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beck, courut frapper à la porte de Prudence et de Sim- | plicie; personne ne répondit. Il frappa encore; même silence.

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Elles sont furieuses, dit Mme Bonbeck, jugeant les autres d'après elle-même. Demain elles seront calmées et je leur demanderai pardon, car je dois avouer que je les ai menées un peu rudement. Bonsoir, mon ami; il est près d'onze heures; allez vous coucher; je vais en faire autant. >>

Coz salua, sortit et alla rejoindre son ami Boginski qui attendait avec inquiétude le résultat des reproches hardis de son ami. Quand il sut le retour de Mine Bonbeck et le succès évident de Coz, il fut content et dit, en se frottant les mains:

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« Bon ça! mâme Bonbeck colère, furieuse, mais pas méchant. Mais dis pas trop : « C'est mal; c'est pas << bon. Pas fâcher mâme Bonbeck; elle bonne pour nous, donner chambre, donner chemises, habits, donner pain, viande, vin. Nous pauvres; nous heureux chez Bonbeck; nous rester toujours; nous égal les autres. Entends-tu, Coz? Toi pas recommencer à dire : « Méchant, pas bon. »

Coz. Moi recommencer toujours quand Bonbeck battre fille petite, femme excellent. Moi pas aimer lâche, pas aimer colère.

BOGINSKI. Et si Bonbeck se fâche et chasse nous? Coz. Moi alors partir et aller chez Prude et Simplette; elle a papa, maman, bons; moi, là-bas travailler, servir; moi pas aimer à faire musique; moi aimer courir, travailler à terre, à chose qui fait remuer.

BOGINSKI. Moi aimer musique et diner chez Bonbeck; avec moi, Bonbeck très-bon. Toi partir si veux,

moi rester. »

Coz ne répondit pas, se déshabil'a et se coucha; Boginski en fit autant et tous deux ne tardèrent pas à ronfler. Comtesse DE SÉGUR.

(La suite au prochain numéro.)

RÉCITS HISTORIQUES.
L'ARCHEVÊQUE DE GÈNES.

Deux partis divisaient depuis longues années la république de Gênes. La supériorité passait tantôt à l'un, tantôt à l'autre, sans que le vainqueur pût jamais ni écraser ni désarmer son ennemi. Les meurtres ne cessaient d'ensanglanter la ville; la vengeance appelait la vengeance; les haines et les fureurs étaient héréditaires. Les bons citoyens gémissaient inutilement sur un mal qui leur paraissait sans remède, et la république courait à sa ruine.

Pour comble de malheurs, Gênes, dans cette situation déplorable, se vit attaquée par un ennemi étranger. Les Pisans, république alors puissante, lui déclarèrent la guerre. On s'attendait à chaque instant à voir paraître leur flotte; mais les citoyens, échauffés par les dissensions civiles, ne prenaient aucune précaution contre l'ennemi.

L'homme qui gémissait le plus de cet aveuglement et de ces fureurs était Ugo, archevêque de Gênes : il avait été marin et soldat avant d'entrer dans les ordres sacrés; il avait les vertus d'un prêtre et le cœur d'un citoyen. Un soir (c'était sur la fin de l'automne), il apprit par une voie sûre que Roland Avogado, chef de l'une des deux factions ennemies, avait réuni à un grand banquet ses principaux partisans, et que dans ce banquet une résolution affreuse avait été prise : le lendemain, dès l'aurore, le parti de Roland devait courir aux armes, attaquer le parti contraire et combattre jusqu'à l'extermination de l'un ou de l'autre.

A cette nouvelle, le pieux prélat frémit d'horreur. Il résolut de tenter un effort suprême, non-seulement pour prévenir un si grand attentat, mais encore pour opérer, s'il était possible, la réconciliation des deux partis. De concert avec les plus sages citoyens et quelques-uns des principaux magistrats, il employa la soirée et les premières heures de la nuit à préparer la grande scène qu'il méditait.

Voici le récit de cette scène mémorable, telle qu'une chronique de ce temps nous l'a transmise :

A minuit un quart, au milieu du plus profond silence et d'épaisses ténèbres, à travers lesquelles ne scintillait aucune étoile, la grande cloche de la cathédrale sonne l'alarme, toutes les cloches des autres églises s'ébranlent à la fois. A ce bruit inattendu, la ville entière s'éveille; les femmes paraissent aux balcons et s'interrogent mutuellement avec anxiété; les hommes saisissent à la hâte les armes qui se trouvent sous leur main, et se précipitent dans les rues. On court, on s'informe; sont-ce les Pisans qui menacent la ville? Roland, ses amis, ses ennemis, ont-ils devancé l'heure convenue et commencé le massacre? « A la grande place à la grande place! » crient quelques voix. Ce cri est bientôt celui de tout le peuple. Au milieu de l'épaisse nuit, par toutes les avenues, la foule se précipite par torrents vers la grande place et cependant les cloches ne cessaient pas leur lugubre appel.

