70 Thespis fur le premier qui barboiiillé de lie, Et d'Acteurs mal ornez chargeant un tombereau, Efchyle dans le Choeur jetta les perfonnages; D'un mafque plus honnefte habilla les visages: REMARQUES. IMIT.Vers 67.Thefpis fut le premier, &c.]HOR. Art Poët. V. 275. Dicitur, & plauftris vexiffe poëmata Thespis ; Qua canerent, agerentque peruniti facibus ora. Ce que La Frefnaie.Vauquelin paraphrase ainsi, Art Poët. L. II. VERS 68. Promena par les Bourgs cette heureufe folie.] Les Bourgs de l'Attique. DESP. la IMIT. Vers 71. Efchyle dans le Cheur, &c.] Horace au même endroit, Vers 278. Poft hunc perfona, pallaque repertor honefta fchylus,& modicis inftravit pulpita tignis ; Et docuit magnumque loqui, nitique cothurno. M. Defpréaux rioit de la méprife de M. Baillet, qui dans fes Jugemens des Sçavans, Tom. V. p. 146. fait dire à Horace, qu'EsCHILE fit mettre fur le Théatre une efpèce de pupitre. Le mot Latin Pulpitum, fignifie ce que nous appellons aujourd'hui le Théa tre. C'êtoit chés les Anciens, 1 partie du Théatre où les Acteurs joüoient. BROSS. 2 Voici ce que La Fresnaie-Vau quelin, en paraphrafant Horace dit d'Efchile immédiatement après les Vers, que j'ai rapportés plus haut. Mais par Efchile fut cette facon oflee Sur les ais d'un theatre en public exhauffé, REMARQUES. De fauffe barbe ainfi nos vieux Francois uferent On ne fera pas fâché de voir mier qui mit au jour des tur ;, Intereffa le Choeur dans toute l'Action, Des Vers trop raboteux polit l'expreffion; Luy donna chez les Grecs cette hauteur divine 80 Où jamais n'atteignit la foibleffe Latine. REMARQUES. ,, s'agit d'émouvoir toutes les ,, pallions, il n'a même perfon,, ne au deflus de lui dans l'art d'exciter la pitié Quintilien n'eft pas ici tout à fait d'accord avec Denis d'Halicarnaffe, qu'il femble avoir fuivi dans la plufpart des Jugemens, qu'il porte des Ecrivains Grecs. In generofis دو magnificis illis tum moribus tum affectibus exprimendis non fe. licem, ut Sophocles, babuit fucceffum.. Sophocles quidem non fuperfluam, fed neceffariam orationem adhibet: Euripides verò multus eft in Rhetoricis rudimentis. C'eft ainfi que M. Capperonnier, dans fon Edition de Quintilien, P. 632. Not. 296. traduit le paflage de Denis d'Ha. licarnaffe. On peut, je crois, le rendre en François de cette manière."Euripide n'a pas auffi bien réuffi que Sophocle, dans l'ex,, preffion des caractères magna. nimes & des grands fentimens & Sophocle ne dit que le nécellaire & rien de fuperflu; mais Euripide s'occupe beauà faire des effais de Rhe,, teur,,. J'entens par Effais de Rhéteur, ce qu'on appelle ordinairement des amplifications de Rhétorique. Au refte je ne fuis pas fur que ce foit comme cela qu'il faille traduire les derniers mots du Texte Latin, qui répondent exactement à ceux du Grec. Coup ܖܖ VERS 79. & 80. - cette ban teur divine, Où jamais n'atteignit la foibleffe Latine. ] Voyez Quintilien, Liv. 10. Chap. 1. DE SP. J'ai deux Remarques à faire à propos de ces deux Vers. 1°. Le mot hauteur ne me paroît pas meilleur ici que dans le début du I. Chant. Voïés-y la Remarque fur le 1. & le 2. Vers. 2°. Le Jugement que nôtre Auteur porte de la foiblefle de la Tragédie Latine, eft vrai des miférables Pièces du Rhéteur Sénèque comparées aux chefs-d'œuvres de Sophocle & d'Euripide. Il êtoit plein fans doute de la comparaifon, qu'il en avoit faite, quand il compofa les Vers, qui contiennent fon Jugement. Mais ce même Jugement eft faux de la Tragédie Latine en général. Il eft même abfolument démenti par Quintilien, qui dans l'endroit auquel la petite Note nous renvoie, ne fait pas difficulté de mettre le Thyefle de varius en parallèle avec toutes les Tragédies Grecques. TRAGOEDIÆ scriptores, dit-il Accius atque Pacuvius clariffimi gravitate fententiarum verborum pondere, & auctoritate perfonarum. Cæterum nitor fumma in excolendis operibus manus magis videri poteft temporibus quam ipfis defuiffe. Virium tamen Accio plus tribuitur: Pacuvium videri doctiorem, qui effe docti affectant,volant, Jam Varii THYESTES cuilibet Græcorum comparari poreft. Ovidii MEDEA videtur mihi مي Chez nos devots Ayeux le Theatre abhorré دو 66 REMARQUES. ,, l'ancien tems ne le trouvoient ,, pas aflés tragique; mais ils avoiioient, que pour l'agré,, ment de la diction, & pour , oflendere quantum vir ille præftare,, dans la Tragédie. Les gens de potuerit, fi ingenio fuo temperare, quam indulgere, maluiffet. Eorum, quos viderim longe princeps Pomponius fecundus, quem fenes parum tragicum putabant: eruditione ac nitore praflare confitebantur. C'eft-à-dire fuivant la Traduction de feu M. l'Abbé Gédoyn. Pour la Tragédie nous ,, avons deux célèbres Ecrivains, , Accius & Pacuve; tous deux recommandables par la