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(15 centimes dans les départements et dans les gares de hemins de ter.)

LA

SEMAINE DES ENFANTS

MAGASIN D'IMAGES ET DE LECTURES AMUSANTES ET INSTRUCTIVES.

PUBLICATION DE CH. LAHURE ET C, IMPRIMEURS A PARIS.

on s'abonne a Paris: au Bureau du Journal, rue de Fleurus, 9; à la librairie de MM. L. Hachette et C, boulevard Saint-Germain, 77, et chez tous les Libraires. Les abonnements se prennent du 1er de chaque mois. Paris, six mois, 6 francs; un an, 11 fr. Départements, six mois fr.; un an, 15 fr. Les manuscrits déposés ne sont pas rendus.

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SOMMAIRE.

RÉCITS HISTORIQUES: Résurrection de Lazare. - CONTES, HISTORIETTES, DRAMES : Les saltimbanques; Le fossé de la poule.VARIÉTÉS Mme Capelle; Jean-Jacques Boudet; Calais.

RÉCITS HISTORIQUES.

RESURRECTION DE LAZARE.

Déjà le Sauveur du monde approchait du terme de sa vie mortelle et prédisait à ses disciples, mais en termes obscurs pour eux, les souffrances qui l'attendaient; il s'était retiré au delà du Jourdain : le bruit de sa prédication et de ses miracles remplissait toute la contrée.

On vint lui apprendre d'abord que Lazare était malade; ensuite, qu'il avait cessé de vivre.

Lazare et ses deux sœurs Marie et Marthe habitaient le bourg de Béthanie, à peu de distance de Jérusalem. Jésus aimait cette famille, qui était pieuse et pleine de foi en lui.

Il dit à ses disciples:

α

Lazare, notre ami, est mort; et je me réjouis pour vous de ne pas m'être trouvé là afin que vous croyiez. Allons à lui. »>

Lorsque accompagné de ses disciples il arriva auprès de Béthanie, déjà depuis quatre jours Lazare était dans le tombeau.

Marthe, ayant appris que Jésus venait, alla au-devant de lui.

« Seigneur, dit-elle, si vous eussiez été ici, mon frère ne serait pas mort; mais je sais que, présentement même, Dieu vous accordera tout ce que vous lui demanderez. »

Jésus lui répondit :

α

« Votre frère ressuscitera; je suis la résurrection et la vie; celui qui croit en moi, fût-il mort, vivra; et quiconque vit et croit en moi, ne mourra point à jamais. Croyez-vous ce que je viens de vous dire?

- Oui, Seigneur, répondit Marthe; je crois que vous êtes le Christ, le fils du Dieu vivant, qui êtes venu dans ce monde. »

Elle alla chercher sa sœur Marie, qui accourut accompagnée d'un grand nombre de personnes qui étaient venues de Jérusalem pour prendre part à l'affliction des deux sœurs.

Marie ne fut pas plutôt arrivée auprès de Jésus, qu'elle se jeta à ses pieds en disant comme sa sœur : Seigneur, si vous eussiez été ici, mon frère ne serait pas mort. »

Jésus, voyant qu'elle pleurait et que les personnes qui étaient venues avec elle pleuraient aussi, frémit en lui-même et se troubla; et il leur dit :

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riez toujours; mais je dis ceci pour ce peuple qui m'environne, afin qu'ils croient que c'est vous qui m'avez envoyé. »

Après avoir prononcé ces mots, il cria d'une voix forte:

« Lazare, sortez et venez. »

A l'instant même, Lazare, ressuscité, sortit de są tombe.

Tous ceux qui avaient été témoins de ce miracle crurent en Jésus, et la nouvelle, qui s'en répandit surle-champ à Jérusalem, augmenta la fureur de ses ennemis, qui, dès ce moment, ne s'occupèrent plus qu'à trouver les moyens de le faire périr. A. LUCHANT.

CONTES, HISTORIETTES, DRAMES. LES SALTIMBANQUES.

HISTOIRE DE LA PETITE BLONDINETTE.

I

Vous avez plus d'une fois, chers enfants, rencontré dans les rues des petits garçons de votre âge vêtus d'un maillot couleur de chair, d'un corsage vert, bleu ou cramoisi, bizarrement orné de clinquant et de paillettes, les cheveux ceints d'un bandeau de cuivre brillant. Vous avez vu aussi de pauvres petites filles habillées d'une robe blanche bordée d'une large bande rouge, chaussées de brodequins bariolés, et couronnées de roses de papier dont le soleil et la pluie avaient flétri les couleurs.

Vous vous êtes certainement plus d'une fois arrêtés pour admirer leurs tours de force, et vous avez pris plaisir à les voir tordre leurs petits membres en tous sens avec autant d'aisance et de facilité le serpent

roule et déroule ses nombreux anneaux.

que

Vous avez battu joyeusement des mains lorsque ces enfants, exécutant des danses gracieuses et légères, vous souriaient en passant, et vous avez pensé qu'ils étaient heureux.

