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recevoir la bénédiction que le prélat a donnée avec le crucifix, on se croyoit reporté aux plus beaux jours de piété et de ferveur.

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-A Notre-Dame, le jour de Pâque, à sept heures et demie du matin, une communion générale a clos, comme l'année dernière, la retraite prêchée aux hommes. La sainte messe a été célébrée par M. l'abbé de Ravignan. La grande nef étoit pleine près de trois mille communians s'y tenoient dans l'attitude du recueillement le plus profond. Le pain céleste leur a été distribué à la fois par M. l'Archevêque et par l'apôtre associé en ce moment aux consolations du pasteur, dont il avoit si bien servi le zèle. Il seroit difficile de peindre l'émotion qui s'est emparée des spectateurs placés dans les nefs latérales et jusque dans les galeries. Plusieurs ont versé des larmes. C'étoit en effet un beau spectacle aux yeux de la foi, que cette double file d'hommes qui, pendant une heure, sont revenus de la table sainte, les mains jointes, le front baissé, avec la ferveur et la modestie d'une première commurion. Oh! Paris compte plus de justes qu'on ne pourroit croire : il y en avoit là de toutes les classes éclairées de la société; de nombreux élèves de l'Ecole polytechnique et de l'Ecole normale s'étoient associés à ce grand exemple, qui, nous le savons, a ramené plus d'un pécheur à Dieu. Pâque remue donc encore bien des cœurs dans la vieille capitale de saint Louis! Dans les autres églises la table sainte a été environnée aussi, depuis huit jours, par bien des jeunes gens et des hommes de toutes les conditions. On entend parler de conversions nombreuses.

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Diocèse de Nimes. Nous avons félicité M. Duchâtel d'avoir confié aux Frères des Ecoles chrétiennes le régime intérieur de la maison centrale de Nîmes. En agréant la proposition de M. de Jessaint, alors préfet du Gard, qui demandoit qu'on remplaçât les gardiens par des Frères, le ministre a fait un acte utile et digne d'éloges. De leur côté, les Frères, dès qu'ils ont été secondés par un directeur aussi dévoué qu'eux, n'ont pas tardé à faire passer dans l'ame des détenus, des pensées et des sentimens chrétiens. Aussi, dans cette maison, où depuis long-temps les cachots ne suffisoient pas pour les délinquans et l'infirmerie pour les malades, on a vu reparoître l'ordre d'abord, puis la santé. Mais, au mois de novembre dernier, un nouveau directeur, M. Lucas, a suscité mille difficultés à ces anges gardiens de la maison centrale. En voyant l'ascendant qu'ils prenoient sur les esprits, on s'est mis niaisement à le redouter, et, pour diminuer l'influence des Frères, on a voulu les dégrader, en les soumettant à des exigences qu'on n'imposoit même pas aux anciens gardiens. Abandonnés par l'administration, ils ont répondu, le 28 mars, par une démission de leurs fonctions, à partir du 13 avril. M. Duchâtel, instruit de leur intention, mais sans doute mal informé des abus de pouvoir commis par M. Lucas, leur a fait

annoncer des modifications aux me-
sures humiliantes et gênantes qu'on
avoit prises. L'insuffisance de ces
modifications n'a pas permis aux
Frères de retirer leur démission, et
ils ont déclaré qu'ils cesseroient leur
service le 13 avril, à moins d'ordres
contraires de leur supérieur-géné-
ral. Il nous semble
que M. Du-
châtel ne devroit pas hésiter. Com-
ment pourroit - il vouloir laisser
les Frères à la discrétion de M. Lu-
cas; de ce préposé qui, l'année der-
nière, osa consigner à la porte de la
Maison-Centrale le procureur-géné-
ral du ressort, parce qu'il se trou-
voit en désaccord avec lui sur une
question d'étiquette; de ce préposé
qui naguère a fait expulser de l'éta-
blissement un notaire de Nîmes
remplissant un acte de son minis-ment le conduire à l'échafaud.
tère légal, parce qu'il avoit osé re-
mettre son chapeau sur la tête en sa
présence; de ce préposé qui a fait
refuser la porte au confesseur des
Frères, parce que quelques jours au-
paravant ce prétre avoit négligé de le
saluer? De tels faits indiquent assez
l'usage que M. Lucas feroit de ses
nouvelles prérogatives.

crime par tendresse pour sa femme et
ses enfans. Tout cela étoit fortement
empreint et marqué sur son occiput.

