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S'adresser pour ce qui concerne la rédaction à MM. O. de Gourcuf
et D. Caillé, et pour l'administration à M. O. de Gourcuff, 82, rue
de Monceau, à Paris.

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qui avait pour principal domaine le château des Rochers, près Vitré, et qui mourut (tué en duel) en 1651, l'illustre, marquise de Sévigné visita la Bretagne et cette terre des Rochers dès la première année de son mariage; elle y revint en 1646; deux ans plus tard, en 1648, elle y mit au monde son fils Charles de Sévigné, et depuis lors jusqu'en 1670 elle fit dans notre pays d'assez fréquents voyages, notamment en 1654, 1661, 1666-67. Mais, dans sa correspondance, nous n'avons de détails circonstanciés que sur ses séjours en Bretagne aux années 1671, 1675-76, 1680, 1684-85 et 1689-90.

C'est dans cette correspondance si spirituelle, si pittoresque, si ravissante, que nous voulons chercher l'histoire de ses relations avec la ville de Rennes ; c'est de là que nous allons tirer et mettre

'Conférence faite à Rennes, à l'Association artistique et littéraire de Bretagne, le 20 mai 1892.

en lumière nombre de curieux détails, de fidèles et instructifs renseignements sur les mœurs, la physionomie, l'esprit de la cité rennaise et de la société qui l'habitait dans la seconde moitié du grand siècle.

Les voyages et séjours de M. de Sévigné à Rennes, dont on trouve trace dans sa correspondance, sont au nombre de cinq et se rapportent aux années 1680, 1685 et 1689.

Le premier fut une simple traversée très brève et très rapide; la marquise était partie de Paris pour la Bretagne le 7 mai 1680; comme elle voulait d'abord passer par Nantes, afin de visiter la terre du Buron, voisine de cette ville, elle alla en carrosse à Orléans et de la descendit la Loire en bateau. Ses affaires faites à Nantes, elle se dirigea vers les Rochers, comptant se rendre à Vitré au plus court, c'est-à-dire par Châteaubriant; mais l'état des chemins l'en empêcha et l'obligea de tourner par Rennes. Voici ce qu'elle en dit : « Nous avons trouvé les chemins de Nantes à Rennes fort raccommodés, mais les pluies ont fait comme si deux hivers étoient venus l'un sur l'autre. Nous avons toujours été dans les bourbiers et les abîmes d'eau ; nous n'avions osé traverser par Châteaubriant, parce qu'on n'en sort point.

« Nous arrivâmes à Rennes la veille de l'Ascension (29 mai). La bonne Marbeuf voulait m'avaler, et me loger et me retenir; je ne voulus ni souper ni coucher chez elle. Le lendemain, elle me donna un grand déjeuner-diner, où le gouverneur et tout ce qui était dans cette ville, qui est quasi déserte, me vint voir. Nous partimes à dix heures, et tout le monde me disant que j'avois trop de temps, que les chemins étoient comme dans cette chambre, car c'est toujours la comparaison.

«Ils étoient si bien comme dans cette chambre que nous n'arrivâmes ici qu'après minuit, toujours dans l'eau, et de Vitré ici, où j'ai été mille fois, nous ne les reconnaissions pas. Tous les pavés sont devenus impraticables: les bourbiers sont enfoncés, les hauts et les bas plus hauts et plus bas qu'ils n'étoient. Enfin, voyant que nous ne voyions plus rien, et qu'il fallait tâter le chemin, nous envoyons demander du secours à Pilois (le jardinier des Rochers). Il vient avec une douzaine de gars; les uns nous tenoient,

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