comme le, je, me, te, fe, ne, que : j'aime, il m'aime, &c. L'article & le pronom feminin la, & fi avant il, la prennent auffi, & même grande avant certains mots, par exemple, l'ame, il l'aime, s'il vient, grand' mere, grand'chere. Les deux points fur une voïelle, fervent à la feparer de celle qui précede, comme, heroïque, Moife. Ce tiret fert à joindre deux mots : demiheure, moi-même. Il fert auffi à couper un mot en deux ambi-tion. : Voilà à peu près les remarques que nous avons jugé devoir faire fur les differens mots du difcours françois, & particulierement fur la prononciation & l'ortographe. Ce qui en fera échappé à nottre attention & à notre connoiffance, fera facilement fuppleé par l'ufage, auquel nous renvoïons; la Grammaire ne pouvant faire autre chofe, que de marquer en general ou les regles, ou les exceptions, fans defcendre dans un dé tail qui deviendroit infini. Au refte, il se pourra faire que ce travail pa roiffe affez inutile à quelques perfonnes qui aïant acquis fans aucune étude la facilité de parler, de prononcer, & d'écrire le François d'une maniere jufte & reguliere, s'étonneront qu'on donne des préceptes d'une chofe pour laquelle il ne leur en a point fallu, & qui ne leur a rien coûté. Mais qu'ils faffent reflexion, s'il leur plaît, que nos Regles & nos Remarques ne font pas faites pour eux, mais pour ceux qui n'ont point encore une connoiffance fuffifante de l'ufage, pour les gens de Province, & même pour beaucoup d'autres perfonnes qui par une mauvaise habitude, font tous les jours des fautes groffieres contre la Langue dans les endroits où on la parle le micux. IV. PART. IV. PARTIE. Abregé de la Verfification Françoife. IL y a trois chofes à confiderer dans la Verfi 1. Les differentes efpeces de vers. 2. Les regles de la verfification. 3. Les differentes manieres de joindre ou de combiner les vers les uns avec les autres. OUTE la difference qui eft entre les vers françois, vient, 1. du nombre des fyllabes dont ils font compofés, & non de leur quantité, c'est-à-dire, de leur longueur ou de leur brieveté, comme en Latin; 2. De la rime. ARTI CLF I. Des differentes especes de Vers confiderés felon le nombre de leurs fyllabes. On difpute fur le nombre des fyllabes qui doivent entrer dans les vers françois. Les uns veulent qu'ils ne foient compofés que de 6, 7, 8, 10, ou 12. fyllabes, & n'admettent ainfi que cinq fortes de vers, prétendant que ceux de 11. 9, 5. fyllabes, &c. ne peuvent avoir de vers que la rime. Les autres en admettent de douze fortes, dcpuis une fyllabe jufqu'à douze. M Nous fuivons le fentiment de ces derniers, excepté que nous n'admettons point de vers d'une ou de deux fyllabes, parce qu'ils nous paroiffent n'avoir point du tout de cadence, & être plûtôt des mots mis pour timer avec d'autres vers, que de veritables vers. Pour les dix autres efpeces de vers, depuis trois fyllabes jufqu'à douze, nous les admettons, mais pourtant avec quelque diftinction. Ceux de 6, 7, 8, 10, 12, & même de 5. fyllabes nous paroiffent être fort beaux, & avoir une fort belle cadence ceux de 3, 4, 9, 11. font moins beaux, mais ont cependant leur agrément quand on les emploïe à propos, Voici des exemples de toutes ces fortes de vers, & même des mots d'une & de deux fylla bes qui en tiennent quelquefois la place. I. Efope étoit d'une étrange ftructure, Mais D'un cœur qui t'aime, Mon Dieu, qui peut troubler la paix ? Il cherche en tout ta volonté fuprême, Et ne fe cherche jamais. Sur la terre, dans le ciel même, Eft-il d'autre bonheur que la tranquile paix D'un cœur qui t'aime › De fa puiffance immortéle de Dien La nuit l'annonce à la nuit, N'eft point pour l'homme un langage Son admirable structure Eft la voix de la nature Qui fe fait entendre aux yeux. VIII. Au fortir de ta main puiffante, Grand Dieu, que l'homme étoit heureux, La verité toûjours prefente IX. De ces lieux l'éclat & les attraits, Ces eaux bondiffantes, Ces ombrages frais, Sont des dons de fes mains bienfaisantes, Ce monde-ci n'eft qu'une œuvre comique Quel bonheur pour moi fi je puis avoir lieu |