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portée aux premiers Sultans qui

étant les maîtres des fiefs ou terres de l'empire, les érigèrent en Baronnies ou Commanderies, pour recompenfer les fervices de leurs plus braves foldats, & furtout pour lever & tenir fur pied un grand nombre de troupes, fans être obligés de débourfer de l'argent.

Mais ce fut Soliman II qui introduifit le premier l'ordre & la difcipline parmi ces Barons ou Chevaliers de l'empire, & ce fut par fon ordre qu'on régla le nombre de cavaliers que chaque feigneur auroit à fournir à proportion de fon

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n'ont que depuis trois jufqu'à fi milles afpres d'appointemens.

Cette cavalerie eft mieux difciplinée que celle des Spahis, quoi que cette dernière ait meilleure mine & plus de vivacité.

Les Spahis ne fe battent que par pelotons; au lieu que les Zaïms & les Timariots fout enrégimentés & commandés par des Colonels fous les ordres des Bachas. Le Bacha d'Alep quand il fe trouve à l'armée eft le Colonel général de

cette cavalerie.

TIMBALE; fubftantif féminin. Efpèce de tambour à l'ufage de la Cavalerie, dont la caiffe eft de cuivre, faite en demi-globe, & couverte d'une peau corroyée, fur laquelle on bat dans la marche de la Čavalerie.

Il n'y a pas long-temps que cet inftrument militaire eft en ufage dans nos armées, au moins le Père Daniel prétend qu'on ne le trouve point dans nos hiftoires fous le règne de Henri IV, ni fous celui de Louis XIII.

La timbale nous eft venue d'Allemagne. Jufte-Lipfe qui eft mort en 1606, dit dans fon traité de la Milice romaine, que les Allemands s'en fervoient de fon temps. On en prit dans les combats aux Allemands en quelques occafions; & ik ne fut permis d'abord à aucun Régiment François de Cavalerie d'en avoir qu'à ceux qui en avoient pris . fur l'ennemi. Depuis on en a mis dans les Compagnies de la Maifon du Roi; il n'y a que les Moufquetaires qui n'en ayent point.

Les timbales font toujours au nombre de deux qui fe tiennent enfemble Par le moyen d'une courroie que l'on fait paffer par deux an neaux attachés l'un devant & l'au

tre derrière le pommeau de la felle du Timbalier.

Les timbales font garnies de deux tabliers de damas ou de fatin, aux armes du Colonel, du Prince ou du Mestre-de-Camp à qui elles appartiennent. Quand il fait mauvais temps, on les couvre d'ordinaire d'un cuir de vache noir.

Le Timbalier bat avec des baguettes de bois de cormier ou de buis, longues chacune de huit à neuf pouces. Elles ont chacune au bout une petite rofette de la grandeur d'un écu. C'est de l'extrémité de ces petites rofettes que l'on frapla timbale, & c'est ce qui lui fait rendre un fon plus agréable que fi elle étoit frappée d'une baguette de tambour.

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On dit figurément parmi les foldats, faire bouillir la timbale; pour dire, faire bouillir la marmite. TIMBALE, fe dit auffi d'une forte de gobelet qui a la forme de timbale.

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On appelle encore timbales, petites raquettes couvertes de peau des deux côtés, & dont on fe fert pour jouer au volant. TIMBALIER; fubftantif mafculin. Celui qui bat des timbales. Le Timbalier auffi-bien que le Trompette dans les marches & dans les routes, eft à la tête de l'Escadron, trois ou quatre pas devant le Cominandant; mais dans les combats il eft fur les aîles dans les intervalles des Efca. drons pour recevoir les ordres du Major ou de l'Aide-Major. Le Tim balier doit être un homme de cœur qui doit défendre fes timbales au péril de fa vie, comme le Cornette & le Guidon doivent faire pour leurs drapeaux.

TIMBO; fubftantif masculin. Espèce

de liane fameufe au Bréfil: elle eft quelquefois de la groffeur de la

cuiffe; elle grimpe en s'entortillant jufqu'au fommet des plus grands arbres. On prétend que fon écorce jetée dans l'eau , Y fait mourir tout le poiffon.