Puis votre cœur, à son tour, a battu de frayeur et d'admiration lorsque vous avez vu le maître de ces enfants, adroit et vigoureux saltimbanque, les enlever par un pied au bout de son bras athlétique, les faire tournoyer en l'air et les renvoyer rudement à terre, d'où les pauvres petites créatures, après avoir exécuté, sans reprendre haleine, plusieurs culbutes, plusieurs sauts périlleux, se relevaient meurtries et souriantes, pour obtenir les bravos du public. Vous les avez vus, ces infortunés, ensuite grimper, sans sourciller, tout au haut d'une échelle que le maître plaçait en équilibre sur sa tête ou sur sa main et, dans cette position, se soutenant sur un seul pied, envoyer des baisers à la foule émerveillée, alors qu'un faux pas pouvait leur donner la mort.

En voyant ces enfants qui gagnaient leur pain au péril de leur vie, vous avez passé, j'en suis sûre, de l'étonnement à l'admiration, du rire à la crainte, mais, j'en suis sûre aussi, le sentiment de la pitié dominait dans vos cœurs tous les autres sentiments, et lorsque les pauvres petits sont venus vous tendre leur escarcelle, vous y avez bien vite déposé la pièce de monnaie que votre mère vous avait donnée.

C'est que, chers enfants, vous aviez instinctivement

ne

compris que ce n'est pas pour leur plaisir qu'ils dansent et se disloquent les membres.... Mais vous vous doutiez pas, et vous ignorez encore aujourd'hui par combien de douleurs les pauvres petits ont passé pour acquérir les talents qui égayent la foule et qui leur assurent à peine le pain de chaque jour. Vous l'ignorez, parce que vos parents auraient craint d'attrister vos jeunes cœurs en vous faisant le récit des tortures qu'endurent chaque jour ces pauvres enfants. Moi, je serai pour vous moins bonne en apparence; je vous dirai ce que je sais, ce qui est vrai, sur les petits saltimbanques, afin que vos petites voix s'élèvent avec les nôtres et demandent grâce pour ces pauvres

victimes.

Je vais vous conter l'histoire de la petite Blondinette. Elle vous apprendra combien est triste la vie de l'enfant du saltimbanque, en même temps qu'elle vous prouvera que la désobéissance peut devenir cruellement fatale à ceux qui s'en rendent coupables'.

II

La petite Blondinette, ou plutôt Marguerite, car c'est ainsi que ses parents la nommaient, était une jolie petite fille de cinq ans, d'un caractère charmant, mais d'une étourderie qui désolait sa pauvre mère. Déjà, plusieurs fois, cette étourderie avait failli être fatale à Marguerite. Un jour, en courant comme une petite folle, sans regarder à ses pieds, elle était tombée dans le réservoir du jardin. Une autre fois, elle s'était perdue dans la foule en abandonnant la main de sa mère pour aller voir des chiens savants qui dansaient au son d'un fifre et d'un tambourin.

Je dois vous dire, chers lecteurs, qu'un des plus grands plaisirs de Marguerite était de regarder les parades et tous les exercices des saltimbanques. Dès qu'elle entendait le son d'une grosse caisse ou d'une trompette, elle trépignait d'impatience jusqu'à ce qu'elie eût pris place aux premiers rangs des spectateurs. Elle bondissait d'aise à chaque nouvelle cabriole du paillasse, et applaudissait de toutes ses forces aux danses et aux divers exercices des petits bateleurs de son âge. Elle était si émerveillée de leur adresse, qu'elle demanda avec instance à sa mère de lui faire apprendre la gymnastique, afin de pouvoir faire aussi de ces belles gambades

Si amusantes.

Sa mère, qui savait qu'une gymnastique modérée développe les forces et donne de la santé aux enfants, consentit à ce qu'elle demandait, ne se doutant guère de quelle utilité cet exercice serait un jour pour Marguerite, et combien il devait lui épargner de douleurs.

La petite Marguerite revenait un soir de la promenade avec sa bonne. Le jour avait disparu, et une foule nombreuse entourait une troupe de sauteurs ambulants qui, à la lueur de quatre chandelles, exécutaient leurs plus beaux tours en plein air. Marguerite, en entendant retentir la grosse caisse et le tambour de basque, ne put modérer son impatience; elle quitta brusquement la main de sa bonne et se mit à courir de toutes ses forces vers le lieu du spectacle. Ce fut en vain que sa bonne la rappela et se mit à sa poursuite; la petite désobéissante avait percé la foule et s'en trouvait en

-1. L'événement que nous allons raconter s'est passé en Allemagne, il y a une dizaine d'années.

tourée, si bien que sa bonne la perdit complétement de vue en un instant.

