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Voici ce que le Père Tachard, témoin oculaire, rapporte d'un combat du tigre contre des éléphans: « On avoit élevé, dit cet Auteur, » une haute paliffade de bambous » d'environ cent pas en carré. Au » milieu de l'enceinte étoient en» trés trois éléphans deftinés pour » combattre le tigre. Ils avoient » une espèce de grand plaftron en » forme de mafque qui leur cou » vroit la tête & une partie de la trompe. Dès que nous fumes ar» rivés fur le lieu, on fit fortir de » la loge, qui étoit dans un en » foncement, un tigre d'une figure » & d'une couleur qui parurent nouvelles aux François qui affif. » toient à ce combat; car outre qu'il étoit bien plus grand, bien plus gros & d'une taille moins effilée que ceux que nous avions »vus en France, fa peau n'étoit

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pas mouchetée de même; mais » au lieu de toutes ces taches fe. "mées fans ordre, il avoit de lon. →gues & larges bandes en forme » de cercle; ces bandes prenant » fur le dos fe rejoignoient par>> deffous le ventre, & continuant » le long de la queue y faifoient » comme des anneaux blancs & » noirs placés alternativement dont

elle étoit toute couverte. La tête » n'avoit rien d'extraordinaire, non plus que les jambes, hors qu'elles » étoient plus grandes & plus grof. » fes que celles des tigres communs, » quoique celui-ci ne fût qu'un » jeune tigre qui avoit encore à » croître; car M. Conftance nous a » dit qu'il y en avoit dans le Royau»me de plus gros trois fois que ce» lui - là, & qu'un jour étant à la » chale avec le Roi, il en vit un » de fort près qui étoit grand com» me un mulet. Il y en a auffi de

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» On ne lâcha pas d'abord le ti>>gre qui devoit combattre, mais » on le tint attaché deux corpar des, de forte que n'ayant pas » liberté de s'élancer, le premier

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éléphant qui l'approcha lui donna deux ou trois coups de fa trompe » fur le dos. Ce choc fut fi rude, » que le tigre en fut renverfé, & » demeura quelque temps étendu » fur la place fans mouvement com» me s'il eût été mort; cependant » dès qu'on l'eût délié, quoique » cette première attaque eûr bien » rabattu de la furie, il fit un cri » horrible, & voulut fe jeter fur la » trompe de l'éléphant qui s'avan»çoit pour le frapper; mais ce»lui-ci la repliant adroitement, la » mit à couvert par les défenfes, qu'il présenta en même temps, & » dont il atteignit le tigre fi à pro"pos, qu'il lui fit faire un grand faut en l'air; cet animal en fut fi étourdi, qu'il n'ofa plus appro» cher. Il fit plufieurs tours le long de la palisade, s'élançant quelquefois vers les perfonnes qui paroiffoient vers les galeries. On pouffa enfuite trois éléphans con» tre lui, qui lui donnèrent tour à » tour de fi rudes coups, qu'il fit » encore une fois le mort, & ne penfa plus qu'à éviter leur ren» contre: ils l'euffent tué fans doute » fi l'on n'eût fait finir le combat». Il eft clair par la defcription même du Père Tachard que ce tigre qu'il a vu combattre des éléphans eft le vrai tigre qui parut aux François un animal nouveau, parceque probablement ils n'avoient vu en France dans les ménageries que des pan

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thères

thèrés ou des léopards d'Afrique, ou bien des jaguars d'Amérique, & que les petits tigres qu'il vit à Louvo n'étoient de même que des panthères. On fent auffi par ce fimple récit quelles doivent être la force & la fureur de cet animal, puifque celui-ci, quoique jeune encore, & n'ayant pas pris tout fon accroiffement, quoique réduit en captivité, quoique retenu par des liens, quoique feul contre trois, étoit encore affez redoutable aux coloffes qu'il combattoit pour qu'on fût obligé de les couvrir d'un plaftron dans toutes les parties de leur corps, que la Nature n'a pas cuiraffées comme les autres d'une enveloppe impénétrable.

