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DXXXVI

Les véritables mortifications sont celles qui ne sont point connues; la vanité rend les autres faciles'.

DXXXVII

L'humilité est l'autel sur lequel Dieu veut qu'on lui offre des sacrifices 2.

DXXXVIII

rien ne

Il faut peu de choses pour rendre le sage heureux; peut rendre un fol content; c'est pourquoi presque tous les hommes sont misérables.

DXXXIX

Nous nous tourmentons moins pour devenir heureux que pour faire croire que nous le sommes.

DXL

Il est bien plus aisé d'éteindre un premier desir que tisfaire tous ceux qui le suivent*.

DXLI

de sa

La sagesse est à l'âme ce que la santé est pour le corps.

DXLII

Les grands de la terre ne pouvant donner la santé du corps

1. Rend les autres faciles à souffrir.» (Édition d'Amelot de la Houssaye.) - Il y a toute apparence qu'en écrivant cette réflexion, l'auteur pensait à la conversion éclatante de Mme de Longueville. — Voyez les maximes 33, 254, 358, 534, 537, et la re note de la page 246.

2. Rapprochez des maximes 254, 358 et 534.

3. Presque est omis dans l'édition d'Amelot de la Houssaye.

4. Aussi Meré juge-t-il (maxime 366) qu'« il est bien plus glorieux de borner ses desirs que de les satisfaire. >>

5. a.... ce que la santé est au corps. » (Édition d'Amelot de la Houssaye.)

ni le repos d'esprit, on achète toujours trop cher tous les biens qu'ils peuvent faire.

DXLIII

Avant que de desirer fortement une chose, il faut examiner quel est le bonheur de celui qui la possède1.

DXLIV

Un véritable ami est le plus grand de tous les biens 2 et celui de tous qu'on songe le moins à acquérir.

DXLV

Les amants ne voient les défauts de leurs maîtresses que lorsque leur enchantement est fini3.

DXLVI

La prudence et l'amour ne sont pas faits l'un pour l'autre : à mesure que l'amour croît, la prudence diminue*.

1. Rapprochez de la maxime 439.

2. Horace (livre I, satire v, vers 44):

Nil ego contulerim jucundo sanus amico.

« Tant que j'aurai mon bon sens, je ne trouverai rien de comparable à un aimable ami. »>

3. Rapprochez de la maxime 330. — Voyez aussi la note de la maxime 385. 4. Publius Syrus :

Amare et sapere vix deo conceditur.

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« Aimer et demeurer sage, à peine est-ce donné à un dieu. » Bussy Rabutin (Histoire amoureuse des Gaules, édition de Liége, sans date, p. 126) avait dit absolument de même, en parlant du duc de Nemours et de la duchesse de Châtillon: « A mesure que cette passion croissoit, leur prudence ne faisoit pas de même. » — Est-ce pour ne point paraître avoir emprunté à Bussy que la Rochefoucauld n'a pas publié cette pensée ? Il parait du reste qu'elle était dans l'air, car nous lisons encore dans le recueil de Meré (maxime 143): « La sagesse et l'amour ne s'accordent jamais. >>

DXLVII

Il est quelquefois agréable à un mari d'avoir une femme jalouse : il entend toujours parler de ce qu'il aime.

DXLVIII

Qu'une femme est à plaindre, quand elle a tout ensemble de l'amour et de la vertu1!

DXLIX

Le sage trouve mieux son compte à ne point s'engager qu'à vaincre❜.

DL

Il est plus nécessaire d'étudier les hommes que les livres.

DLI

Le bonheur ou le malheur vont d'ordinaire à ceux qui ont le plus de l'un ou de l'autre.

DLII

Une honnête femme est un trésor caché; celui qui l'a trouvé fait fort bien de ne s'en pas vanter ".

1. Voyez la note de la maxime 346.

2. Voyez la maxime 634.

3. « Le bonheur et le malheur. » (Édition d'Amelot de la Houssaye.) Cette maxime rappelle la pensée qui revient jusqu'à cinq fois dans les Évangiles et qui est ainsi exprimée dans celui de saint Matthieu (chapitre XIII, verset 12) Qui enim habet, dabitur ei, et abundabit; qui autem non habet, et quod habet auferetur ab eo. « Il sera donné à celui qui a, et il se trouvera dans l'abondance; quant à celui qui n'a pas, le peu même qu'il a lui sera ôté. DMme de Sévigné abonde dans le sens de la première proposition; elle écrit à sa fille (tome VI, p. 121): « N'est-il pas vrai que tout tourne à bien pour ceux qui sont heureux ? »

4. Rapprochez de la maxime 368.

Let!

DLIII

Quand nous aimons trop, il est malaisé de reconnoître si l'on cesse de nous aimer1.

DLIV

On ne se blâme que pour être loué2.

DLV

On s'ennuie presque toujours avec ceux que l'on ennuie3.

DLVI

Il n'est jamais plus difficile de bien parler que quand on a honte de se taire.

DLVII

Il n'est rien de plus naturel ni de plus trompeur que de croire qu'on est aimé..

DLVIII

Nous aimons mieux voir ceux à qui nous faisons du bien que ceux qui nous en font.

DLIX

Il est plus difficile de dissimuler les sentiments que l'on a que de feindre ceux que l'on n'a pas*.

1. L'auteur a pourtant dit dans la maxime 371 que c'est presque toujours notre faute de ne pas connoître quand on cesse de nous aimer. les maximes 335, 336, 348 et 557.

2. Rapprochez des maximes 149, 184, 327, 383, 596 et 609.

3. Voyez les maximes 304 et 352.

4. Rapprochez des maximes 335, 336, 348, 371 et 553.

5. Voyez les maximes 70 et 108.

Voyez aussi

DLX

Les amitiés renouées demandent plus de soins que celles qui n'ont jamais été rompues1.

DLXI

Un homme à qui personne ne plaît est bien plus malheureux que celui qui ne plaît à personne.

DLXII

L'enfer des femmes, c'est la vieillesse 2.

1. Rapprochez de la maxime 286.

2. C'est Saint-Évremond, nous l'avons dit (p. 221), qui nous a conservé cette pensée, adressée par la Rochefoucauld à Ninon de l'Enclos. Voyez la Vie de Saint-Evremond par des Maizeaux, édition de 1711, p. 353.

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