Page images
PDF
EPUB

Correspondance et Travaux de la Société.

MM. E. Prarond et P. Gautry remercient le Conseil de leur admission au nombre des membres de la Société MM. Duhamel et Bellier de la Chavignerie expriment leurs ⚫ regrets de ne pouvoir plus en faire partie.

M. le président de la Société académique de Laon annonce l'envoi d'un exemplaire des Mémoires de la Ligue dans le Laonnais, par Antoine Richard. Suivant le désir exprimé au nom de la Société de Laon, qui a donné tous ses soins à cette publication, il en sera fait une analyse dans un des prochains volumes de l'Annuaire-Bulletin.

M. Luce fait savoir au Conseil que, n'ayant pu obtenir de M. le maire d'Amiens le prêt et la translation momentanée à Paris du manuscrit de Froissart, conservé dans la bibliothèque de cette ville, il s'est décidé à aller séjourrer à Amiens, le temps nécessaire pour y faire complétement la collation du manuscrit. M. le Ministre de l'instruction publique, sur la proposition de M. Bellaguet, chef de division, a bien voulu concourir à la dépense qu'exigeront ce déplacement et ce travail.

M. de Chantérac annonce que, désirant se conformer au vœu du Conseil, il va se mettre avec zèle à préparer l'envoi à l'imprimerie de M. Gouverneur de ce qui reste encore de copie pour compléter le premier volume des Mémoires de Bassompierre. Il espère que ce volume pourra être terminé dans le cours du premier trimestre de 1870.

Le secrétaire présente l'état des impressions à l'imprimerie de M. Lahure.

Mémoires et correspondance de Mme Duplessis-Mornay. Le deuxième volume est en distribution.

Monluc, t. IV, vingt-trois feuilles sont tirées; l'introduction et la table sont en composition.

Froissart, t. II. Onze feuilles sont tirées; on attend la copie des variantes.

Un membre, M. Bordier, appelle l'attention du Conseil sur l'irrégularité de la remise au dépôt légal, près le Ministère de l'intérieur, des exemplaires de plusieurs des derniers volumes de la Société. Par suite de ce retard, les ouvrages ne sont annoncés dans le Journal de la librairie que longtemps après leur mise au jour. Il sera fait une démarhe auprès de M. Lahure et au bureau du dépôt légal, à l'effet de connaître les causes de ces retards et d'y obvier désormais.

Sur la proposition de M. L. Delisle, commissaire responsable desChroniques d'Anjou et conformément à une décision précédente du Conseil, M. Mabille est autorisé à rédiger de nouveau la table de l'ouvrage, dont une première copie avait été depuis longtemps adressée à M. Marchegay et à la faire imprimer sans nouveaux retards, ainsi que l'introduction de tout l'ouvrage, qui est terminée depuis plusieurs mois. Cette publication complémentaire des deux volumes des Chroniques d'Anjou sera mise à la disposition de tous les sociétaires, dans le courant de 1870.

En conséquence de ce double travail de M. Mabille et de la part considérable qu'il a prise à la publication du second volume de cet ouvrage, l'indemnité intégrale d'éditeur lui est attribuée par le Conseil. Cette décision, proposée par le commissaire responsable, paraît être d'ailleurs conforme aux intentions exprimées par M. Marchegay lui-même, que d'autres occupations ont empêché de participer à ce travail aussi activement qu'il l'aurait voulu et que le Conseil lui en avait fréquemment exprimé le désir.

M. L. Delisle annonce que M. Duplès-Agier a terminé presque entièrement la copie des chroniques de SaintMartial de Limoges, et lui a fait espérer que le manuscrit de ce volume pourrait être prochainement présenté au Conseil et envoyé à l'imprimerie de M. Gouverneur.

Sur la demande du secrétaire, le Conseil autorise le tirage à part de 50 exemplaires des règlements et des listes des ouvrages et des membres de la Société, afin que chaque nouveau sociétaire puisse en recevoir un, aussitôt après son admission.