La tigreffe produit, comme la lionne, quatre ou cinq petits; elle eft furieuse en tous temps, mais fa rage devient extrême lorfqu'on les lui ravit; elle brave tous les périls; elle fuit les raviffeurs, qui fe trouvant preffés font obligés de lui relâcher un de fes petits; elle s'arrête, le faifit, l'emporte pour le mettre à l'abri, revient quelques inftans après, & les pourfuit julqu'aux portes des villes ou jufqu'à leurs vaiffeaux ; & lorfqu'elle a perdu tout espoir de recouvrer fa perte, des cris forcénés & lugubres, des hurlemens affreux expriment fa douleur cruelle, & font encore frémir ceux qui les entendent de loin.

Le tigre fait mouvoir la peau de fa face, grince des dents, frémit, rugit comme fait le lion; mais fon rugiffement eft différent.

La peau du tigre eft affez eftimée, fur-tout à la Chine. Les Mandarins militaires en couvrent leurs chaifes dans les marches publiques; ils en font aufli des couvertures

Tome XXVIII.

de couffins pour l'hiver; en Europe, ces peaux, quoique rares, ne font pas d'un grand prix. On fait beaucoup plus de cas de celles du léopard de Guinée & du Sénégal, que nos Fourreurs appellent tigre. Au refte, c'eft la feule petite utilité qu'on puiffe tirer de cet animal très-nuifible, dont on a prétendu que la fueur étoit un venin & le poil de la moustache un poifon sûr pour les hommes & pour les animaux ; mais c'est affez du mal très réel qu'il fait de fon vivant, fans chercher encore des qualités imaginaires & des poifons dans fa dépouille, d'autant que les Indiens mangent de fa chair, & ne la trouvent ni mal faine ni mauvaise, & que fi le poil de fa mouftache pris en pillule tue, c'eft qu'étant dur & roide, une telle pilJule fait dans l'eftomac le même effet qu'un paquet de petites aiguilles.

On dit figurément d'un homme, que c'est un tigre, un vrai tigre, que d'eft un cœur de tigre; pour dire, qu'il eft cruel & impitoyable.

En parlant d'une femme qui traite les amans avec rigueur, on dit dans le style familier, que c'eft une tigreffe.

On appelle chevaux tigres, des chevaux qui font tavelés & mouchetés à peu près comme des tigres. Un attelage de fix chevaux tigres. Un attelage de cavales tigres, de jumens tigres. On dit de même, des chiens tigres. Dans ces phrases il eft pris fubftantivement.

On appelle auffi tigre, une forte d'infecte moucheté qui vient audeffous des feuilles des arbres, & principalement des poiriers en efpalier. TIGRÉ; royaume d'Afrique dans l'Abissynie du côté de l'Egypte. U

eft botné au nord par le royaume de Sennar; à l'orient par la mer Rouge; au midi par les royaumes d'Angor & de Bagemder, & à l'occident par celui de Dambéa. TIGRÉ, ÉE; adjectif. Moucheté comme une peau de panthère ou de léopard. Cette dénomination vient de ce qu'on a pris autrefois les panthères & les léopards pour des tigres. Chien tigré. Jument tigrée. TIL, (Salomon Van) né à Wefop, à deux lieues d'Amfterdam en 1644, fe fit connoître par fon habileté dans la Philofophie, dans l'Hiftoire Naturelle, dans la Médecine, dans la Théologie & dans les Antiquités Sacrées & Profanes. On lui donna en 1664, une Chaire de Théologie à Leyde, où il lia une étroite amitié avec Cocceius, qui l'imbut de fa doctrine. Van-Til s'appliqua avec ardeur à l'étude de l'Ecriture Sainte, felon la méthode des Coccéïens. Comme fa mémoire n'étoit pas affez bonne pour retenir fes fermons, il prêchoit par analyfe : méthode qu'il rendit publique. Cet habile Proteftant mourut à Leyde en 1713, après avoir publié plufieurs écrits. Les uns font en Fla

mand & les autres en Latin. Les principaux font, 1°. fa Méthode d'étudier & celle de prêcher. 2°. Des Commentaires fur les Pfeaumes. 3o. Sur les Prophéties de Moyfe, d'Habacuc & de Malachie. 4°. Un Abrégé de Théologie, 5°. Des remar ques fur les Méditations de Defcar

tes.

