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que m'impose le genre spécial de travaux de conservation qui me sont confiés.

En ce qui concerne la création d'une Ligue internationale, chose qui a le plus attiré l'attention de mes confrères nationaux et étrangers, j'avoue ingénument qu'en émettant cette idée, je ne songeai guère à l'importance qu'elle pouvait avoir. Mon but était de semer l'idée, afin que, si elle paraissait bonne à Mrs. les Congressistes, ceuxci lui donnassent forme et que nous puissions arriver à une solution pratique et immédiate.

Après tout ce que nous avons entendu dire ici, la création de la Ligue internationale est rendue réellement difficile. Cette Ligue existe pour d'autres organismes et pour trois branches de la culture humaine. Peut-être serait-elle hors lieu pour celle qui nous occupe; c'est pourquoi, tenant compte de ce qu'on dit Mrs. Cannizzaro, Cuypers et le Comte de Suzor, je n'ai aucun inconvénient à modifier ces conclusions, admetant la formation d'une Ligue Nationale qui ait la force et l'efficacité nécessaires pour l'accomplissement de son importante mission, étant donné, comme l'a fort bien dit Mr. Artigas, et quelle qu'en soit la cause, que d'autres Nations n'ont pas autant besoin que nous de cette défense nationale, pour éviter les dommages, que l'on cause aux monuments nationaux. Senlement je crois que le Congrès pourrait admettre la création d'une Ligue internationale qui, dans certains cas, et lorsqu'il s'agira de monuments d'une importance notoire, puisse et doive intervenir et indiquer le chemin à suivre et le procédé à employer dans ces circonstances toutes particulières.

Admirateur de Mr. Cloquet, je regrette de n'être pas d'accord avec les conclusions qu'il propose.

J'opine qu'il existe des monuments vivants et des monuments morts. Le monument vit tan que vit l'humanité et tous peuvent étudier en lui les traditions des pleuples, les grandeurs d'une histoire, l'origine de ses créations et de leur science, et précisément à cause de ce que Mr. Cloquet dit dans ses conclusions, c'est pourquoi, à mon tour, je dis, que si ces différences existaient, de même que l'amour aux monuments, on ne destineraient ces derniers en aucun cas, ni les emploieraient à autre chose, qu'au but pour lequel ils furent créés.

Ce que je désire c'est que les monuments soient conservés tels et comme ils furent conçus par l'artiste, afin qu'ils servent de puissant élément de culture et d'enseignement aux peuples et qu'ils constituent des preuves évidentes et des pages inéffaçables de l'Histoire de l'art.

Mr. Repullés y Vargas (Madrid):

Le thème de la Restauration des monuments anciens est de la plus

haute importance, et voilà pourquoi il faut attacher à la rédaction de ses conclusions le plus grand soin.

Ces conclusions doivent se classer, selon ma modeste opinion, en deux groupes, tels que les ont conçus Mr. Cabello et Mr. Cloquet.

Le premier, celui de Mr. Cabello, s'attache à la partie de la question bureaucratique, c'est-à-dire de tout ce qu'on doit faire pour obtenir des garanties, afin que la Restauration soit bien faite.

Des lois protectrices des monuments, des ligues des amis de l'art, ou bien des commissions officielles des Monuments, et finalement la manière de désigner les Architectes pour faire ces restaurations.

Pour faire les restaurations, Mr. Cloquet vient à fixer quelques prescriptions de caractère technique, en classant premièrement les monuments, et après, en dictant des règles pour conserver le style et la beauté du monument.

Par conséquent, je vois deux questions différentes, mais se rattachant au même objet, et, pourtant, je crois que les deux groupes des conclusions sont tout à fait compatibles et qu'on peut les approuver tous deux, avec les modifications convenantes accordées par le Congrès.

Je suis d'accord sur la plupart, mais j'ajouterai une autre conclusion se reférant aux matériaux qu'on doit employer aux restaurations.

