT. « Si un prêtre osait parmi nous attenter quelque chose de semblable à l'action de Joad contre les personnes du sang royal, il serait condamné au dernier supplice. » ID. « Ceux qui s'emparaient des droits régaliens voulurent épouvanter par le supplice de la roue quiconque oserait attenter contre eux. » ID, « Garde-toi bien, dit l'Amour à Psyché, d'attenter contre ta vie!» LAF.

α

ATTENTER À, ATTENTER SUR, ATTENTER CONTRE. Commettre un attentat.

ENTREPRENDRE SUR, et ENTREPRENDRE CONTRE different absolument comme attenter sur et attenter contre.

Entreprendre sur exprime une simple usurpation; c'est, sans aucun titre et violemment, s'arroger un droit ou une autorité. « En jugeant du prochain nous attentons sur l'autorité de Dieu,

nons ou nous prétendons nous donner un pouvoir qu'il s'est réservé, et qui lui est propre.»> BOURD. « L'adultère entreprend sur la femme de son prochain sans autre titre que sa convoitise. » Boss. « Chez les Grecs l'homme civil n'était autre chose qu'un bon citoyen qui se laisse conduire par les lois, et conspire avec elles au bien public. sans rien entreprendre sur personne. » ID. Entreprendre contre se dit en parlant d'une entreprise ou d'une usurpation indigne, audacieuse, inso▲ est une préposition générale, indéterminée, lente. « La puissance des démons les rend surague; au lieu que sur et contre sont des prépo- perbes et audacieux : ils entreprennent contre le sitions spécificatives. Attenter à sera donc l'ex- fils de Dieu même; peut-on voir une audace plus pression générale, affaiblie, idéale, abstraite : at- emportée ? » Boss. « L'homme, ver de terre, croit tenter à l'honneur, à la probité, à la pudeur, à que le presser tant soit peu du pied, c'est un atla liberté, mais non pas attenter à une personne. tentat énorme, pendant qu'il compte pour rien D'autant que, suivant l'étymologie de la préposi- ce qu'il entreprend hautement contre la souveraine tion à, attenter à doit désigner une tentative avec majesté de Dieu et contre les droits de son emun plus ou moins grand éloignement du but. At-pire! » ID. « Ce prétendu attentat d'un soldat tenter à la vie de quelqu'un représente l'attentat chrétien contre Julien eût passé pour une entre

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prise contre la loi éternelle et pour un sacrilége plus qu'à l'état. A trente ans, le temps des illucontre la seconde Majesté. » ID. sions est passé, et on se plaint généralement qu'il a passé trop vite. La flotte a passé à Cadix à telle

SYNONYMIE DES VERBES NEUTRES QUI SE CONJU- époque (DELAF.); c'est un fait qu'on apprend.

GUENT AVEC LES AUXILIAIRES avoir ET étre.

Avoir ou être passé, monté, descendu, entré,
abordé, résulté. Avoir ou être changé, em-
belli, disparu. Avoir ou être échappé, péri,
parti. Avoir cessé, être cessé. ·
être demeuré, resté, sorti.
allé.

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Avoir ou

Avoir été,

être

Heureusement les conspirations sont passées de énonce. A l'idée d'action propre à l'auxiliaire mode (VOLT.); c'est un état de choses qu'on forment comme le cortège ordinaire, celles des avoir s'en joignent naturellement d'autres qui en circonstances de temps, de lieu, de manière, de motif, au milieu desquelles l'action s'est produite quand, par où, comment, pourquoi a-tPour trouver la règle de distinction, il suffit de il passé, monté, etc.? Rien de tout cela ne conbien saisir le rôle des deux auxiliaires, car en vient à l'auxiliaire être, parce qu'au lieu de eux seuls réside évidemment toute la différence marquer l'action, il exprime l'état, la possession qui puisse exister entre les expressions synony- d'une qualité, comme on s'en convainc en le tramiques de ce genre. Or, ils s'emploient pour mar- duisant, et on le peut toujours, par se trouver. quer, le premier, une action et une action pas- Est-il passé, monté, descendu? Se trouve-t-il sée, j'ai aimé; le second, un état et un état passé, monté, descendu? c'est-à-dire dans l'état présent, je suis aimé. Ils doivent immanquable-d'un homme passé, monté, descendu? et le sujet 'ment garder ces caractères quand ils servent à étant tel, qu'ai-je à faire? où dois-je le cherconjuguer un même verbe neutre. Avoir, l'auxi- cher? liaire des verbes actifs, exprimera par conséquent un fait et un fait passé; être, l'auxiliaire des verbes passifs, un état et un état présent, résultant de ce fait. Ils formeront avec le même participe, auquel ils sont joints, deux expressions légèrement différentes, l'une plutôt historique, pour ainsi dire, ou narrative, l'autre plutôt qualificative; l'une rappelant plutôt le côté verbal du participe, et l'autre son côté adjectif; l'une faisant voir le sujet pendant l'action qui a eu lieu, et l'autre dans l'état qui est résulté de cette action; toutes deux relatives au temps, mais celle-là au temps qu'a duré le fait, et celle-ci au temps depuis lequel le sujet se trouve dans tel état par suite de ⚫ ce fait. l'application on verra combien le principe est rigoureux, et combien est grande ici la coïncidence entre la logique instinctive du langage et la logique réfléchie de la grammaire.

