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L y a en François cinq fortes de verbes, 1.

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tres. 4. Des reciproques, que d'autres appellent neutres paffifs. 5. Des imperfonnels.

Un verbe actif est un verbe qui non feulement marque une action, mais encore qui regit un accufatif exprimé ou fous-entendu. Ainfi pour fçavoir fi un verbe eft actif on non, il n'y a qu'à voir s'il peut, ou ne peut pas regir ces mots quelque perfonne, quelque chofe. S'il le peut, il eft actif, finon, il ne l'eft pas. Par exemple, le verbe fervir eft actif en François, parce qu'on dit, fervir quelqu'un, au lieu que fervire est neutre en Latin, parce qu'on ne dit pas fervire aliquem, fervire aliquid, mais fervire alicui.

Un verbe paffif en François, eft un verbe formé du verbe je fuis, & du participe paffif d'un verbe actif, par exemple, je fuis fervi.

Un verbe neutre eft un verbe qui marque quelque qualité, quelque fituation, quelque état, ou même quelque action, mais qui ne regit point l'accufatif, comme fait le verbe actif: par exemplc, pâlir, exceller, fouper, diner, parler, marcher.

Il y a des verbes neutres qu'on conjugue avec le verbe être, & d'autres qu'on conjugue avec le verbe avoir. Quelques-uns appellent ceux-ci neutres actifs, & ceux-là neutres paflifs; dénomination que d'autres donnent aux verbes reciProques. Par exemple, je regne, j'ai regné, je tombe, je fuis tombé, & non pas j'ai tombé.

le

Un verbe reciproque, ou neutre paffif, comme le nomment quelques autres, est un verbe qui ne regit que le même pronom qui lui fert de nominatif: par exemple, je me souviens, u te fouviens, &c. je me repens, &c. font des verbes reciproques, parce qu'on ne dit pas fonvenir quelque chofe, &c. au lieu que je m'aime, n'eft qu'un verbe actif, quoiqu'il ait la forme d'un reciproque, parce qu'il regit autre chose que pronom me, te, fe, &c. & qu'on dit : jaime Dieu &c. De même, il y a beaucoup de verbes neutres aufquels l'ufage ajoûte les pronoms perfonnels me, te, fe, &c. mais nous ne les comptons point au nombre des verbes reciproques, parce qu'ils n'ajoûtent rien, ou prefque rien, au fens du verbe neutre. Par exem ple, je me meurs, ou je meurs je m'en vais, ou je vais, qui fignifient la même chofe pour le fond, quoiqu'en certaines occafions il ait Y quelque legere difference.

Un verbe imperfonnel eft un verbe qui fe joint uniquement avec le pronom il de la troifiéme perfonne du fingulier, & non avec les autres: par exemple, il faut, il y a, &c. On remarquera, 1. qu'un verbe être tout peut à la fois de plufieurs efpeces: par exemple, neutre & impersonnel, &c. j'arrive ; il arrive fou vent que, &c. 2. Les verbes actifs peuvent être regardés comme neutres, lorfqu'ils n'ont point de regime, & qu'ils forment un fens complet. Par exemple, je commande, dans cette phrase: je commande, & on n'obéit pas.

Enfin les verbes fe divifent par rapport à differentes circonftances. Car 1. ils font perfonnels, c'est-à-dire, qu'ils ont trois personnes en chaque nombre, ou imperfonnels, c'eft-à-dire,

qu'ils n'ont que la troifiéme perfonne du fingu

lier.

2. Ils font reguliers, & fuivent les regles des conjugaifons; ou anomaux, comme les appellent les Grecs, c'eft-à-dire, irreguliers, parce qu'ils ne fuivent pas ces regles.

;

3. Ils font parfaits, c'eft-à-dire, qu'il ne leur manque aucun de leurs modes & de leur tems ou défectueux, c'eft-à-dire, imparfaits, parce qu'il leur manque quelque chofe.

Les verbes perfonnels, reguliers & parfaits fe conjuguent fur differentes conjugaifons.

Le mot de conjugaifon fignifie affemblage, & conjuguer n'eft autre chofe qu'affembler ou joindre ensemble en un certain ordre tous les mots d'une même forte de verbes.

