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NOTES

SUR LE NOVUM ORGANUM.

LIVRE PREMIER.

7. De principes généraux. C'est ce que Bacon nomme axiomes (axiomata), expression qu'il emploie toujours dans le sens de lois générales. Les axiomes ainsi entendus, peuvent en effet venir de l'expérience.

22. Les plus familières à la nature. Le latin porte: ad ea quæ revera naturæ sunt notiora. Cette expression de naturæ notiora, naturæ notior, est employée plusieurs fois par Bacon qui la donne comme reçue par l'usage. Elle signifie proprement les lois et les principes les plus connus de la nature; elle vient sans doute de cette philosophie qui regardait la nature même comme intelligente, et agissant selon des règles qu'il était difficile aux hommes de pénétrer.

35. Borgia a dit. Ce Borgia n'est autre que le pape Alexandre VI, parlant de l'expédition de Charles VIII, qui avait pénétré en cinq mois jusqu'à Naples.

37. Ceux qui soutenaient l'acatalepsie. Les académiciens et les sceptiques, qui prétendaient qu'on ne peut rien connaître et qu'on ne doit rien affirmer. La compréhension ou catalepsis des Grecs signifiait la faculté et la possibilité de connaître. Les écoles dont nous parlons niaient cette compréhension.

42. Dans leurs petites sphères, et non dans la grande sphère universelle. Dans le latin in minoribus mundis, et non in majore sive communi. L'âme de chaque homme est représentée ici comme un petit monde. Héraclite d'Éphèse florissait environ cinq cents ans avant J. C. Il se rattache à l'école ionienne, quoique ses dées fussent en général plus avancées et plus profondes que celles

des anciens loniens. Le feu était pour lui le principe élémentaire des choses; il regardait le monde comme un feu toujours vivant.

45. L'introduction de l'élément du feu. Bacon, qui voyait dans le feu le résultat d'un certain mouvement, niait par conséquent que ce fût un élément. Et de son orbite. Quelques physiciens attribuaient à chaque élément un orbite; ces quatre orbites s'enveloppaient les uns les autres; celui de la terre était au centre, celui du feu à la circonférence.

Ibidem.

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Dix fois plus légers les uns que les autres. On supposait que la terre pesait dix fois plus que l'eau,l'eau dix fois plus que l'air, l'air dix fois plus que le feu. Robert Fidd est l'auteur de cette supposition.

46. L'expérience négative. Le travail de l'induction doit reposer sur des exclusions légitimes, rejectiones et exclusio; es debitas; c'est ce que Bacon explique dans le second livre. Les fait s ou expériences négatives servent à fonder ces exclusions.

48. L'infini d'avant et l'infini d'après. Termes consacrés dans l'école, et qui désignent le temps sans bornes qui s'est écoulé avant le moment présent, et celui qui s'écoulera à dater de ce moment.

50. Toutes les opérations des esprits. Dans le latin : omnis operatio spirituum in corporibus tangibilibus. Bacon distinguait dans tout corps une partie grossière et tangible, et une partie volatile et insaisissable c'étaient les esprits de l'école. Il revient souvent à ces esprits et à leurs opérations, qu'il décrit dans le second livre.

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Ibid. — Les changements d'états insensibles. En latin : subtilior meta-schematismus. La connaissance de ces changements d'états, qui échappent aux sens, est une des parties de la science, comme Bacon l'explique dans les premiers aphorismes du livre second.

51. L'école de Démocrite. C'est l'école atomistique où Leucippe précéda Démocrite, et dont la physique fut adoptée plus tard par Épicure. Selon cette physique, les éléments de toutes choses étaient les corps insécables ou atomes, dont Démocrite expliqua avec beaucoup de soin les diverses propriétés. Démocrite, l'un des plus beaux génies de l'antiquité, était né à Abdère, au commencement du ve siècle avant l'ère chrétienne.

54. Gilbert, après avoir observé les propriétés de l'aimant. Gilbert, médecin et physicien anglais, très-estimé et fort souvent cité par Bacon, s'est occupé toute sa vie du magnétisme, sur lequel il a publié un excellent ouvrage. Il vivait dans le xvi siècle, et mourut en 1603.

63. Exprimée par des termes de seconde intention. Nous ne comprenons pas trop cette critique de Bacon. Les catégories d'Aristote, au nombre de dix, parmi lesquelles la substance tenait le premier rang, exprimaient les points de vue les plus élevés des choses et les plus fondamentales des idées. Au-dessous des catégories étaient les termes et les idées qu'on nomme de seconde intention (secundæ intentionis). Mais Aristote définissait l'âme par une des catégories, et par la plus élevée de toutes, la substance. L'âme était pour lui, l'entéléchie d'un corps organisé ayant le pouvoir de vivre. (De anima, 1. Il, cap. 1.) Or, l'entéléchie (en telos) est une substance, la substance qui a sa fin en soi, la plus excellente des substances, car celle de Dieu appartient à cette classe. Aristote n'a donc pas traité l'âme avec le dédain dont parle Bacon. Il est vrai qu'on doute s'il lui attribuait ou non l'immortalité.