Si vous demandez à la phrénologie pourquoi il a coupé son ami en morceaux pour le cacher dans une malle, elle vous répondra que la bosse de l'intelligence et de la ruse manquoit entièrement; et que s'il a nié són crime jusqu'à la fin, malgré son manque d'intelligence et de ruse, c'est que la protubérance de l'amour-propre et de la pudeur étoit au contraire excessivement prononcée dans la conformation de son crâne; de manière qu'il lui en coûtoit beaucoup pour

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Il est malheureux pour l'assassin Montély que la phrénologie n'ait pas examiné son crâne quelques jours plus tôt; elle auroit pu lui rendre un grand service devant la cour d'assises du Loiret, en expliquant tout ce qu'elle a trouvé à sa décharge dans le développement de ses organes cérébraux.

Figurez-vous que ce malheureux ne pouvoit faire autrement que de tuer son ami, le garçon de recette de la banque d'Orléans. Voici les raisons qu'en donne la phrénologie: La partie antérieure de son crâne étoit droite et déprimée; le sommet, évidé à sa base, se terminoit en pointe. La protubérance de l'amourpropre, jointe à celle des instincts de famille, le portoit invinciblement au

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avouer un cas comme le sien. C'est tout cela ensemble qui, d'après la décision des savans phrénologues qui ont examiné les parties saillantes et les parties déprimées de son cerveau, devoit nécessaire

Toutefois, pour rassurer la conscience de messieurs les jurés qui ont condamné Montély à mort sans égard pour ses protubérances, nous les engageons à lire un joli poème qui vient de paroître sous le titre d'Art médical. Quand ils auront vu ce que l'auteur pense de la science phrénologique, et le peu de respect avec lequel il en parle, nous osons répondre que, s'ils ont perdu le sommeil, ils le retrouveront.

PARIS, 47 AVRIL.

La chambre des pairs a commencé aujourd'hui la discussion du projet de loi sur le recrutement de l'armée.

La chambre des députés continue la discussion sur le projet de loi relatif à la police du roulage. Les débats se traînent péniblement, entravés qu'ils sont à chaque instant par des propositions d'amendemens qui, en définitive, sont tous rejetés. La chambre n'a voté que les articles 2 et 3 dans sa séance de samedi. Aujourd'hui les articles suivans jusqu'au 11 inclusivement ont été adoptés. M. le le ministre de l'intérieur a présenté plusieurs projets de loi. L'un de ces projets est relatif à l'acquisition d'une partie du

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Par ordonnance du 14, sont nommés conseiller à la cour royale de Besançon, M. Renouard de Bussières, en remplacement de M. Girardet, décédé; procureur du roi à Villefranche (Rhône), M. Ducurtyl; juges: à Blois, M. Tournemine; à Pithiviers (Loiret), M. Bidault; substituts du procureur du roi : à Guéret (Creuse), M. Baret-Descheises; à Brives (Corrèze), M. Peyrot; à Perpignan, M. Mestre; à Lodève (Hérault), M. de Roquevaire; à Saint-Pons (Hérault), M. Martin; juges suppléans : à ChâteauThierry (Aisne), M. Parent de Moiron; à Senlis (Oise), M. Ledien.

- Par ordonnance du 13 avril, M. le contre-amiral Dupetit-Thouars a été élevé à la dignité de grand-officier de l'Ordre royal de la Légion-d'Honneur.

Le Moniteur publie le tableau des recettes produites par les impôts indirects pendant le 1er trimestre de 1845. Elles s'élèvent en totalité à la somme de 183,190,000 fr. C'est une augmentation de 19,728,000 fr. sur le trimestre correspondant de 1841; et de 6,640,000 fr. sur celui de 1842. Quelques branches de revenu ont diminué, entre autres les droits de sels, la vente des poudres, le produit des places dans les malles-postes. Les droits sur les sucres étrangers ont rendu cette année 17 fr. de moins que l'année dernière, et le droit de fabrication du sucre indigène 428,000 fr. de moins.