Pour apprendre plus aifément ces conjugaifons, il faut fçavoir qu'il y a quatre differens modes, comme on les nomme en Latin, c'està-dire, quatre differentes manieres d'exprimer ce qui eft fignifié par le verbe qu'on conjugue; fçavoir, l'indicatif, l'imperatif, le fubjonctif & l'infinitif, aufquels on peut joindre le participe, duquel nous parlerons dans la fuite.

L'indicatif eft ainfi nommé, parce qu'il indique, c'eft-à-dire, qu'il fait connoître fimplement ce qui eft fignifié par le verbe.

L'imperatif, parce qu'il marque le commandement de ce qui eft fignifié par le verbe.

Le fubjonctif; parce qu'il fe met après un autre verbe exprimé ou fous-entendu,

L'infinitif, ou le mode infini; parce que fa fignification eft indéfinie & indéterminée. C'eft pourquoi il n'a ni nombre, ni perfonne,

Dans chaque mode il y a plufieurs tems. Les trois principaux font, le prefent, le preterit

ou le paffé, & le futur.

Le prefent marque que la chose ou l'action est ou fe fait dans le moment même qu'on parle. Le futur ou avenir, marque que la chose qui n'eft pas encore, fera, & qu'elle doit arriver.

Le preterit ou le paffé, marque qu'elle eft achevée & accomplie. On l'appelle auffi preterit parfait, ou parfait fimplement, pour le diftinguer du preterit imparfait.

Le preterit fe divife en trois, car une chose peut être confiderée, 1. comme paffée absolument & fimplement, & c'est ce que marque le parfait ; 2. ou comme prefente à l'égard d'une chofe paffée, c'est ce que marque le preterit imparfait, c'est-à-dire, qui n'eft pas parfaitement paffé. Car en effet, quoique la chose qu'il fignifie soit paffée par rapport au moment où on parle, elle eft prefente par rapport à une autre chofe dont on parle, comme je lifois, c'est-à-dire, lorfque telle chofe que je confidere comme passée, arriva, je faifois actuellement celle-ci ; 3. ou enfin comme déja paffée, par rapport à chofe qui eft auffi paffée; comme j'avois aimé, c'est-à-dire, lorfque telle chofe, que je confide re comme paffée, arriva, celle-ci étoit déja faite auparavant; c'est ce qu'on appelle plufque-parfait, comme qui diroit plufque-paffé, parce qu'il marque une chofe paffée non-feulement en ellemême, mais encore par rapport à une autre chofe qui eft auffi paffée.

unc autre

Le futur pourroit être auffi de trois fortes; car 1. une chofe peut être future en elle-même : 2. par rapport à une chose prefente; comme, lorsque j'étudirai, tu étudieras: 3. par rapport à une chofe paffée; c'est ce que marque le futur du fubjonctif en Latin, & le futur compofé de l'in

dicatif François, comme legero, j'aurai lû, c'està-dire, lorfque telle chofe, que je confidere comme future, arrivera, celle-ci fera déja arrivée auparavant.

Les tems fe divifent encore en tems fimples, qui s'expriment par un feul mot; comme j'aime ; & en tems compofés, qui s'expriment par le participe & le verbe être ou avoir, comme j'ai aimé, je fuis venu.

Il y a dans chaque tems deux nombres, le fingulier & le pluriel, comme dans les noms.

Dans chaque nombre il y a trois perfonnes :la premiere, tant du fingulier, que du pluriel, eft celle qui parle : la feconde, celle à qui on parle : la troifiéme, celle de qui on parle. A l'imperatif il n'y a point de premiere perfonne du fingulier.

Il y a un gerondif en François qui ne differe du participe prefent qu'en ce qu'on peut toujours, ou prefque toûjours mettre auparavant la prépofition en, & qu'elle ne fe met jamais avant un veritable participe.

On compte communément huit tems à l'indicatif François; cinq dont on a parlé plus haut, qui font les mêmes, & qui ont le même nom qu'a l'indicatif Latin, & de plus:

1. Le preterit indéfini fimple, dont on fe fert pour marquer indéfiniment le paffé, & dont on ne doit jamais fe fervir lorfqu'on parle d'un tems dans lequel on eft encore renfermé: ainfi on ne dit pas: Je fis cela ce jour, cette femaine, ce mois, cette année: notre fiecle fut remarquable, &c. mais on doit dire, j'ai fait cela ce jour, cette semaine, &c. notre fiecle a été remarquable, &c.

2. Le preterit indéfini compofé, qui s'exprime quelquefois en Latin par le preterit parfait de

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