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qui fait qu'on prend toujours, dans la sanction, [ demander ou de faire certaines choses. «. Vous le sens le plus strict et les peines les plus rudes; aurez l'impudeur de conclure un mariage abomiqu'on ne donne aucun accès à la pitié, à la clé-nable en unissant le frère avec la sœur.» BEAUM. mence, à l'indulgence, dans l'exercice de la jus- RONDEUR, ROTONDITÉ. Qualité de ce qui est tice. La rigidité est la roideur d'une vertu ou d'une rectitude d'âme invariablement attachée aux règles les plus sévères. » Un juge est rigoureux; un moraliste ou un casuiste, rigide. Une sentence est rigoureuse, et une loi rigide.

Abner s'appelle, dans Athalie,

rond.

Ici la terminaison eur ne rappelle aucune action ni aucun effet. Les deux mots signifient la qualité abstraite, mais avec une différence pourtant qui provient de ce que la désinence té représente cette qualité, quoique abstraite, par rapDes vengeances des rois ministre rigoureux. RAC. port au sujet qui la possède. Rondeur n'exprime On se soumet à des pratiques austères et à une que la figure; rotondité l'exprime aussi, mais avec vie rigoureuse (Boss.); on fait des lois pour adou- d'autres qualités qui l'accompagnent dans le sucir des usages trop rigoureux (VOLT.). Mais on dit jet, la grosseur, l'ampleur, la capacité. Rotondité, un stoicien (VOLT., COND.), un socinien (Boss.), | suivant la remarque de l'Académie, ne s'emploie un docteur (MASS.), un censeur (LABR.), rigide; guère que dans le style familier en parlant d'une un critique en réputation de grande rigidité personne fort grosse. (BOL.). Vertu rigoureuse s'entend de la pratique. Nous nous représentons une vertu rare et singulière comme une vertu rigoureuse dans sa conduite, tout opposée aux inclinations de la na ture. » BOURD. Mais vertu rigide regarde la théorie, les maximes qu'on suit, les conseils dont on est capable. Dans la Henriade, la Ligue s'est assemblée pour élire un roi :

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J'aurais un bon carrosse à ressorts bien liants; De ma rotondité j'emplirais le dedans. REGN. On doit dire, la rondeur d'une roue, et on peut dire, la rotondité d'une boule. « On dira, observe Roubaud, la rondeur et la rotondité de la terre; la rondeur, pour désigner sa figure; la rotondité pour désigner sa capacité ou l'espace renfermé dans sa rondeur, en différents sens. »

TERMINAISONS EUR ET Ance.

Valeur, vaillance.

Entre ces deux terminaisons le rapport est à peu près le même que celui qui se trouve entre les terminaisons eur et té; et par la même raison.

Eur n'a rien qui le distingue que son caractère verbal: il marque l'action, l'effet produit par la qualité abstraite, sa manifestation, son développement. Ance, comme terminaison dérivée d'un participe, a de plus une certaine analogie avec l'adjectif, et c'est pourquoi il présente souvent ou en partie la qualité comme intrinsèque; il la désigne au dedans et non au dehors, comme rendant le sujet tel ou tel, et non comme se manifestant par des effets. Aussi, telle est la différence établie par Roubaud entre les synonymes

VALEUR, VAILLANCE. Courage des héros, des guerriers qu'anime le désir de la gloire.

La pudicité n'a rapport qu'au sujet auquel elle est inhérente. Au lieu que la pudeur est un sentiment actif qui fait qu'on se soulève, qu'on se détourne et qu'on rougit en voyant ou en en-valeur et vaillance. tendant des choses contraires à la décence, à la modestie ou à l'honnêteté, la pudicité se considère passivement c'est une qualité, une sorte de propriété qu'on possède, qu'on défend, qu'on conserve ou qu'on perd. « Un seigneur qui se joue, dans ses domaines, de la pudicité de ses jeunes vassales.» BEAUM. & Entreprendre contre la pudicité d'une femme. » SCARR. « La dame Melancia est la perle des duègnes, un vrai dragon pour garder la pudicité du sexe.» LES. « La loi qui conserve la pudicité des esclaves est bonne dans tous les Etats.» MONTESQ. Pascal prétend qu'on n'a jamais le droit de tuer un homme, « sinon lorsqu'on ne peut autrement éviter la perte de la pudicité ou de la vie. » Malherbe dit qu'Ariane fut délaissée par Thésée

«

Après l'honneur ravi de sa pudicitė.