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- On lit dans le Moniteur :

« Le département de la marine vient de recevoir de M. le gouverneur de la Guadeloupe, une lettre du 28 février, datéc de la Pointe-à-Pitre.

>> Les grandes chaleurs avoient, comme cela arrive ordinairement à la mème époque, produit quelques cas de fièvre jaune, mais sans aucun caractère épidémique; et les dernières secousses du sol avoient même eu pour effet, par le tassement des décombres, de couvrir complétement les cadavres non encore retirés, ce qui avoit éloigné toute crainte d'exhalaisons pestilentielles.

» M. le contre-amiral Gourbeyre annonce, au surplus, que l'on continuoit le déblaiement des rues, et la construction de baraques en bois pour le logement des soldats et des malades; il ajoute que les habitans de la campagne avoient repris courage et déployoient de toutes parts la plus grande activité. »

Un camp va être formé entre Milianah et Mascara, sur le Chéliff, à douze lieues de Tenez. Le commadement en est donné au colonel Cavaignac, des zouaves, qui aura 4,000 hommes sous ses ordres. Tenez sera occupé le 1er mai.

On assure que le général Bedeau est nommé au commandement de la province d'Oran, en remplacement du général Lamoricière qui rentre en France, ainsi que le général Changarnier, par suite de

leur promotion au grade de lieutenantgénéral.

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NOUVELLES DES PROVINCES.

étoient presque nuls. Il y a quelques jours, le directeur de l'établissement, en lui reprochant d'avoir manqué à l'office du dimanche, profita de l'occasion

Les derniers froids ont causé des pour essayer de stimuler sa bonne vodégâts dans les départemens.

L'Orléanais dit que presque tous les fruits, beaucoup de vignes et même, en quelques endroits de la contrée, les scigles ont été tout-à-fait gelés.

L'Industriel de l'Allier s'exprime ainsi: « Une gelée fort intense qui a succédé, dans la nuit de dimanche à lundi dernier, à une journée de bourrasques de neige et de pluie, vient de désoler nos campagnes. Les vignes, les noyers, les fruits, paroissent avoir particulièrement souffert. Quelques seigles plus avancés doivent même avoir été atteints. Ce n'est que dans quelques jours encore que tout le dommage pourra être apprécié au juste. »>

On lit dans la Guienne:

<< La température a complétement changé en quelques jours; nous jouissons depuis un mois d'une chaleur toute printanière, d'un ciel constamment pur, et voici le froid qui nous ramène à l'hiver. Ce changement a produit déjà les plus funestes résultats, et porte la plus cruelle atteinte à plusieurs vignobles du dépar

tement. >>

Dans notre numéro du 13 de ce mois, nous avons annoncé qu'un enfant. de 13 ans s'étoit noyé volontairement dans le canal de Saint-Quentin, et qu'on avoit trouvé sur lui une lettre où il disoit qu'il se donnoit la mort par suite du refus de M. le curé de l'admettre cette année à la première communion. Les journaux de Saint-Quentin, dont nous avons des extraits sous les yeux, ne parlent pas du refus que ce malheureux auroit éprouvé. Voici comment le Guelteur raconte les faits :

« Alfred P*** devoit faire cette année sa première communion; mais sa conduite n'étoit pas toujours satisfaisante, et le rang inférieur qu'il occupoit à l'école du premier degré où il étoit entré depuis peu, prouve que ses progrès

lonté et pour lui inspirer un désir plus vif de mettre à profit les sacrifices de sa famille. Le directeur, qui a fait ses preuves de bonne et sage administration, tint le langage paternellement. sévère d'un instituteur qui comprend ses devoirs et ne croit pas qu'un pensum suffit à tout. A la suite de cette petite morale, Alfred Pannonça de nouveau et fort tranquillement à ses camarades l'intention de se tuer; il consulta même l'un d'eux sur le moyen de se procurer du poison. On lui présenta du persil décoré en riaut du nom de ciguë, et il mangea le persil. On le vit, à l'insu du maître, écrire une lettre qui fut trouvée sur le bord du canal et par laquelle il déclare se tuer par la crainte de ne pas faire sa première communion. Cette lettre fut communiquée à des camarades qui le savoient coutumier du fait et qui n'y virent qu'une nouvelle bizarrerie; leur surprise et leur affliction durent être bien vives lorsqu'ils apprirent que le malheureux enfant avoit fini par céder à son incroyable et inexplicable monomanie. »

Les autres journaux de Saint-Quentin parient dans le même sens.

