Page images
PDF
EPUB

jorque, Secrétaire & Confeiller de Philippe II, Roi d'Efpagne, fut élevé à l'Evêché de Lérida. Il joignoit à la fcience du droit la connoiffance de la philofophie. On lui eft redevable de la correction du décret de Gratien, & de l'édition du cours canonique que fit Grégoire XIII, avant d'être Pape. Il a laiffé encore d'autres ouvrages, entr'autres, Commentarius de ratione conciliorum celebrandorum.

,

THOMASIUS (Jacques) Profeffeur en éloquence à Leipfick, étoit d'une bonne famille de cette ville. Il y fut élevé avec foin, & y enfeigna les Belles Lettres & la Philofophie. Le célèbre Leibnitz qui avoit été fon difciple en Philofophie, difoit que fi fon Maître avoit ofé s'élever contre la philofophie de l'école, il l'auroit fait, mais il avoit plus de lumière que de courage. C'étoit un homme doux, tranquille & incapable de troubler fon repos & celui des autres par de vaines querelles. Il mourut dans fa patrie en 1684, à 52 ans. Ses principaux ouvrages font, I, les Origines de l'Hiftoire Philofophique & Ecclefiaftique. II. Plufieurs Differtations, dans une defquelles il traite du Plagiat Littéraire, & donne une lifte de cent Plagiaires. Ces ouvrages font en Latin, & renferment beaucoup de recherches. THOMASIUS, (Chriftian) fils du précédent, né à Leipfick en 1655, prit le bonnet de docteur à Francfort fur l'Oder en 1676.Un Journal Allemand, qu'il commença à publier en 1688, & dans lequel il femoit plufieurs traits fatyriques contre les Scholaftiques, lui fit beaucoup d'ennemis. On excita Mazius à l'accufer publiquement d'héréfie, & même du crime de lèse-Majefté.

Thomafius avoit refuté un traité de fon dénonciateur, où il prétendoit qu'il n'y avoit que la religion Luthérienne qui fût propre à maintenir la paix & la tranquillité de l'Etat. Ce fut la femence des perfécutions qu'on lui fufcita; il fut obligé de fe retirer à Berlin, où le Roi de Pruffe fe fervit de lui pour fonder l'Univerfité de Hall. La premiere chaire de droit lui fut accordée en 1710. Trois ans après il fit foutenir des thèfes, dans lef quelles il avança que le concubinage n'a rien de contraire au droit divin, & qu'il eft feulement un état moins parfait que celui du mariage. Cette opinion dangereufe fit naître beaucoup d'écrits. Thomafius mourut en 1728, regardé comme un efprit bizarre & un homme inquiet. On a de lui un grand nombre d'ouvrages en Latin & en Allemand. Les principaux font, 1°. une introduction à la philofophie de la Cour, 29. l'hiftoire de la Sageffe & de la Folie ; 3°. deux livres des défauts de la Jurifprudence romaine; 4°. les fondemens du droit naturel & des gens; 5°. Hiftoire des difputes entre le Sacerdoce & l'Empire, jufqu'au feizième fiècle. THOMASSIN, (Louis) né à Aix en Provence en 1629, fut reçu dans la Congrégation de l'Oratoire dès fa quatorzième année. Après y avoir enfeigné les humanités & la philofophie, il fut fait Profeffeur de théologie à Saumur. L'écriture, les Pères, les Conciles prirent dans fon école la place des vaines fubtilités fcolaftiques. Appelé à Paris en 1654, il y commença, dans le Séminaire de Saint Magloire, des Conférences de théologie pofitive, felon la méthode qu'il avoit fuivie à Saumur. Ses fuccès dans cet em

