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se une solution qui harmonise les nécessités de notre époque avec les principes immutables du Beau.

M. le Secrétaire général donne lecture de deux travaux présentés au Congrès concernant ce thème;-l'un de Mrs. Emile Anciaux, Adolphe Crespin et Léon Sneyers (Belgique):―le second de Mr. Rem-Picci (Italie). L'on accorde de publier le premier dans les Comptes-Rendus du Congrès (Voir appendice n.o 1) et de mentionner le deuxième dans la liste de trauvaux présentés au Congrès.

Aucune autre personne ne désirant faire usage de la parole, la discussion du thème premier est terminée.

La Présidence est occupée par le Dr. Muthesius; Secrétaire d'honneur, M. Weber, tous deux de Vienne.

THEME II

La conservation et restauration des Monuments d'Architecture.

Lecture est donnée aux conclusions suivantes de Mr. Cloquet (Belgique), concernant ce thème.

1e Il faut distinguer deux espèces de monuments: les monuments morts (appartenant à une civilisation ou servant à des usages qui ne sont plus et ne seront plus), et les monuments vivants (continuant à servir à l'objet pour lesquels ils ont été construits).

2o Les monuments morts doivent seulement être conservés en consolidant les parties indispensables pour éviter qu'ils ne tombent en ruines; car l'importance d'un monument réside dans la valeur historique et technique, valeur qui disparaît avec le monument.

3e Les monuments vivants, eux, doivent se restaurer, pour qu'ils puissent continuer à servir, car en Architecture, l'utilité est une des bases de la beauté.

4 Cette restauration doit se faire dans le style primitif du monument, afin qu'il conserve son unité; l'unité de style étant aussi une des bases de la beauté en architecture; et les formes géométriques primitives sont parfaitement reproduisables.

5e On doit éviter l'influence du goût personnel du restaurateur. 6e On doit respecter les parties exécutées en un style différent de celui de l'ensemble, si ce style a du mérite en lui-même et s'il ne détruit pas barbarement l'équilibre esthétique du monument.

Mr. Cabello y Lapiedra Madrid: donne lecture aux conclusions suivantes se réfèrant à ce thème. (Voir appendice n.o 2).

1. On ne chargera de la conservation et de la restauration des monuments, que des Architectes diplômés, constitués en Corporation officielle de l'Etat dans ce seul but.

On ne pourra en faire partie qu'après avoir satisfait un examen et un concours, tout en respectant les droits acquis en vertu des législations en vigueur dans les différents pays.

2. On créera une «Ligue Internationale de Défense» pour les monuments historiques et artistiques, ligue formée par tous les amis de l'Art et toutes les personnes qui, par leurs travaux, études et investigations, auront dénoté leur compétence et prouvé leur intérêt pour les monuments.

Cette Ligue Internationale» aurait des aides précieux dans les Sociétés locales formées de ces Amis des monuments qui veilleraient à la rigoureuse et exacte conservation des édifices d'Arts, de commun accord avec les Commissions officielles remaniées et fonctionnant avec l'autonomie et la cohésion dont elles ne jouissent pas actuellement et qui leur sont si nécessaire.

3. Par un accord général du Congrès, on essayera d'obtenir des divers gouvernements la protection nécessaire aux monuments, moyenant une Loi publique en réglementant la conservation. Et aussi, en faisant un inventaire complet, les cataloguant aussi scrupuleusement que posible; dans chaque nation on s'efforcera d'obtenir l'appui moral et matériel des Pouvoirs publics, appui que réclame une branche si importante de l'Education des Peuples.

4. On propagera l'esprit d'amour aux monuments au moyen d'excursions (organisées d'acord avec les Sociétés déjà constituées et d'autres, remaniées, qui feront ainsi œuvre méritoire), de conférences publiques, d'expositions, et de toutes les autres façons propes à la vulgarisation de ce sentiment. On pourra, dans chaque monument, établir un tronc afin que, grâce à l'offrande de chacun, ces témoins de l'Histoire, ces manifestations du Beau, puissent rester indemnes de la profanation des années et des siècles.

Discussion.

