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CONFÉRENCES DE M. L'ABBÉ DE RAVIGNAN l'insistance de son langage, nous ne ces

A NOTRE-DAME.

Dimanche 2 avril.

Grâce réparatrice.

serons de redire aux générations abusées : Croyez. Et si elles ne croient pas, nous irons nous plaindre à Dieu dans la prière.

Dieu a révélé et l'Eglise enseigne Trois grands faits dominent tout le cet ordre divin de la grâce réparatrice christianisme non moins que l'histoire en- que nous allons exposer. tière de l'humanité : ce sont la destina- Première partie. L'homme étoit tion primitive surnaturelle, la chute ori- déchu; et Dieu est libre, souveraineginelle et transmise, la grâce réparatrice.ment libre. Dieu pouvoit laisser l'homL'homme fut élevé, dans sa création mne privé à jamais de tous les dons même, à une dignité au-dessus de sa na - de l'état surnaturel. Qui donc l'eût obligé ture. Il fut destiné à la fin surnaturelle, à rendre à l'homme ce qui avoit été graunion intime avec Dieu tel qu'il est en tuitement donné? lui-même; et l'homme fut placé en conséquence dans un état de grandeur et de force proportionnées.

Mais il conçut et enfanta bientôt l'orgueil de la nature, ennemi destructeur des dons de la grâce; voulant s'éle-» ver, il se précipita dans un profond abîme, qui désormais dut servir à tout homme de tombe, même à son berceau.

Nous mourons tous en naissant à la vie; nous mourons de cette mort mystérieuse de l'ame, qui est la privation de la grace et de la vie surnaturelle, et qui constitue l'état de péché originel et

transmis.

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Mais la rédemption apparoît aussitôt, dogme réparateur dont l'enseignement est contemporain de la déchéance même originelle, et qui nous montre l'homme laborieusement restitué à la destination, à la dignité, à la grâce et à la vie surnaturelle, par le sang de Jésus-Christ.

Un froid naturalisme n'admet ni la destination, ni la chute; il voue son culte et son encens à la nature seule, à l'humanité pauvre, dégradée, infirme et chancelante, qu'on sépare ainsi violemment de toute alliance et de tout appui divins.

Cependant & Dieu qui est riche en >> miséricorde, dit saint Paul, daigna, à » cause de la trop grande charité avec » laquelle il nous àima, nous régénérer » et nous vivifier en Jésus-Christ, par la grâce duquel nous sommes sauvés, quand » nous étions morts par nos péchés. »

L'homme déchu n'en restoit pas moins soumis aux exigences et à la force primitives de sa fin surnaturelle. L'ame humaine, par la chute, est repoussée de la destination finale surnaturelle, et cependant poussée encore, pour ainsi dire, et reportée vers elle par la force de l'institution première du créateur. De là, en grande partie, si nous savions bien le comprendre, la contradiction et le combat violent qui sont en nous par l'effet de la déchéance subie. Nous voulons et nous ne voulons pas; nous cherchons et nous repoussons. Vous brûlez d'une soif ardente, et ne pouvez vous désaltérer votre soif est la soif de votre destination même.

Il n'y a done point dans l'état déchu, restant tel, il n'y a pas de pont jeté sur ces abîmes infranchissables à toute la nature; point de canal joignant à la source pour y puiser les eaux vives qui Quoiqu'environnés de cette sombre | jaillissent jusqu'à l'éternelle vie. L'Ami de la Religion. Tome CXVII.

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Descendez donc comme une rosée du | gradation la plus honteuse, ni l'arracher

cicl, ô Verbe divin! Terre, enfantez votre Sauveur comme un germe puissant de vie!

L'homme-Dieu est formé!.... Ses os seront comptés; sa chair déchirée; tout entier il sera broyé (c'est l'expression des prophètes) comme l'or que l'on bat et qu'on façonne.

En Jésus-Christ, par lui, avec lui, une réparation merveilleuse s'est opérée pour nous dans son sang et sur la croix. Il est le chef; nous sommes les membres. De son cœur, comme d'une source ouverte et intarissable, découle, par la vertu de ses souffrances, dans tous les cœurs, dans toutes les ames, le principe substantiel de vie surnaturelle; la grâce sanctifiante.