A mon avis, on doit employer, autant que possible, dans les restaurations, les mêmes matériaux de l'édifice à restaurer, à moins que la qualité de ces matériaux soit la cause de la ruine de l'édifice, et dans ce cas, on dévra substituer le matériel mauvais par un autre analogue, mais de bonne qualité, pour empêcher de nouveaux dommages au mo

nument.

Mr. Ugalde (Bilbao), présente la proposition suivante, souscrite par M. M. Ugalde.-Goy tia.-Carlevaris.-Acebal.-Oriol.— Bastena.-Olazabal.

Messieurs:

Après avoir écouté ce matin les diverses opinions sur les conclusions, objet du débat, nous sommes du même avis que Mr. le Délégué et confrères Italiens, sur ce qu'il faut modifier quelques conclusions formulées par Mr. Cabello et Lapiedra, mais en même temps, nous croyons aussi, de la même façon, conserver le bons sens exposé dans la première conclusion au sujet de l'intervention exclusive de l'architecte dans la direction, afin de vérifier la restauration et la conservation des monuments artistiques, mais, nous ne croyons pas que cette direction de tous ces travaux de restauration et conservation dcive se limiter aux Commissions officielles de l'Etat, comme il a été

proposé par quelques confrères; autrement, nous pensons que ces travaux soient de libre exécution, mais que toujours les Architectes chargés ou attachés à ces travaux sɔient obligés de soumettre les études et les plans à l'approbation et observation d'une Commission officielle qui peut être composée par 5 architectes, trois de ceux-ci proposés par les Associations d'Architectes de provinces, formées au moins de 20 facultatifs, et les deux architectes restants, par l'Etat. De façon que la rédaction de la première conclusion pourrait être la suivante:

La conservation et restauration des monuments artistiques sera de l'exclusive direction et étude d'Architectes.

Le propriétaire pourra désigner le facultatif, mais l'architecte directeur aura l'obligation de soumettre les études et plans à l'inspection de 5 architectes: 3 de ceux-ci nommés par les Associations départementales, constituées au moins par 20 confrères et les deux restants, désignés par l'Etat.

La deuxième conclusion peut rester à l'étude pour le prochain Congrès.

Nous sommes tout-à-fait d'accord avec le sens des conclusions 3me 4me et 5me, mais nous croyons que la réalisation pratique de celles-ci, doit-être à charge de la Commission que nous avons proposée dans la première de mes conclusions.

Mr. Vega y March, de Barcelona, en un brillant discours, émet son opinion, disant que les conclusions de Mr. Cabello, qui sont imprégnées d'un remarquable esprit de grandeur de vue, seraient peutêtre irréalisables dans la pratique, étant donné leur caractère trop restrictif et propose partant de les modifier.

Finlement, Mr. Velázquez, Président du Congrès, fait le résumé de la discussion. Il est d'accord avec l'esprit qui règne dans les conclusions de Mr. Cabello et il croit que quelqu'unes de ces conclusions peuvent subsister avec d'autres formulées par M. Cloquet.

A ce sujet M. Velázquez, rentre dans des considérations sur le mode et la forme qui doivent s'employer pour mener à bonne fin la restauration des Monuments, étant d'avis, quant à l'Espagne, que ce qui est le plus nécessaire pour arriver à ce but, est de diriger l'opinion dans ce sens.

M. Poupinel, de París, donne lecture à la rédaction des conclusions formulées d'accord avec M. Cabello et que souscrivent en plus du suscité Architecte, MM. Cannizzaro, d'Italie; le Comte Suzor, de Russie; Cuypers, de Hollande, et Hödl, d'Autriche. Ces conclusions sont les suivantes.

1. Il y a lieu de distinguer deux espèces de monuments: les monuments morts (appartenant à une civilisation ou servant à des usages

qui ne sont plus et ne seront plus), et les monuments vivants (continuant à servir á l'objet pour lesquels ils ont été contruits).

2.a Les monuments morts doivent seulement être conservés en consolidant les parties indispensables pour éviter qu'ils ne tombent en ruines; car l'importance d'un monument réside dans la valeur historique et technique, valeur qui disparait avec le monument.

