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Un Fou du moins fait rire, & peut nous égayer: Mais un froid Ecrivain ne fçait rien qu'ennuyer.

REMARQUES.

Loudun, un Ouvrage dont le titre eft: Traité de la Mélancolie: favoir fi elle eft la caufe des effets que l'on remarque dans les Pofidées de Loudun. C'eft un in-8°. imprimé à la Fleche en 1635. Cet Ouvrage ne pouvoit manquer de plaire au Cardinal de Richelien. Le fuccès, qu'il eut, fit venir La Mefnardiere à Paris. Il y fut d'abord Médecin ordinaire de Monfieur Gaflon, Duc d'Or. Leans. C'eft la qualité qu'il prend à la tête d'un de fes Livres, qui parut à Paris en 1638. avec ce titre : Raifonnemens de Mefnardiere, Confeiller & Médecin de S. A. R. fur la nature des Efprits qui fervent aux fentimens, & dans le privilége de fa Traduction du Panégyrique de Trajan par Pline Cecile fecond, qui fut imprimée in4°. la même année & réimprimée in 12. en 1642. La Mefnardiere acquit enfuite les Charges de Maitre d'Hôtel & de Lecteur du Roi. Il fut reçu à l'Académie Françoife en 1655. Son plus confidérable Ouvrage eft fa Poetique, qui n'eft point achevée, & qui ne comprend prefque que le Traité de la Tragédie, & celui de l'Elégie. Elle eft in 4°. 1650. Elle devoit avoir deux autres Volumes pareils. La mort du Cardinal de Richelieu, par l'ordre duquel il avoit entrepris ce grand Ouvrage, l'empêcha de l'achever. Il a fait auffi deux mauvaises Tragédies, qui font, Alinde & La Pucelle d'Orleans. Au fujet de la première, voïés la Remarque fur les premiers Vers de l'Art Poëtique. Nous

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avons encore de cet Auteur une Traduction prefque Litterale des trois premiers Livres des Lettres de Pline le Conful, un Recueil de Poeftes, imprimés in fol. en 1656. une critique de la Pucelle de Cha pelain fous ce titre: Lettre du Sieur du Rivage, contenant quel. ques Obfervations Jur le Poëme Epique, fur le Poëme de la Pu celle. Un Chant nuptial d'environ 700. Vers pour le mariage du Roi, & quelques Relations de Guerre in-8°. Paris 1662. La Mefnardiere fe piquoit d'être bean difeur, & l'on peut appliquer à tous fes Ouvrages prefque indif féremment, le quolibet Latin : Sunt verba & voces pratereaque nihil. Il mourut le 4. de Juin

1663.

Jean Maignon êtoit de Tournus dans le Mâconois & non pas né dans la Province de Breffe, comme le dit ici M. Frofferte. Il fit fes études chés les Jéfuites de Lion, & fut quelque tems Avocat au Préfidial de cette Ville. Il vint enfuite à Paris & s'y établit. Il y mourut affaffiné, dit on fur le Pont-neuf en 1661. êtant encore affés jeune. Il a compofé beaucoup de mauvaifes Tragédies entre autres Artaxerce qui fut répréfenté par l'Illuflre Théatre, C'êtoit le nom, que prenoit une Société de jeunes gens, du nombre def quels êtoient Moliere & Maignon, & qui s'exerçant à la Déclamation, répréfentoient des Pièces tantôt dans le Faubourg faint Germain, & tantôt dans le quartier faint Paul, Artaxerça

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J'aime mieux Bergerac & fa burlesque audace, 40 Que ces Vers où Motin se morfond & nous glace.

REMARQUES.

fut imprimé à Paris en 1645. Les autres Pièces de Maignon, font; Les Amans difcrets 1645. Le grand Tamerlan & Bajazet, 1648. Le Mariage d'Orondate & de Statira 1648. Jofaphat & Barlaam ; Séjan 1648. Zenobie, Reine de Palmyre 1660. En 1654. il avoit donné Les Heures du Chreftien divifées en trois journées, &c. Ouvrage en Profe & en Vers. Son Encyclopedie parut à Paris in-40 fous le titre de La Science univerfelle en 1663. L'Auteur mourut pendant qu'on l'imprimoit. Lorfqu'il travailloit à cet Ouvrage, quelqu'un lui demanLa Lune & le Soleil, La Traduction en Profe de l'Iliade par Du Souhait parut en 1627.

