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D'un le Vayer épais Giraut eft renversé, 160 Marineau d'un Brebeuf à l'épaule blessé,

REMARQUES.

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François de La Mothe Le Vayer, originaire du Mans, & d'une Famille illuftre par les excellens Sujets, qu'elle a donnés & qu'elle donne encore à la Robe,êtoit Fils de Felix de La Mothe-Le-Vayer Subftitut du Procureur Général au Parlement de Paris, Homme il luftre en fon tems, comme poffédant les Langues,comme bon Jurifconfulte, grand Philofophe, habile Mathématicien, excellent Orateur, & bon Poëte, Franfois nâquit à Paris en 1588. & fuivit dans fa jeuneffe le parti de la Robe. Après avoir exercé long-tems la Charge de Subftitut, qu'il avoit héritée de fon Père, il la quitta pour fe livrer entièrement à la compofition de fes Ouvrages. Il fut proposé pour être Précepteur de Louis XIV. Mais la Reine voulut que cette place fut remplie par un Homme d'Eglife; & chargea M. Le Vayer de l'éducation de Monfieur, Frère unique du Roi. Il fut reçu à l'Académie Françoife le 14. Février 1639. Il fut marié deux fois. L'Abbé Le Vayer, à qui nôtre Auteur adreffe fa iv. Satire, êtoit né du premier Mariage. Mais êtant mort en 1664. à l'âge de 35 ans lorfqu'il commençoit à jouir d'une gran

de réputation parmi les gens de Lettres, le Père, pour s'en confoler, fe remaria la même année, quoiqu'âgé de 76. ans. 11 n'eut point d'enfans de ce fecond mariage. Il mourut en 1672. âgé de 84. ans. Les Ouvrages, qu'il avoit compofés jufqu'en 1667. ont êté recueillis fous fes ieux en trois Volumes in-folio. L'Edition en quinze Volumes in-12. faite depuis eft beaucoup plus complette. Il n'y manque que les neuf Dialogues, qu'il publia fous le nom d'Orafus Tubero, en deux Volumes in4°. l'un & l'autre en 1606. portant au frontispice, à Francfort. Plus occupé du foin de conduire. à la Raifon que de celui de plaire, La Mothe-Le-Vayer fe contenta d'écrire d'une manière nette & folide, fans trop s'embarrafler des agrémens du Stile. La liberté de penfer, le Scepticisme dont il faifoit profeffion, rend la lecture de fes Ouvrages trèspropre à former le Jugement & le Goût. Ses raifonnemens font pourtant quelquefois plus fpécieux que folides; c'eft pourquoi l'on doit le lire avec le même efprit de doute & d'examen avec lequel il avoit lu lui-même ce nombre prodigieux d'Auteurs anciens & modernes, facrés & profanes, dont les penfees compofent le fonds de fes Ouvra ges.

VERS 160. Marineau d'un Brebeuf. ] La Pharfale de Lucain traduite par BREBEUF. Marineau eft le vrai nom d'un Chantre,qui êtoit déja mort. BROSS.

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En fent par tout le bras une douleur amere Et maudit la Pharfale aux Provinces fi chere. D'un Pinchefne in quarto Dodillon étourdi A long-temps le teint pâle, & le cœur affadi. 165 Au plus fort du combat le Chapelain Garagne, Vers le fommet du front atteint d'un Charlemagne, (Des vers de ce Poëme effet prodigieux!)

Tout preft à s'endormir baaille & ferme les yeux. A plus d'un Combattant la Clelie eft fatale. 170 Girou dix fois par elle éclatte & se signale.

REMARQUES.

Voïés fur BREBEUF, Epitre
VIII. Vers 3. Art Poëtique,
Ch. I. Vers 100.

VERS 163. D'un Pinchefne in
quarto.] ETIENNE Martin, Sieur
de Pinchefne, Neveu de Voiture. Le
caractère de fes Poeftes eft expri-
mé dans le Vers fuivant, par
ces mots, Le cœur affadi, lef-
quels dénotent l'infipidité des
Vers de Pinchefne. BROSS.