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« La vaillance, dit Roubaud, est la vertu ou la force courageuse qui règne dans le cœur, et constitue l'homme essentiellement vaillant; la valeur est cette vertu qui se déploie avec éclat dans l'occasion de s'exercer, et qui rend l'homme valeureux dans les combats. La vaillance annonce la grandeur du courage, et la valeur la grandeur des exploits. Le héros a une haute vaillance, et fait des prodiges de valeur.»

Telle nation est le modèle de la haute vaillance, et dans les combats tout cède à sa valeur. Dans le didactique, dans l'ordre des idées, quand il ne s'agit pas ou pas encore de la qualité comme effective, c'est vaillance qui est le mot propre. Les préceptes de l'Alcoran sont d'être juste et vaillant, de faire l'aumône aux pauvres.... » VOLT. « Ce dialogue ne donnait pas une opinion fort avantageuse à la belle Fleur-de-lys de la vaillance de son conducteur. » LES.

Et j'attendais, seigneur, à vous le déclarer,

Que par vos grands exploits votre rare vaillance Pat faire à l'univers croire votre naissance. CORN.

« Mars signifie la vaillance personnifiée. » LAH. «Dans Eschyle, la Force et la Vaillance servent de garçons bourreaux à Vulcain qui enchaîne Prométhée sur un rocher. » VOLT. « Le modeste langage de la vaillance est, je fus brave un tel jour.... » J. J.

Mais dans l'ordre des faits, quand on raconte ce qui s'est passé, valeur est, à son tour, le seul mot qui convienne. « Après la bataille de Potidée, on attribua à la nation spartiate la précellence de valeur en ce combat. » MONTAIGN. « Philippe fut vaincu à la journée des Cynocéphales; et cette victoire fut due à la valeur des Etoliens. » MONTESQ.

Ma valeur est connue;

Je ne me bats jamais qu'aussitôt je ne tue. REGN. Un homme vaillant est capable de se bien battre; un homme valeureux à fait ses preuves, il s'est bien battu.

TERMINAISONS EUR ET IS.

Couleur, coloris.

Eur marque l'actif, is le passif: le premier désigne une qualité se faisant sentir par un certain effet ou une certaine impression; le second signifie un résultat, un assemblage. C'en est assez pour arriver à déterminer en quoi diffèrent couleur et coloris, par exemple.

COULEUR, COLORIS. Qualité que la vue perçoit dans les corps et qui provient de la lumière réfléchie par leur surface.

« Les couleurs, dit Beauzée, sont les impressions primitives que fait sur l'œil la lumière réfléchie par les diverses surfaces des corps: ce sont elles qui rendent sensibles à la vue les objets qui composent l'univers. Le coloris est l'effet qui résulte de l'ensemble et de l'assortiment des couleurs naturelles de chaque objet, relativement à sa position à l'égard de la lumière, des corps environnants et de l'œil du spectateur : c'est le coloris qui distingue la nature et la situation de chaque objet. »

La couleur se considère plutôt comme cause d'impression, et le coloris comme un effet résultant d'un mélange de couleurs. « Les tableaux du Titien excellent par la beauté du coloris; et l'on dit qu'ils en sont redevables à l'art particulier que ce peintre avait de préparer et d'employer les couleurs.» BEAUZ. « De plusieurs systèmes Platon en fit un, qui prit le coloris de son style: il avait le talent de donner des couleurs aux objets sans répandre sur eux aucune lumière. » COND. « Toutes les couleurs, se mêlant mieux ensemble (au moyen de l'huile), font un coloris plus doux, plus délicat et plus agréable. » ROLL.

Colorer c'est donner une couleur déterminée par laquelle un objet fasse sur notre vue telle im pression; colorier est un terme de peinture, c'est donner à un objet, par un assortissement convenable de couleurs, l'éclat, l'air, l'apparence qu'il doit avoir. On colore une liqueur; on colorie un tableau.

TERMINAISONS EUR ET IE.
Fureur, furie.