La chute est réparée, effacée, le péché remis; mais bien plus et bien mieux que Luther ne le pensa dans son délire. Il y a, pour l'ame ainsi régénérée, une effusion merveilleuse et inhérente de la grâce. Dieu vit en l'ame; lui communique une part de sa vie; l'élève, la pénètre, l'habite, la transforme tout entière, lui redonne la dignité de l'Etre surnaturel et la proportion primitive. L'homme est de nouveau rendu apte à la vision des cieux; la dignité de son être, les qualités de son ame sont en harmónie avec cette fin sublime, avec l'intuition même de l'essence divine.

Mystère ineffable, j'en conviens. Dieu est donc répandu dans une ame, comme le sang, principe de vie, l'est dans un corps. L'ame vit, soupire, souffre, prie, croit, espère, aime en Dieu même.

Telle est la grâce sanctifiante dans sa vérité, dans sa réalité certaine et révélée.

Le naturalisme la nie; il s'isole et vit au désert. Enfermé dans sa raison, sans croire aux révélations divines, il récuse l'existence des cieux nouveaux et de la terre nouvelle.

Il prétend anéantir tout un monde, le monde régénéré. Il veut refouler le monde entier vers cette religion naturelle qui n'avoit pu le sauver de la dé

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aux plus cruelles ignominies. Il voit avec je ne sais quelle joie féroce des générations prêtes à retomber dans le fatal abrutissement auquel le christianisme les avoit enlevées. Ennemis et flatteurs acharnés de l'humanité, ces esprits téméraires ne craignent pas d'amonceler sur elle, non plus les eaux du déluge qui l'inonda, mais ces flammes qui dévoreront la terre quand la foi aura disparu.

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Dans ces honteux efforts du naturalisme, il y a, messieurs, un crime immense que la langue française n'a pas encore nominé. C'est plus que l'homicide, plus que le parricide. Il n'y a de salut qu'en Jésus-Christ, en son nom et par sa grâce, Nec enim est aliud nomen sub cœlo datum hominibus, in quo oporleat nos salvos fieri. Bon gré, mal gré, en le rejetant, vous appelez la ruine: Ecce positus est in ruinam.

Quand Samson, saisissant les colonnes de l'édifice qui le couvroit, les renversoit, sûr de périr dans leurs débris avec un grand nombre, c'étoient du moins les ennemis de sa patrie qu'il accabloit. Il vengeoit, il sauvoit Israël. Mais vous, quand, par une inspiration qui n'est plus, certes, ni divine ni humaine, vous rejetez la pierre angulaire, quand vous sapez les bases, que vous ébranlez toutes les colonnes de l'édifice bâti par la foi de Jésus-Christ, ce sont des frères, des amis, c'est la patrie que vous entraînéz avec vous sous d'affreuses ruines. C'est le monde, le monde entier que vous précipitez de nouveau dans l'abîme de la corruption de l'esprit et de la corruption du cœur. Dans votre funeste délire, vous voulez l'homme sans Jésus-Christ. C'est l'homme dégradé, abruti, l'homme idolâtre, souillé et sanguinaire. Osez donc saluer encore l'avenir et chanter le progrès!

L'homme régénéré en Jésus-Christ, c'est donc, messieurs, d'abord l'homme rendu par la grâce sanctifiante ou habituelle à sa fin surnaturelle et à une dignité conforme et proportionnée.

C'est encore l'homme doué, avec la

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Dicu veut la fin il l'a rendue et reconquise pour tous; il veut, it dispose pour tous les moyens nécessaires et proportionnés, c'est-à-dire la grâce: fleuve sans interruption qui découle du haut des cieux, înónde la terre de nos cœurs pour les féconder et leur donner les fruits de vie et de salut.

grace, de la force nécessaire et proportionnée pour agir. Deuxième partie. - Outre cet état de grâce et de dignité intérieure qui correspond à la justice originelle qui est le premier fruit de la réparation divine, on conçoit que, pour nos actions mêmes, pour la force et pour la valeur proportionnée des actes et des œuvres de l'homme, il faut encore un concours actif et surnaturel de Dieu; il faut une grâce actuelle toutes les fois qu'une action salutaire et méritoire doit être posée en vue de la fin surnaturelle.

Des œuvres actuellement humaines et purement naturelles sont d'un autre ordre, d'un autre état, et complétement inférieures; elles s'arrêtent à la terre, à la nature, ne montent pas jusqu'à Dieu comme auteur de la grâce et de la vision intuitive.

Ce fut cette nécessité absolue de la grâce pour tout bien actuel dans l'ordre du salut, que défendoient les Pères, surtout saint Augustin, que l'Eglise avec eux proclama si énergiquement contre le naturalisme de Pélage et contre toute la philosophie de la nature empruntée ou retenue du paganisme.

