Page images
PDF
EPUB

d'un foyer ardent que Dieu y avait formé, consumèrent et détruisirent ces trois ennemis. Il parle des études du prélat à Vienne, à Poitiers, au collége de Puigarreau, en Sorbonne, et au séminaire de Saint-Sulpice, de son retour à Poitiers, de son élévation à l'ordre de prêtrise et aux fonctions de grandvicaire de M. de la Poype, son prédécesseur; il rappelle la dignité de chanoine, comte de Lyon, qu'eut M. de Foudras, et le brevet de coadjuteur que lui donna M. de la Poype.

Dans la seconde partie, l'orateur qui a fait voir le zèle de M. de Foudras dans les jours de son sacerdoce, parle du nouveau degré de chaleur qu'il acquit dans les jours de son épiscopat. Il subdivise ce zèle du pontife en zèle pour la science, pour la sainteté des mœurs, et pour la religion, L'unique différence de ce zèle à celui dont il s'agit dans la première partie, est que M. de Foudras avait travaillé pour lui-même, comme prêtre, et que comme évêque, il travailla à son salut et à celui des autres. Ce discours est terminé par les éloges qu'il donne à la mort du prélat, dont il fait valoir les circonstances. Je ne prétends point apprécier le mérite d'un auteur vivant, mais je ne puis m'empêcher de dire qu'on reconnaît dans l'Oraison funèbre de M. de Foudras, un orateur très familier avec l'Ecriture sainte, dont les pensées et les expressions sont liées dans l'ouvrage avec beaucoup d'adresse, et lui donnent, par leur enchaînement, une onction et une dignité bien supérieures aux beautés profanes et frivoles, dont tant d'orateurs, même sacrés, font leur capital. On dirait que ces derniers veulent toujours se nourrir des oignons de l'Egypte. M. Arnault les abandonne pour la manne du désert.

ASCELIN (vers 1025) naquit en Poitou, vers le commencement du onzième siècle. C'est l'opinion la plus suivie, et elle est fondée sur quelques expressions d'une lettre de Bérenger. Il embrassa la profession religieuse au monastère du Bec en Normandie, sous l'abbé Hellouin, dont il fut un des premiers disciples. Il nous reste peu d'écrits d'Ascelin; mais on y trouve un style net et soutenu, et beaucoup de connaissances de la théologie. Elevé au sacerdoce, il fut un des pre

miers écrivains qui combattirent les erreurs de Bérenger sur l'Eucharistie, et par ses écrits, et par la voie de la dispute. Il le réduisit à se rétracter avec le secours de deux autres moines du Bec (1), Arnould, auparavant chantre de l'église de Chartres, et Guillaume, depuis abbé de Cormeilles.

Ce fut à Ascelin que Bérenger crut devoir se plaindre dans une lettre à laquelle le premier répondit par une autre, laquelle, au jugement de l'auteur de l'Histoire littéraire de la France, a mérité de passer à la postérité. Outre que cette lettre est bien écrite, dit cet auteur, c'est qu'elle est un monument respectable de la foi de l'église, sur le mystère de l'Eucharistie. Cet ouvrage, où paraît beaucoup de sagesse, de force et de politesse, a été écrit vers le mois de septembre 1050. Il a été publié par dom Luc d'Achery, dans ses Notes sur la vie de Lanfranc, à la tête de ses œuvres, imprimées à Paris en 1648, par Du Boullay, p. 430 et 431 du tome Ier de son Histoire de l'Université; par les PP. Labbe et Cossart, dans leur Collection des conciles, t. IX, p. 1057, 1059.

(Voyez dom RIVET, Histoire littéraire de la France, t. VII, onzième siècle, p. 554 et suiv., et les auteurs cités).

AUBERT (GUILLAUME) (1600), naquit à Poitiers vers l'an 1534, d'une famille distinguée par ses biens et ses emplois. François Aubert y a possédé le premier la charge de président au présidial érigé sous Henri II. Il avait quitté une charge de conseiller au parlement, pour occuper cette place dans sa patrie. Aubert se fit recevoir avocat au parlement de Paris en 1553: il s'y distingua. Il fallait alors de grands talens pour réussir au palais. On y voyait une foule de grands hommes, les Brissons, les Pasquiers, les Montholons, etc., dont le savoir moins poli, moins lumineux que celui des oracles de notre temps, était prodigieux. La connaissance des langues savantes si négligée aujourd'hui, l'histoire, la théologie, le droit romain et français, puisés dans leurs sources;

(1) Dans la conférence de Brionne, à une lieue du Bec, tenue devant Guillaume le Bâtard, duc de Normandie et roi d'Angleterre.

une érudition presque universelle entrait nécessairement alors dans le plan de la profession. Sainte-Marthe, dont il avait été le défenseur dans un procès délicat contre le sieur de la HayeMalaguet, son beau-père, loue ses talens dans plusieurs endroits de ses ouvrages. Il est pourtant vrai que Loysel, dans son Dialogue des Avocats, dit qu'à la vérité, il ne plaidait pas mal, mais qu'il se trompait assez souvent dans ses causes; soit qu'il ne fût pas heureux dans le choix, soit que sa mémoire lui fût quelquefois infidèle. Il en conçut quelque chagrin, et quitta la profession d'avocat plaidant, pour prendre la charge d'avocat-général de la Cour des Aides: il y fut reçu en 1580. Le malheur des temps, et une nombreuse famille, dont il se trouva chargé, l'obligèrent en 1591 dè reprendre l'emploi d'avocat des parties. Il eut la permission, qu'on accordait alors fort facilement, de réunir sa charge à celle d'avocat dans toutes les occasions qui n'avaient rien d'incompatible. Il vivait encore en 1595: il publia même quelques ouvrages cette même année; mais il ne vivait plus en 1602, et Loysel en parle dans son dialogue comme d'un homme qui était mort. Aubert était non-seulement du nombre des jurisconsultes estimés; mais il s'était beaucoup livré à l'histoire, à la poésie, aux belles-lettres. On a de lui un grand nombre d'ouvrages dans tous ces genres. Sainte-Marthe le loue d'y avoir également réussi dans une épigramme latine qu'il lui adresse avec ce titre :

AD. G. ALBERTUM CAUSARUM IN SUMMA GALLIE CURIA PATRONUM.
Seu teneris olim numeris te ludere Juvit,

Sive foro in medio numerosas solvere lites:
Perfectum numeris te vidimus omnibus unum.

