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MONTVAL, au Comte.

J'en réponds: vous serez doublement mon beau-frère.

LE MARQUIS.

J'y consens volontiers. Allons, tout de ce pas,
Pour cimenter la paix, dresser les deux contrats.

(à la Marquise.)

Sommes-nous bons amis?

LA MARQUISE.

Si vous devenez sage.

LE MARQUIS.

On le devient trop tôt, quand on est à mon âge. (au Comte.)

J'étois votre rival, vous en êtes vengé,

Et, grace à vos bons tours, me voilà corrigé.
J'excuse de bon cœur toutes vos fourberies.

LE COMTE.

Et moi, je suis honteux de tant de menteries.
J'ai lieu de m'applaudir de leurs heureux effets:
Votre réunion va combler mes souhaits;

Mais un bien n'est pas pur, quand sa cause est blâmable;
Et je sens qu'un m'enteur est toujours méprisable.

FIN DE L'ARCHI-MENTEUR.

DISCOURS ACADÉMIQUES.

DISCOURS

Prononcé le 25 août 1723, par M. NÉRICAULT DESTOUCHES, lorsqu'il fut reçu à la place de M. CAMPISTRON.

MESSIEURS,

JE me trouve aujourd'hui dans la situation à laquelle tous les hommes aspirent, et ne parviennent presque jamais; je suis au comble de mes vœux ; car (il faut vous l'avouer hardiment) l'honneur d'occuper une place dans cette illustre académie, a toujours été le plus vif objet de mon ambition. Je vous dirai plus, Messieurs, je n'ai jamais désespéré de la voir satisfaire. Quelle témérité ! N'en serez-vous point offensés ? Que j'aurois lieu de le craindre, si vos suffrages ne me rassuroient pas ! Je les ai demandés avec ardeur : vous vous êtes rendus à mon empressement; ainsi vous me justifiez vous-mêmes auprès de vous: c'est à moi de vous justifier auprès du public.

Que ne ferai-je point pour y réussir, et de quelles espérances ne puis-je point me flatter, assuré désormais de votre secours, guidé par votre exemple et

par vos lumières, et plus que jamais animé par l'émulation!

Possesseurs de tous les talens divers, qui mettent l'esprit et l'érudition dans leur plus beau jour, vous pouvez les communiquer à vos élèves qui ne les possèdent pas encore, ou les perfectionner dans ceux qui les possèdent.

Quel bonheur n'est-ce donc point pour moi d'entrer aujourd'hui dans une compagnie si célèbre, qu'elle couvre de ses lauriers immortels tous les sujets associés à ses travaux ?

Vous voyez, Messieurs, que je sens tout le prix de la grace que vous me faites; il s'agit de vous en témoigner ma reconnoissance, soyez sûrs qu'elle éclatera toute ma vie. Et de quelle manière ? en aspirant toute ma vie à me rendre digne de cette grace. Je ne vous promets pas des succès heureux, mais je vous promets des efforts continuels.

J'apporte ici une parfaite vénération pour vous, un desir ardent de profiter de vos lumières, la noble am bition de contribuer à votre gloire; c'est tout ce que je puis vous offrir pour vous dédommager de la perte de mon prédécesseur.

Si vous me comparez avec lui, vos regrets vont se renouveler: cependant vous attendez de moi son éloge; et plus cet éloge sera digne de lui, plus je travaillerai contre moi-même.

Cette réflexion devroit m'alarmer, mais elle ne m'empêchera point de rendre à M. Campistron toute la justice que je lui dois.

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