Loin de fermer le passage A vos nombreux bataillons, 135 Quoy? leur feul aspect vous glace ? Qui devoient de la Tamife, Et de la Drave foumise 140 Jufqu'à Paris nous chercher ? VERS 138. de la Tamife, Riviere qui pafle à Londres. DESP. VERS 139. Et de la Drave] Riviere qui paffe à Belgrade en Hongrie. DESP. L'Electeur de Bavière s'êtoit fignalé en Hongrie contre les Turcs. BROSS. Cette Stance & la précèdente font bien foibles & bien languiffantes. Il auroit fallu n'en faire qu'une des deux, pour y mettre du feu. VERS 141. Cependant l'effroy redouble] CEPENDANT n'êtoit guè res propre à ranimer un feu, qu'on vient de voir s'amortir. 145 Déja jufques à fes portes Je vois monter nos cohortes De corps morts, de rocs, de briques, 50 S'ouvrir un large chemin. s'enfuit fous fon dernier mur. A peine s'appercevroit-on des Rimes. Ce n'eft pas ici l'ordre naturel de la conftruction qui me choque. Je crois que les Inverfions n'appartiennent plus aux Vers qu'à la Profe, qu'à ti tre de Licences, dont la néceffité de la Mefure & la contrainte de la Rime donnent fuffifamment le droit de fe fervir, à condition que ce ne foit jamais aux dépens de la netteté du fens. Ce que je reprens donc dans ces quatre Vers, c'eft ce Stile narratif tout uni, qui répond fi bien au ce pendant, qui commence la Phrafe, & qui ne pouvoit pas être plus mal emploïé que dans un endroit où j'attendois des Images. Les trois Vers fuivans font plus foutenus; mais uniffons les aux trois derniers: Je vois nos cohortes, la flame & le fer en main, monter déja jusques à fes portes, s'ouvrir un large chemin fur des monceaux de piques, de rocs, de briques & de corps morts. C'est toujours le même Stile, le Stile de la narration la plus nuë. Il ne me fuffit pas qu'on me dife qu'on les voit monter & s'ouvrir un chemin ; je veux abfolument qu'on me les montre montant jusques aux portes & s'ouvrant un large chemin au travers des monceaux de décombres, d'armes & de cadavres, Le Poëte me raconte des Nouvelles, au lieu de me peindre des Actions. VERS 148, Et fur les monceaux &c.] Ce Vers & le fuivant font cenfurés dans la Lettre à M. P***. M. Defpréaux lui-même avoit trop de goût pour en avoir jamais êté content. VERS 149. De corps morts, de Toc de briques, ] Le fon de ces mots répond à ce qu'ils expriment. BROSS. Le Stile imitatif, qui confifte dans le fon des mots, n'a lieu que quand on peint quelque effet fenfible; & c'eft à quoi nô tre Auteur ne fongeoit aflurément pas ici, 55 Dépoiiillez vostre arrogance, Pour moy, que Phebus anime REMARQUES. VERS 157. Et deformais gracieux, ] Je ne comprens abfolument point ce que fignifie ici gracieux, mis en oppofition avec arrogance du Vers 1. VERS 159. Porter les humbles nouvelles ] Pour dire des Nonvelles bumiliantes. Ces fortes de Significations tranfpofées ne font point du génie de nôtre Langue. Les fix derniers Vers de cette Stance font fort peu de chofe ; mais les quatre premiers font fort bons quoiqu'ils ne fortent point du Stile narratif. Ils font ranimés par la hardieffe de cette Expreffion: ces rochers éperdus & paf la vivacité de ce Vers: Le feu ceffe. Ils font rendus. VERS 161. Pour moy, &c.] Je vais mettre ici ce qu'il y a de mieux dans la Lettre & M. P***. quoique je n'en adopte pas le tout. "C'eft un labeur que de ,, remarquer toutes les négligen,, ces de cette dernière STANCE. Phébus y eft un pur PHEBUS. De fes tranfports les plus doux ,, comment cela s'accorde-t-il ,, avec la fainte yvreffe qui lui , fait la loi, & avec ce qu'il a ,, promis dans l'Avis au Lecteur, où il