Mr. Cannizzaro exprime l'interêt qu'éveille en Italie tout ce qui concerne la conservation des monuments, se montrant d'accord sur quelques points avec les conclusions de Mr. Cloquet.

Il fait allusion au travail de M. Cabello y Lapiedra, qu'il félicite pour son labeur, désignant les conclusions du suscité avec lesquelles il est d'accord et offre de présenter au bureau, lorsque la conclusion du thème sera terminée, les conclusions qui, d'après lui, doivent se formuler.

M. Cuypers intervient pour éclaicir le second point des conclusions de M. Cloquet.

Mr. Totten (Etats Unis): Je partage absolument les vues de Mon

sieur Cabello qui pense qu'il devrait y avoir un Comité International chargé de la conservation et de la Restauration des monuments.

Pour tous ceux qui ont le véritable culte de l'Art quelles que soient leur nationalité et l'Epoque auxquelles ils appartiennent, ils ne se renfcrment pas dans les frontières étroites de leur propre pays, car l'Art n'a pas de Patrie.

C'est chose commune de voir que nos plus grands archéologistes ont fait leurs magnifiques découvertes dans les pays éloignés, pays de civilisation étrangère, et souvent disparue. Il est inutile de citer les noms si connus des Latruilles (ce distingué français, dont la science fait autorité sur la Rome de la Renaissance) des Peurose, Stuart, Revette, Grüner et de tant d'autres noms célèbres dont s'enorgueillit à juste titre l'art de l'Architecture.

Ce Comité International devrait être choisi parmi de tels hommes; et le Comité de chaque nation devrait être composé d'hommes qui ont consacré leur vie à l'étude de l'art de leur propre contrée.

Même nous, Américains, quoique bien jeunes encore, nous sentons le besoin d'un semblable Comité. N'avons nous pas nous aussi, notre «Art Colonial, qui date des premiers temps de la colonisation? Art que nous avons emprunté à nos divers pays d'origine, tels que la Hollan de, la France et l'Angleterre; art que nos ancêtres ont apporté avec

eux.

Puissent ces quelques idées être utiles à la cause de l'Art de l'Architecture qui me comptera toujours parmi ses amis les plus fervents et les plus dévoués.

Mr. Poupinel (France): Je remarque dans les conclusions de ce thème trois divisions: celles d'ordre académique (théorique et scientifique), celles d'ordre corporatif (Sociétés d'Amis des Monuments, d'Archéoloques, d'Artistes); celles d'ordre gouvernemental (choix des Architectes, Commissions officielles, Service et Subsides pour l'entretien ou la restauration).

Le groupement des Sociétés savantes et d'Archéologues, celles des Amis des Monuments, sont à désirer dans tous les pays; elles constituent une Ligue nationale; la réunion de ces Ligues fera la Ligue Internationale.

Je ne veux pas rentrer dans la discussion académique, mais je peux toute fois dire, en tant que Congressiste, que l'initiative individuelle est éveillée ici, en France, dans tous les départements; que le Gouvernement accorde depuis longtemps des subsides importants tous les ans et choisit avec grand soin ses auxiliaires.

Je fais appel à toutes les bonnes volontés.

Il faut maintenant que les Délégués officiels fassent connaître les ar

guments, les solutions jugées les meilleures et usent de leur influence pour que dans chaque pays on fasse encore un effort vers le mieux.

Lorsque tous, nous serons arrivés à faire bien, alors nous serons près d'avoir fait la même chose et d'avoir établi à peu près l'accord international: ceci, chaque Congressiste peut le faire dans sa sphère. J'appuie cordialement les conclusions de Mr. Cabello y Lapiedra Mr. Nizet (France): Je remercie le bureau de bien vouloir accorder un instant la parole au délégué de la Soc. Cenle des Architectes français, à propos du vote de la motion Poupinel sur la Restauration des monuments historiques.

J'ai voté ce vœu et il ne s'agit pas de revenir sur la solution acquise, mais je demande que dans quelques cas particuliers, les mesures adoptées ne soient pas rigoureusement appliquées.

