J'ignore les traits sublimes De Descarte et de Newton :
Mais, pour aimer et pour boire, Je pourrais donner leçon. A table, etc.
Des favoris de la gloire J'estime fort les lauriers; Mais au temple de Mémoire Je vais par d'autres sentiers; Né pour aimer et pour boire, Par là j'illustre mon nom. A table, etc.
Si quelque chagrin vous frappe, S'il trouble votre repos, N'allez point chez Esculape Chercher remède à vos maux; Chers amis, de l'humeur noire Voici le contre-poison. A table, etc.
Cette liqueur m'est bien chère": Mais je vous aime encor mieux; Jeune Iris, si pour vous plaire Je puis être assez heureux, Vous aurez tout lieu de croire Que, fidèle à ma chanson, A table, etc.
Qu'il est doux de satisfaire Ses amis et ses amours!
De notre temps, pour leur plaire,
Partageons ainsi le cours : Mettons une part pour boire, Donnons l'autre à Cupidon. A table soyons Grégoire, Et Tircis sur le gazon.
Dans les champs de la victoire, Qu'un guerrier vole aux combats; Qu'il affronte le trépas,
Afin de vivre dans l'histoire : Eh! qu'est-c' qu' ça m' fait à moi? Je jouis mieux de la gloire; Eh! qu'est-c' qu' ça m' fait à moi, Quand je chante et quand je boi?
Que, pour dompter l'Amérique, L'Anglais s'épuise en vaisseaux; Qu'il se batte sur les eaux Pour un projet chimérique : Eh! qu'est-c' qu' ça m' fait à moi? J'ai le cœur plus pacifique;
Eh! qu'est-c' qu' ça, etc.
Qu'un marchand souvent s'expose Aux dangers pour s'enrichir; Qu'un amant, pour le plaisir, Ni nuit ni jour ne repose; Eh! qu'est-c' qu' ça m' fait à moi? De mes instants je dispose; Eh! qu'est-c' qu' ça, etc.
Qu'un raisonneur se signale Par ses projets sur l'État; Qu'un habile magistrat Des lois suive le dédale :
Eh! qu'est-c' qu' ça m' fait à moi?
Je n'en vois point qui m'égale;
Eh! qu'est-c' qu' ça m' fait à moi, Quand je chante et quand je boi?
AIR Tout le long de la rivière
Tant que le soleil brillera Notre planète. tournera ; On y verra mûrir des pommes, On y verra croître des hommes;
Peu de bons, beaucoup de méchants, Qui suivront toujours leurs penchants. Pour s'étourdir sur les maux de ce monde, Mes amis, buvons; buvons tous à la ronde; Croyez-moi, buvons tous à la ronde.
Beaucoup verront peu de printemps; Bien peu vivront beaucoup de temps: Moitié périra par la guerre
(C'est ce que nous vîmes naguère), D'autres par l'abus des plaisirs;
D'autres n'auront que des désirs. Pour oublier tous les maux de ce monde, etc.
Le fou bravera les hasards,
Et le sage aimera les arts.
Le vrai bonheur sur cette terre
Dépend de notre caractère :
On prêchera toujours en vain Contre l'amour, le jeu, le vin.
peu de bien se trouve dans ce monde, etc.
La vie est un bien doux présent Quand on sait jouir du présent;
Mais souvent mal on le dépense; Au fatal avenir on pense,
Et l'on regrette le passé
Jusqu'à ce qu'on soit in pace.
Ne perdons pas un instant dans ce monde, etc.
Ce Soleil un jour s'éteindra; Bonsoir comédie, opéra;
Bonsoir amour, fortune et gloire, Fable amusante et longue histoire ; Bonsoir, pauvres petits humains, Vous n'aurez plus de lendemains. En attendant que s'éteigne le monde, etc.
Dieu rallumera de nouveau
Peut-être un semblable flambeau ; Mais pourquoi prendre cette peine Si la nouvelle engeance humaine Ne vaut pas mieux que celle-ci? Je dirai: Bon Dieu! grand merci. Que Dieu défasse ou refasse le monde, Mes amis, buvons; buvons tous à la ronde; Mes amis, buvons tous à la ronde.
Toutes jeunes, toutes belles,
Pour s'amuser le matin;
C'est bien, c'est bien, Cela ne nous blesse en rien.
Moi je pense comme Grégoire ; J'aime mieux boire.
Qu'un seigneur, qu'un haut baron, Vende jusqu'à son donjon Pour aller à la croisade; Qu'il laisse sa camarade
Dans la main des gens de bien,
C'est bien, c'est bien, Cela ne nous blesse en rien. Moi je pense comme Grégoire, J'aime mieux boire.
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