dit, qu'il va paroître plu,, ftôt entraîné par le Démon de la Poefie, que guidé par la raison Dans cet êtat, les tranfports de l'Imagination font des tran/ports vifs, animés, violens & pas doux. "Dieu fublime ne s'eft jamais dit. دو On dit, une pensée fublime ,, un Difcours fublime, mais jamais un Homme fublime, ni un Dieu fublime,,. Cette Remarque fi vraie, n'a pas empêché M. Rouffeau de dire depuis HEROS SUBLIMES. Je vais plus hardi que vous 165 Montrer que fur le Parnaffe, Des bois frequentés d'Horace, Ma Mufe dans fon declin Sçait encor les avenuës, Et des fources inconnues 170 A l'Auteur du Saint Paulin. REMARQUES. ,, Y a-t-il de la hardieffe à mon,, trer qu'on fait un chemin? Comme il eft fur la fin de fon Ode, il devoit dire, qu'il a montré qu'il favoit un chemin, ,, & non pas qu'il va montrer ,, qu'il le fait. Mais fuppofé ,, qu'il y ait de la hardieffe à favoir des routes & des fources inconnues , peut on ajouter ,, que cette hardieffe eft plus ,, grande que celle des dix mille Alcides, , qui ont défendu Na,, mur avec tant de vigueur. ,, Pour ce qui eft du trait de Satire contre l'Auteur du faint Paulin, il a êté défapprouvé de tout le monde.. On ,, fait qu'en ces fortes d'Ouvra,, ges,il faut qu'après que la lec,, ture en eft finie, on demeure dans une douce & agréable rêverie, que caufe la grandeur des chofes, qu'on a lues: & ici on eft invité à rire mal,,à-propos par une plaifanterie hors de fa place.... Il n'y ,, a aucun repos dans cette Stan,, ce contre la Règle univerfelle,, ment reçuë, qui veut qu'il y , en ait un au quatriéme & au ་་. ,, feptiéme Vers Nos Poëtes fe difpenfent affés fouvent du repos du feptiéme Vers. Mais il faut du moins ne pas manquer à celui du quatrième. Il me femble d'ailleurs, que l'Auteur en fupprimant la feconde Stance, n'auroit pas du conferver celle-ci. VERS 170. A l'Auteur du Saint Paulin. ] Poëme Heroique de M. P*** DESP. Imprimé en 1686. BROSS. Cette Ode, & je crois le pouvoir dire tout franchement, eft un des moindres Ouvrages de nôtre Auteur. Depuis que j'ai corrigé la feconde Epreuve de cette Feuille, le hafard m'a fait tomber entre les mains une ODE fur la Prife de Namur, précèdée d'une Lettre dans laquelle on prétend que l'Ode de M. Defpréaux n'eft point dans le goût de Pindare. Je crois les deux Pièces, que j'annonce, de M. Perrault mais je n'en ai nulle certitude, & je ferai ce qu'il faudra pour m'en affurer. On les trouvera l'une & l'autre à la fin de ce Volume. Sur un bruit qui courut en 1656. que CROMWEL & les Anglois alloient faire la guerre à la France. QUOY? ce Peuple aveugle en fon crime, 5 D'un fi funefte facrifice N'a pour lui ni foudres ni feux ? Déja fa flotte à pleines voiles, REMARQUES. Je n'avois que dix-huit ans quand je fis cette Ode, mais je l'ay raccommodée. DESP. M. Broffette dit ici que l'Auteur êtoit dans fa vingtiéme année. Voïés-en la raifon (Tome IV.) dans une Note fur la Préface de l'Edition de 1701. VERS 2. Qui prenant fon Roy pour victime,] CHARLES I. en 1649. BROSS. VERS 3. Fit du Trofne un Thedtre affreux, ] Pour foutenir la Métaphore de victime & de facrifice, il falloit Antel, & non VERS 6. N'a pour lui ni foudre ni feux ?] L'Ufage ne diftingue point le feu du Ciel, d'avec la foudre. VERS 7. Déja fa flotte à pleines voiles, ] Il y a dans l'Edition de 1713. en pleines voiles. BROSS. VERS 8. Malgré les Vents & les eftoiles,] Je ne vois pas trop ce que les Etoiles font là. Malgré les vents; fignifie, que la Flotte a les vents contraires, Comment fait-elle donc pour aller à pleines voiles ? |