On arrive. Devant le portail de la cathédrale, trente ecclésiastiques, en aube et en surplis, étaient rangés sur une seule ligne, tenant des torches à la main. La flamme rouge des torches, que le vent faisait vaciller, colorait de reflets changeants le portail et les colonnades, pénétrait dans l'intérieur du temple, dont les portes ouvertes laissaient apercevoir le grand autel, étincelant dans le lointain, et éclairaient fortement la tête blanchie du vénérable Ugo, ainsi que les traits d'une assemblée imposante réunie à ses côtés : c'étaient les chefs de la cité, les premiers et les plus sages citoyens. Devant eux, dans une châsse d'argent, les reliques de saint Jean-Baptiste, et l'Evangile ouvert sur la chaire.

A cette vue, tous les citoyens sont saisis d'étonnement et de respect. On attend avec impatience ce qui va se passer le silence le plus profond règne de toutes parts et permet à tous les citoyens d'entendre distinctement l'appel que leur fait le vénérable archevêque.

<< Mes frères, dit-il, prions; » et sa voix, secondée par celle de tout son clergé, entonne le Veni creator. Tous les fronts sont découverts, toutes les âmes s'unissent à la sienne dans la prière; il semble que l'esprit de Dieu, invoqué, descend sur cette foule muette et prosternée. Roland lui-même, qui se trouvait non loin de l'archevêque, se sent profondément ému.

La prière est terminée. Ugo, qui s'était agenouillé pendant tout le temps qu'avait duré l'invocation au Saint-Esprit, se relève. Il s'adresse au peuple :

Mes frères, écoutez-moi. Dieu ne veut pas que des frères répandent le sang de leurs frères, et par ma bouche il vous ordonne d'abjurer des projets impies. Malheur à qui mépriserait l'ordre de Dieu!... Mes frères, moi aussi j'ai été soldat, et à ce titre je vous dis Honte au perfide qui, au lieu de marcher contre l'ennemi de la patrie, irait immoler ceux qui, avec lui, peuvent la défendre!... Au nom de Dieu, et sous peine de sa malédiction, je vous somme de renoncer à vos haines parricides, de vous promettre les uns aux autres l'oubli, le pardon et la paix, et d'en faire serment sur l'Évangile. >>

A ces mots, un murmure favorable s'élève, l'assentiment général éclate. Ugo, d'un signe de la main, réclame le silence :

Roland, dit-il, Roland Avogado, c'est à toi de donner l'exemple: viens, l'Evangile est prêt, et Dieu va

recevoir ton serment. >>

Mais Roland ne répondait pas. Irrité, implacable, il détournait les yeux de cette scène imposante, et les tenait opiniâtrément attachés sur la terre.

O Roland! Roland! s'écriait la foule, sois le sauveur de ton pays; prête le serment. »

On lui offre la croix à baiser: les acclamations de la foule redoublent; il reste immobile.

Il s'avance enfin, mais toujours inflexible: des larmes roulent dans ses yeux, larmes non d'attendrissement, mais de rage. D'une voix forte il s'écrie:

« Non! »

Le pieux archevêque redouble ses instances; les parents, les amis de Roland l'entourent et le pressent; il s'attendrit enfin; il cède.

Il s'approche de la châsse d'argent; il met la main sur l'Evangile, il jure l'oubli et la paix.

Mille applaudissements éclatent. On amène les chefs du parti contraire; ils prêtent le même serment.

Tous ces vieux ennemis s'embrassent: ces haines qui semblaient implacables sont éteintes pour jamais. Tous les Génois n'ont plus qu'un même cœur, qu'une même pensée, et cette heureuse nuit voit finir les inimitiés cruelles qui allaient causer la ruine de la patrie.

BOSSUET.

H.

Bossuet (Jacques- Bénigne) est une des gloires du siècle de Louis XIV et un des plus grands hommes que la France ait produits.

Né à Dijon (1629), il y fit ses premières études avec le plus grand succès. A l'âge de quatorze ans (il était alors en seconde), ayant vu sur la table de son père une Bible latine, il l'ouvrit et en lut quelques pages; il éprouva à cette lecture un charme inexprimable; il entendit comme une voix qui parlait à son cœur; et dès ce moment sa vocation fut décidée : il se destina à l'Église, par une résolution forte et inébranlable.