FUREUR, FURIE. Violente agitation, grand emportement.

Toutes deux destinées en général à signifier des qualités abstraites, les désinences eur et ie sont propres en même temps à rappeler l'action d'un verbe, c'est-à-dire ici du verbe furere ( être hors de soi, éprouver une passion violente), qui a le même radical. Mais l'une est active, se rapporte à la cause et à son action présente, immédiate; l'autre est passive, se rapporte à l'effet ou à l'action dans ses suites, dans sa manifestation extérieure.

Vaugelas et Roubaud ont fait entre fureur et furie une distinction conforme à cette remarque. << Il semble, dit le premier, que le mot de fureur dénote davantage l'agitation violente du dedans, et le mot de furie l'agitation violente du dehors'. >>

La furie consiste dans la manifestation, dans l'éclat; elle ne se concentre pas comme la fureur; on n'aime pas à la furie, comme on aime à la fu

reur.

N'as-tu pas sur mon dos exercé ta furie?

(Sosie à Mercure dans Amphitryon.) MOL. Crains tes emportements; j'en connais la furie. VOLT.

S'emporter jusqu'à la furie (Boss.). — La fureur est en nous; par elle notre âme se porte ardemment vers l'objet de son désir. « La fureur des désirs. » BUFF.

Je suis au désespoir, et je sens dans mon cœur
Mon amour outragé se changer en fureur. REGN.
Ces derniers mots me rendent immobile;
Je ne sais où je suis; ma fureur est tranquille.

VOLT.

La furie nous met hors de nous, dans une sorte d'état passif. On contient sa fureur, on s'abandonne à la furie.

« La fureur, dit Roubaud, n'est pas furie, si elle n'est point manifestée; la fureur mène à la furie. La fureur a des accès; la furie est l'effet de l'accès violent. On souffle la fureur pour exciter la furie. L'on met un frein à la fureur, et la furie est la fureur effrénée. »

Furie convient plutôt en parlant des choses inanimées, parce qu'elles n'ont pas en ellesmêmes la cause ou le principe de leurs actions, parce qu'elles ne sont pas susceptibles de passion ou d'agitation intérieure: la furie du combat, du mal, de la fièvre; le canon tirait avec furie.

D'autre part, comme furie marque une sorte d'état passif auquel on s'abandonne et dans lequel on n'est plus maître de soi, ce mot se prend très-rarement en bonne part. Au contraire, nous disons, une noble fureur, une sainte fureur, une fureur héroïque, une fureur poétique, une fureur prophétique. Nous attribuons la fureur à Dieu même. Racine dit que les chiens attendent à la porte de Mathan que la fureur de Dieu se déploie sur lui.

1. En latin, la même différence existe, suivant Dæderlein, entre mæror et mæstitia.

TERMINAISON ON.

Lien, liaison.

accidentel et moins passager que la liaison. « On nomme hardiment amour un caprice de quelques jours, une liaison sans attachement. » VOLT. « Cela forma dès le premier jour, entre lui et moi, une espèce de liaison.» LES.

Vous ne direz pas la liaison, mais seulement le lien du mariage, parce que le mariage est un état absolu qui ne comporte pas de degrés, comme la parenté, l'amitié, etc. On dit les liens, et non la liaison du sang et de la nature, l'union dont il s'agit ici, étant, et ne se faisant pas. Le lien est un objet qui se qualifie en soi; la liaison est un fait qui se qualifie par rapport à l'événement : des liens étroits le sont par nature, tels sont ceux qui unissent un fils à son père; une liaison étroite est telle effectivement, par le fait. Le lien se considère avant qu'on ait lié: il sert ou il est propre à lier; la liaison se considère après que l'action de lier a été faite : elle lie.