Il a êté parlé de Jacques Corbin & de fon Fils fur le Vers 36. de l'Epit. II.

ADRIEN de la Morliere, dont M. Broffette, dit qu'il êtoit fi obfcur, que nôtre Auteur n'en connoifloit que le nom, êtoit natif de Chauni & Chanoine d'Amiens. Colletet, dans fon Art Poëtique, nous apprend que cet Auteur publia divers Sonnets, avec un Commentaire, qui eft une efpèce de Glofe auffi ténébreufe que le Texte, Il a fait auffi Les Antiquitez & les chofes les plus remarquables d'Amiens, dont il y eut quatre Editions en vingt ans. On joignit à la quatrième en 1642. un autre Ouvrage que l'Auteur avoit publié dès 1630. fous ce titre Recueil de plufieurs nobles illuftres Maifons vivantes & éteintes en l'étendue du Dio cefe d'Amiens. C'eft ce qu'il a fait de mieux; & c'eft par rap

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dant s'il feroit bientôt achevé : Bientôt, dit-il, je n'ai plus que cent mille vers à faire, ce qu'il difoit fort férieufement. Scarron a dit-on, dépeint admirablement ce Maignon,fans le nommer, dans certaine Epitre chagrine, où il le fait parler de fes Ouvrages & entre autres des Conciles, qu'il avoit deffein de mettre en Vers.

Toutes les Poefies de Du Souhait confiftoient en Pointes & en Jeux de mots. Ce fut pour en faire voir le ridicule, que, Sarrazin fit des Stances fort connues qui finiflent par ce Vers: la Rofe & le Rofier.

port à cet Ouvrage, que Ménage dans fon Hifleire de Sablé, p. 130. le qualifie un Généalogifte für. Ce dernier article eft en partie de M. Du MONTEIL.

VERS 39. J'aime mieux Bergerat.] CYRANO de Bergerac, Auteur du Voiage de la Lune. DESP.

Il a fait auffi d'autres Ouvrages, & dans tous, l'Imagination paroît avoir eu plus de part que le jugement, BROSS.

VERS 40. Que ces Vers où Motin fe morfond & nous glace. ] PIERRE MOTIN êtoit de Bourges, comnie on l'apprend par des Vers de fa façon, qui font au commencement du Recueil des Arrêts de CHENU, & mourut environ l'an 1615, Il a laiffé quelques Poefies, qui font imprimées dans des Re cweils, avec celles de Malherbe, de Racan & de quelques autres Poëtes de fon tems. Il êtoit ami de Regnier, qui lui a adreflè fa quatrième Satire; & Motin a fait une Ode, qui eft au devant des

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Ne vous enyvrez point des éloges flateurs,

Qu'un amas quelquefois de vains Admirateurs.

Vous donne en ces Reduits, prompts à crier, merveille ! Tel écrit recité fe foutint à l'oreille,

REMARQUES.

Cette conjecture eft fort ingé nieuse, mais elle n'eft pas véritable. M. Despréaux m'a afluré qu'il n'avoit point penfé ici à l'Abbé Cotin, dont le principal défaut n'êtoit pas d'être un Poëte froid. Cette critique tombe donc uniquement fur Motin dont les Vers ne paroiffent point animés de ce beau feu qui fair les Poëtes. BROSS.

VERS 43. Vous donne en ces Reduits, prompts à crier, merveille ! 1 REDUIT : Lieu particulier où s'aflemblent des perfonnes choifies, & où quelquefois les Auteurs vont réciter leurs Ouvrages, avant que de les publier. C'eft au mot Admirateurs, qui eft dans le Vers précédent, que fe rapporte, prompts à crier, merveille! BROSS.