La séance est levée à cinq heures.

II

VARIÉTÉS.

La lettre suivante, dont nous ne connaissons pas l'auteur et qui est adressée au maréchal de Rantzau, contient le récit de la journée du 28 août 1648. Elle nous a été communiquée par M. Gustave Masson, professeur au collége de Harrow, qui en a pris copie au Musée britanni

que.

A M. le maréchal de Rantzau, à Furnes.

A Paris, le 30 août 1648.

Le Parlement l'a emporté sur la Reine, et Mess. de Broussel et de Blancmesnil ont esté rendus. L'affaire s'est passée de la sorte. La populace ayant pris les armes mercredy, comme je yous l'ay mandé, les bourgeois les prirent le lendemain, et firent de fortes barricades par toutes les rues. M. le Chancelier, ne doutant point que le Parlement ne s'assemblast ce jour-là, voulut y aller pour tâcher à modérer les opinions, et pour cet effet partit de son logis de grand matin. La barricade qui estoit sur le quay des Orfèvres l'ayant empesché de passer de ce costé-là, il se trouva obligé d'aller le long du quay des Augustins, où ayant encore esté arresté par une autre barricade, et la populace ayant crié sur luy, il se sauva dans l'hostel d'O, chez M. le duc de Luine, son allié. Le peuple, s'estant amassé en grand nombre, l'assiégea en cet hostel, et en ayant de suite rompu les portes, le chercha par toutes les chambres pour le tuer. Il estoit caché en un petit cabinet avec Madame de Sully, sa fille; Madame de Ligny, sa mère; et M. de Meaux, son frère, auquel il se confessa très-dévotement. Il estoit parti de chez lui avec toutes ces personnes. Heureusement le peuple, qui l'avoit cherché depuis la cave jusqu'au grenier, ne s'avisa pas d'entrer en ce cabinet, devant la porte duquel on avoit mis un coffre pour faire paroistre qu'il n'y avoit point là de porte. M. le Grand-Maistre, ayant eu advis de tout cecy, se rendit aussitost à l'hostel d'O avec deux

compagnies des gardes, l'une Françoise et l'autre Suisse, et quarante ou cinquante chevaux, d'où il tira M. le Chancelier, non sans tuerie de part et d'autre. Picot, lieutenant du grand Prévost, y fut tué, avec un lieutenant Suisse. Un des gardes de M. le Chancelier et quelques soldats y furent blessés; M. le GrandMaistre y receut un coup de pierre à la teste, et Mme de Sully un coup de mousquet, mais qui ne fit que luy effleurer la peau. Le peuple, de rage d'avoir manqué M. le Chancelier, pilla l'hostel d'O. Cependant le Parlement, qui estoit assemblé, avisa qu'il iroit en corps de cour au Palais-Royal demander les prisonniers à la Reine et les exilez. J'avois oublié de vous dire que Mess. Laisné et Loissel avoient eu ordre par des lettres de cachet d'aller, celui-cy à Mantes, et l'autre à Provins. Il y eut quelques voix à décréter contre ceux qui avoient conseillé à la Reine d'emprisonner et de proscrire ces messieurs, et d'autres à faire exécuter l'arrêt de 1615 par lequel il est défendu aux estrangers d'estre premiers ministres en France; mais pour en éluder la délibération, ce Premier Président la fit remettre au retour du PalaisRoyal. Aussitôt que Messieurs du Parlement y furent arrivés, ils eurent audience de la Reine. M. le Premier Président luy parla avec beaucoup de fermeté. Sa response fut qu'elle ne pouvoit changer d'avis, à quoy M. le Premier Président répartit qu'il la supplioit de donner à leurs prières ce qu'elle seroit obligée de donner à la violence du peuple, et sans dissimulation il lui fit entendre de suite l'estat des choses. La Reine, ayant passé en son cabinet et conféré avec M. le cardinal, fit appeler M. le Premier Président et quelques autres des principaux de la compagnie, à qui elle dit qu'elle rendroit leurs confrères pourvu qu'ils voulussent ne plus s'assembler, faire exécuter la déclaration du Roy de la façon qu'elle leur avoit esté portée, et faire cesser la sédition, et voulut de suite obliger le Parlement d'opiner là-dessus dans le Palais-Royal. Ces conditions n'ayant pas esté trouvées raisonnables, le Parlement se retira pour aller au Palais. Comme il fut au bout de la rue de Saint-Honoré, les bourgeois demandèrent à M. le Premier Président s'il ramenoit M. de Broussel. On luy avoit dit en allant que s'il ne le ramenoit point on le tueroit. M. le Premier Président leur ayant répondu qu'on ne pouvoit pas l'avoir sitost, on l'obligea, le poignard sur la gorge, de retourner au Palais-Royal avec le Parlement. Quelques-uns voulurent l'arrester pour ostage, et d'autres le voulurent tuer. Il retourna au Palais-Royal avec le Parlement, à la réserve de Mess. le Bailleul, de Nesmond, de Longueil et de Novion, et de quelques conseillers qui se sauvèrent par de petites rues, et qui se rendirent de suite au Palais. Messieurs nos ministres avoient proposé cependant de faire sortir le Roy de Paris, tant ils avoient peur, et je

