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INTRODUCTION.

BACON naquit en 1561, dans le Strand, près de Londres, et mourut en 1626.

La philosophie a de lui deux grands monuments, dont l'un est intitulé: de Augmentis Scientiarum, et l'autre, dont nous donnons la traduction, Novum Organum, ou nouvelle Méthode des Sciences.

Ces deux ouvrages font partie d'une grande entreprise conçue par Bacon, commencée avec éclat par lui, et dont il laissa l'achèvement aux travaux des siècles modernes. Cette entreprise n'est rien moins que la restauration complète des sciences, sur une nouvelle base, avec un nouvel esprit, et dans un but nouveau. Elle devait se diviser en six parties, qui sont toutes clairement indiquées par l'auteur, et dont voici les noms et la destination:

1. Partitiones Scientiarum, Division des Sciences : c'est le de Augmentis. Bacon y passe en revue toutes les connaissances humaines de son époque, en montre les imperfections et les nombreuses lacunes, et trace le plan d'un nouvel ensemble de sciences, complet et raisonné.

2. Novum Organum, sive indicia de interpretatione naturæ. C'est la nouvelle méthode qui doit demander

à l'induction une connaissance des lois de la nature, exacte et fertile en applications.

3. Historia naturalis et experimentalis ad condendam philosophiam, ou recueil de tous les faits sur lesquels doit reposer l'induction, et dont l'observation est le premier ouvrage de la méthode.

4. Scala intellectus, échelle de l'entendement, où l'on montre comment l'esprit peut s'élever de la connaissance des faits à celle des lois générales, et réciproquement descendre des lois générales à des faits

nouveaux.

5. Prodromi, sive anticipationes philosophiæ secundæ, science provisoire, ou fragments de science dus à l'application de la méthode vulgaire, et qui reposent l'esprit en même temps qu'ils satisfont provisoirement son impatience d'arriver à des résultats.

6. Philosophia secunda sive scientia activa, qui est la véritable science où la méthode doit conduire. Bacon la distingue de la philosophie première, où seront contenus les lois générales et les principes communs à toutes les sciences. Il la nomme science active, parce qu'elle doit, non pas aboutir à une spéculation stérile, mais combler l'homme de bienfaits et lui donner l'empire du monde.

Il n'est aucune de ces parties où Bacon n'ait tenté quelques essais, mais les deux premières sont les seules qui aient acquis et pu acquérir, sous sa main, une importance considérable.

Le Novum Organum est divisé en deux livres : le premier prépare l'esprit à recevoir la vraie méthode, le second explique cette méthode.

Dans le premier livre, l'auteur détruit d'abord toutes les causes qui s'opposent à l'admission de la vérité dans l'esprit; il nomme lui-même cette première partie du livre Pars destruens; ensuite il combat à l'avance les idées fausses que l'on pourrait se former de la nouvelle méthode: c'est la véritable préparation à l'exposition de cette méthode; l'auteur nomme cette seconde partie du livre Pars præparans.

Les principales causes qui s'opposent à l'admission de la vérité dans l'esprit, sont les diverses sources d'erreurs, nommées idoles par Bacon. Il en distingue quatre espèces : les idoles de la tribu, ou erreurs communes à tous les hommes, et qui viennent de certains défauts naturels à l'esprit humain; les idoles de la caverne, erreurs particulières à chaque intelligence, et qui viennent des goûts, des dispositions, de la tournure d'esprit propre à chaque homme; les idoles du forum, erreurs résultant de l'emploi du langage; les idoles du théâtre, erreurs inculquées à l'esprit par les faux systèmes des philosophes, systèmes que Bacon compare à autant de fables ou pièces de théâtre. C'est principalement à renverser ces dernières idoles qu'il s'attache. Il critique toutes les philosophies anciennes, et surtout leurs méthodes. Il explique les raisons mêmes de leur imperfection, et montre pourquoi pen

dant tant de siècles les sciences ont fait si peu de progrès; enfin, il développe tous les motifs d'espoir qui ont frappé son esprit, et lui promettent un bel avenir pour la culture d'une saine philosophie.

La seconde partie du premier livre est employée, comme nous l'avons dit, à détruire toutes les fausses idées que l'on pourrait se faire à l'avance sur la méthode nouvelle que Bacon propose à l'esprit humain.

Le second livre est destiné à faire comprendre l'esprit, la direction générale et les nombreux procédés de la méthode d'induction.

Le but de la science est double: théoriquement, c'est la découverte des lois de la nature; pratiquement, le développement de l'industrie humaine.

Les lois ou formes, sont les conditions des divers phénomènes, propriétés et natures que le monde nous présente. Subsidiairement à cette connaissance des lois, la science doit rechercher par quels progrès insensibles les corps ont revêtu leurs diverses propriétés, et encore quelle est leur constitution ou structure intime.

Pratiquement, la science doit apprendre à donner aux choses des propriétés nouvelles, et à transformer les substances les unes dans les autres.

L'auteur explique ensuite par quels moyens on peut atteindre au but varié de la pratique et de la théorie Il donne ensuite des noms aux parties de la science; l'étude des formes prend celui de métaphysique; celle

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