Aussi Condillac a remarqué avec beaucoup de

Il semblerait au premier coup d'œil que cette terminaison fût latine et que tous les noms qui la possèdent vinssent directement du latin, comme sermon de sermo, onis. Ce serait cependant une erreur de le penser. Parmi les substantifs latins en o, onis, il en est fort peu qui soient passés dans notre langue avec le même radical et aient pris la désinence on; bien moins encore parmi les substantifs en on pourrait-on en citer qui fussent, comme sermon, des traductions des noms latins en o, onis. En français, la désinence on se trouve presque toujours ajoutée à des radicaux, ou francisés, comme dans soupçon, ou totalement étrangers à la langue latine; et les noms qu'elle sert à former appartiennent très-souvent au langage commun ou même familier et populaire, comme jargon, bouchon, brim- | justesse qu'au propre le lien est tout différent des borion, torchon, trognon, cochon, salisson, po- choses liées et empêche seulement qu'elles ne se lisson, capon, coïon. séparent, tandis que la liaison fait partie des choses liées et forme avec elles un seul corps, un seul tout. « En maçonnerie, dit-il, la liaison se fait par la manière de poser les pierres les unes sur les autres et par l'emploi du plâtre ou du mortier; ainsi elle fait partie du mur. Mais le lien, avec lequel on assemble les parties d'une gerbe, est toute autre chose que la gerbe. Dans les bâtiments on fait quelquefois usage de liens de fer, afin de mieux assujettir les pierres. Les liens qu'on donne à un criminel, à un prisonnier, sont des chaînes dont on le lie pour l'empêcher de s'échapper. »

Les substantifs ainsi terminés peuvent se diviser en trois espèces. - Les uns sont des substantifs abstraits féminins ayant pour base un significatif verbal, comme oraison, déclinaison, floraison, démangeaison, leçon; leur sens approche de celui des substantifs en ion dont ils sont quelquefois synonymes. - D'autres sont masculins, à base généralement nominale, et ont pour caractere essentiel d'être diminutifs': Exemples, cordon, poélon, raton, carafon, peloton, sablon, bison, aiglon, chaudron. — Les derniers, masculins, à base tantôt verbale et tantôt nominale, rentrent dans la classe des qualificatifs : tels sont, brouillon, bouffon, fripon, fanfaron, mignon, grognon.

LIEN, LIAISON. Ce qui tient plusieurs choses ou plusieurs personnes ensemble.

Liaison, substantif féminin abstrait, à base verbale, joue à l'égard de lien un rôle analogue à celui que jouent, à l'égard de leurs synonymes sans terminaison significative, les substantifs en ion. Au lieu que lien est objectif et absolu, liaison se prend relativement, et rappelle comme ayant eu lieu l'action du verbe qui lui correspond. Le lien est; la liaison est devenue, a été faite. On forme une liaison, une liaison s'établit. Il y a lien de parenté entre personnes qui sont parentes, et liaison de parenté entre personnes qu'une alliance a rendues parentes. On dit le lien de l'amitié, et une liaison d'amitié; l'un est absolu, l'autre relative, et, en général, le lien est moins

1. On dérive si peu du latin o, onis, que cette dernière désinence termine beaucoup de mots latins qui sont augmentatifs et marquent grosseur, excès. Exemples: bibo, grand buveur; comedo ou edo, grand mangeur; capito, qui a une grosse tête; naso, qui a un gros nez, etc. Notre langue possède bien aussi des noms augmentatifs en on; mais ils sont

trés-rares et viennent de substantifs italiens dans lesquels la terminaison one exprime augmentation, grandeur. Salon vient de sallone, grande salle; canon de canone, grande canne, grand tube; ballon de ballone, grande balle, grand globe.

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TERMINAISONS ON ET MENT.

Juron, jurement.

JURON, JUREMENT. Affirmation qu'on fait d'une chose en prenant mal à propos à témoin ou Dieu ou ce qu'on regarde comme saint, comme divin.

Juron, par sa terminaison diminutive, indique un jurement contenu en peu de mots et qu'on emploie à chaque instant : Ventre-Saint-Gris! était le juron de Henri IV. « Le mot de juron, dit Girard, dont nous empruntons ici les distinctions en les expliquant, tient de l'habitude dans la facon de parler. Le jurement n'est pas bref et ha bituel comme le juron; il tire plus à conséquence et n'a lieu que lorsqu'on s'emporte, lorsqu'on veut, non pas seulement donner au discours un air assuré et prévenir la défiance, mais confirmer expressément la vérité d'un témoignage.

Ensuite, jurement, traduction du mot latin, juramentum, est plus noble, plus relevé que juron. Ce dernier, avec sa désinence toute française, commune et populaire, appartient au style familier. Destouches et Lafontaine l'ont mis dans la bouche de paysans grossiers parlant patois. Je n'entendons jamais ces jurons-là cheus nous. DEST.