ploi lui firent des amis illuftres. Perefixe, Archevêque de Paris, l'engagea à faire imprimer fes Differtations Latines fur les Conciles, dont il n'y a eu que le premier volume qui parut en 1667, in-4°. & les Mémoires fur la grace, qui furent imprimés en 1668, en 3 vol. in-8°. Ils reparurent en 1682, in 4°. augmentés de deux Mémoires, fous les aufpices de Harlay, fucceffeur de Perefixe. Il publia aufli trois tomes de Dogmes Théologiques en Latin, le premier en 1680, le fecond en 1684, le troifième en 1689; trois autres tomes de la Difcipline Ecclefiaftique fur les Bénéfices & les Bénéficiers; le premier en 1678, le fecond en 1679, le troisième en 1681; divers traités de la Difcipline de l'Eglife & de la Morale Chrétienne, des Fêtes, des Jeûnes, de la Vérité & du Menfonge, de l'unité de l'Eglife, de l'Aumône, du Négoce & de l'Ufure. Celui-ci ne fut imprimé qu'iprès fa mort, auffi bien que le Traité dogmatique des moyens dont on s'eft fervi dans tous les temps pour maintenir l'unité de l'Eglife. Ce ne fut feulement fur ces matièpas res que brilla le favoir du Père Thomaffin. Il poffédoit parfaitement les Belles Lettres, & il voulut enfeigner aux autres l'ufage qu'on en pouvoit faire. Ainfi il donna au public des Méthodes d'étudier & d'enfeigner chrétiennement la philofophie, les hiftoriens profanes, les poëtes & les langues. Le Pape Innocent XI témoigna quelque defir de fe fervir de fon ouvrage de la Difcipline pour le gouvernement de l'Eglife, & voulut même l'artirer à Rome. L'Archevêque de Paris en parla au Roi de la part du Cardinal Cafanata, Bibliothécaire de Sa Sainteté; mais la réponse fut

qu'un tel fujet ne devoit pas fortir du royaume. Le Pere Thomaffin témoigna au St Père fa gratitude & fon zèle en traduifant en Latin les trois volumes de la Difcipline. Ce travail fatigant ne fut pas plutôt fini, qu'il en reprit un autre non moins pénible. Comme il s'étoit appliqué à l'Hébreu pendant cinquante années, il crut devoir faire fervir cette étude à prouver l'antiquité & la vérité de la Religion. Ainfi il entreprit de faire voir que la langue hébraïque eft la mère de toutes les autres, & qu'il falloit par conféquent chercher dans l'Ecriture, qui conferve ce qui nous en refte, l'hiftoire de la vraie Religion, auflibien que la première langue. Ce fut ce qui l'engagea à composer une méthode d'enfeigner chrétiennement la grammaire ou les langues, par. rapport à l'Ecriture Sainte. Elle fut fuivie d'un Gloffaire univerfel hébraïque, dont l'impreffion qui fe faifoit au Louvre ne fut achevée qu'après la mort. Cet ouvrage parut in-fol. en 1697, par les foins du Père Bordes, de l'Oratoire, & de M. Barat de l'Académie des Infcriptions & Belles Lettres, & ne répondit pas à la réputation de l'Auteur. Le Père Thomaffin mourut la nuit de Noël de 1695, âgé de 77 ans. Ce favant avoit la modeftie d'un homme qui ignoroit ce qu'il étoit, fon efprit étoit fage, & fon caractère modéré. Il gémilfoit des difputes de l'Ecole, & n'entroit dans aucune. Sa charité étoit fi grande, qu'il donnoit aux pauvres la moitié de la penfion que lui faifoit le Clergé. On ne peut lui refufer beaucoup d'érudition; mais il la puife moins dans les fources que dans les Auteurs qui ont copié d'après les originaux. Dans fa Difci

pline Eccléfiaftique il y a beaucoup de fautes dans tous les endroits où il s'agit de citations d'Auteurs Grecs. Son style eft un peu pefant; il n'arrange pas toujours fes matériaux d'une manière agréable, & en général il eft trop diffus. THOMASSIN, fils d'un Graveur habile, entra chez le célèbre Picard, dit le Romain, où il acheva de fe perfectionner. Cet habile Artifte s'étant retiré en Hollande en 1710, fon Eleve le fuivit & y demeura jufqu'en 1713. Sa manière de graver étoit belle & favante. Il entroit parfaitement dans l'efprit du Peintre dont il vouloit rendre le caractère, & il avoit l'art d'en faire connoître avec fineffe la touche & le goût. On cite entr'autres, 1°. la Mélancolie du Feti, célèbre Peintre Florentin. 2°. Le Magnificat de Jouvenet. 3°. Le Coriolan d'après la Foffe. 4°. Le Retour du bal de 'Wateau. 5. Les Noces de Cana, d'après Paul Véronefe. Thomaffin étoit né avec beaucoup de jugement & d'efprit; l'enjouement & la fincérité faifoient le fond de fon caractère; fa converfation étoit légere & amufante, & fes faillies avoient le fel de l'épigramme, fans en avoir jamais l'aigreur. Il mourut le premier Janvier 1741, âgé de 53