Satires de Regnier. M. Baillet, dans fes Jugemens des Sçavans, Tome VIII. page 44. a cru que dans ce Vers M. Defpréaux avoit voulu déguifer l'Abbé Co. tin, fous le nom de Motin. "Ce paflage me fait fonger, dit-il, à ce que M. Bayle dit (Nonvelles de la République des Let ,, tres, Oct. 1684. Art. 5.) que le fel de la Satire demande , qu'on ne s'explique pas toû,,lours clairement ; & que les allufions un peu cachées, ,, y ont une grace merveilleufe ,, pour les gens d'efprit. En effet, ajoûte M. Baillet, qui auroit crû que M. Despréaux, en voulant désigner un Poete vi,, vant de fon tems, ait rencontré fi fort à propos, par le changement d'un C, en une ,, M, un autre Poëte dans la même Langue, dans le même fiècle, & peut-être dans le befoin de fubir un jugement femblable. Cependant le miftère fera caufe un jour, que le véritable Motin pourra paf,,fer pour un autre, fi on ne le revèle, auffi-bien que les au ,, tres de la même nature,dontM. Defpréaux a voulu remplir une partie de fes Satires. C'est ce qui a fait fouhaiter à quelques,, uns d'y voir des Commentaires," du vivant de l'Auteur, & de fa main même pour plus gran-,, de fûreté,,. C'eft le fouhait que M. Bayle formoit dans l'endroit, que j'ai cité.

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99

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دو

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2

Quoique M. Broffette dife; par ces Réduits prompts à crier mer veilles! l'Auteur n'a dit & n'a pu vouloir dire, que ces Réduits, où l'on eft prompt à crier merveil le ! Mais, outre que l'Ellipfe eft vicieufe, en ce que le fens ne fe préfente pas de lui-même ; l'Epithète tranfportée de gens, qui s'affemblent, au lieu dans lequel il s'aflemblent, eft ici trop dure; & Desmaréts, p. 102. a fort bien fait de dire: "Des Réduits prompts à crier, merveille! C'eft une façon de parler dont la hardieffe ne fera jamais jugée raifonnable

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CHANT

IV. 45 Qui dans l'impression au grand jour se montrant, Ne foutient pas des yeux le regard penetrant. On fçait de cent Auteurs l'aventure tragique : Et Gombault tant loué garde encor la boutique. Ecoutez tout le monde, affidu confultant. so Un Fat quelquefois ouvre un avis important.

REMARQUES.

On voit bien que c'eft le Poëme de La Pucelle, que nôtre Auteur indique ici, Nous avons vû la même chofe arriver aux Fa bles de feu La Mothe. On les avoit louées à toute outrance, lorfqu'il les avoit récitées dans les Affemblées publiques de l'A cadémie. A peine furent-elles imprimées, qu'elles n'eurent plus pour admirateur que le petit Ab, bé de Pons, qui foutint toujours que le Public avoit tort, & que c'êtoit un excellent Ouvrage. Plufieurs perfonnes fe fouvien nent, auffi-bien que moi, qu'un jour il vint au Caffé très en colère contre un petit Neveu, qu'il avoit, auquel il avoit donné, pour apprendre par cœur, deux Fables, l'une de La Fontaine & l'autre de La Mothe. L'Enfant, qui n'avoit pas plus de fix ans, avoit appris fans peine celle de La Fontaine, & n'avoit jamais pu retenir un mot de celle de La Mothe. Cette expérience ne convertit point l'Abbé de Pons. & ne fit que l'indigner contre le mauvais goût futur de fon Neveu. VERS 48. Et Gombault tant lové.] JEAN Ogier de Gombault, Gentilhomme de Saintonge, l'un des premiers Académiciens, fut en fon tems un Poëte célèbre. Ses Sonnets & fes Epigrammes font les meilleurs de fes Ouvra