TIMBRE; fubftantif masculin. Sorte de cloche qui n'a point de battant en dedans, & qui eft frappée endehors par un marteau.

Autrefois toutes les montres à ré̟pétition étoient à timbre ; mais aujourd'hui on les fait la plupart fans timbre: ce qui leur a fair donner le nom de répétition fans timbre.

Les meilleurs timbres viennent d'Angleterre. Ils font faits d'un métal compofé de cuivre, de rofette, d'étain de cornouaille & d'un peu d'arfenic; mais les différentes pro portions dans le mélange de ces matières ne font pas abfolument déterminées; c'est à celui qui en fait ufage à les varier, pour découvrir celles qui produifent des timbres dont le fon eft plus agréable.

Comme dans les carillons on a fouvent de la peine à affortir les timbres à la fuite des tons que l'on veut employer, on eft alors obligé de les limer près de leurs bords pour les rendre plus aigus. TIMBRE, fe dit quelquefois pour le fon que rend le timbre. Ce timbre eft trop éclatant. TIMBRE, fe prend quelquefois figurément pour le fon même de la voix. Et dans ce fens, on dit d'une belle voix, voilà un beau timbre. TIMBRE, fe dit auffi de la marque

imprimée & appofée au papier dont on fe fert pour les actes judiciaires, & que l'on appelle papier marqué ou timbré. Voyez FORMULE. TIMBRE, en termes d'Armoirie, fe dit de tout ce qui fe met fur l'écu, & qui diftingue les degrés de nobletle ou de dignité, foit eccléfiaf

tique, foit féculière, comme la tiare Papale, le chapeau des Cardinaux, Evêques & Protonotaires, les croix, les mitres, les couronnes, bonnets, mortiers, & furtout les cafques, que les Anciens ont appelés particulièrement cimbres, parcequ'ils approchoient de la figure des timbres d'horloges, ou parcequ'ils raifonnoient comme les timbres quand on les frappoit.

Les Rois & les Princes portent le timbre ouvert; les Ducs, les Marquis & les Comtes le portent

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une cervelle une tête mal timbrée, un cerveau mal timbré ; pour dire, un écervelé, un fou. TIMBRÉ, en termes de Blafon, fe dit de l'écu couvert du cafque ou timbre.

TIMBRER; verbe actif de la première conjugaifon, lequel fe conjugue comme CHANTER. Terme de Blafon. Accompagner d'un timbre ou de quelqu'autre marque d'honneur, de dignité. Les armes des Cardinaux font timbrées d'un chapeau. rouge.

grillé & mis de front; les Vicom-TIMBRER, fignifie en termes de Prati

tes, les Barons & les Chevaliers le portent un peu tourné, on le nomme alors de trois quartiers. TIMBRE, fe prend auffi figurément & familièrement pour la tête. Ce

vin leur donna dans le timbre. TIMBRE, fe dit dans les Douanes & & en termes de Marchands Pelletiers, d'un certain nombre de peaux de martres zibelines ou d'hermines attachées ensemble par le côté de la tète, & qui viennent ainfi de Ruffie & de Laponie. Chaque timbre, qu'on appelle auffi masse, est compofé de vingt paires ou couples de peaux, c'eft-à-dire, de quarante peaux. Une caiffe de martre zibeline affortie, telle qu'elle vient de Ruffie, contient dix timbres, qui font quatre cens peaux. On dit aufli, un demi - timbre, pour dire vingr peaux, ou la moitié d'un timbre. Autrefois le timbre étoit en France de trente paires ou foixante peaux. Le lunde de peaux contient trentedeux timbres.

La première fyllabe eft longue, & la feconde très brève. TIMBRÉ, ÉE; adjectif & participe paffif. Papier timbré. Parchemin timbré. Voyez TIMBRER.

On dit figurément & familière

que, écrire au haut d'un acte la nature de cet acte, la date & le fommaire de ce qu'il contient. Timbrer des pièces.