folidité des pensées, par le poids ,, des paroles, & par la dignité ,, des caractères. Du refte, leurs Ouvrages n'ont ni la politefle, ,, ni cette extrème perfection, ,, que l'on pourroit defirer; mais il femble que ce n'a pas tant êté leur faute, que celle du fiècle où ils ont vécu. On donne néantmoins l'avantage de la force à Accius, & ceux ,, qui affectent quelque favoir, ,, trouvent plus d'art & d'habileté dans Pacuve. Mais le THYESTE de Varius eft com,, parable à quelque Pièce que ,, ce foit des Tragiques Grecs; & la MEDE'E d'Ovide montre de », quoi ce Poëte eut êté capable, ,, s'il avoit mieux aimé modérer la démangeaifon de faire briller par tout de l'efprit, que ,, de s'y livrer comme il a fait. ,, Pomponius Secundus eft de tous ceux que j'aie vus celui, qui fans contredit a le mieux réuffi دو 22 & l'art du Théatre, il êtoit fort au defius des autres,,. C'elt donc mal-à-propos, que M. Defpréaux fonde fur l'autorité de Quintilien le Jugement, qu'il a porté des Tragiques Latins, Pour le juftifier en quelque forte, il faut remarquer, que la petite Note dont il s'agit ici, ne fe trouve que dans l'Edition de 1713. l'Auteur ne l'avoit écrite que l'année qui précéda fa mort. lorfqu'il difpofa la dernière Edition, qu'il vouloit donner luimême de fes Ouvrages. Alors l'âge & les infirmités devoient avoir affoibli fa mémoire nous en avons ici la preuve. Il fe fouvenoit confufément d'avoir lu dans le Ch. I. du Livre X. de Quintilien, le Jugement que cet excellent Critique porte des Tragiques & des Comiques Latins. Ce qu'il dit de ces derniers fuit immédiatement le paffage, qu'on vient de lire & commence par ces mots : In Comedia maximè claudicamus. Voilà la fource de l'erreur. La mémoire de nôtre Auteur a confondu ces deux Paflages, & ne s'eft rappellé ce dernier, qu'en y mettant: In Tragediá, au lieu d'In Comadid, 85 Et fottement zelée en fa fimplicité, Joia les Saints, la Vierge & Dieu, par pieté. REMARQUES. VERS 86. Joia les Saints, la Vierge Dieu, par pieté. ] Avant que la Comédie fut introduite en France on répréfentoit les Hiftoires de l'Ancien & du Nouveau Teftament, les Martires des Saints, & autres fujets de pieté. On nommoit ces fortes d'Actions, Les Miflères comme le Millère ou le Jeu de la Paffion, le Mistère des Actes des Apôtres; le Mistère de l'Apocalypfe, &c. Il y avoit des Maîtres ou Entrepreneurs par les foins defquels ces Miftères êtoient répréfentés. Au commencement on les répréfentoit dans les Eglifes, comme faifant partie des Cérémonies Eccléfiaf. tiques. Dans la fuite, ils fu rent joués en divers endroits fur des Théatres publics. Alain Chartier dans fon Hiftoire de Charles VII, parlant de l'entrée de ce Roi à Paris en l'année 1437. page 109. dit que "Tout ,, au long de la grande Rue ,, Saint Denis, auprès d'un jet de pierre l'un de l'autre, eftoient faits efchaffaultx bien & richement tendus, où eftoient faits par perfonnages, l'Annonciation noftre-Dame, la Nativité noftre-Seigneur, fa Paffion, fa Réfurrection, la Pentecofte, & le Jugement, ,, qui féoit très-bien. Car il fe ,, jouoit devant le Chaftelet où ,, eft la Juftice du Roy. Et em,, my la ville avoit plufieurs au,, tres jeux de divers myftéres ,, qui feroient trop longs à ra,, compter. Et là venoient Gens de toutes parts crians Noël, & les autres pleuroient de " ,,joye,,. On faifoit de femblables Réprésentations dans plufieurs autres Villes du Roïaume. En l'année 1486. le Chapitre de l'Eglife de Lion ordonna foixante livres à ceux qui avoient joué le Mistère de la Paffion de JESUS-CHRIST Liv. XXVIII. des Actes Capitulaires, fol. 153. De Rubis, dans fon Hiftoire de la même ville, Liv. III. Ch. 53. fait mention d'unThéatre public dreffé à Lion en 1540. Et là, dit-il , par l'espace de trois ou quatre ans, les jours de Dimanches & les Fefles après le difner, furent répréfentées la plupart des hiftoires du vieil & nouveau Teflament, avec la Farce au bout, pour récréer les affiftans. Le Peuple nommoit ce Théatre le Paradis. Enfin, comme ces fortes de Répréfentations fe faifoient d'une manière indigne de la Religion, & de nos auguftes Miltères, fut défendu dans tout le Roïaume de jouer la Paffion de NôtreSeigneur, & d'autres fujets femblables. Nous avons encore plufieurs de ces Pièces imprimées avec privilége. BROSS. Ces fortes de Comédies faintes êtoient encore fort en vogue fous François I. qui les favorifoit, & prenoit quelquefois plaifir les voir répréfenter. Voici le titre de deux de ces Pièces par où l'on pourra s'en former quelque idée. S'enfuit le Miflère de la Paffion de noflre-Seigneur JefusChrift. Nouvellement reven & corrigé outre les précédentes impressions. Avec les additions faites par très-éloquent & fcientificque Maif Le |