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AVOIR RÉSULTĖ, ÊTRE RÉSULTÉ. Etre devenu le résultat ou la conséquence.

Avoir résulté présente comme événement et comme s'opérant dans le temps passé ce que étre résulté signifie comme chose présentement existante. Vous avez été témoin de leurs querelles, et vous avez vu comment il en a résulté un procès; moi qui n'y étais point, je sais qu'il en est résulté un procès. Les physiciens, qui suivent les actions les plus cachées de la nature, peuvent dire que tels ou tels effets en ont résulté; ils en sont résultés pour le vulgaire. Buffon décrivant la formation de la terre dit : « De la combinaison du mouvement de rotation et de celui de l'attraction des parties il a résulté une figure sphéroïde. » Et ailleurs rappelant un résultat qu'il considère en lui-même et non relativement à son mode de production : « Whiston a si étrangement mêlé la science divine avec nos sciences humaines qu'il en est résulté la chose la plus extraordinire du monde, qui est le système que nous venons d'exposer. »

1o Parmi les verbes neutres susceptibles de se conjuguer avec avoir et être, on en peut distinguer d'abord un certain nombre qui marquent de la part du sujet l'action de se mettre dans un nouvel état, d'aller d'un lieu à un autre tels 2o Une seconde espèce de verbes neutres presont passer, monter, descendre, entrer, aborder, nant tantôt l'auxiliaire avoir, tantôt l'auxiliaire résulter. Ils méritent un examen à part, à cause être, est celle de ceux qui signifient que le sujet de l'analogie de leur signification et de la ma- est mis dans un certain état, qu'il devient tel ou nière spéciale dont la règle générale s'y adapte. tel: avoir et être changé, embelli, etc. Quand Composés avec avoir et être, tous les participes ils prennent avoir, ils rappellent l'action ou l'ode ces verbes donnent naissance à des locutions pération qui a mené à cet état; et s'ils se conjuqui, prises deux à deux, sont synonymes, à rai-guent avec être, ils se rapportent tout à l'état 'son de l'identité de leur radical. La synonymie n'est cependant pas absolue, et les verbes dont il est question ne reçoivent pas indifféremment pour auxiliaire avoir ou être. Conjuguez-les avec avoir, vous représentez le sujet pendant qu'il a fait l'action de se rendre d'un lieu à un autre; si vous le conjuguez avec être, vous montrerez le même sujet comme étant dans tel état par suite de cette action. La procession a passé ici, sous mes fenêtres, je l'ai vue; en parlant ainsi, je songe à l'action de la procession qui passait. La procession est passée, ne l'attendez plus; c'est ce que je réponds à celui qui me demande s'il vient à temps pour la voir, parce qu'alors je ne pense

et nullement au fait. Les propositions dans lesquelles entre avoir sont propres à représenter le sujet comme étant devenu dans et pendant tel temps, successivement, progressivement, de telle manière et par tel moyen, ce qu'il est. Celles où le même participe est composé avec être sont simplement énonciatives d'une qualité, et signifient simplement que le sujet est ou se trouve ce qu'il est, sans autre indication, si ce n'est quelquefois celle du degré. - « Vous avez disparu comme un éclair.» J. J. « Maintenant ma première âme est disparue, et je suis animé de celle que tu m'as donnée. » ID. - Les mœurs et l'état de tout le corps de la nation ont change

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