Il fallait que le même Sainte-Marthe estimat effectivement les poésies de G. Aubert, puisqu'il en a traduit plusieurs pièces en vers latins. Il fut aussi intime ami de Joachim du Bellay, dont il a publié les ouvrages, qu'il dédia à Henri II, par une lettre dédicatoire du 20 octobre 1568. On la trouve

à la tête de l'édition de Frédéric Maurel, in-8°, de 1569. Cette même édition contient une lettre d'Aubert, datée du 3 juin 1560, avec une assez longue élégie en vers français, sur la mort de du Bellay. On a de lui, outre ces pièces et quelques autres qui se trouvent dans les ouvrages du temps :

1o Oraison de la Paix, et les moyens de l'entretenir, et qu'il n'y a aucune raison suffisante pour faire prendre les armes aux princes chrétiens les uns contre les autres, imprimée à Paris, 1559, in-40, feuillets 22. Duverdier, qui date cette édition de 1549, s'est trompé ; non-seulement le privilège qui est du 10 mai 1559 prouve son erreur, comme le dit Niceron, mais le sujet de ce discours qui est la paix de CateauCambresis du 3 avril 1559, entre Henri II et Philippe II, auxquels l'auteur adressa son ouvrage, ce que devait observer le P. Niceron contre Duverdier. Quand la lecture n'en serait pas une preuve décisive, il aurait dû le remarquer par le titre latin du même discours, traduit par Martin Telsingus, et publié sous ce titre :

Oratio de pace deque eam retinendi rationibus, item quod nulla sufficiens causa sit cur nominis christiani principes arma adversus se mutuò sumant. Paris, 1560, in-4o, pp. 52.

2o Histoires des guerres faites par les chrétiens contre les Turcs, sous la conduite de Godefroy de Bouillon, duc de Lorraine, pour le recouvrement de la Terre-Sainte. Paris, 1559, in-4o, feuillets 74.

C'était un essai: Aubert voulait faire connaître qu'il était capable d'exécuter un ouvrage de longue haleine. Il proposa au roi et à la cour, l'exécution d'une Histoire générale de France, et en particulier, un corps d'histoire des expéditions des Français en Orient. La cour occupée d'autres projets, la mort d'Henri II, et le règne tumultueux de ses successeurs, furent cause qu'on eut peu d'égards à ses propositions, dont le but était sans doute intéressé. On lui donna la liberté de se livrer à ses goûts sans le fixer par l'espoir des récompenses qui n'ont jamais produit de chefs-d'œuvre. Aubert se borna à son essai. Duverdier en cite une édition de 1562.

Il donna un ouvrage d'un genre bien différent : Gohorry avait réussi au gré du public dans les traductions du dixième et du onzième livres d'Amadis de Gaule: toute la cour avait dévoré cet ouvrage avec la même ardeur qu'elle avait montré sous le règne de François Ier, pour ceux que des Essarts avait publiés. Aubert entreprit et publia le douzième livre du même roman, sous ce titre:

3o Le douzième livre d'Amadis de Gaule, contenant quelle fin prirent les loyales amours d'Agesilan de Colchos et de la princesse Diana, et par quels moyens la reine Sidonie se rappaisa après avoir longuement porchassé la mort de dom Florizel de Niquée, avec plusieurs étranges aventures. Traduit de l'Espagnol par Guillaume Aubert, Paris, 1560, et plusieurs autres fois depuis.

L'ouvrage eut le succès qu'il espérait, moins par la réalité de son mérite, que par l'entêtement où l'on était encore pour ces sortes de romans. Le style en est dur, la diction barbare, rien de grâcieux, rien de tendre dans le coloris; mais enfin c'était le temps, et ce volume faisait partie d'un corps où il faut convenir qu'il y a d'excellentes choses. Gohorry, dans sa préface du troisième livre, ne dit pas un mot d'Aubert, et ne critique que quelques expressions, telles que celles d'infante, infanterie, dom Impératix, le nom de Sylves de la Selve, rendu par de la Forêt, et du Désert. « Comme si les noms « propres, dit Gohorry, et surnoms des personnes se devaient « changer par exposition.

[ocr errors]

L'Elégie sur le trépas de Joachim du Bellay, de laquelle j'ai parlé, et jointe aux œuvres de du Bellay, imprimée à part in-4°. Paris, 1560, pp. 10.

40 Vers de G. Aubert à M. le chancelier de l'Hôpital, avec la traduction latine de Scévole de Sainte-Marthe, in-8°, pp. 21. Elle fut faite lorsque ce grand homme reçut les sceaux, c'està-dire en 1560. (Voyez SAINTE-MARTHE, Sylv., 1. II, p. 209; - Vers funèbres sur le trépas du comte (Thimoléon de Cossé) Brissac, Paris, 1569, in-8o, pp. 7, avec la traduction latine de Sainte-Marthe. On la trouve parmi ses Sylves, 1. II, p. 206. 5o Hymne sur la venue du roi (Henri III), à son retour de

« PreviousContinue »