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OToi, de mon repos compagne aimable & fombre,
A de fi noirs forfaits prefteras-tu ton ombre ?

REMARQUES.

tre en Vers, qui fe trouve à la ter, eft la critique de tout le
fin des Nouvelles Remarques de Poëme du Lutrin; & quelque em
Pradon. Elle eft adreflée à Pra portement, que l'Auteur y fafle
don lui-même, fous le nom d'Al voir, il ne laifle pas d'avoir rai
candre. Ce que je vais en rappor fon en bien des points.
Admirons de quel foin fa Mufe eft occupée
A faire un riche amas des loix de l'Epopée.
Lorfqu'il en auroit ри charmer tout l'Univers,
Devroit-il pour la profe abandonner les vers?
Ne fe fouvient-il plus qu'à nôtre grand Alcide
Il s'étoit engagé de faire une Enéide,
Et que fier du fuccès de fon fameux Lutrin,
Il devoit faire bonte à l'Empire Latin?
Mais quoi ce beau Lutrin où fon efprit s'égare,
Cet enfant monftrueux d'un caprice bizare,
Où par le Stile froid, dont il fut l'inventeur,
Il trouva le fecret de morfondre un lecteur ;
Où l'on voit plus de Dieux que l'on n'en vit à Troie
De fa veine flérile alonger la couroie ;

Οι par des incidens qu'il pille chés autrui,
Il tache d'anoblir ce peu qui vient de lui
Et d'un difcours bouffi, confus & pédantefque,
Rend Ariofte trifle & Virgile burlesque ;
Où de fon attentat le lecteur étonné

Attend le châtiment d'un temple profané,

Quand il fait fans refpect par des jeux téméraires

De la Religion badiner les Mistères,

Et fans en concevoir le moindre repentir,

Epouvante l'efprit, loin de le divertir;

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9

* Ce Vers

fait Allu

Fable de

l'Huître ? qui terminoit d'abord l'Ep. I. au Roi.

Où tout fanglant encor de fon buître à l'écaille, fion à la Pour finir fon Poëme il forge une bataille Et prenant chés Barbin les armes du combat, Achève en Arlequin un Ouvrage fi fat; Ce Lutrin dont il fait un fi fol badinage Auroit-il à ce point enflé fon grand courage, Qu'il osát afpirer au glorieux emploi D'ériger un trophée à l'honneur de fon Roi? BONNECORSE dans fon Lutrigot, & dans quelques Remarques impertinentes, qu'il a mifes à la fin de ce Poeme, le plus ridicule & le plus fot Ouvrage, que je connoifle, fait auffi les mêmes reproches à M, Defpréaux, Si ces

différens Auteurs avoient êté moins animés de l'efprit de vangeance, & qu'ils euffent voulu cenfurer avec quelque équité n'auroient-ils pas trouvé la juftification de M. Defpréaux dans les plaintes, que la Mollesse fait

Ah! Nuit, fi tant de fois, dans les bras de l'Amour 160 Je t'admis aux plaisirs que je cachois au jour,

Du moins ne permets pas... La Molleffe oppreffée
Dans la bouche à ce mot fent fa langue glacée,
Et laffe de parler fuccombant fous l'effort,
Soûpire, étend les bras, ferme l'œil, & s'endort.

REMARQUES.

de ce que beaucoup de gens d'E-
glife fe font déja fouftrait à fes
Loix. Les traits fatiriques de nô-
tre Auteur, contre lefquels ces
Ecrivains de mauvaife foi fe
font fi fort élevés, ne tombent
que fur des abus ; & la Raifon
eft toujours en droit de les cen-
furer. Que l'on compare d'ail-
leurs ces différens traits fatiri-
ques de M. Defpréaux avec ce
que j'ai rapporté de l'Ariofle dans
la feconde Remarque fur le Vers
16. du 1. Chant: on verra que
le Poete François eft beaucoup
plus réfervé dans fes cenfures
que le Poëte Italien.

VERS 164. Soupire, étend les
bras, &c.] Ce Vers exprime bien
l'état d'une perfonne accablée
de triftefle & de laffitude,
qui
fuccombe au fommeil. Mada-
me La Ducheffe d'Orleans, Hen-
riette Anne d'Angleterre, pre.
mière Femme de Monfieur, Frè
re du Roi avoit êté fi tou-
chée de la beauté de ce Vers,
qu'aïant un jour apperçu de loin
M. Defpréaux dans la Chapelle
de Verfailles, où elle êtoit af-
fife fur fon carreau, en atten-
dant que le Roi vint à la Meffe ;
elle lui fit figne d'approcher,
& lui dit à l'oreille:
Soupire, étend les bras, ferme l'œil, & s'endort.

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MAIS la Nuit auffi-toft de fes ailes affreufes,
Couvre des Bourguignons les campagnes vineuses,
Revole vers Paris, & haftant fon retour >
Déja de Montlheri voit la fameuse tour.
5 Ses murs dont le fommet fe dérobe à la vuë,
Sur la cime d'un roc s'alongent dans la nuë,
Et prefentant de loin leur objet ennuieux,
Du Paffant qui le fuit, semblent fuivre les yeux.

REMARQUES.

VERS 4. Déja de Montlheri voit la fameuse tour. ] Tour très-hauà cinq lieues de Paris, fur le chemin d'Orleans, DE SP. IMIT. Vers 6. Sur la cime d'un

te,

roc s'alongent dans la nue. ] On
trouve dans une aflés mauvaise
Chanfon de Voiture ce Couplet
qui ne dément point le refte de
la Pièce.

Nous vimes dedans la nuë
La Tour de Mont-le-héris,
Qui pour regarder Paris.
Alongeoit fon col de grue;
Et pous y voir vos beaux ieux
S'élevoit jufques aux Cieux.

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