Ainfi pour nous charmer, la Tragedie en pleurs Et pour nous divertir nous arracha des larmes. les Theatre épris, Vous donc, qui d'un beau feu pour REMARQUES. Et nous plaift en peinture une chofe hideufe, Comme il fait plus beau voir un finge bien pourtrais 2 Un visage hideux de quelque laid Therfite, M. Defpréaux difoit pourtant, en plate peinture, ces imitations plairont d'autant plus, qu'elles approcheront davantage de la vérité; parce que, quelque reffemblance qu'on y trouve, les Ieux, & l'Efprit ne laiffent pas d'y appercevoir d'abord une différence telle qu'elle doit être néceflairement entre l'Art & la Nature. VERS 6. D'Oedipe tout fanglant, &c.] Sophocle, DE SP. VERS 7. D'Orefle parricide,&c.] Tragédie d'Euripide.. Et qui toujours plus beaux, plus ils font regardez, Aille chercher le cœur, l'échauffe, & le remuë. Vos froids raifonnemens ne feront qu'attiedir VERS 13. REMARQUES. plus ils font regardex] pour plus ils font vus. Le terme et très-impropre. On ne dit point regarder, mais voir une Tragédie, une Comédie, &c. IMIT. Vers 14. Soient au bout de vingt ans, &c.] HORACE, Ars Poëtique, Vers 190. Fabula, quæ pofci vult, &spectata reponi. IMIT. Vers 16. Aille chercher HORACE, Livre II. Epit. I. Vers le cœur, l'échauffe, & le remuë.] 190. meum qui pectus inaniter angit Irritat, mulcet, falfis terroribus implet. LA FRESNAIE-VAUQUELIN ca- fon Art Poetique ractérise ainfi la Tragédie dans fiéme. Livre troi le fujet Tragic eft un fait imité:" De chofe jufte & grave, en fes vers limité: Auquel on y doit voir de l'affreux, du terrible, Un fait non attendu, qui tienne de l'horrible Du pitoyable auffi, le cœur attendrissant D'un Tigre furieux, d'un Lion rugissant: Comme quand Rodomont abufé par cautelle, Meurtrit fe repentant la pudique Ifabelle. Ou comme quand Créon, aux fiens trop inhumain, Voit fa femme & fon fils s'occire de leur main: Comme l'efpace me manque, je ne puis pas faire connoître les exemples que cet Auteur indique; mais le Lecteur y peut aifément fuppléer d'autres exemples, tirés de nos Tragédies modernes. VERS 21. Vos froids raifonne mens &c.] M. Defpréaux ne fe cachoit pas d'avoir dans ce Vers & les trois fuivans, attaqué di rectement le grand Corneille qui dans la Tragédie d'Othon in troduit fur la Scéne trois Mi Et qui des vains efforts de voftre Rhetorique Que dés les premiers vers l'Action préparée, Impatiens defirs d'une illustre vengeance C'eft ce que nôtre Poëte appelle 66 VERS 32. D'un divertissement me fait une fatigue. ] DESMARESTS P. 86. cenfure le dernier Hemiftiche de ce Vers: me fait une fatigue. Cette façon de parler ne vaut rien, pour dire, ,, me fatigue,,. Cette Critique eft mal rendue. Mais au fonds la Locution eft répréhensible. Le terme de fatigue n'eft pas tout-àfait en oppofition avec celui de divertiffement. Pour parler avec précifion, il falloit oppofer à ce dernier celui de travail, ou pour mieux faire encore celui de peine, qui très-vague dans fa fignification n'eft déterminé pour tel ou tel fens , que par ce qui l'accompagne. D'ailleurs, quoiqu'on puiffe dire & qu'on dife en effet: faire un travail, faire une peine; il ne s'enfuit pas qu'on dife de même: faire une fatigue, L'ufage n'a point encore adopté cette Locution, J'aimerois mieux encor qu'il declinaft son nom Et dift, je fuis Orefte, ou bien Agamemnon: 35 Que d'aller par un tas de confuses merveilles, Sans rien dire à l'efprit, étourdir les oreilles. Le fujet n'est jamais affez tost expliqué, Que le Lieu de la scene y foit fixe & marqué. Un Rimeur, fans peril, delà les Pirenées, 40 Sur la scene en un jour renferme des années. REMARQUES. VERS 33. J'aimerois mieux encor, &c.] Il y a de pareils exemples dans Euripide. DES P. VERS 39. Un Rimeur... delà Poëte Efpagnol, qui a compofe Pour rendre juftice à Lopé voit remarquer, que ce Poëte Verdad es, que yo he escrito algunas vezes Ce que M. l'Abbé de Charnes a j'ai travaillé quelquefois felon Là fouvent le Heros d'un fpectacle groffier, دو دو REMARQUES. quand j'ai vu des Monftres fpé. cieux triompher fur nôtre Théatre, & que ce trifte traI vail remportoit les aplaudif,, femens des Dames & du vulgaire; je me fuis remis à cette manière barbare de compofer renfermant les préceptes fous la clef, toutes les fois que j'ai entrepris d'écrire; & bannif. fant de mon Cabinet Terence & Plante pour n'être pas im? portuné de leurs raifons : car la vérité ne laifle pas de crier dans plufieurs bons Livres. Je ne fais donc plus mes Comédies, que felon les Règles inventées par ceux qui ont prétendu s'être attiré par là les aplaudiffemens du peuple : & n'eft-il pas jufte de s'accommoder à fon goût & d'écrire comme un ignorant, ,, puifque cela plaît ainfi à ceux ,, qui paient,,. DU MONTEIL. VERS 41. le Heros d'un دو دو 99 La Tragedie informe & De Pelerins, dit-on, Ces répétitions de termes, marquent ordinairement la ftérilité du Génie, & doivent être évitées avec foin. C'eft un défaut contre lequel il faut avouer, que M. Defpréaux ne s'eft pas aflès précautionné. On rencontre dans fes Ouvrages d'autres mots, qui Spectacle groffier. ] Selon Desmarêts p. 86. "On dit bien, le Heros du Poëme ou de la Tragédie,ou de la Pièce; mais on ne dit pas le Heros d'un fpectacle,. PRADON,p. 93. ajoute:"Ce feroit le Prince à qui on le donneroit (un Spectacle) qui feroit le Heros du fpectacle, Je crois la critique bonne; & que fi l'on pouvoit dire, le Heros d'un fpectacle, ce ne feroit certainement, que dans le même fens que l'on dit: le Heros d'une Féte. Par où l'on entend celui pour qui la Fête fe fait. groffier pour être aimé & re,, peté fi fouvent,,. Cette Epithète fe trouve ici. & deux autres fois, dans affés peu d'efpace emploïée précisément de même: Vers 61. & 83. groffiere en naissant, une troupe groffiere. le préfentent fouvent, comme celui d'afreux, que Desmarêts & Pradon lui ont reproché fi juftement, & qui ne fe trouve pas toujours mis à fa place. VERS 45. Qu'en un Liew, 2 qu'en un Jour, un feul Fait accompli. ] Ce Vers eft très-remarqua |