On dit auffi, timbrer du papier timbrer du parchemin, pour dire, imprimer fur du papier, fur du parchemin la marque ordonnée par le Roi, pour faire qu'il puiffe fervis aux actes de juftice. TIMÉE, Rhéteur de Tauroménie en Sicile, vers la quatrième année de la CXXIV. olympiade, la 285. avant Jésus-Chrift, fut chaffé de la Sicile par le tyran Agatocle. I fe fit un nom célèbre par fon hiftoire générale de Sicile, & par fon hiftoire particulière de la guerre de Pyrrhus. Diodore de Sicile loue fon ⚫ exactitude dans les chofes où il ne pouvoit fatisfaire fa malignité contre Agatocle & contre fes autres ennemis. On avoit encore de lui des ouvrages fur la rhétorique; mais toutes ces productions font perdues pour la postérité. TIMÉE DE LOCRES, vit le jour à Locres en Italie. Pythagore fut fon maître. Il fuppofa avec lui une matière capable de prendre toutes les formes, une force motrice qui en agitoit les parties, & une intel

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ligence qui dirige la force motrice.
Il reconnut comme fon maître, que
cette intelligence avoit produit un
monde régulier & harmonique. Il
jugea qu'elle avoir vu un plan fur
lequel elle avoit travaillé, & fans
lequel elle n'auroit fçu ce qu'elle
vouloit faire. Ce plan étoit l'idée,
l'image ou le modèle qui avoit re-
préfenté à l'intelligence fuprême
le monde avant qu'il exiftât, qui
l'avoit dirigé dans fon action fur la
force motrice, & qu'elle contem-
ploit en formant les élémens, les
corps & le monde. Ce modèle étoit
diftingué de l'intelligence produc-
trice du monde, comme l'archi-
tecte l'eft de fes plans. Timée de
Locres divifa donc encore la caufe
productrice du monde en un efprit
qui dirigeoit la force motrice &
une image qui la déterminoit dans
le choix des directions qu'elle don
noit à la force motrice, & des for-
mes qu'elle donnoit à la matière.
La force motrice n'étoit felon Ti-
mée, que le feu. Une portion
de ce feu dardée par les aftres fut
la terre, s'infinuoit dans des or-
ganes, produifoit des êtres animés.
Une portion de l'intelligence uni-
verfelle s'uniffoit à cette force mo-
trice, & formoit une ame qui te-
noit, pour ainfi dire, le milieu
entre la matière & l'efprit. Ainfi
l'ame humaine avoit deux portions,
une qui n'étoit que la force mo-
trice, & une qui étoit purement
intelligente la première étoit le
principe des paffions; l'autre étoit
répandue dans tout le corps pour
y entretenir l'harmonie. Tous les
mouvemens qui entretiennent cette
harmonie, caufent du plaifir, &
tout ce qui la détruit de la douleur,
felon Timée. Les paffions dépen-
doient donc du corps, & la vertu |

de l'état des humeurs & du fang.
Pour commander aux paffions, il
falloit, felon Timée, donner au
fang le degré de fluidité néceffaire
pour produire dans le corps une
harmonie générale. Alors la force
motrice devenoit flexible, & l'in-
telligence pouvoit la diriger. Il fal-
loit donc éclairer la partie raifon-
nable de l'ame après avoir calmé la
force motrice, & c'étoit l'ouvrage
de la philofophie. Timée ne croyoit
point que les ames fuffent punies
ou recompenfées après la mort. Les
génies, les enfers, les furies n'é-
toient, felon ce philofophe, que
des erreurs utiles à ceux que la rai-
fon feule ne pouvoit conduire à la
vertu. Il nous refte de lui un petit
Traité de la Nature & de l'Ame du
monde, écrit en dialecte dorique.
On le trouve dans les œuvres de
Platon, auquel ce traité donna l'i-
dée de fon Timée. On avoit encore
de lui l'hiftoire de la vie de Py-
thagore, dont parle Suidas, & qui
eft perdue.