[blocks in formation]

& nuifible aux étrangers, à cause de la grande chaleur. Quoique certe île foit coupée dans le milieu par la ligne, il y a une montagne dont le fommer eft toujours couvert de neige. Avant la découverte du Brefil, les Portugais y faifoient un commerce confidérable. On prétend qu'il y a des mines d'or auffi pur que l'or du Bréfil. Le fiége épifcopal & le gouvernement ont été transférés en 1756, à l'île du Prince, qui eft plus faine. Les Capucins Italiens y ont un joli hofpice, & les Auguftins une maifon. Outre cela il y a plufieurs Paroiffes & Chapelles dont les Prêtres font Négres.

THOMEENS, ou CHRÉTIENS DE ST THOMAS; (les) voyez CHR

TIEN.

THOMÉUS, (Nicolas Léonic) Profeffeur de Philofophie à Padoue, étoit Vénitien & originaire d'Albanie. Il étudia le Grec à Florence fous Démétrius Chalcondyle, & rétablit le goût des Belles Lettres à Padoue, où il mourut en 1531, à 75 ans. La Philofophie avoit réglé

fes

mœurs autant qu'elle avoit éclairé fon efprit. Il laiffa quelques ouvrages qu'on ne confulte guère. Ce favant fut un des premiers qui expliqua le texte Grec d'Ariftote. THOMISME; fubftantif mafculin. Doctrine de St Thomas d'Aquin & de fes Difciples.

THOMISTES; (les) nom que l'on donne aux Théologiens d'une Ecole Catholique, qui font profeflion de fuivre la doctrine de St Thomas d'Aquin.

Quoique les Thomiftes foient oppofés aux Scotiftes fur plufieurs points, tels que la diftinction des attributs de Dieu, la manière dont les Sacremens opèrent, l'Immacu

lée Conception, &c. cependant ce qui les caractérise particulièrement & ce qui les diftingue des autres Théologiens Moliniftes, Auguftiniens, Congruiftes, &c. c'eft leur fystême fur la grace, dont nous allons donner une idée.

La base de ce fyftême eft que Dieu eft caufe première & premier moteur à l'égard de toutes les créatures; comme caufe première, il doit influer fur toutes leurs actions, parcequ'il n'eft pas de fa dignité d'attendre la détermination de la caufe feconde ou de fa créature. Comme premier moteur, doit imprimer le mouvement à toutes les facultés ou puiffancés qui en font fufceptibles, de là ils concluent :

il

1°. Que dans quelque état qu'on fuppofe l'homme, foit avant, soit après fa chûte, & pour quelque action que ce foit, la prémotion de Dieu est néceffaire. Ils appellent cette prémotion prédétermination phyfique, lorfqu'il s'agit des actions confidérées dans l'ordre naturel, & ils la nomment grâce efficace par elle-même, quand il s'agit des œu vres furnaturelles ou méritoires du falur.

2°. Que la grâce efficace ellepar même a été néceffaire aux Anges & à nos premiers parens pour les œuvres furnaturelles.

3. Que quant à l'efficacité de la grâce, il n'y a aucune différence entre la grâce efficace de l'état de nature innocente & celle de nature tombée ou corrompue par le péché.

4°. Que cette grâce efficace néceffaire pour les œuvres furnaturelles, fut refufée à Adam & aux Anges lorfqu'ils prévariquerent pour la première fois, mais qu'elle

[blocks in formation]

5°. Que quant à l'état de nature innocente & aux œuvres furnaturelles & libres, foit des Anges foit des hommes dans cet état, il faut admettre en Dieu des décrets abfolus, efficaces & antécédens au libre confentement de la volonté créée.

6°. Que la préscience que Dieu a eu de ces oeuvres étoit fondée fur fes décrets abfolus, efficaces & antécédens.

7°. Que la prédestination dans cet état a été antécédente à la prévifion des mérites.