TILBOURG; gros bourg des PaysBas, dans le Brabant Hollandois, à cinq lieues, eft, de Breda. Il eft remarquable par fes manufactures de draps & d'autres étoffes. TILINGIUS, (Matthieu) savant Mé

decin, eft Auteur de divers ou

vrages. Les principaux font, 1: l'Anatomie de la rate, en 1673: 2°. un Traité des fièvres malignes, en 1677.

TILLAC; fubftantif mafculin. Le plus haut pont d'un vaiffeau, fur lequel font ordinairement les matelots, les paffagers, les foldats. Nous nous promenions fur le tillac. TILLADET, (Jean-Marie de la Marque de) né au château de Tilladet en Armagnac, vers 1650, fit deux campagnes, l'une dans l'arrièreban, l'autre à la tête d'une compagnie de cavalerie. Après la paix de Nimègue, il quitta les armes pour enrrer chez les Pères de l'Oratoire, où il fe confacra à la Prédication & à la Littérature. Il en fortit enfuite, & mourut à Versailles en 1715, à foixante-cinq ans, Membre de l'Académie des Belles-Lettres. On a de lui un Recueil de Differtations, en deux volumes in - 12, fur diverfes matières de Religion & de Philologie, qui font prefque toutes du favant Huet, Evêque d'Avranches, avec une longue préface hiftorique qui n'annonce qu'un médiocre talent pour le bel art d'écrire. TILLE; fubftantif féminin. La petite peau fine & déliée qui est entre l'écorce & le bois du tilleul. La tille fert particulièrement à faire des cordes de puits.

TILLE; rivière de France en Bourgogne. Elle a fa fource au bourg de Salives, & fon embouchure dans la Saône, au-deffous de Saint-Jean, après un cours d'environ quinze lieues.

TILLEMONT; ville des Pays-Bas, dans le Brabant, fur la Géete, à quatre lieues, fud-eft, de Louvain. Elle étoit autrefois très considérable; mais les guerres l'ont prefque entièrement ruinée.

TILLET, (Jean du) Évêque de Meaux, mort en 1570, fe diftingua par

fon érudition. Il a laiffé divers ouvrages fur la Religion, & une Chronique Latine des Rois de France depuis Pharamond, jufqu'en 1547; elle a été mise en François, & continuée depuis jufqu'en 1604. C'eft un des plus favans ouvrages que nous ayons fur notre hiftoire. Les faits y font bien digérés & dans un ordre méthodique; mais ils manquent quelquefois d'exactitude.

JEAN DU TILLET, frère du précédent

& Greffier en chef du Parlement de Paris, s'eft auffi diftingué dans la république des Lettres. Ses principaux ouvrages font 1. un Traité pour la majorité du Roi de France contre le légitime Confeil, malicieufement inventé par les rebelles, Paris 1560. 2°. Un Sommaire de l'hif toire de la guerre faite contre les Albigeois, 1590: ouvrage rare & recherché. 3. Un Difcours fur la fean

ce des Rois de France en leurs Cours de Parlement, dans le fecond tome de Godefroi. 4. L'inftitution du Prince Chrétien, &c. 5°. Recueil du Roi de France, ouvrage fort exact & fait avec beaucoup de foin fur la plupart des titres originaux de notre histoire. La meilleure édition de ce livre est celle de Paris de 1618. Du Tillet a écrit en homme qui ne s'attache qu'à l'exactitude des recherches, & qui fe foucie fort peu de la pureté & de l'élégance du ftyle.

TILLEUL; fubftantif masculin. Tilia. Grand arbre qui vient naturellement dans les climats tempérés de l'Europe & de l'Amérique feptentrionale. Il fait une belle tige, fort droite, & d'une groffeur propor

tionnée; fa tête fe garnit de beaucoup de rameaux, & prend d'ellemême une forme ronde & régulière; fon écorce qui eft d'abord unie, mince & cendrée dans la jeune fe de l'arbre, devient brune & gercée à l'âge de quinze ou vingt ans. Ses racines qui font fort fibreufes s'étendent au loin près de la furface de la terre; fa feuille eft grande, faite en manière de cœur, dentelée fur les bords, & d'une agréable verdure. Cet arbre donne fes fleurs au mois de Juin; elles font petites, jaunâtres, peu apparentes, › peu apparentes, mais de très-bonne odeur; les graines qui fuccédent font des coques rondes, velues, anguleuses, de la groffeur d'un pois, renfermant une ou deux amandes douces au goût; elles font en maturité au mois d'Août, & elles tombent en Septembre.