Jurement n'est au-dessous d'aucun écrit, ni d'aucun sujet. « S. Pierre renia son maître avec jurement. » Boss. « Que de jurements dans le jeu!» PASC. « Autrefois l'irréligion, les jurements, les

blasphèmes régnaient à la cour. » BOURD. « Ami, | naisons des deux mots : celle de vallon est dimipoint de jurements, dit le bénin quaker. » VOLT.

TERMINAISONS ON ET ION.

Contrefaçon, contrefaction.

En s'ajoutant à un même radical verbal, ces deux terminaisons donnent naissance à des substantifs féminins abstraits dont la valeur est à peu près, mais non pas tout à fait la même. Ceux que termine ion conservent rigoureusement le même sens que les mots latins auxquels ils correspondent, c'est-à-dire qu'ils signifient l'action de faire ce qui est marqué par le verbe radical: ainsi exhalation marque l'action d'exhaler; et inclination, l'action d'incliner. Ceux, au contraire, qui sont terminés par on, terminaison toute française, ont éprouvé pour le sens une légère alteration, comme ils en ont éprouvé une pour la forme ils signifient moins l'action même que son résultat ou son effet. Ainsi l'exhalaison est le produit de l'exhalation, et l'inclinaison est l'état d'une chose inclinée. Quoique moins grande, la différence est la même entre les deux mots suivants, que nous allons distinguer en prenant Roubaud pour guide.

CONTREFAÇON, CONTREFACTION. Ils désignent l'imitation d'un ouvrage, d'un livre, d'une marchandise dont la fabrication est réservée.

nutive, tandis que celle de vallée exprime une grande compréhension. Dans le sacré vallon la Fable établit la demeure des Muses; dans la vallée de Josaphat doit se faire le jugement universel.

« Une grande vallée est comme un tronc qui jette des branches par d'autres vallées, lesquelles jettent des rameaux par d'autres petits vallons. » BUFF. « Ces déblais ont formé les petites couches de terre qui recouvrent actuellement le fond et les coteaux de ces vallons. Ce même effet a eu lieu dans les grandes vallées. » ID. Le vallon est étroit (ROLL., MARM., S. S.), petit (ROLL.), agréable (FÉN.); on se promène dans un beau vallon orné de fleurs (ID.). Mais la vallée est grande (LES.), spacieuse (LAF.), profonde (FÉN., ROLL.); Voltaire parle des vallées des Alpes, et des pro fondes et immenses vallées qui sont sous les eaux de l'Océan.

Si la poésie pastorale et la poésie légère em ploient de préférence le mot vallon, ce n'est pas qu'il soit plus noble en lui-même, c'est que le vallon, comme le bosquet (petit bois), permet. par son peu d'étendue, qu'on le pare, qu'on lui donne une disposition champêtre et gracieuse.

TERMINAISON EAU.

Porc, pourceau.

Mais l'un se rapporte plus à l'ouvrage et aux qualités qu'il a reçues, l'autre à l'agent et à son Cette désinence équivaut à la désinence el, fémode d'agir. Ainsi, vous direz plutôt contrefaçon, minin elle, qui a terminé d'abord les noms aujourquand il s'agira de marquer le mérite de l'ou-d'hui terminés par eau. On a dit castel avant vrage, sa fabrication, la main-d'œuvre; et con- de dire château; tonnel, d'où tonnelier, avant de trefaction, quand vous voudrez parler du mérite dire tonneau; chapel, d'où chapelier, avant de de l'ouvrier, de sa faute, de son délit. dire chapeau; coutel, d'où coutelier, avant de Le public se plaint ordinairement de la contre-dire couteau; moncel, d'où amonceler, avant de façon d'une marchandise, parce qu'il n'a égard qu'à la malfaçon, à la mauvaise qualité de la chose. « Quelques amis zélés ont imprimé cette pièce (la Mère coupable), uniquement pour prévenir l'abus d'une contrefaçon infidèle, furtive et prise à la volée pendant les représentations. BEAUM. Les auteurs et les libraires se plaignent plutôt de la contrefaction d'un livre, parce qu'ils regardent l'atteinte portée à leur propriété par le contrefacteur. « Par ce moyen, la contrefaction, si elle a lieu, ne nuira point au libraire d'Amsterdam. » J. J.