Ibid. Les homœoméries d'Anaxagore. Anaxagore de Clazomène, mort à Lampsaque, en 428. C'est lui qui a parlé avec tant d'éclat de l'Esprit, ordonnateur du monde. « D'après le principe que rien ne vient de rien, il admit une matière à l'état de chaos, dont les parties constitutives, toujours unies et semblables les unes aux autres (homœoméries), ne peuvent être décomposées, et c'était par l'arrangement et la séparation de ces particules qu'il expliquait les phénomènes du monde physique. » (Tennemann, manuel.)-Nous avons déjà parlé des atomes de Leucippe et de Démocrite. - Le ciel et la terre de Parménide. Parménide d'Élée (va siècle avant J. C.), partisan de l'unité de substance, démontre qu'il n'y a qu'un seul être, infini, invisible. « Mais, pour rendre compte de l'apparence des sens, Parménide prit deux principes, celui de la chaleur ou de la clarté (le feu éthéré), et celui du froid ou de l'obscur, la nuit (la terre); le premier est pénétrant, le second est épais et lourd ; le premier est le positif, le réel; le second le négatif, ou plutôt seulement la limitation du premier. De là il faisait dériver tous les changements, même les phénomènes du sens intérieur. » Tennemann,

man.) La haine et l'amitié d'Empedocle. Empedocle d'Agrigente florissait vers le milieu du ve siècle. Il se rattache à la fois à l'école italique et à celle d'Ionie. Il distinguait quatre éléments, dont le mélange formait toutes choses. Le principe de la composition, de la vie et du bien, c'était pour lui la concorde ou l'amitié ; celui de la décomposition, de la mort et du mal, c'était la discorde ou la haine. - La résolution des corps... « Héraclite pensait que la matière, qui forme pour ainsi dire le fond de l'univers, est indifférente à telle ou telle forme, et susceptible de toutes; que, selon qu'elle est plus rare ou plus dense, elle devient feu, air, eau, terre, et reprend ensuite les formes qu'elle a quittées : il lui donne le nom de feu. » (Lasalle.)

66. Ces vulgaires distinctions des mouvements. Ce sont celles qu'admettait l'école et qui sont établies dans les écrits d'Aristote, particulièrement dans sa Physique.

Ibid. — La matière potentielle et informe. Presque toute l'antiquité philosophique, Platon, Aristote, les stoïciens, etc., admettaient que le fond ou le substratum des choses est une matière primitivement sans forme, que la puissance motrice et organisatrice du monde a moulée et réduite à des proportions fixes, et dont elle a tiré les individus et les espèces. L'expression de potentielle indique plus particulièrement la matière du système péripatéticien, qui contenait virtuellement en elle les formes que la cause efficiente pouvait en tirer.

67. Des anciens sophistes, Protagoras, Hippias... On appelait sophistes ceux qui, Ostentationis, aut quæstus causa philosophabantur. (Acad. prior. 11, 23.) Ils avaient corrompu et décrédité la philosophie avant Socrate. Protagoras d'Abdère, le plus célèbre de tous avec Gorgias, enseigna publiquement à Athènes; c'est lui qui soutenait que l'homme est la mesure de toutes choses, doctrine reproduite quelques siècles après par le scepticisme, et qui a reparu sous plus d'une forme dans les temps modernes. Hippias d'Élis prétendait à un savoir universel.

70. A des objets plus généraux. Bacon veut parler ici des lois générales qu'il appelle formes. Ces formes, dont il explique la nature et l'importance scientifique dans le second livre, ne sont pas

individuelles, quoiqu'elles se retrouvent dans tous les phénomènes particuliers qu'elles règlent. Et quoique Bacon déclare qu'il n'existe dans la nature que des objets individuels, il insiste très-souvent sur cette unité et sur cette généralité de la règle que la science doit rechercher à travers les particularités. Dans le troisième aphorisme du livre second, il dit : Qui formas novit, is naturæ unitatem in materiis dissimillimis complectitur.

71. Gorgias... Polus. Gorgias de Léontium vint à Athènes en 424; il établit et soutint ces trois fameuses propositions: que rien n'existe, qu'on ne peut rien connaître, qu'on ne peut transmettre la connaissance. Polus d'Agrigente était un disciple de Gorglas.

Ibid.

Chysippe, de Soli ou de Tarse, né en 280, mort en 212 ou 208 avant J. C., était surnommé la colonne du Portique. On appelait ainsi l'école stoïcienne, parce que Zénon, qui la fonda, avait donné ses leçons à Athènes, dans le portique. - Carnéade, de Cyrène, né vers 215, mort en 130, soutint avec éclat le scepticisme de l'Académie. Il s'attaqua particulièrement à Chrysippe, comme Arcésilas, le fondateur de la nouvelle académie, s'était attaqué à Zénon. Niant toute connaissance réelle, Carnéade ne laissa subsister que la vraisemblance, et admit ce qu'on nomme le probabilisme. -Xénophane, de Colophon, contemporain de Pythagore (vro siècle), fut le chef de l'école éléatique, qui doit surtout son illustration à Parménide. Xénophane essaya le premier de démontrer qu'il n'existe qu'un seul être infini, immuable, invisible, Dieu, l'être parfait, hors de qui rien ne peut être. ·Philolaüs, de Crotone ou de Tarente, pythagoricien célèbre par son système d'astronomie. Il était contemporain de Socrate.

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75. Les formes des choses qui sont en réalité les lois de l'acte pur. C'est la définition des formes dont nous avons déjà parlé. Bacon entend par acte pur le phénomène simple, dégagé de tout élément étranger, et tel qu'un acte unique peut le produire, suivant une règle déterminée, qui est la forme. Il dit dans le second livre, aphorisme 17 : Nos quum de formis loquimur, nil aliud intelligimus, quam leges illas et determinationes actus puri quæ naturam aliquam simplicem ordinant et constituunt, ut calorem, lumen, pondus, in omnimoda materia et subjecto susceptibili.

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