TIMIDE; adjectif des deux genres.
Timidus. Craintif, peureux. Il eft
auffi timide qu'une femme. Les cerfs,
les moutons, font des animaux ti-
mides. Il eft d'un naturel timide.
TIMIDE, fe dit auffi de toutes les per-
fonnes qui par une crainte modefte
ont quelque peine à fe produire dans
le grand monde, & qui n'ofent
prefque parler. Un homme timide
aime mieux fe contenter du nécef-
faire, que d'aller demander un em-
ploi, une grâce qu'il pourroit faci-
lement obtenir. On dit à peu près
dans le même fens, avoir l'air ti-
mide.

TIMIDEMENT; adverbe. Timide.
Avec timidité. La pudeur la fait
agir timidement.
TIMIDITE; fubftantif féminin. Ti-

mor. Qualité de celui qui eft timide. La timidité vient du peu d'ufage du monde & quelquefois de l'ignorance. La timidité fait fouvent un fot d'un homme de mérite, en lui ótant la préfence d'efprit & la confiance néceffaire dans le commerce du monde. La timidité eft nuifible à ceux qui veulent faire fortune, ils lui facrifient continuellement leurs intérêts. TIMMIN; fubftantif masculin. Petite monnoie d'argent qui a cours dans quelques endroits de l'Archipel, & qui vaut environ cinq fous de France. TIMOCRÉON poëte comique Rhodien, vers la première année de la LXXVIe. olympiade, la 476 avant J. C. eft connu par fa mandife, & par fes vers mordans contre Simonide & Thémistocle. On lui fit cette épitaphe :

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Multa bibens, & multa vorans, malè

deniquè dicens

Multis, hic jacet Timocreon Rhodius.

TIMOLÉON, capitaine corinthien, voyant que fon frère Timophane vouloit ufurper le pouvoir fouverain, lui fit perdre la vie, aidé par fon autre frère Satyrus. Les Syracufains tyrannifés par Denys & par les Carthaginois, s'adrefsèrent vers l'an 343 aux Corinthiens qui leur envoyèrent Timoléon avec dix vaiffeaux feulement & mille foldats au plus. Ce généreux citoyen marcha hardiment au fecours de Syracufe, fçut tromper la vigilance des généraux carthaginois, qui avertis de fon départ & de fon deffein par lettres, voulurent s'opposer à fon paffage. Les Carthaginois étoient pour lors maîtres du port, Icetes de la ville, & Denys de la citadelle; mais Denys fe voyant fans ref

fource, remit à Timoléon la citadelle avec toutes les troupes, les armes & les vivres qui y étoient, & le fauva à Corinthe. Magon, général carthaginois, le fuivit bientôt après. Annibal & Amilcar, chargés du commandement après lui, réfolurent d'aller d'abord attaquer les Corinthiens; mais Timoléon marcha lui-même à leur rencontre avec une poignée de foldats qui défirent les Carthaginois, & qui s'emparèrent de leur camp, où ils trouvèrent un butin immense. Cette victoire fut fuivie de la prife de plufieurs villes, ce qui obligea les Carthaginois à demander la paix. Les conditions furent qu'ils ne pofféderoient que les terres qui font audelà du fleuve Halicus près d'Agrigente; que ceux du pays auroient la liberté de s'établir à Syracufe avec leurs familles & leurs biens, & qu'ils n'auroient aucune intelligence avec les tyrans, Timoléon paffa le refte de la vie à Syracufe avec la femme & fes enfans. Il vécut en homme privé, fans aucune envie de dominer, fe contentant de jouir tranquillement de fa gloire. Après fa mort on lui éleva un fuperbe monument dans la place de Syracufe, qui fut appelée la place Timoléonte. TIMON; fubftantif mafculin. Temo. Pièce de bois du train de devant d'un carroffe ou d'un charriot, qui eft longue & droite, & à laquelle on attelle les chevaux. Le timon d'un carroffe doit avoir environ neuf pieds de longueur. Quand la voiture fera dans la remife il faudra lever le timon.

TIMON, en termes de marine, fignifie une longue pièce de bois attachée au gouvernail d'un navire, & qui fert à le mouvoir par la force

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