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L'objectivité de contrefaçon va jusqu'à signifier quelquefois l'ouvrage même qui est contrefait : ce livre est une contrefaçon; et la subjectivité de contrefaction se montre avec non moins d'évidence, quand ce mot nous sert à marquer l'action d'imiter dans des vues coupables l'écriture ou la signature de quelqu'un.

TERMINAISONS ON ET ÉE.

vallée.

Vallon, VALLON, VALLÉE. Espace renfermé entfe des montagnes.

dire monceau; batel, d'où batelier et batelée,
avant de dire bateau. « L'usage, dit Labruyère,
a fait de scel sceau, de mantel manteau, de
hamel hameau, de damoisel damoiseau, de jou-
vencel jouvenceau. » Certains mots mêmes possé-
dent encore les deux formes, l'ancienne en el et
la moderne en eau: par exemple, castel et château,
martel et marteau; et, parmi les noms propres,
Marcel, Marceau; Blondel, Blondeau; Morel,
dérivent
Moreau. Or, el, elle, italien ello, ella,
du latin ellus, ella, ellum, terminaison essen-
tiellement diminutive : d'agnellus a été fait agnel,
agneau; de scabellum, escabelle, escabeau.

D'où il suit qu'en général la désinence eau doit être diminutive; c'est ce qui, d'ailleurs, se montre avec pleine évidence dans les mots lionceau, perdreau, chevreau, vermisseau, ormeau, arbrisseau, coteau, caveau. Mais, quoique diminutifs pour la forme, beaucoup de mots en eau sont loin de l'être pour le sens. Ainsi, vaisseau, formé de vas, vascellus, ne signifie point du tout un petit vase, non plus que plumeau une petite plume, ni pruneau une petite prune; et personne ne s'avisera de considérer comme diminutifs taureau, fardeau, tombeau.

a Vallon, dit Girard, semble signifier un es- Que désigne donc la terminaison eau dans les pace plus resserré, et vallée semble en marquer mots au sens desquels elle n'imprime aucune idée un plus étendu. » C'est en effet ce qui résulte, de petitesse, de diminution? Et quelle différence non-seulement du genre, mais encore des termi-met-elle entre ces mots et leurs synonymes, qui

sont les radicaux mêmes auxquels on a ajouté la désinence eau pour les former; par exemple, entre tombeau et tombe, troupeau et troupe? Cette question se résout par une simple observation, c'est que tous les noms en eau sont masculins, tandis que leurs radicaux, qui leur servent de synonymes, sont féminins. De là, la différence des uns aux autres. Les noms en eau sont plus particuliers, et leurs synonymes féminins plus généraux. Les premiers ne marquent relativement aux derniers qu'une espèce, mais une espèce bien déterminée, bien distinguée par une destination ou des caractères propres. Difference conforme, du reste, à la signification, primitivement diminutive, de la désinence eau. Aussi, c'est au chapitre des synonymes qui diffèrent uniquement par le genre, que se trouvent les synonymes tombe et tombeau, tonne et tonneau, troupe et troupeau, bande et bandeau, barre et barreau. - Ajoutons une remarque pour confirmer la distinction établie entre ces synonymes, en raison de ce que les uns sont féminins et les autres masculins: les premiers, étant des mots simples, désignent naturellement le genre des choses; et les derniers, étant des mots composés, marquent l'espèce, la sorte, en modifiant l'idée du genre par une idée particulière. Un vaisseau est un vase que distinguent sa grandeur et sa destination, un plumeau, un instrument de plumes ayant un certain usage; des pruneaux sont des prunes qui ont subi une certaine préparation et qu'on met

en réserve'.

PORC, POURCEAU. Animal domestique qui a le pied fourchu, qui ne rumine pas et qu'on engraisse pour le manger.

Le premier de ces deux mots n'étant point fémizin, on ne saurait faire usage de la règle précedente pour trouver leurs différences. Il nous semble qu'on peut la trouver par cette autre voie: pourceau, latin porcellus, signifie proprement petit porc, porc qui n'a pas encore pris toute sa croissance, qu'on élève, qu'on nourrit. « On a dit que le paca était semblable à un pourceau de deux mois. BUFF.

