Il est encor des femmes
Qui savent garder un secret.
ROMANCE D'ALINE, REINE DE GOLCONDE
Alors dans la Provence, Ce beau pays de France, Simple laitière étais; Aline me nommais; Quinze ans était mon âge; Simple, naïve et sage,
Mon cœur, au nom d'amant, Palpitait doucement,
Et j'appelais doux sentiment.
Alors dans la Provence, D'une haute naissance, Un beau jeune homme était, Saint-Phar on le nommait; Vingt ans était son âge; Quoique naïve et sage, J'écoutais; cet amant Parlait si tendrement, Que je connus doux sentiment.
Las! des siens la puissance L'éloigna de la France, Et moi, pleurant encor, Naufrageai sur ce bord;
Le destin m'y fit reine; Mais, quoique souveraine,
Mon cœur, tendre et constant, Toujours pour mon amant
Gardera doux sentiment.
AUX MONTAGNES DE LA SAVOIE
ROMANCE DE FANCHON LA VIELLEUSE
Aux montagnes de la Savoie Je naquis de pauvres parents; Voilà qu'à Paris on m'envoie, Car nous étions beaucoup d'enfants. Je n'apportais, hélas ! en France
Que mes chansons, quinze ans, ma vielle et l'espérance, Et l'espérance.
En pleurant, dans chaque village, Fanchon allait tendant la main. Pauvre petite! ah! quel dommage! Que n'étais-je sur ton chemin, Lorsque tu n'apportais en France
Que tes chansons, quinze ans, ta vielle et l'espérance, Et l'espérance!
Quinze ans et sans ressource aucune, Que l'on éveille de soupçons! Cependant j'ai fait ma fortune, Et n'ai donné que mes chansons.
Fillette sage, apporte en France
Tes chansons, tes quinze ans, ta vielle et l'espérance, Et l'espérance.
Pain, auteur aimable et spirituel, était le collaborateur assez habituel de Bouilly: association qui donna lieu à cette plaisanterie vulgaire : « Le pain et le bouilli sont inséparables. » Peu de pièces ont obtenu un plus éclatant succès que Fanchon la vielleuse.
Y firent si bonne chère
Aux dépens du monastère, Qu'ils s'enivrèrent tous trois.
Ces trois grands coquins de frères, Perfides dépositaires
Du diner de leurs confrères, S'en donnent jusqu'au menton; Puis, ronds comme des futailles, Escortés de cent canailles, Du corps battant les murailles, Regagnèrent la maison.
Le portier, qui les voit ivres, Leur demande où sont les vivres. Bon! dit l'autre, avec ses livres, Nous prend-il pour des savants? Je me passe bien de lire; Mais pour chanter, boire et rire, Et tricher la tirelire, Bon! à cela je m'entends.
Au réfectoire on s'assemble, Vieux dont le ratelier tremble, Et les jeunes, tous ensemble, Ont un égal appétit; Mais, ô fortune ennemie! Est bien fou qui s'y confie: C'est ainsi que, dans la vie, Ce qu'on croit tenir nous fuit.
Arrive frère Pancrace, Faisant piteuse grimace De ne rien voir à sa place Pour boire ni pour manger. A son voisin il s'informe S'il serait venu de Rome Quelque bref portant réforme Sur l'usage du dîner.
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