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Non, je n'en ferai rien.

JULIE.

ORONTE.

Je te donnerai sur les oreilles.

ÉRASTE.

Non, non, monsieur; ne lui faites point de violence, je vous en prie.

ORONTE.

C'est à elle à m'obéir, et je sais me montrer le maître.

ÉRASTE.

Ne voyez-vous pas l'amour qu'elle a pour cet homme-là ? et voulez-vous que je possède un corps dont un autre possède le cœur1?

ORONTE.

C'est un sortilége qu'il lui a donné; et vous verrez qu'elle changera de sentiment avant qu'il soit peu. Donnez-moi votre main. Allons.

Je ne...

JULIE.

ORONTE.

Ah! que de bruit! Çà, votre main, vous dis-je. Ah! ah! ah!

ÉRASTE, à Julie.

Ne croyez pas que ce soit pour l'amour de vous que je vous donne la main : ce n'est que de monsieur votre père dont je suis amoureux, et c'est lui que j'épouse.

ORONTE.

Je vous suis beaucoup obligé ; et j'augmente de dix mille écus le mariage de ma fille. Allons, qu'on fasse venir le notaire pour dresser le contrat.

ÉRASTE.

En attendant qu'il vienne, nous pouvons jouir du divertissement de la saison, et faire entrer les masques que le bruit des noces de monsieur de Pourceaugnac a attirés ici de tous les endroits de la ville.

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Soucis, Chagrins et Tristesse;
Venez, venez, Ris et Jeux,
Plaisir, Amour et Tendresse ;
Ne songeons qu'à nous réjouir
La grande affaire est le plaisir.

CHOEUR DE MASQUES CHANTANTS.

Ne songeons qu'à nous réjouir :
La grande affaire est le plaisir.
L'ÉGYPTIENNE.

A me suivre tous ici

Votre ardeur est non commune,

Et vous êtes en souci

De votre bonne fortune :
Soyez toujours amoureux,
C'est le moyen d'être heureux
UN MASQUE, en Égyptien.
Aimons jusques au trépas,
La raison nous y convie.
Hélas! si l'on n'aimoit pas,
Que seroit-ce de la vie?
Ah! perdons plutôt le jour,
Que de perdre notre amour.

L'ÉGYPTIEN,

Les biens,

L'ÉGYPTIENNE.

La gloire,

L'ÉGYPTIEN.

Les grandeurs,

L'ÉGYPTIENNE.

Les sceptres qui font tant d'envie,

L'ÉGYPTIEN.

Tout n'est rien, si l'amour n'y mêle ses ardeurs.

L'ÉGYPTIENNE.

Il n'est point, sans l'amour, de plaisir dans la vie.

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UN MASQUE, en pantalon.

Lorsque pour rire on s'assemble,
Les plus sages, ce me semble,
Sont ceux qui sont les plus fous.

TOUS ENSEMBLE.

Ne songeons qu'à nous réjouir :
La grande affaire est le plaisir.

PREMIÈRE ENTREE DE BALLET.

Danse de Sauvages.

SECONDE ENTRÉE DE BALLET.

Danse de Biscayens.

FIN DE POURCEAUGNAG.

NOMS DES PERSONNES

QUI ONT CHANTE ET DANSE

DANS MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Une musicienne, mademoiselle HILAIRE.

Deux musiciens, les sieurs GAYE et LANGEAIS.

Deux maîtres à danser, les sieurs LA PIERRE et FAVIER.

Deux pages dansants, les sieurs BEAUCHAMP et CHICANNEAU. Quatre curieux de spectacles, dansants, les sieurs NOBLET, JOUBERT, LESTANG et MAYEU.

Deux médecins grotesques, il signor CHIACCHIERONE (LULLI), et le sieur GAYE.

Matassins dansants, les sieurs BEAUCHAMP, LA PIERRE, FAVIER, NOBLET, CHICANNEAU, et LESTANG.

Deux avocats chantants, les sieurs ESTIVAL et GAYE.

Deux procureurs dansants, les sieurs BEAUCHAMP et CHICAN

NEAU.

Deux sergents dansants, les sieurs LA PIERRE et FAVIER.

TROUPE DE MASQUES

CHANTANTS ET DANSANTS.

Une Égyptienne chantante, mademoiselle HILAIRE.
Un Égyptien chantant, le sieur GAYE.

Un pantalon chantant, le sieur BLONDEL.

CHOEUR DE MASQUES

CHANTANTS.

Deux vieilles, les sieurs FERNOND le cadet, et LE GROS.
Deux scaramouches, les sieurs ESTIVAL et GINGAN.

Deux pantalons, les sieurs GINGAN le cadet, et BLONDEL.

Deux docteurs, les sieurs REBEL et HÉDOUIN.

Deux paysans, les sieurs LANGEAIS et BEAUCHAMP.

Sauvages dansants, les sieurs PAYSAN, NOBLET, JOUBERT, et

LESTANG.

Biscayens dansants, les sieurs BEAUCHAMP, FAVIER, MAYEU, CHICANNEAU.

et

COMÉDIE-BALLET EN CINQ ACTES.

1670.

AVANT-PROPOS.

Le roi, qui ne veut que des choses extraordinaires dans tout ce qu'il entreprend, s'est proposé de donner à sa cour un divertissement qui fût composé de tous ceux que le théâtre peut fournir; et, pour embrasser cette vaste idée, et enchaîner ensemble tant de choses diverses, Sa Majesté a choisi pour sujet deux princes rivaux, qui, dans le champêtre séjour de la vallée de Tempé, où l'on doit célébrer la fête des jeux pythiens, régalent à l'envi une jeune princesse et sa mère de toutes les galan. teries dont ils se peuvent aviser.

NOTICE.

Comme on le voit dans l'avant-propos de Molière, le sujet de cette pièce fut indiqué par Louis XIV lui-même. Composés exclusivement pour la cour, les Amants magnifiques ne furent joués qu'à la cour et ne pouvaient, suivant la remarque de Voltaire, réussir que là par le mérite du divertissement et par celui de l'à-propos. Molière, qui ne s'abusait pas sur la portée de cet ouvrage, ne le fit pas même représenter sur son théâtre, et il fut imprimé pour la première fois après sa mort dans l'édition de Vinot et Lagrange. En 1688, les comédiens français essayèrent de le tirer de l'oubli où il était tombé; mais après neuf représentations très-peu suivies, ils le retirèrent de la scène. Dancourt, en 1704, essaya de nouveau, à l'aide de changements dans les intermèdes, de remettre au théâtre les Amants magnifiques; mais cette tentative échoua, comme celle de 1688.

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