Ainsi, tandis que porc désigne le cochon, lorsqu'il a acquis le développement qui le rend propre à servir de nourriture à l'homme ou même qu'il est actuellement employé à cet usage, pourceau exprime le même animal en tant et pendant qu'on l'elève, qu'on le fait paître, qu'on le mène aux champs.

On dit, gros porc; de la viande ou de la chair de porc; rôti de porc, pied de porc; porc frais, pore salé; hachis et bouillon de porc (VOLT.). Le pore, dans certains climats chauds, est une nourriture très-dangereuse (ID.). « Il faut manger de bon gros bœuf, de bon gros porc. » MOL. On dit d'autre part, étable à pourceaux; l'enfant prodigue fut réduit à garder les pourceaux; gai comme un pourceau dans l'orge, et manger comme

1. Puisque la désinence eau revient à la désinence el, qui fait elle au féminin, il ne peut y avoir entre les synonymes cerveau et cervelle, escabeau et escabelle, d'autre différence que celle qui dérive de leur genre. Voy. p. 9.

un pourceau (SCARR.); les pourceaux paissent le gland (VOLT.); on appelle pourceau, pourceau d'Epicure, l'homme qui met tout son plaisir à manger.

Un marchand de porcs vend des cochons bons à tuer dès à présent; un marchand de pourceaux en vend qu'il faut d'abord engraisser, et qu'on ne tuera que lorsqu'ils seront devenus porcs.

TERMINAISON ET.
Lacs, lacet.

La désinence française et pour le masculin, ette pour le féminin, de etto des Italiens, est diminutive dans les deux langues. Exemples, en français: batelet, coussinet, cordonnet, châtelet, cervelet, mantelet, osselet, livret, poulet; herbette, maisonnette; et parmi les adjectifs, aigret, pauvret, propret. Les mots qu'elle termine, comme ceux qui se terminent en ot, ont un caractère particulièrement familier et gracieux. Aussi, Roncard voulait les multiplier au delà de toute mesure. En s'ajoutant à presque tous les noms de femmes, elle forme des diminutifs appellatifs qui expriment en même temps la familiarité et la tendresse, comme Annette, Mariette, Jeannette, Juliette, venant d'Anne, Marie, Jeanne, Julie; et même Antoinette, Georgette, etc., qui ont pour primitifs des noms d'hommes, Antoine, Georges, etc.

LACS, LACET. Espèce de piége où les animaux vont s'attacher, et qui consiste en un seul lien disposé en nœud coulant (laqueus.). Au propre, le lacet est un petit lacs. « Les lacets ne sont autre chose que deux ou trois crins de cheval tortillés ensemble et qui font un noud coulant. » BUFF. « On prend aisément les scarlattes (sorte d'oiseaux) avec des lacets et autres petits piéges. » ID. On dit un lacs de corde (BUFF.), et un lacet de crin (ID.). Avec le lacs on prend les animaux les plus grands et les plus forts, et, par exemple, des ânes sauvages et des éléphants (BUFF.) Avec le lacet on ne prend guère que des oiseaux, comme bécasses, grives, mėsanges, et des lièvres, tout au plus. Lafontaine se sert de lacs quand il s'agit de cerfs, de loups, de gazelles; mais, dans la fable de l'irondelle et les petits oiseaux, l'hirondelle conseille aux oisillons de manger le grain du chanvre, parce que De la naîtront engins à les envelopper,

Et lacets pour les attraper.

Au figuré, lacet indique un piége plus petit que le lacs, plus difficile à apercevoir. « Il se fait en nous, par la possession des biens de la terre, certains noeuds secrets, certains lacets invisibles, qui engagent même un cœur vertueux dans quelque amour déréglé des choses présentes. » Boss. Ou bien lacet est d'un style plus familier.

La coquette tendit ses lacs tous les matins. BOIL. << Monsieur Sancho, dit don Quichotte en souriant, il me paraît que la demoiselle Laure vous tient bien au cœur. Vive Dieu! mon ami, te voilà tombé à ton tour dans les lacets de Cupidon. »

LES.

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