8°. Que la réprobation négative qu'ils font confifter dans l'exclufion de la gloire, a été également antécédente à la prévifion des péchés, & uniquement fondée fur la volonté de Dieu; mais que la réprobation pofitive, c'est-à dire, la prédeftination aux peines éternelles a été conféquente à la prévision des démérites de ceux qui devoient être ainli réprouvés.

9°. Qu'Adam ayant péché, tous fes defcendans dont il avoit été établi le Prince & le chef moral, ont péché en lui; & qu'ainfi tout le genre humain eft devenu une maffe de perdition que Dieu auroit pu fans injuftice abandonner comme il a fait les Anges prévarica

teurs.

10°. Que Dieu par fa pure miféricorde a bien voulu d'une volonté antécédente & de bon plaifir, réparer la chute du genre humain, & qu'en conféquence il a décerné de lui envoyer pour Rédempteur. JESUS CHRIST qui eft mort pour le falut de tous les hommes, & de conférer à ceux-ci, ou du moins

de

[blocks in formation]

11°. Que par une miféricorde fpéciale & antécédemment à la prévifion de leurs mérites, il a élu efficacement & prédestiné à la gloire un certain nombre d'hommes préférablement à tout le refte, par un décret que les Thomiftes appellent décret d'intention.

12°. Qu'à ceux qu'il a ainfi élus, il accorde certainement la grâce efficace, le don de perfévérance, & la gloire dans le temps; mais qu'il n'accorde à tous les autres que des grâces fuffifantes pour opérer le bien & pour y persévérer.

[ocr errors]

13°. Que dans l'état de nature tombée, la grâce efficace ett nécef faire à la créature à double titre 1. à titre de dépendance, parcequ'elle eft créature; 2°. à titre de foibleffe ou d'infirmité, parceque quoique la grâce fuffifante guérille la volonté & la rende faine, cependant à caufe de l'infirmité de la chair & de fes combats ou de fes révoltes perpétuelles contre l'efprit, la volonté éprouve une très grande difficulté de faire le bien furnaturel; elle a un pouvoir véritable, prochain & complet, de le faire, & cependant elle ne le fera jamais fans une grâce efficace, à peu près, difent-ils, comme un convalefcent a des forces fuffifantes pour faire un voyage, qu'il n'exécutera cependant pas fans quelque autre fecours que fes feules forces.

14°. Que la prescience des bonnes œuvres que l'homme doit faire avec le fecours de la grâce, eft fondée fur un décret efficace, abfolu & antécédent, d'accorder cette grâce; & que la prefcience du mal futur eft également fondée fur un décret de permiffion par lequel Dieu Tome XXVIII.

par un jufte jugement, a réfolu de ne point accorder de grâce efficace dans les circonftances où elle feroit néceffaire pour éviter le péché.

15°. Que Dieu voit dans fes décrets qui font ceux qui perfévéreront dans le bien, & ceux qui perfévéreront dans le mal; & qu'en. conféquence il accorde aux uns la gloire éternelle, & condamne les autres au fupplice de l'enfer par un décret que les Thomiftes appellent decret d'exécution.

16°. Que la prédeftination ou le décret d'intention d'accorder la gloire aux bons, eft abfolument & purement gratuite.

17°. Que la réprobation négative dépend uniquement de la volonté de Dieu, & que la réprobation pofitive fuppofe la prévifion des péchés. Quelques Thomiftes cependant, comme Lemos & Gonet, penfent que le péché originel eft la caufe de la réprobation négative.

On accufe communément ce fyftême de n'être pas favorable à la liberté; mais les Thomiftes fe lavent de ce reproche en répondant, 1°. que Dieu en prémouvant fes créatures raisonnables, ne donne aucune atteinte aux facultés qu'il leur a accordées d'ailleurs, & qu'il veut qu'en agiffant elles agiffent librement. 2° Que fous l'action de Dieu la raifon propofe toujours à la volonté une infinité d'objets entre lefquels celle-ci peut choifir, & que la volonté elle-même étant une faculté que Dieu feul peut remplir & raffafier, trouve toujours quelque chofe qu'elle peut defirer ou choifir, ce qui fuffit pour la liberté.

On reproche auffi aux Thomiftes que la grâce fuffifante qu'ils admettent, n'eft une grâce que de nam. A quoi ils répondent que dans leur

B

« PreviousContinue »