Le paillasse faisait son dernier saut périlleux lorsque Marguerite arriva. Les chandelles furent subitement éteintes; les curieux se dispersèrent de différents côtés, et ce mouvement de flux et reflux, joint à l'obscurité soudaine qui survint, produisit, durant quelques minutes, un désordre qui ne permit pas à la bonne de Marguerite de la rejoindre, et qui fit complétement perdre la tête à la petite, tout effrayée de se trouver ainsi seule dans l'obscurité. Elle courait à droite et à gauche en appelant sa bonne, lorsqu'une grande femme, sur la tête de laquelle brillait, à la lueur éloignée d'un bec de gaz, un cercle de paillettes, s'approcha d'elle, et, la prenant par la main, lui dit d'une voix

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- Viens vite, reprit brusquement la femme, je n'ai pas de temps à perdre! »

En disant ces mots, elle entraina la petite, fit avec elle une cinquantaine de pas sur le boulevard, et tourna brusquement à gauche, dans une rue étroite et sombre.

Marguerite, en petite étourdie qu'elle était, marcha d'abord sans remarquer qu'elle n'avait pas dit à cette femme où demeuraient ses parents, et que par conséquent elle ne pouvait la reconduire. Ce ne fut qu'au moment où elle entra dans cette rue étroite et peu éclairée qu'elle réfléchit et se hasarda à dire timidement à sa conductrice :

Madame, ce n'est pas par là; il faut suivre le boulevard tout du long, jusqu'à la première belle grande rue qu'on appelle....

- C'est bon, c'est bon! reprit durement la femme, tu me diras ça tout à l'heure. »

Et elle continua d'entrainer la petite, qui n'osait plus parler, tant elle commençait à avoir peur.

Elle marcha ainsi bien longtemps, bien longtemps, se hasardant parfois à dire très-bas:

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Madame! c'est dans la rue.... »

Sa conductrice lui secouait alors le bras et répondait :

« Nous y serons tout à l'heure, tais-toi! »

Enfin, après avoir longtemps marché par de petites rues sombres, la grande femme entra dans une espèce d'impasse où il faisait tout à fait noir, et frappa à une porte basse. Un gros bouledogue se mit à aboyer et à gronder par-dessous la porte, ce qui fit grand'peur à Marguerite.

« Tais-toi, Lucifer, c'est moi!» dit la grande femme. Et aussitôt le chien se tut. On vint ouvrir; Marguerite fut poussée en dedans par sa conductrice, et la porte se referma.

Elle se trouva dans la salle basse d'un de ces mauvais cabarets où l'on ne loge d'habitude que des joueurs d'orgue, des sauteurs, des montreurs d'ours, et toute cette classe de bohémiens qui n'ont ni patrie et, comme on dit, ni feu ni lieu. Il n'y avait là pour le moment que le mari de cette femme, nommé Courte

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de meunier qui conduisait dans un galetas: là, à la lueur d'une lampe fumeuse, elle ouvrit une malle, en tira

Voici une recrue qui nous vaudra de l'argent. (Page 212, col. 1.) Echine, brutal saltimbanque, espèce d'athlète qui avait avec le bouledogue un certain air de famille, une petite fille de cinq à six ans, qu'on appelait Boule-sans-Os, le paillasse qui venait de faire rire la foule par ses farces grossières, et un vilain singe qui se chauffait au coin du feu, épluchait une noix et s'amusait à en jeter les coquilles dans la marmite où bouillait la soupe. La grande femme, voyant que l'hôte était à moitié endormi, dit à demivoix au saltimbanque:

a

En route, CourteÉchine. en route ! Voici une recrue qui nous vaudra de l'argent, mais qui va mettre toute la police à nos trousses.... c'est riche Emballons cette marmaille avec le reste, et filons. -Suffit! répondit le mari. En trois temps, quatre mouvements, j'y sommes! Trempe la soupe. »

Et il sortit, en appelant le paillasse, pour faire avec lui les préparatifs du départ.

Marguerite se mourait de peur. La grande

Ne crie pas, je vais te reconduire chez toi. (Page 211, col. 2.)

femme ne s'en inquiétait guère, et, la tirant rudement par le bras, elle lui fit gravir en toute hâte une échelle

une jupe rouge découpée par le bas en grandes dents de loup à chacune desquelles pendait un grelot de cuivre, puis un vilain bonnet pointu à côtes rouges et vertes, surmonté d'un paquet de grelots qui faisait un bruit infernal au moindre mouvement. Ensuite, elle se mit à déshabiller la petite, qui, trouvant de l'énergie dans l'excès de son désespoir, se défendit de toutes ses forces. Mais la grande femme se rendit bien vite maîtresse de la pauvre petite révoltée, et l'étreinte de sa rude main, qui serrait le bras de l'enfant comme un étau, fit

toute résistance.

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cesser

« Ah! ah! mignonne, tu croyais que la mère Bras-de-Fer ne viendrait

pas à bout de toi? Bouge donc, maintenant.... et je recommence! »

Il fallut que Marguerite se laissât dépouiller de sa jolie robe et

de son frais chapeau, et qu'elle revêtit l'affreux costume de Folie que la mégère lui avait assigné.

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