L'homme créé, destiné pour Dieu seul; l'homme réparé dans le sang de la rédemption, préfère trop souvent, libre qu'il est, la chute persévérante et la cruelle privation des dons divins; il veut la mort, la mort de l'ame; elle lui sera laissée pour partage.

Et si l'on demande à connoître l'effet dé cette alliance entre la grâce et la liberté, je réponds que la grâce, loin de détruire ou d'entraver la liberté, la guérit, l'élève et la fortifie.

Sans périr dans le combat, le soldat peut en être affoibli; le secours vient, le courage est rendu; une vigueur et une vie nouvelles s'ajoutent à la vie foible et languissante.

Le foyer recèle un feu qui semble éteint, qui ne l'est pas; une flamme active et brillante est à l'instant communiquée par un principe supérieur et inconnu. Le feu s'élève; il échauffe, il éclaire, il consume.

il reste à l'homme, dans l'état même de déchéance et sans la grâce, un pouvoir naturel qui atteint au bien naturel et à Pour qui sut réfléchir sur la notion certaines vertus morales, séparées quel-philosophique et nécessaire de la conserquefois de toute croyance évangélique et vation providentielle et du concours nade toute participation aux dons divins de turel de Dieu, la théorie dogmatique la réparation. Nous n'en disconvenons du concours surnaturel que nous venons pas; le jansénisme seul l'a nié. Mais, d'énoncer n'a rien qui puisse surhélas! ces biens, ces vertus d'une ame prendre. seulement probe et généreuse nous attristent quand nous les rencontrons. Nous ne pouvons leur refuser notre estime et nos larmes: sans la foi et sans la grâce, ce sont des vertus nulles, des œuvres mortes hors de toute proportion avec la fin qui est divine et surnaturelle. Saint Augustin disoit de ces vertus, de ces belles actions dessages: magni passus,sed extra viam; ce sont de grands pas, mais hors de la voie. Quant au bien surnaturel, la nature et la liberté sans la grâce sont radicalement et absolument impuissantes.

Dieu, dans l'ordre naturel, agit en l'homme; et l'homme est libre. Ces deux dogmes philosophiques et naturels sont les deux extrêmes certains et connus de la science; bien que le nœud, le lien qui les unit soit inconnu.

La liberté de l'homme sans l'action de Dieu est une chimère vide de sens.

Il en va pareillement de la foi au concours surnaturel et nécessaire.

La fin est différente; les moyens le sont nécessairement aussi, dans l'un ou l'autre concours naturel ou surnaturel;

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mais la nécessité de l'action divine est l'homme le rachat dont il a tant besoin, et l'établit dans cette participation divine de la grâce qui lui assure l'affranchissement véritable, l'affranchissement des sens et des passions.

égale des deux côtés. Et ce mot du Sau- | yeur: Sans moi vous ne pouvez rien fa:re, dogme révélé, est en même temps de toute évidence logique.

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La nature. Le dogme, il est vrai, nous la présente déchue, infirme, dépouillée, mais en même temps sauvée, réparée, ennoblie jusqu'à la dignité sur naturelle des cieux; et la grâce, offerte à tous les homines, sans supposer, comme le jansénisme et la réforme le prétendirent, la nature détruite ni altérée, la relève, l'épure, la fortifie pour l'unir en Dieu même au centre de toute perfection et de toute félicité.

Enfin la liberté. L'Eglise employa

constamment son autorité à la défendre. Elle la défendit contre Luther, contre Calvin, contre Baïus et contre tous ces détracteurs superbes dont les dures conceptions vouloient enchaîner l'homme dans un fatalisme impitoyable.

Loin de l'Eglise, au contraire, loin de son autorité et de ses enseignemens sublimes et définis, que voyons-nous? La raison éperdue s'égare, la nature dégradée se corrompt, la liberté périt, du moins la liberté du bien et des vertus ; et en même temps tout principe d'ordre s'évanouit.

Fasse le ciel que vous acceptiez à jamais avec l'Eglise l'unique voie qui conduit à la vie, à la possession de ces dons et de la grâce et de gloire que Dieu réserve à ceux qui sauront l'aimer !

