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confidence, & me fit voir à fond fon ame entiere. Et que n'y vis-je point! Quel trefor furprenant de probité & de juftice! quel fonds inépuifable de pieté & de zele! Bien que fa vertu jettât un fort grand éclat au dehors, c'eftoit toute autre chofe au dedans; & on voyoit bien qu'il avoit foin d'en temperer les rayons, pour ne pas bleffer les yeux d'un fiecle auifi corrompu que le noftre. Je fus fincérement épris de tant de qualitez admirables; & s'il eut beaucoup de bonne volonté pour moy, j'eus auffi pour luy une trés-forte attache. Les foins que je luy rendis ne furent meflez d'aucune raifon d'intereft mercenaire;

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même agiffant contre la Règle d'Horace (dans fon Art Poëtique, Vers 89, ),

res comica non vult.

Le défaut de n'avoir pas ,, traité ce fujet en un Stile comique & burlefque, comme il devoit êtoit réparé en quelque forte quand il le ré"" citoit, par fon ton de voix, ,, qui avoit quelque chofe de ridicule mais l'Ouvrage aïant êté imprimé, & êtant dénué de la prononciation, il a paru ,, extravagant, quand on a vu dans la bouche d'une Horlo,, gère des paroles que Virgile a données à Didon, & qui ne ,, conviennent nullement à une Horlogère. Ainfi toute Cette raillerie paroît fade, fans efprit, & fans jugement: &

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ceux qui avoient approuvé cet ,, Ouvrage, dans le récit de l'Auteur, le méprifent dans la lecture, voïant ce Sujet trai. té tout autrement qu'il ne , devoit être, malgré fon titre fpécieux de Poëme Héroïque, qui promet de la grandeur & de la majefté. Mais la haute diction s'accorde fi mal avec le Sujet bas, & la hauteur pré,, tendue de l'Auteur s'accorde fi mal avec les règles & le ,, bon fens, qui lui font contraires, que les meilleurs de fes amis en ont êté confus Cette Critique, dictée par l'efprit de vangeance, ne pouvois

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& je fongeay bien plus à profiter de fa converfation que de fon credit. Il mourut dans le temps que cette amitié eftoit en fon plus haut point, & le fouvenir de fa perte m'afflige encore tous les jours. Pourquoy faut-il que des Hommes fi dignes de vivre foient fi-toft enlevez du monde:tandis que des miferables & des de rien arrivent à une extrême vieilleffe? Je ne m'étendray pas davantage fur un fujet fi trifte car je fens bien que fi je continuois à en parler, je ne pourrois m'empêcher de moüiller peut-eftre de mes larmes la Préface d'un Ouvrage de pure plaifanterie.

gens

REMARQUES.

manquer d'être outrée; mais elle eft jufte en quelque chofe, & mérite qu'on y fafle atten. tion. Quelque ingénieux que foit le Poëme du Lutrin, de quelques beautés de détail qu'il foit rempli, ce n'eft rien moins qu'un

Ouvrage parfait, ce n'eft rien moins qu'un modèle ; & fi fon Auteur n'eut jamais fait autre chofe,j'ai peine à croire qu'il eut jamais pu prétendre au rang, qu'il occupe fi légitimement far nôtre Parnafle.

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LE LUTRIN, POËME HÉROÏ-COMIQUE.

CHANT I.

E chante les combats, & ce Prelat terrible, Qui par fes longs travaux, & fa force invincible,

REMARQUES.

VERS 1. Je chante les combats, ce Prélat terrible. ] CLAUDE AUVRY, ancien Evêque de Coutances, êtoit alors Tréforier de la Sainte Chapelle, Il avoit êté Camérier du Cardinal Mazarin, & comme il entendoit aflés bien L'ufage de la Cour de Rome fur

les Matières Bénéficiales, il fe rendit néceflaire à ce Cardinal, qui poffédoit un grand nombre de Bénéfices. Le Cardinal lui fit donner l'Evêché de Coutances en Normandie, qu'il quitta depuis pour la Tréforerie de la Sainte Chapelle. BROSS.

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