Page images
PDF
EPUB

J'ignore les traits sublimes
De Descarte et de Newton :

Mais, pour aimer et pour boire,
Je pourrais donner leçon.
A table, etc.

Des favoris de la gloire
J'estime fort les lauriers;
Mais au temple de Mémoire
Je vais par d'autres sentiers;
Né pour aimer et pour boire,
Par là j'illustre mon nom.
A table, etc.

Si quelque chagrin vous frappe,
S'il trouble votre repos,
N'allez point chez Esculape
Chercher remède à vos maux;
Chers amis, de l'humeur noire
Voici le contre-poison.
A table, etc.

Cette liqueur m'est bien chère":
Mais je vous aime encor mieux;
Jeune Iris, si pour vous plaire
Je puis être assez heureux,
Vous aurez tout lieu de croire
Que, fidèle à ma chanson,
A table, etc.

Qu'il est doux de satisfaire
Ses amis et ses amours!

De notre temps, pour leur plaire,

Partageons ainsi le cours :
Mettons une part pour boire,
Donnons l'autre à Cupidon.
A table soyons Grégoire,
Et Tircis sur le gazon.

PANARD.

LE BUVEUR SANS SOUCI

CLEF DU CAVEAU: 119.

Dans les champs de la victoire,
Qu'un guerrier vole aux combats;
Qu'il affronte le trépas,

Afin de vivre dans l'histoire :
Eh! qu'est-c' qu' ça m' fait à moi?
Je jouis mieux de la gloire;
Eh! qu'est-c' qu' ça m' fait à moi,
Quand je chante et quand je boi?

Que, pour dompter l'Amérique,
L'Anglais s'épuise en vaisseaux;
Qu'il se batte sur les eaux
Pour un projet chimérique :
Eh! qu'est-c' qu' ça m' fait à moi?
J'ai le cœur plus pacifique;

Eh! qu'est-c' qu' ça, etc.

Qu'un marchand souvent s'expose
Aux dangers pour s'enrichir;
Qu'un amant, pour le plaisir,
Ni nuit ni jour ne repose;
Eh! qu'est-c' qu' ça m' fait à moi?
De mes instants je dispose;
Eh! qu'est-c' qu' ça, etc.

Qu'un raisonneur se signale
Par ses projets sur l'État;
Qu'un habile magistrat
Des lois suive le dédale :

Eh! qu'est-c' qu' ça m' fait à moi?

Je n'en vois point qui m'égale;

Eh! qu'est-c' qu' ça m' fait à moi,
Quand je chante et quand je boi?

LA FIN DU MONDE

AIR Tout le long de la rivière

CLEF DU CAVEAU 104.

ANSON.

Tant que le soleil brillera
Notre planète. tournera ;
On y verra mûrir des pommes,
On y verra croître des hommes;

Peu de bons, beaucoup de méchants, Qui suivront toujours leurs penchants. Pour s'étourdir sur les maux de ce monde, Mes amis, buvons; buvons tous à la ronde; Croyez-moi, buvons tous à la ronde.

Beaucoup verront peu de printemps;
Bien peu vivront beaucoup de temps:
Moitié périra par la guerre

(C'est ce que nous vîmes naguère),
D'autres par l'abus des plaisirs;

D'autres n'auront que des désirs.
Pour oublier tous les maux de ce monde, etc.

Un

Le fou bravera les hasards,

Et le sage aimera les arts.

Le vrai bonheur sur cette terre

Dépend de notre caractère :

On prêchera toujours en vain
Contre l'amour, le jeu, le vin.

peu de bien se trouve dans ce monde, etc.

La vie est un bien doux présent
Quand on sait jouir du présent;

Mais souvent mal on le dépense;
Au fatal avenir on pense,

Et l'on regrette le passé

Jusqu'à ce qu'on soit in pace.

Ne perdons pas un instant dans ce monde, etc.

Ce Soleil un jour s'éteindra;
Bonsoir comédie, opéra;

Bonsoir amour, fortune et gloire,
Fable amusante et longue histoire ;
Bonsoir, pauvres petits humains,
Vous n'aurez plus de lendemains.
En attendant que s'éteigne le monde, etc.

Dieu rallumera de nouveau

Peut-être un semblable flambeau ;
Mais pourquoi prendre cette peine
Si la nouvelle engeance humaine
Ne vaut pas mieux que celle-ci?
Je dirai: Bon Dieu! grand merci.
Que Dieu défasse ou refasse le monde,
Mes amis, buvons; buvons tous à la ronde;
Mes amis, buvons tous à la ronde.

[blocks in formation]

Toutes jeunes, toutes belles,

Pour s'amuser le matin;

C'est bien, c'est bien,
Cela ne nous blesse en rien.

Moi je pense comme Grégoire ;
J'aime mieux boire.

Qu'un seigneur, qu'un haut baron,
Vende jusqu'à son donjon
Pour aller à la croisade;
Qu'il laisse sa camarade

Dans la main des gens de bien,

C'est bien, c'est bien, Cela ne nous blesse en rien. Moi je pense comme Grégoire, J'aime mieux boire.

[blocks in formation]
« PreviousContinue »