Voiés Epitre VIII. Vers 104. Epitre X. Vers 36. Art Poëtique Chant IV. Vers 34. Nous avons une Traduction en Vers François des Géorgiques de Virgile, laquelle eft communément plus eftimée que celle de Segrais. L'Auteur de cette Traduction fe nomme Martin, Mais ce n'eft pas le même que Martin, Sieur de Pinchelne, quoiqu'en dife un Ecrivain que je me contenterai d'indiquer en difant qu'il ne fe pique pas plus d'exactitude dans les Faits, qu'il rapporte, que d'équité dans les Jugemens, qu'il prononce fur quelques Ouvra•

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Mais tout cede aux efforts du Chanoine Fabri.
Ce Guerrier, dans l'Eglife aux querelles nourri,
Eft robufte de corps, terrible de visage,

Et de l'eau dans fon vin n'a jamais sceu l'usage. 175 Il terraffe luy seul & Guibert & Graffet,

Et Gorillon la baffe, & Grandin le fauffet,
Et Gerbais l'agreable, & Guerin l'infipide.
Des Chantres deformais la brigade timide
S'écarte, & du Palais regagne les chemins.

180 Telle à l'afpect d'un Loup, terreur des champs voifins, Fuit d'Agneaux effrayez une troupe bélante:

Ou tels devant Achille, aux campagnes du Xante,
Les Troyens fe fauvoient à l'abri de leurs Tours.
Quand Brontin à Boirude adreffe ce difcours.
185 Illuftre Porte-croix, par qui noftre banniere,
N'a jamais en marchant fait un pas en arriere,

REMARQUES.

VERS 171. Mais tout cede aux efforts du Chanoine Fabri. ] Il êtoit Confeiller-Clerc au Parlement & fe nommoit Le Febvre. C'êtoit un Homme extrèmement violent.

IMIT. Vers 174. Et de l'eau

dans fon vin n'a jamais fceu l'ufa. ge.] Le Taffone, dans fa Secchia rapita, dit, Chant VI. St. 60, en parlant de Jaconia, l'un des Capitaines venus au fecours des Modenois, qu'il ne buvoit jamais de vin mêlé d'eau

E non bevea giammai vino inacquato.
VERS 175. & 177. Il terraffe
lui feul & Guibert &c.
Guerin l'infipide, ] Tous ces noms
de Chantres font inventés. Ce-
pendant après la publication du
Lutrin, l'Auteur reçut des plain-
tes de quelques perfonnes, qui
portoient les mêmes noms. BROS-

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Quelques années avant ce Poëme, la Proceffion de Nôtre-Dame& celle de la Sainte Chapelle s'êtoient rencontrées au Marché neuf, le jour de la FêteDieu; & aucune des deux n'avoit voulu céder le pas. La raifon vouloit que Nôtre - Dame eût l'avantage; mais comme la Proceffion de la Sainte Chapelle étoit foutenue par les Huifiers

Un Chanoine luy feul triomphant du Prélat,
Du rochet à nos yeux ternira-t-il l'éclat ?

Non, non, pour te couvrir de fa main redoutable,
19 Accepte de mon corps l'épaiffeur favorable.
Vien, & fous ce rempart à ce Guerrier hautain,
Fait voler ce Quinaut qui me reste à la main.
A ces mots il luy tend le doux & tendre ouvrage.
Le Sacriftain, bouillant de zele & de courage,

REMARQUES.

du Parlement, qui accompagnoient M. le Premier Président, celle de Nôtre Dame fut contrainte de céder à la force. Ce démêlé êtoit arrivé d'autrefois, & le Porte-banniere de la Sainte Chapelle avoit toujours foûtenu vigoureufement fon honneur & celui de fon Eglife. Pour prévenir de plus facheufes fuites, on réfolut que le jour de la FêteDieu, la Sainte Chapelle feroit fa Procellion à fept heures du matin, avant celle de Nôtre. Dame, BROss.

