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LIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET Cie

BOULEVARD SAINT-GERMAIN, N° 77

1863

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PRÉFACE.

Nous avons eu une de ces bonnes fortunes littéraires de plus en plus rares par ce temps de chercheurs qui rendent le neuf et l'inédit à peu près introuvables. Grâce à la bienveillance de M. le duc de la Rochefoucauld et de Liancourt, nous avons pu pénétrer dans les riches archives du château de la Roche-Guyon, qui, jusqu'à ce jour, n'avaient été ouvertes à personne, et nous avons eu le bonheur d'y découvrir les manuscrits des diverses œuvres du duc de la Rochefoucauld, l'auteur des Maximes. La plus grande partie naturellement se compose des textes publiés, mais les manuscrits de la Roche-Guyon l'emportent sur toutes les copies que nous connaissions en ce qu'ils sont évidemment ceux que le duc avait fait mettre au net pour lui-même. Quelques pages cependant sont inédites: nous avons réuni ainsi un chapitre historique sur les événements de ce siècle, et onze réflexions morales; mais la découverte à laquelle nous croyons pouvoir attacher une incontestable valeur est celle du manuscrit autographe des Maximes, dans lequel, ainsi que j'espère le démontrer positivement, on doit reconnaître le premier jet du célèbre recueil.

Ces manuscrits forment un cahier broché et trois volumes in-folio, ces derniers richement reliés, uniformément, en maroquin rouge avec gaufrures et armes en or, et cotés A,

LA ROCHEF. — I

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Bet D. Le premier renferme les Réflexions morales déjà imprimées et celles que nous publions aujourd'hui pour la première fois, toutes écrites d'une même belle écriture et portant plusieurs corrections de la main de M. de la Rochefoucauld, ce qui n'a pas peu d'importance, puisque jusqu'à ce jour rien ne prouvait que ces pages fussent réellement de l'auteur des Maximes. M. Sainte-Beuve, dans la préface dont il a doté l'excellente édition de la Bibliothèque elzevirienne (1859), formule encore très-positivement ce doute : « Je ne discute pas la question de savoir si ces Réflexions diverses sont certainement de la Rochefoucauld; il me suffit qu'elles lui soient attribuées, qu'elles soient dignes de lui et qu'elles exprimen. le meilleur goût et tout l'esprit du monde. »

Le volume B, plus petit de format, comprend le fragment abrégé des mémoires sur la Régence donné dans toutes les éditions anciennes, écrit par le même copiste que le volume précédent, et le manuscrit des Maximes, entièrement autographe.

Le volume D contient les mémoires dont j'ai soigneusement collationné les textes, et qui ne présentent presque aucune variante avec l'édition de la collection Michaud et Poujoulat1. Quant au cahier broché, d'une écriture très-différente, il offre par son origine un intérêt tout particulier. Il renferme la partie des mémoires dite de la Guerre de Paris, et qui a été le plus vivement reprochée à M. de la Rochefoucauld, lors de la publication faite à Amsterdam, en 1662. Jusqu'à présent on a complétement refusé d'admettre le démenti. formel donné par le duc à ces pages qui, en effet, parlent de madame de Longueville et du prince de Condé dans des termes amèrement regrettables. M. Cousin cependant reconnaît que «< sans doute il y a dans le petit volume si souvent réimprimé, des pages qui ne sont pas de la Rochefoucauld; mais, ajoute-t-il, celles qui dans le temps, révoltèrent le plus les

1. On conserve à la Bibliothèque impériale huit.copies anciennes....

honnêtes gens, lui appartiennent incontestablement1. » La copie, que les archives de la Roche-Guyon possèdent, évidemment contemporaine du duc, écrite, comme je viens de le dire, d'une toute autre main que les précédents manuscrits, et qui n'est pas comprise dans le volume des véritables mémoires, porte pour titre: « Mémoires de M. de Vineuil. » Elle est parfaitement conforme au texte connu, sauf la page finale qui était demeurée inédite. M. Cousin constate que l'on ne connaît pas de manuscrit autographe des mémoires; dès lors, pourquoi ne pas attribuer autant de valeur aux manuscrits incontestablement contemporains du duc, et conservés dans les archives de la famille, qu'à ceux existant dans nos dépôts publics et qui peuvent, ce me semble, avoir été faits sur la copie qui a servi aux éditions hollandaises? L'existence de ce cahier vient très-sérieusement corroborer la puissance du démenti publié par M. de la Rochefoucauld: j'ajouterai encore qu'une note écrite assurément du vivant du duc, en tête de la copie des mémoires sur laquelle M. Petitot a collationné son édition, et qui est conservée à la Bibliothèque impériale, porte que « les mémoires imprimés en Hollande ont été compilés par Cerizay,» et que « partie de ces pièces, assez mal cousues ensemble, sont de MM. de Vineuil et de Saint-Évremont. Cet avis, auquel de savants érudits ont attaché une grande importance en insistant sur la phrase finale, « mais ceux-ci sont entièrement de lui, » ne me semble pas si capital contre M. de la Rochefoucauld, et je demanderai au moins qu'on accueille avec attention cette note écrite vers le milieu du siècle dernier sur la feuille de garde du tome D des manuscrits de la Roche-Guyon:1

α

D

« Ce volume contient les véritables Mémoires, c'est-à-dire ceux auxquels l'auteur a mis la dernière main. La première partie, de la page 1 à la page 112, n'a jamais été publiée : ce qui suit a seulement quelques mots changés.

1. Mme de Sablé, 1re édit., p. 205♪.

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