Lorsque (il avait alors dix-sept ans) il fut reçu à Paris maitre ès arts (grade qui correspond à notre baccalauréat ès lettres), il fit paraitre une instruction si supérieure à son âge et une si brillante facilité d'élocution, qu'on en parla dans le salon de l'hôtel de Rambouillet, où se réunissait ce que Paris avait de plus illustre. On

voulut éprouver ce jeune talent. On alla chercher le jeune homme dans son collége, vers sept heures du soir, on le présenta à cette brillante assemblée, qui lui indiqua un sujet religieux à traiter; on le renferma ensuite dans une chambre, sans livres. A onze heures, il rentra dans le salon et prononça devant l'assemblée, sur le sujet indiqué, un discours qui excita les plus vifs applaudissements. A cette occasion, un des beaux esprits qui assistaient à cette réunion dit : « Je n'ai jamais entendu prêcher ni si tôt ni si tard. »

Le jeune homme ne se laissa pas éblouir par ce succès il se livra pendant dix années consécutives aux plus profondes études. On a peine à comprendre comment il a pu lire tout ce qu'il a appris, et comment dans la suite, chargé d'importantes fonctions, il a pu écrire tout ce qu'il a composé. En même temps on s'étonne que tant de science ait pu s'allier à tant de génie.

Quand il parut dans la chaire à Paris, il éclipsa tous les orateurs qui l'avaient précédé; le roi Louis XIV ne pouvait se lasser de l'entendre; on peut dire qu'il exerçait par son éloquence un véritable empire sur ce que la cour et la ville avaient de plus grand.

Parmi ses discours, ceux qui ont le plus de réputation, sont ses Oraisons funèbres.

Une grande quantité d'ouvrages, moins célèbres, mais très-utiles, au triomphe de la religion, composés par ce grand homme, lui ont mérité le nom glorieux d'un des Pères de l'Église.

Louis XIV, qui l'avait fait évêque de Condom, le choisit pour être le précepteur de son fils, en même temps qu'il donnait à cet enfant pour gouverneur le duc de Montausier, un des hommes les plus vertueux de ce grand siècle.

Quelques ouvrages composés par Bossuet pour l'instruction de son élève, sont au nombre des plus beaux monuments de notre littérature; le plus célèbre est le Discours sur l'histoire universelle.

Après que l'éducation du jeune prince fut terminée, Bossuet, nommé évêque de Meaux, résida constamment dans son diocèse, mais faisait à Versailles et à Paris des excursions fréquentes, conciliant ainsi avec ses devoirs d'évêque les services qu'il eut à rendre dans plusieurs occasions à l'Eglise gallicane tout entière, dont il était devenu l'oracle.

Un dissentiment assez grave avec l'illustre Fénelon, troubla quelque temps la paix entre ces deux grands hommes. Le saint-siége, consulté, donna raison à Bos

suet.

L'application de cet homme illustre au travail était incroyable. Toutes les nuits, une lampe allumée restait auprès de lui. Après son premier sommeil, qui était d'environ quatre heures, il se relevait, même dans les froids les plus rigoureux, récitait ses prières, puis se mettait à son bureau, et travaillait jusqu'à ce qu'il sentit venir la fatigue; alors il se recouchait.

Bossuet était d'un caractère simple, bon, aimant. Comme fils, comme frère, comme ami, il fut un modèle. Il eut pour son neveu, qui devint évêque de Troyes, la tendresse d'un père.

Après une longue maladie, Bossuet mourut en 1704. A son dernier moment, il entendit un de ses amis parler de sa gloire : « Cessez ce discours, dit-il, demandez pour moi pardon à Dieu de mes péchés. Telles furent les dernières paroles de Bossuet. L. D'ALTEMONT.

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(15 centimes dans les départements et dans les gares de chemins de fer.)

LA

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Alexandre III, qui était né à Sienne, en Toscane, et dont le nom était Roland Rainuce, est un des papes qui ont régné avec le plus de gloire dans le moyen âge. Son pontificat a duré de 1159 à 1181.

Alors régnait en Allemagne le célèbre Frédéric I, connu vulgairement sous le nom de Frédéric Barberousse: c'était un homme d'un grand génie et d'un intrépide courage, qui étant, à ce qu'il croyait, héritier des droits de Charlemagne sur l'Italie, voulait asservir ce beau pays, alors partagé en duchés et en républiques indépendantes.

Les villes d'Italie résistèrent aux prétentions de Frédéric Barberousse; Alexandre III encouragea et seconda leurs efforts et fit tout ce qui était en son pouvoir pour affranchir l'Italie du joug des Allemands.

Néanmoins l'empereur d'Allemagne avait dans l'Italie même de nombreux partisans; on leur donnait le nom de Gibelins; leurs adversaires, c'est-à-dire ceux qui soutenaient le pape et la liberté de l'Italie, étaient désignés sous le nom de Guelfes.

La guerre entre les Guelfes et les Gibelins dura longtemps. Frédéric, à la tête d'une armée allemande, passa quatre fois les Alpes et fut vainqueur dans plusieurs combats. Une de ses victoires fut suivie d'un acte de rigueur extraordinaire: il détruisit de fond en comble la ville de Milan et fit semer du sel sur ses ruines.