Le tilleul eft un arbre foreftier du troisième ordre; on le met au rang des arbres que l'on défigne par bois blanc par conféquent on en fait affez peu de cas; on le laiffe fubfifter dans les bois où il fe trouve, parcequ'il fait une bonne garniture dans les endroits ou d'autres arbres d'une meilleure effence ne réuffiroient pas fi bien; mais on ne s'avife guère d'en former de nouveaux cantons de bois; cependant c'est l'arbre que l'on cultive le plus en France par rapport à l'agré

ment.

Cet arbre vient dans prefque tous les terrains & à toutes les expofitions; il réuffit dans les vallées, le long des côteaux, même fur les montagnes. Toutes ces fituations lui font à-peu-près égales, pourvu que la première pofition ne foit pas trop aquatique, la feconde trop chaude, & qu'il y ait dans la dernière ou de l'humidité ou de la

profondeur, ou enfin quelque mélange de terre limoneufe; mais le tilleul fe plaît particulièrement dans un terrain gras & fertile. Il fait les plus grands progrès dans la terre franche mêlée de gravier, & il réuffit fort bien dans les terres légères qui ont beaucoup de fonds; il dépérit par la pourriture de fes racines dans un fol trop aquatique; les Hollandois le jugent de cette qualité lorsqu'il eft à moins d'un pied & demi d'épaiffeur au-deffus de l'eau pendant l'hiver. Enfin, cet arbre fe refufe abfolument à la craie pure, au fable trop chaud & aux terrains arides , pierreux & trop fuperfi

ciels.

Le tilleul fe multiplie très - aifément; on peut l'élever de graine, de rejetons, de boutures & de branches couchées; on peut auffi le greffer, mais on n'emploie ce dernier expédient que pour multiplier quelques efpèces rares ou curieufes de cet arbre. La femence eft une mauvaise ressource, peu fûre, & fort longue, que l'on met rarement en ufage, attendu que la graine fe trouve rarement de bonne qualité, qu'elle lève difficilement, qu'elle ne paroît fouvent qu'au fecond printems, & que les plants font la plupart dégénérés de l'efpèce dont on a tiré la graine. Les rejetons ne fe trouvent pas communément propres pour peupler une pépinière : ce font prefque toujours des branches éclatées, mal en enracinées & défectueuses; la bouture eft un moyen difficile & incertain, & qui rend trop peu la méthode la plus fûre, la plus expéditive & la plus ufitée eft de propager cet arbre de branches couchées.

Cette opération fe fait pour le mieux en automne, dès que les

feuilles commencent à tomber. Les rejetons forts & vigoureux font les plus propres à réuflir. Au bout d'un an ils feront affez enracinés pour être mis en pépinières à 15 ou 18 pouces les uns des autres en tayons éloignés de deux pieds & demi. On pourra les cultiver trois ou quatre fois l'an, en ne remuant la terre qu'à deux ou trois pouces de profondeur. Il faudra les élaguer avec ménagement, fe contenter d'abord de rabattre les branches latérales à deux ou trois yeux, & ne les retrancher entièrement qu'à mesure que les plants prendront du corps. Au bout de cinq ans ils auront quatre ou cinq pouces de circonférence, & feront en état d'être tranfplantés à demeure. On pourroit également coucher de groffes branches de tilleul qui réufliroient auffi bien fi ce n'eft qu'elles ne donneroient qu'au bout de deux ans des plants affez formés pour être mis en pépinière. On auroit encore le même fuccès en couchant l'arbre entier. On fait que c'eft fur le tilleul qu'on a fait la fameuse épreuve qui a fait voir que de la tête d'un arbre on en peut faire les racines, & des racines la tête.

Cet arbre fe prête à toutes les formes qui peuvent fervir à l'ornement d'un grand jardin. On en fait des avenues, des allées couvertes, des falles de verdure, des quinconces. On peut l'affujettir à former des portiques, à être taillé en paliffades, & le réduire même à la régularité & à la petite ftature d'un oranger. Depuis qu'on s'eft dégoûté du maronnier d'inde à caufe de fa malpropreté, de l'orme par rapport aux infectes qui le défigurent, de l'acacia qui ne donne pas affez d'ombre, on ne plante partout que

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