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Chose étrangement déplorable! l'Eglise éclaire et guide; elle verse des torrens de lumière parmi les ations: on l'accuse d'aveugler et d'abrutir. Elle sou-à tient, console, encourage l'homme par l'espérance des plus glorieuses destinées: on l'accuse d'abattre et d'avilir. L'Eglise délivre, civilise, élève l'homme on l'accuse d'opprimer et d'asservir.

L'Eglise vient, messieurs, chercher l'homme au sein de ses infirmités qu'il ne ressent que trop; seule elle en explique la cause et le remède; seule elle offre à

M. l'abbé Gaume, vicaire-général de Nevers, vient également d'être admis dans cette société savante.

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On remarque, dans une Instruction publiée à Rome, et émnanée de Sa Sainteté, cet encouragement donné à l'établissement des caisses d'épargne :

« Il ne faut pas voir dans cette/institu

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M. l'abbé Rousseau a été nommé premier vicaire de l'église métropolitaine de Paris, en remplacement de M. Moreau, devenu curé de Saint-Médard. M. Vêtu succède à M. Rousseau comme second vicairé de la métropole.

tion le seul avantage matériel, mais les | du diocèse, mériter de si honorables nombreux avantages qui en reviendront à suffrages. la religion et aux bonnes mœurs. Le jour du Seigneur sera mieux sanctifié, parce qu'on y épargnera l'argent dépensé à jouer et à boire. Les pères et mères donneront de bons exemples à leurs enfans et les élèveront avec plus d'attention. Le vagabondage leur sera défendu, l'honnête artisan ne sera plus obligé de tendre la main dans les temps de besoin. Les délits diminueront, car la misère et la faim conduisent au mal. Dicu, qui est la charité même, bénira donc cette sainte institution; lui qui est la source de tout bien en fera naître un bien nouveau. »>

PARIS. La chambre a fait un acte de justice, que nous devons constater. Les sacrifices généreux du clergé de la Corse ne seront point perdus; les votes persévérans du conseil-général ont reçu la sanction législative; enfin le diocèse d'Ajaccio peut compter sur un Petit séminaire. C'est dans la séance de samedi que la chambre des députés a émis ce vote, qui consolera M. l'évêque d'Ajaccio et la population si catholique de la Corse des mécomptes qui les avoient si vivement affligés jusqu'ici.

M. l'Archevêque de Paris, MM. les évêques d'Ajaccio et de Nanci, plusieurs membres de l'Institnt, les proviseurs des colléges royaux de Paris, etc., ont assisté aujourd'hui aux exercices littéraires du Petit séminaire de Saint-Nicolas-du

- Par arrêté du préfet de la Seine, en date du 30 mars, une enquête a été ouverte à la 10 mairie de Paris, sur le projet d'une acquisition de terrain place Belle-Chasse, faubourg Saint-Germain, pour la construction d'une église paroissiale.

Diocèse de Fréjus.

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M. l'évê

que d'Amatha a présidé quelques exercices religieux dans la chapelle de l'hôpital de la marine, à Toulon. Deux fois le jour, après la messe et après les vêpres, il adressoit la parole aux marins.

« Cette parole tout évangélique, dit la Sentinelle de la marine, a produit une impression vive sur cette population si bonne de nos matelots; ils l'ont écoutée avec un bonheur qui se peignoit sur leur visage. Il n'y a rien là d'étonnant. Lors

qu'un orateur se trouve dans la situation de Mgr Douarre, il doit tout attendre de ses efforts. Le meilleur exorde pour un prédicateur est celui que fournit une vie

C'est ce que le jeune prélat expérimente par lui-même. Aucun prince de l'Eglise n'a jamais éveillé autant de sympathie dans que ce pauvre évêque qui s'en va, l'Océanie centrale, au milieu des sauvages, prêcher l'Evangile! »

et une carrière d'un vrai dévouement.

Diocèse de Strasbourg.

Le mi

Chardonnet. Les élèves qui ont fait des lectures, soit en prose, soit en vers, se sont exprimés exclusivement en latin, avec une correction et une élégance qui leur ont valu de vifs applaudissemens. M. l'abbé Dupan-nistre des cultes vient de rendre loup a reçu les félicitations des savans distingués qu'il avoit voulu rendre juges des progrès de ses élèves; et M. l'Archevêque a exprimé toute la satisfaction qu'il éprouvoit en voyant ces jeunes enfans, l'espérance

hommage aux lois, en réformant l'arrêté par lequel le préfet du BasRhin (M. Sers, qui est protestant) avoit sanctionné l'envahissement du chœur de l'église de Gundershoffen, opéré avec l'approbation du sous

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