C'est alors que les peuples d'Italie bâtirent dans une situation très-forte une ville qui est considérée comme un des boulevards de ce pays; ils la nommèrent Alexandrie, en l'honneur du pape Alexandre III, leur infatigable protecteur: Frédéric Barberousse, pour se moquer, la surnomma Alexandrie de la Paille (surnom qui lui est resté longtemps), parce que, disait-il, ses murs n'étaient que de paille et de bois enduits de terre. Milan se releva bientôt de ses ruines et recommença la guerre contre l'empereur d'Allemagne : Alexandre III ne cessait d'encourager les efforts des Italiens.

Pour venir à bout de cet infatigable adversaire, Frédéric eut recours à toutes sortes de moyens ; il lui opposa successivement quatre adversaires, qu'il nomma papes pour le remplacer et qui furent reconnus par les Gibelins; mais tout le reste de la chrétienté resta fidèle à Alexandre III, et les Gibelins aussi finirent par le reconnaître comme le seul véritable pape.

A l'époque où les armes de Frédéric étaient triomphantes en Italie et où Rome même avait été obligée de se soumettre à cet empereur, Alexandre III, cherchant un asile, vint se réfugier en France. Il y fut reçu avec les plus grands honneurs par le roi Louis le Jeune; il y présida à Tours un concile qui condamna l'hérésie des sectaires qui furent plus tard nommés Albigeois, et à la demande du roi, il posa la première pierre de la fameuse cathédrale de Paris, qui passe avec raison pour être après la cathédrale de Reims le plus beau monument de l'art gothique en France.

De retour en Italie, Alexandre III finit par triom pher de tous les efforts de Frédéric: une victoire remportée par les Milanais sur l'armée allemande décida ce prince à entrer en négociations avec le pape.

Le pape et l'empereur eurent une conférence à Venise, et y conclurent la paix. Frédéric accorda au pape tout ce qu'il lui demandait : les villes d'Italie remercièrent le pape de leur avoir rendu cette liberté pour laquelle elles combattaient; et Alexandre III, pénétré d'une joie pure, s'écriait : « Dieu a voulu qu'un vieillard et qu'un prêtre triomphât sans combattre d'un empereur puissant et terrible. »

Alexandre III gouverna saintement l'Église : il mourut chéri de l'Italie et respecté de l'Europe. Il tint le troisième concile de Latran, qui abolit la servitude. A. LUCHANT.

LETTRE DE PHILIPPE A ARISTOTE.

Philippe, roi de Macédoine, comprenait l'importance d'une bonne éducation. Dès qu'il fut devenu père (c'était au milieu de ses conquêtes et dans le temps de ses plus grands exploits), il écrivit à Aristote la lettre qui suit :

« Je vous donne avis qu'il m'est né un fils. Je ne remercie pas tant les dieux de sa naissance, que du bonheur qu'il a d'être venu au monde pendant qu'il y a un Aristote sur la terre; car j'espère que quand il sera en âge, vous voudrez bien vous charger de l'instruire, et qu'élevé par un homme tel que vous, il deviendra digne de la gloire de son père et de l'empire que je lui lais

serai. »

Voilà parler et penser en grand prince et en sage père. Alexandre eut les mêmes sentiments. Un historien remarque qu'il n'aima pas moins Aristote que son propre père.

« Parce, disait-il, qu'il était redevable à l'un de vivre, et à l'autre de bien vivre. » ROLLIN.

LES FILS DE CYRUS.

Un des princes les plus accomplis dont parle l'histoire ancienne, c'est le fameux Cyrus. Aucune des qualités qui font les grands hommes ne lui manquait; malheureusement, occupé de ses conquêtes, il négligea l'éducation de ses enfants. Ces jeunes princes furent donc élevés dans le luxe, la mollesse et les délices. Personne n'osait les contredire en rien. Leurs oreilles n'étaient ouvertes qu'aux louanges et aux flatteries. Tout fléchissait le genou et était rampant devant eux, et l'on croyait qu'il était de leur grandeur de mettre une distance infinie entre eux et le reste des hommes, comme s'ils eussent été d'une autre espèce qu'eux. Une telle éducation, dont toute remontrance et toute réprimande étaient soigneusement écartées, eut le succès qu'on en devait attendre. Les deux princes, aussitôt après la mort de Cyrus, armèrent leurs mains l'un contre l'autre, ne pouvant souffrir ni supérieur ni égal; et Cambyse, devenu le maitre absolu par la mort de son frère, s'abandonna comme un insensé et un furieux à toutes sortes d'excès, et mit l'empire des Perses à deux doigts de sa perte. Cyrus lui avait laissé une vaste étendue de provinces, des revenus immenses, des armées innom

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