cût tiré aucun avantage. Les fran çois furent défaits. Cette action fe paffa le 1 septembre. Le couragė que montra le duc de Savoie, parut diffiper les foupçons qu'on avoit formés.

Le 16 du même mois, mourut à S. Germain en Laye Jacques II; & Louis XIV reconnut pour roi d'Angleterre, le prince de Galles fon fils, qui prit le nom de Jacques III. Il eut bientôt lieu de fe repentir d'une démarche imprudente, qui pouvoit foulever les anglois contre la France, & qui bien loin d'être utile au jeune prince de Galles, devoit plutôt lui nuire."

Guillaume III s'en applaudit. II ne douta plus d'obtenir des fubfi

des, lorfqu'il vit les reffentimens de la nation éclater contre un prince étranger, qui prétendoit lui donner un roi. Il repréfenta cette entreprise comme un attentat, qui intéreffoit la religion proteftante, la tranquillité préfente & future, & la liberté de la nation. Il exagéra la puiffance de la maifon de Bourbon, qui après s'être affermie fur le trône d'Espagne, entreprendroit de rétablir un prince papifte fur celui d'Angleterre. Il fit craindre que le commerce ne fût ruiné par l'union de la France & de l'Efpa gne, fi on ne se hâtoit de troubler ces deux monarchies & de les abattre, avant qu'elles euffent eu le tems de déployer toutes leurs forces,

Enfin il montra dans l'Amérique des conquêtes faciles, & capables de dédommager des frais de la guerre.

Les deux chambres entrèrent dans les vues. Jugeant qu'il étoit de leur intérêt de foutenir les droits de la maifon d'Autriche, elles ordonnèrent qu'on leveroit quarante mille hommes. Le roi ayant encore demandé dix mille hommes pour un débarquement, ils lui furent accordés. Il fut même réfolu de ne point faire la paix, jufqu'à ce que la nation eût reçu fatisfaction de l'offenfe que Louis lui avoit faite, en reconnoiffant le prétendu prince de Galles.

La faifon d'entrer en campagne

approchoit, quand le roi Guillaume mourut, le 19 mars. Il avoit regné près de quatorze ans. On a dit qu'il étoit ftadhouder d'Angleterre & roi des Provinces-Unies. C'eft que le parlement d'Angleterre avoit fi fort limité la prérogative royale, que Guillaume n'étoit proprement que le chef d'une république, Quoique les Anglois l'euffent defiré pour maître, ils lui témoignèrent peu de confiance. Ils parurent ceffer de l'aimer, & ils lui firent effuyer bien des contradictions. Les hollandois, au contraire, lui montrèrent toujours le plus grand dévouement. Ils n'oublièrent jamais les fervices qu'il leur avoit rendus dans la guerre de 1672. Ils portèrent même

la reconnoiffance jufqu'à lui facrifier leur liberté : car en 1674, ils déclarèrent en fa faveur le stadhoudérat héréditaire. Heureusement pour les Provinces-Unies, il ne laiffa point de poftérité, & elles fupprimèrent une dictature, qu'elles avoient eu l'imprudence de rendre perpétuelle.

La mort de Guillaume ne changea rien aux résolutions qui avoient été prises. Anne, fille de Jacques II, monta fur le trône conformément à l'ordre de fucceffion que le parlement avoit établi. Elle s'écarta d'autant moins du plan de fon prédéceffeur, qu'elle donna toute fa confiance au duc de Marlborough, qui étant auffi avare qu'ambitieux,