Son tour fimple & naïf n'a rien de fastueux, -59 REMARQUES. grammaticale ,, Expreffion fupportable de di- il y devroit avoir: telle qu'une Bergère, qui ne charge point, &c. En conféquence l'Auteur de cette Criti que propofe de mettre ainli les deux premiers Vers: Mais il n'a pas pris garde qu'il tomboit dans une faute bien plus confidérable que celle qu'il reprend. Ce qui du commencément du fecond Vers fe rapporte dans l'ordre de la phrafe à fête, & doit fe rapporter à Bergère, Ce qui pêche contre la principale règle, que nôtre Syntaxe prefcrit pour la clarté du Difcours par laquelle le relatif ne doit jamais être feparé de fon fubflantif, par une phrafe incidente dans laquelle il y ait un autre fubftantif. Quant à la Phrafe de M. Defpréaux, quoique la Grammaire la condamne, elle n'en eft pas moins Fran çoife à la faveur d'une double Tel qu'à vagues épandues S'en alloit ce Conquérant, M. Brofette dit au fujet des on ne fait ordinairement par- Mais fouvent dans ce ftile un Rimeur aux abois, REMARQUE S.. à la manière dont elle eft propofée. C'eft pour cela que Desmarets & Pradon ont eu raifon de la cenfurer. " Ce n'eft ,, pas une grande merveille, dit "M. D*** I veut dire que telle دو "1 le dernier p. 89. qu'une Ber. gère le jour de la Fête de fon Village ne charge point fa tête de rubis, & ne mêle pas l'or à l'éclat des Diamans. Où les prendroit-elle ? Plu fieurs années avant lui, Desmarêts avoit dit p. 83. une Bergère n'a ni rubis, ni or, ni diamans. Ainfi la comparai29 fon n'eft pas jufte pour l'Idylle, parce que le Poëte s'y doit abftenir de la pompe par ,, art & par raifon, & non par ,, manque de force > & par pauvreté Quelques lignes après ce que j'ai rapporté de Pradon, cet Auteur ajoute p. 90. " 930 VERS 11. Mais fouvent dans ce file, &c.] Dans ce Vers & les treize, qui le fuivent, nôtre Auteur reprend les défauts les plus communs à ceux, qui de fon tems, faifoient des Eglogues, Mais il eft à propos de rapprocher d'ici ce qu'on a vu dans la Satire IX. Vers 257. viendrai-je en une Eglogue entouré de troupeaux, , Ces Vers fort caufe que l'Abbé De peur Et follement pompeux, dans sa verve indiscrette, REMARQUES. Le Marquis de Racan & M. de Segrais font certainement les feuls qui, depuis le renouvellement de la Poefie Françoife par Malherbe aient véritablement connu la nature du Poëme Bucolique. Les Bergeries de l'un & les Eglogues de l'autre, font ce que nous avons de meilleur en ce genre; mais il s'en faut bien que ce foit des Ouvrages parfaits. M. Defpréaux leur a donné les juftes louanges, qui leur ་ êtoient dues. Au fonds, pourtant, il n'en êtoit pas extrèmement content; il foutenoit même fi l'on doit s'en rappor ter au Boleana Nomb. LXXVII. que l'Eglogue êtoit un genre de Poëfie, où nôtre langue ne , pouvoit réufir qu'à demi ; ,, que prefque tous nos Auteurs y avoient échoué, & n'avoient pas feulement frappé à la porte de l'Eglogue; qu'on êtoit fort heureux quand on pouvoit attraper quelque chofe de ce Stile, comme out fait Racan & Segrais Il eftimoit, par exemple,ce trait du premier. دو Et les ombres déja du faîte des montagnes C'est une imitation de VIRCILE, Eglogue 1. Vers dernier. M. Defpréaux citoit encore com- colique ces deux Vers de SEme un trait véritablement bu GRAIS. lieux auffi tristes que lui. Ce Berger accablé de fon mortel ennui Ne fe plaifoit qu'aux Au reste ce n'eft ni la faute de Racan & de Segrais, ni celle des Lecteurs, fi l'Eglogue a mal réufi parmi nous. C'eft la faute du genre en lui-même. Il nous transporte dans le païs des chimères; &, nous autres François, nous ne pouvons être affectés que de l'imitation de ce qui nous eft connu. Pour le Stile Paftoral, quoique le Bolaana faffe dire à M. Defpréaux, je ne vois pas pourquoi nôtre Langue n'y réffiroit qu'à demi. Il n'en eft point qui foit plus amie du fimple & du naïf: elle eft en même tems capable de noblefle. Qui peut nier que ces trois qualités réu nies ne forment le caractère du Stile Bucolique ? Ses vers plats & groffiers dépouillez d'agrément, 25 30 Et changer fans respect de l'oreille & du fon, Entre ces deux excés la route eft difficile. Des plafirs de l'Amour vanter la douce amorce REMARQUES. VERS 24. Lycidas en Pierrot, Phylis en Thoinon. ] RONSARD dans fes Eglogues appelle HENRI II. Henriot: CHARLES IX. Carlin: CATHERINE DE MEDICIS, Catin, &c. Il emploie auffi les noms de Margot, Pierrot, Michau & autres femblables. Il avoit en cela fuivi l'exemple de Marot, le premier de nos Poëtes qui ait fait des Eglogues. Il y en a deux parmi fes Ouvrages. Ce que nôtre Auteur reprend ici n'êtoit pas approuvé de La Fref rot Marion, au lieu de Tyr,, fis, Tytire, Lycoris ne contentent pas aflez fon opinion,,. IMIT. Vers 36. Rend dignes d'un Conful la campagne & les bois. ] VIRGILE, Egl. IV. DESP C'est ce Vers que nôtre Auteur indique. Si canimus Sylvas, Silva fint Confule digna. Telle eft de ce Poëme & la force & la grace. D'un ton un peu plus haut, mais pourtant fans audace, REMARQUES. La Frefnaie-Vauquelin en avoit Idille LXV. Liv. II. que THEOfu faire ufage autrefois. Il dit, TRITE - mourant, fa Mufette à Corydon laiffa Je vais placer ici par occafion ce France de la Poëtique fous le Re gne d'Henri III. par l'ordre du quel La Frefnaie compofa fon Poëme. Ils me fauront d'ailleurs quelque gré de leur avoir fait connoître plus particulièrement un Poëte, qui certainement êtoit un des Ecrivains les plus exacts de fon tems. Tu ne dois point laiffer, ô Poëte, en arriere (a) Théo crite. (b) Virgile. (c)Sannazar. (d) Perite rivière près de Naples. (e) Rivière qui pafle à Poitiers. Il parle ici de fes Forelleries, qu'il fit imprimer à Poí tiers en 1555. êtant alors fort jeune. |