En effet, les architectes chargés de la restauration et de la conservation des monuments historiques doivent quelquefois avoir un peu de liberté, sous la surveillance, bien entendu, des Commissions de contrôle; je citerai les cas suivants:

1o Pour les monuments encore utilisés tels que: Hopitaux, Palais de justice, Cathédrales, Eglises, etc., il faut ne pas empêcher par une réglementation excessive l'usage de ces constructions et leur adaptation aux besoins actuels.

2o L'emploi obligatoire de matériaux identiques aux primitifs est parfois impossible, si on ne peut pas s'en procurer, ou si cela ne se peut qu'avec de trop grandes dépenses.-Il est même des cas où la Commission française des monuments historiques a imposé l'emploi de matériaux différents de ceux ayant servi à l'édification primitive et ce, pour que nos descendants ne puissent pas, dans les siècles futurs, confondre ce qui est réellement ancien avec les parties refaites.—Çe scrupule a quelquefois été poussé très loin, et je puis citer une tour de défense de l'enceinte de Philippe Auguste à Paris, dont toutes les pierres manquantes ont été remplacées par de la Brique.

En finissant permettez-moi de rappeler que lors de la restauration de la Porte d'Auguste à Nîmes, Mr. Quessel a recherché et rouvert les Carrières antiques et employé pour obtenir du joint sans mortier, les procedés Romains, avec une telle perfection, qu'il est déjà aujourd'hui impossible de distinguer ce qui remonte à l'origine, de ce qui est de la restauration.

Conclusion: ayons des architectes compétants et consciencieux et ne leur retirons pas toute liberté d'action.

Mr. Adàes Bermudes, délégué de la Société des Architectes Portugais:

Entre les deux conclusions qui sont en discussion, celle de

Mr. Cabello y Lapiedra et celle de Mr. Cloquet, je vote de preférence la première, qui est plus complète et plus pratique et correspond mieux aux intérêts et aux besoins de mon pays.

Je serais heureux de voir adopter par le Congrès des décisions qui donneraient les p us utiles résultats dans les pays, où, comme en Portugal, la question de la conservation des monuments artistiques, laisse encore beauconp à désirer.

Mr. Cannizzaro vient de déposer au Bureau l'abondante collection de lois de l'Italie sur pareil sujet, ainsi que la liste complète des monuments de son pays.

Mr. Poupinel a rappelé qu'en France les réglements spéciaux sont dejà très satisfaisants.

Malheuresement j'ai le regret de vous avouer que chez nous il n'en est pas encore ainsi, qu'il n'y a pas de réglementation sérieuse et que tout se résume dans l'existence d'un Comité conservateur des Monuments, composé de deux architectes et de deux douzaines de journalistes, de licenciés en droit, de phylologues, etc.

La conclusion de Mr. Cabello y Lapiedra, qui remet la conservation des monuments aux mains des architectes qui offriraient des garanties solides de leurs connaissances archéologiques et artistiques, me plait infiniment et je l'adopte de tout mon coeur.

Je prie donc cet illustre Congrès de vouloir bien l'adopter, sûr qu'il rendra un relevant service à l'art et au Portugal, parce que, fort de sa haute approbation, les réclamations que nous aurons à faire dans nôtre pays seraient autreinent écoutées et auraient plus de chances d'aboutir à des résultats utiles.

Ramalho Ortigao (Portugal) ayant cru entendre que son illustre compatriote Mr. A. Bermudes regardait la Commision des monuments nationaux en Portugal comme un corps composé de deux architectes et de plusieurs journalistes, se permet de faire cette petite rectification: Qu'il n'y a pas de journalistes dans la commission des monuments nationaux en Portugal. S'il y a des reproches à faire á cette commision, ils ne doivent pas atteindre Messieurs les journalistes, qui n'y sont pour rien. La protection des monuments en Portugal est confiée à une commission mixte, á peu près comme en Espagne où les services analogues sont adjujés á l'Académie Royale de l'Histoire.

Mr. Adáes Bermudes: Rectification. En réponse à Mr. Ramalho Ortigáo, je tiens à déclarer que je n'ai point adressé des reproches au Comité Conservateur des Monuments Portugais, car ce n'en serait pas la place ici; je me suis borné à signaler au Congrès l'or

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