3. Les monuments vivants, eux, doivent se restaurer, pour qu'ils puissent continuer à servir, car en Architecture, l'utilité est une des bases de la beauté.

4. Cette restauration doit se faire dans le style primitif du monument, afin qu'il conserve son unité; l'unité de style étant aussi une des bases de la beauté en architecture; et les formes géométriques primitives étant parfaitement reproduisibles. On doit respecter les parties exécutées en un style différent de celui de l'ensemble, si ce style a du mérite en lui-même et s'il ne détruit pas l'équilibre esthétique du monument.

5. On ne chargera de la conservation et de la restauration des monuments que des Architectes diplomés ou spécialement autorisés, agissant sous le contrôle artistique archéologique et technique de l'Etat.

6. On provoquera dans chaque pays la création de Sociétés de défense pour les monuments historiques et artistiques; elles pourront se grouper pour un effort commun et collaborer à l'établissement de l'Inventaire général des richesses nationales et locales. Ces conclusions sont approuvées à l'unanimité.

THEME III

Présidence: Mr. Totten (Etats Unis).

Les caractères et la portée des études scientifiques dans l'instruction générale des architectes.

Mr. Fernández Casanova donne lecture á la conclusion de son travail. (Voir appendice n.o 3).

Nous avons exposé, à notre avis, l'enseignement et le développement qu'on doit donner aux études scientifiques de l'Architecture; à fin de les limiter à la partie véritablement utile, pour le but auquel ils doivent être consacrés.

De cette façon l'Architecte s'abreuvant du parfum des plus odorantes fleurs que lui offre la riche et abondante source créée par les savants et guidé par l'affectuese efficacité de ses professeurs, parviendra, sans de trop grands efforts, à combiner les indispensables connaissances scientifiques, avec ce qu'il y a de plus essentiellement

artistique et pratique; et il développera ainsi ses talents naturels, qui, ajoutés à son genie inventif et aux moyens d'action l'aideront à exercer dignement notre honorable profession.

Telle est la modeste opinion que nous avons l'honneur de soumettre à l'appréciation de nos savants à qui nous adressons un salut cordial.. Mr. le Secrétaire donne lecture d'un Rapport présenté par Mrs. Cardellach et Bertran, de Barcelone. (Voir texte en français à l'appendice n.o 4).

La seance est suspendue jusqu'à samedi, prochain jour de séance, à 9 heures du matin.

SEANCE 9 AVRIL
(MATIN, 9hs)

Président Cuypers.-Hollande.

Discussion du thème III.

Mr. Franz de Vestel:

Je pense que le programme d'études scientifiques élaboré par Mr. Casanova est parfait, mais j'attire l'attention du Congrès sur le principe de ce programme d'études.

Il faut que ce programme soit bien conçu pour l'instruction de l'architecte.

Et il serait facheux de pousser très loin les études scientifiques, il serait facheux de faire des jeunes architectes des demi-ingénieurs. Les études des ingénieurs et des architectes doivent être bien déterminés et sont, à mon avis, différents.

Il faut surtout que l'on ne fasse pas tant apprendre aux jeunes architectes, à leur début, qu'ils n'aient plus le temps d'étudier l'Architecture même.

Si les sciences sont nécessaires et même indispensables, je n'ai pas besoin de vous dire que les études architecturales le sont encore plus. Il faut laisser aux jeunes architectes une grande partie de leur temps, pour les études du dessin et de l'Architecture.

Dans la pratique, ils trouveront toujours l'aide de la science et devront se tenir au courant des progrès de celle-ci, mais ce qu'ils n'apprendront pas, s'il ne l'ont pas appris dès les premières années, c'est la science du dessin, c'est l'étude des blancs, c'est l'étude des formes qui en feront en somme de véritables architectes.

Mr. Cuypers, s'associe à ce qu'a dit Mr. Vestel, exposant que l'éducation de l'architecte n'est pas terminée à la sortie de l'école, mais bien par la pratique et l'étude.

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