IMIT. Vers 189. Non, non, pour te couvrir &c.] Iliade, Liv. VIII. Vers 267. DESP.

Dans l'endroit cité par nôtre Auteur Ajax couvre de fon bouclier Teucer fon Frère, afin qu'il puiffè en fureté lancer des traits contre Hector & les Troïens. BROSs.

VERS 192. Fait voler ce quinaut &c.] Les Oeuvres de Philippe Quinaut de l'Académie Franfoife confiftent principalement en diverfes Pièces de Théatre, tant Tragédies & Comédies qu'opera. Le caractère de toutes ces Pièces eft marqué par ces mots du Vers fuivant: le doux & tenre ouvrage. BROsş.

Ce trait de fatire porte abfolu ment à faux fur les Opera de Qui naut, qui font ce que nous avons de plus parfait en ce genre; mais il tombe jufte fur les autres Pièces de Théatre, où la douceur & la tendreffe regnent juf qu'à la fadeur, & dont la Verfification n'a pas plus de force que celles de tout ce qu'il a fair pour être mis en Mufique, où les Vers font abfolument affer vis à la commodité du Chant. Voïés Satire II, Vers 20. Satire III. Vers 187. 194. 196. Satire IX. Vets 98. Satire X. Vers 134. 137. 141, 146. 385.

CHANG. Ibid.voler ce Quinaut] Le nom de Quinaut ne fe trouve pas dans les premières Editions. Du moins n'eft-il pas dans celle de 1694. où l'on lit: Fait voler ce P. ** Ce qui femble indiquer Perrault aux Ouvrages duquel la critique, que nôtre Auteur fait ici, ne pour roit convenir que par une explication très-forcée. le doux

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CHANG. Vers 193. & tendre Ouvrage. ] Dans les on lifoit : premières Editions le doucereux ouvrage. Ce qui ne formoit pas le même fens. Qui naut est doux & tendre. Ses Imi,

195 Le prend, se cache, approche, & droit entre les yeux Frappe du noble écrit l'Athlete audacieux ; Mais c'est pour l'ébranler une foible tempefte. Le livre fans vigueur mollit contre sa teste. Le Chanoine les voit de colere embrazé. 200 Attendez, leur dit-il, Couple lâche & ruzé,

205

Et jugez fi ma main aux grands exploits novice
Lance à mes ennemis un livre qui mollisse.
A ces mots il faifit un vieil Infortiat,
Groffi des vifions d'Accurfe & d'Alciat,
Inutile ramas de Gothique écriture,
Dont

ais mal unis formoient la couverture
quatre
Entourée à demi d'un vieux parchemin noir,
Où pendoit à trois clous un reste de fermoir.
Sur l'ais qui le foûtient auprés d'un Avicenne,
210 Deux des plus forts Mortels l'ébranleroient à peine,

REMARQUES,

tations ne font ordinairement mollit &c.] Ces mots, qui caque doucereux,

VERS 196. Frappe du noble écrit Athlete audacieux. ] Ce noble écrit, dit ironiquement des Ouvrages de Quinaut, ne préfente pas un fens bien net. Ajoutons une queftion, qui ne paroîtra peut-être qu'une vétille de Grammaire. Peut-on indiquer par le mot écrit, un Volume contenant plufieurs Ouvrages ?

VERS 198. Le livre fans vigueur

ractérisent fort bien les Tragé dies de Quinaut, renfermeroient une critique injufte, s'il ne s'agiffoit que de fes Opera.

VERS 203. -un vieil Infortiat.] Livre de Droit d'une groffeur énorme. DES P.

IMIT. Vers 203. & 204. un vieil Infortiat, Groffi des vifions d'Accurfe & d'Alciat,] CORNEILLE avoit dit dans le Menteur, A&t. I. Sc. VI.

Le Digefte nouveau, le vieux, l'Infortiat,

Ce qu'en a dit Jafon, Balde, Accurfe, Alciat.

VERS 209. auprés d'un Avi. cenne. ] Auteur Arabe, DESP

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