sais de bonne part que M. le cardinal avoit pris son habit de campagne. Ils furent donc bien aises de revoir le Parlement. Pour vous le faire court, car l'heure du départ du courrier me presse, on leur donna à disner, et après le disner, ils rendirent un arrest avec M. le Chancelier et les ducs et pairs, par lequel il estoit ordonné que tous ceux que le Parlement avoit donnés depuis ces dernières assemblées seroient exécutés, qu'on s'assembleroit incessament jusqu'à la fin du Parlement pour activer l'examen du tarif, et que pour les autres points de la déclaration et des articles de la chambre Saint-Louis qui restoient à examiner, la délibération en seroit remise après la Saint-Martin, que les prisonniers seroient rendus, et les exilés rappelés, et que pour cet effet les lettres nécessaires seroient expédiées. On envoya aussitost quérir M. de Blancmeuil par M. de Thou et un conseiller de sa chambre, vous savez qu'il estoit au bois de Vincennes, et M. de Broussel par deux de ses neveux, conseillers au Parlement, qui se trouvoient au Palais; et pour cet effet on donna deux carrosses du Roi. Le peuple cependant, qui ne se fioit point à toutes ces choses, eut peine à laisser passer le Parlement, et ne voulut point quitter les armes que M. de Broussel ne fust de retour, qui ne put arriver plus tost que le lendemain sur les onze heures du matin. Par toutes les rues où il passa le peuple crioit : Vive le Roy et M. de Broussel! Et tous les bourgeois en haie luy firent mille salves. Mess. du Parlement, ayant su son arrivée, l'envoyèrent prier par deux huissiers de venir au Palais. Il y alla accompagné de tous les bourgeois de son quartier, qui estoient tous en armes. Aussitost qu'il fut arrivé, il fut complimenté par M. le Premier Président de la cour à laquelle il fit aussi son remerciement, et de suite on donna arrest pour faire poser les armes, et abattre les barricades, qui fut exécuté tout aussitost. Voilà sommairement ce qui s'est passé icy depuis la dernière fois que j'eus l'honneur de vous escrire. Quand j'auray celuy de vous voir, je vous dirai les pensées que j'ay là-dessus.

On dit que M. le Prince assiége Dixmund.

(Musée Britannique, Fonds Egerton, no 1675, in-4.)

L'Exposé de la situation de l'empire contient les renseignements suivants sur les travaux des Archives de l'empire pendant le cours de l'année 1869 :

« La publication des inventaires se poursuit. L'administration a commencé l'impression de l'Inventaire général

« PreviousContinue »