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—Le courrier d'Albi a été arrêté, le | sinats ne sont pas rares. Tels sont les résultats des changemens qu'on a opérés en Syrie.

8 avril, aux environs de Salvagnac. Le conducteur Brayon a été frappé de plusieurs coups de couteau par un individu avec lequel il avoit eu quelques discussions relatives à l'établissement d'un relai.

EXTÉRIEUR.

La session des chambres belges a été close le 12 avril, sans que le ministère se fût reconstitué.

-Le Moniteur belge publie une convention postale conclue entre la Belgique et l'Espagne. La convention, qui porte la date du 27 décembre 1842, a été ratifiée le 14 février par le gouvernement espagnol, et le 23 du même mois par le roi des Belges. Les ratifications ont été échangées à Bruxelles le 26 du même mois.

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- Le sieur Caumartin, accusé d'assassinat, a été acquitté par la cour d'assises du Brabant, mais condamné en même temps à tous les frais du procès.

-Il s'est tenu à Londres, le 11 avril, une réunion des amis des missions protestantes. Il s'agissoit d'adopter des mesures au sujet du protectorat accordé par la France à l'île d'Otaïti. Mais on s'est borné à formuler une simple protestation. La tendre sympathie de M. Guizot pour l'Angleterre protestante la rendoit complètement inutile.

-La Gazette d'Augsbourg annonce, sous la rubrique d'Athènes, 28 mars, que le gouvernement grec vient de faire un emprunt de quelques millions de drachmes.

REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.

M. l'Archevêque de Paris vient d'accorder son approbation à un livre fort utile. Il est intitulé Vocabulaire catéchistique, ou Petit Dictionnaire raisonné des choses saintes et des devoirs religieux, par un Père pour ses enfans (1).

Ce titre explique à la fois l'origine et le but de ce travail. Le livre que nous annonçons est la rédaction," par ordre alphabétique, de quelques développemens donnés par l'auteur à sa fille pendant le cours de catéchisme, afin de faciliter à ce jeune enfant l'intelligence des leçons qu'elle recevoit à l'église.

Mais il ne faut pas croire que l'utilité du Vocabulaire catéchistique se borne à l'instruction de l'enfance.

Considéré comme mémorial, comme répertoire d'une instruction à peu près oubliée, mais vers laquelle la pensée est souvent ramenée dans le cours de la vie, ce petit ouvrage convient à tous les âges. Il sera présenté avec fruit, et à ceux dont l'éducation religieuse a été affoible ou effacée par les passions, et à ceux qui'ne l'ont reçue qu'incomplète ou que le malheur de leur position a empêchés de recevoir jamais des notions exactes en matière de religion. Pourquoi cette religion sainte a-t-elle tant d'ennemis? Parce <« La maladie de S. M. la reine va s'a- qu'on ne la conuoît pas assez. Le Vocadoucissant par degrés. Hier le redouble-bulaire catéchistique contribuera à la ment de la fièvre a été moindre; la nuit précédente avoit été à peu près tranquille. »

La reine de Sardaigne, qui avoit été dangereusement malade d'une congestion sanguine dans les bronches, est maintenant dans un état moins fâcheux. La Gazette piémontaise du 7 avril contient le bulletin suivant:

faire connoître, et à lui ramener des cœurs hostiles ou indifférens.

Nous ajoutons que cet ouvrage convient même aux personnes religieuses, en ce sens surtout qu'un grand nombre

Les dernières nouvelles de Syrie annoncent que les Druses et les Maronites en sont encore venus aux mains; y a eu des morts et des blessés des (1) Un vol. in−18. Prix: 1 fr. 25 et 1 fr. deux côtés. Les caravanes ne peuvent 75 c. franc de port. A Paris, chez Ad. Le plus voyager avec sécurité, et les assas-Clere et Cie, au bureau de ce Journal.

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