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7314

41-113 8-26

HARVARD COLLEGE LIBRARY

EPITRE S.

Epitres.

A

N a placé les épîtres fuivant leurs dates. Quelques-unes de celles qui ont été imprimées dans les autres éditions, ne paraiffent point ici; elles fesaient partie de lettres mêlées de profe et de vers qui font recueillies dans un des volumes de cette édition.

Peut-être les lecteurs trouveront-ils plufieurs des premières épîtres fort inférieures à celles que l'auteur a données lui-même au public; cependant on n'a pas cru devoir les retrancher : on y verra les progrès qu'il a faits vers la perfection. Et ceux qui cultivent la poëfie y apprendront que, même dans un petit genre, le génie le plus étendu et le plus facile a encore befoin du fecours de l'étude et de la réflexion.

N. B. On trouvera dans quelques volumes de cette nouvelle édition des renvois à celui des Epîtres, lefquels ne se rapportent pas exactement aux chiffres indiqués, parce que depuis l'impreffion il eft furvenu un affez grand nombre de pièces pour engager les Editeurs à réimprimer le volume en entier, ce qui a changé le premier ordre numérique des Epîtres. Mais au moyen de la Table on reconnaîtra facilement les citations.

Les notes font indiquées par des chiffres; et les variantes par des lettres italiques.

A MONSEIGNEUR,

Fils unique de LOUIS XIV. (1)

1706 ou 1707.

NOBLE
OBLE fang du plus grand des rois,
Son amour et notre espérance,

Vous qui, fans régner fur la France,
Régnez fur le cœur des François, (2)
Pourrez-vous fouffrir que ma veine,
Par un effort ambitieux,

Ofe vous donner une étrenne,

Vous qui n'en recevez que de la main des Dieux ?
La nature en vous fefant naître,

Vous étrenna de fes plus doux attraits,

Et fit voir dans vos premiers traits

Que le fils de LOUIS était digne de l'être.
Tous les Dieux à l'envi vous firent leurs préfens :
Mars vous donna la force et le courage;

Minerve, dès vos jeunes ans,

Ajouta la fageffe au feu bouillant de l'âge,

(1) Ces vers furent présentés à ce prince par un foldat des invalides: l'auteur avait environ douze ans lorsqu'il les fit. Voyez le Commentaire hiftorique fur fa vie. Cette pièce y eft citée, mais avec quelques différences.

(2) On rimait alors pour les yeux: M. de Voltaire fuivait en cela l'exemple des poëtes du fiècle de Louis XIV; mais il ne tarda pas à s'apercevoir que la rime était faite pour l'oreille : il entreprit le premier d'accorder l'orthographe avec la prononciation, et fit voir le ridicule d'écrire le peuple français, comme faint François. Plufieurs écrivains ont fenti la justesse de ses observations, et ont adopté son systême.

L'immortel Apollon vous donna la beauté;

Mais un Dieu plus puiffant, que j'implore en mes peines, Voulut auffi me donner mes étrennes,

En vous donnant la libéralité.

EPITRE II.

A MADAME

LA COMTESSE DE FONTAINE,

Sur fon roman de la comteffe de Savoie.

1 7 1 3.

La Fayette et Segrais, couple fublime et tendre,

Le modèle, avant vous, de nos galans écrits,
Des champs élyfiens, fur les ailes des Ris,
Vinrent depuis peu dans Paris :

D'où ne viendrait-on pas, Sapho, pour vous entendre?
A vos genoux tous deux humiliés,

Tous deux vaincus, et pourtant pleins de joie,
Ils mirent leur Zaïde aux pieds

De la comteffe de Savoie.

Ils avaient bien raifon : quel dieu, charmant auteur,
Quel dieu vous a donné ce langage enchanteur,
La force et la délicatesse,

La fimplicité, la noblesse,

Que Fénélon feul avait joint;

Ce naturel aifé dont l'art n'approche point?
Sapho, qui ne croirait que l'Amour vous infpire?
Mais vous vous contentez de vanter son empire;

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