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ges. Il compofa les dernières dans fa vieilleffe; & ce qui paroîtra fingulier, elles font com munément fupérieures aux premiers, parmi lefquels. quoique nôtre Auteur ait dit, Chant II, Vers 97. & 98. il y en a beaucoup de très-bien faits. Les Vers de ce Poëte ont de la douceur. & font tournés avec art. Ce qui le caractérise principalement, c'eft beaucoup de délicateffe. Il a fait des Pièces de Théatre dont la Conftitution eft dans le goût de fon tems; mais dont les détails méritent quelque eftime. Le Dictionnaire & le Supplément de Moréri ne font point mention de l'Amarante de Gombault. C'eft une Paftorale en cinq Actes, où l'Auteur a mis à la vérité trop d'efprit, mais où l'on trouve auffi, dans quelques endroits, tout le naturel, qui con vient au Genre Bucolique. La Verfification n'en eft pas égale. C'est un défaut ordinaire à cet Auteur dans tous fes Ouvrages un peu longs. Il ne fe foutient que dans fes petites Poëfies. Il êtoit Calvinifte, & mourut en 1666. âgé de près de cent ans.

IMIT. Vers 10. Un Fat quelquefois ouvre un avis important.] C'eft un Proverbe contenu dans cet ancien Vers Grec cité par MACROBE, Saturnales, Liv. VI, K iij

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L'ART POETIQUE.

les lire.

Quelques Vers toutefois qu'Apollon vous inspire
En tous lieux auffi-toft ne courez pas
Gardez-vous d'imiter ce Rimeur furieux,
Qui de fes vains écrits lecteur harmonieux

REMARQUES.

Ch. 7.

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Nuits Attiques, Liv. II. Chap. 6.

& par AULU GELLE Πολλάκι γὰρ καὶ μορὸς ἀνήρ μάλα κάιριον εἶπεν. Sæpe etiam eft fultus valde opportuna locutus. Nos Pères difoient au même fens: Un Fol enfeigne bien un Sage. RABELAIS, Liv. VIII. Ch. 36. Au refte la Maxime contenue dans ce Vers de nôtre Auteur & dans le précédent, n'êtoit point inconnue au Cardinal de Richelien, qui dans fon Teftament Politique, Part. I. Ch. VIII. Sect. II. dit: Le plus habile Homme du monde doit fouvent écouter les avis de ceux qu'il penfe même être moins habiles que lui. Comme il eft de la prudence, continue t'il, de parler peu, il en eft auffs d'écouter beaucoup. On tire profit de toutes fortes d'avis; les bons font utiles par eux-mêmes, & les mauvais confir

,

ment les bons. BROSS.

VERS (3.

ce Rimeur fuvieux. Du Périer. DES P. & VERS 7. Il n'eft Temple fi faint, &c. Il récita de fes Vers à l'Auteur malgré lui dans une Eglife. DESP.

Charles du Périer, Gentilhomme Provençal, natif d'Aix, s'êtoit d'abord attaché à la Poefie Latine, dans laquelle il reuffifloit trèsbien; & fes avis avoient formé

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le célèbre Santeul, Mais ils fe
brouillérent enfuite par une ja-
loufie poctique. Du Périer re-
dans
nonça à la Poefie Latine, pour
faire des Vers François
lefquels il ne foutint pas tout à
fait fa première réputation
quoiqu'il fe fut propofé Mal
herbe pour modèle. La fureur
qu'avoit Du Périer de réciter fes
Vers à tous venans, le rendoit
infuportable. Un jour il accom-
pagna M. Defpréaux à l'Eglife,
& pendant toute la Meffe il ne
fit que lui parler d'une Ode
qu'il avoit présentée à l'Acadé-
mie Françoife, pour le prix de
l'année 1671. Il fe plaignoit de
l'injuftice, qu'il prétendoit qu'on
lui avoit faite, en ajugeant le
prix à un autre. A peine put-il
fe contenir un moment pendant
l'élévation. Il rompit le filen-
ce, & s'approchant de l'oreille
de M. DESPRE'AUX: Ils ont dit,
que mes
s'écria-t'il affés haut
Vers étoient trop Malherbiens. Cette
faillie infpira à nôtre Auteur
ces deux Vers, qui font le 17,
& le 8.

Il n'eft Temple fi faint des Anges respecté,
Qui foit contre fa Mufe un lieu de feureté.
Cette Remarque eft de M. Broffet
te. Je n'ai fait qu'y changer
quelques mots, pour la rendre

plus approchante de la vérité.
Charles du Périer eft un des
grands Poëtes, que la France

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