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comtesse de Montafié, qui vécut jusqu'au 17 juin 1644', survivant ainsi trois ans à son fils le comte de Soissons (Louis de Bourbon), le vainqueur de la Marfée, — paraît avoir eu à peu près le même douaire que sa belle-mère; toujours est-il qu'elle posséda Condé jusqu'à sa mort. C'est ce qui ressort, du moins, des lettres de foi et hommage délivrées, le 26 septembre 1644, par la chancellerie royale, à Marie d'Orléans de Longueville et à Marie de Bourbon, princesse de Carignan, héritières de la comtesse douairière de Soissons2. Les registres de baptême, mariage et sépulture de la paroisse de Condé, que l'on commença à tenir en 1631, donnent sous cette comtesse, le titre de principauté à la terre de Condé3.

Marie d'Orléans de Longueville, depuis duchesse de Nemours, et désignée dans l'acte d'hommage de 1644 comme une des héritières de la comtesse et du comte de Soissons, était née en 1625, du mariage d'Henri d'Orléans, duc de Longueville et de Louise de Bourbon-Soissons, morte dès 1637"; elle était la petite-fille d'Anne de Montafié. Sa cohé

1. Histoire généalogique de la maison de France, t. I, p. 350.

2. « .... Damoiselle Marie d'Orléans de Longueville et dame Marie de Bourbon, princesse de Carignan, espouse de nostre très-cher cousin Mre Thomas de Savoye, prince de Carignan.... héritières de deffunct nostre très-cher cousin le comte de Soissons et de feues nostre très-chère cousine dame Anne de Montafié, comtesse de Soissons », prêtent dans les mains du chancelier Séguier, la foi et hommage qu'elles doivent au roi pour la baronnie de Noyelles, mouvant du comté de Ponthieu ; les terres de Noyers, Salmaise, Louhans, Mervans, Villaines, Montcenis [et Château-Chinon] relevant du duché de Bourgogne; la moitié de la terre de Soissons relevant du roi à cause de l'autre moitié ; la terre de Condé relevant du duché de Château-Thierry; la terre de Blandy relevant du comté de Melun; les baronnies de Bonnétable, Lucé et Couesmes relevant du duché du Maine, « ausdites damoiselle de Longueville et princesse de Carignan, disent les lettres de foi et hommage, appartenantes par droict successif desd. feues sire et dame de Soissons, leur frère et oncle, mère et grande mère......... » (Archives Nationales, P, 20, no 18, anc. 1005.) — L'original de ces lettres ayant été perdu, une copie collationnée, qui était restée aux mains des princesses, fut validée sur leur demande et par lettres du 14 octobre 1677 (Ibid., P, 201, no 19).

3. J'y trouve, à la date du 9 avril 1634 : « M. Claude Necquot, procureur-fiscal de la terre et principauté de Condé, » et, au 11 novembre de la même année : « Noble homme Anne Pingard, capitaine du chasteau de Condé et gruier de lad. principauté. »

4 Histoire généalogique de la maison de France, t. I, p. 222.

ritière, la princesse de Carignan, était sa tante et la plus jeune des filles du comte de Soissons. Elles paraissent avoir possédé conjointement, jusqu'à la mort de la princesse de Carignan, en 1692, un certain nombre de seigneuries, au nombre desquelles était Condé1, et, à Paris, elles se partageaient l'hôtel de Soissons. La duchesse de Nemours, qui vécut jusqu'en 1707, résida quelquefois à Condé, au moins dans sa jeunesse3, et, pendant toute sa vie, on conserva à la seigneurie de ce lieu le titre de principauté*.

Quels arrangements intervinrent au sujet de la terre de Condé, à la mort de la princesse de Carignan, puis à celle de la duchesse de Nemours? Je ne sais; mais il paraît certain que vers 1701, le prince de Carignan, petit-fils de Marie de Bourbon, rendait ses foi et hommage de la principauté de Condé au seigneur de Montmirail'. Pendant les onze premières années du dix-huitième siècle, c'est-à-dire sous ce

1. A la date du 6 février 1685, le concierge du château de Condé est qualifié concierge du château de mesdames princesses de Carignan et de Nemours. » (Registres de la paroisse de Condé.)

2. Mémoires du duc de Saint-Simon, édition in-12 de Chéruel, t. IV,

p. 21.

3. Elle y était, par exemple, au 1er août 1649, jour auquel « haute et puissante princesse Marie d'Orléans, fille aînée de monseig. le duc de Longueville tint un enfant sur les fonds baptismaux (Registres de Condé); on trouve au bas de l'acte de baptême de cet enfant (Henry Bled), la signature: MARIE D'Orléans.

4. Les registres mentionnent de 1644 à 1707 au 11 mai 1645, << honnorable home Anne Pingart, capitaine du chasteau et principauté de Condé »; au 22 févr. 1649, « Claude Naudé, recepveur en partie tierce de la principauté de Condé ; au 4 mai 1659, noble homme Charles Pingart, gruyer et capitaine de la princi auté de Condé » ; au 4 février 1683 « Claude Le Fèvre, sergent-priseur en la principaulté de Condé-en-Brie »; au 7 déc. 1684, « Gilles de Bonnefoy, greffier de la terre et principauté de Condé. » On rencontre encore d'autres qualifications identiques au 6 février et 13 déc. 1685, 8 mars 1686, 29 mai et 9 juillet 1690, 3 mars 1691, 10 avril 1693, 22 août et 8 sept. 1694, 30 mars 1696, 22 sept 1697, 23 mars 1698, 21 mars et 21 août 1701, 22 juin 1702. 25 mars 1703, 20 sept. 1705 et 7 avril 1707.

5. Nous trouvons dans un mémoire du « marquis de Montmirail » sur la mouvance de Condé, mémoire qui doit avoir été rédigé vers 1728, la mention suivante : « Il y a vingt-huit ans ou environ que M. le prince de Carignan a rendu ses foy et hommage au seigneur de Montmirail, par le sieur Bonnefoy, notaire à Condé, et a depuis fait signiffier, au procureur de Montmirail, un aveu et dénombrement de ladite terre de Condé. (Archives Nationales, R. 17.)

prince et son fils, on trouve encore dans les registres paroissiaux de Condé le titre de principauté appliqué à la seigneurie1; mais ce titre y apparaît pour la dernière fois le 24 janvier 1711, et, depuis lors, les officiers de la seigneurie qui se qualifiaient pompeusement d'officiers de la principauté de Condé, ne se disent simplement que bailli, garde ou receveur de la seigneurie, ou de la terre, de Condé. Mais aussi les princes de Carignan n'étaient plus seigneurs de Condé; cette terre, vendue sans doute par eux, appartenait dès 1728 à Jean-François Lériget de la Faye, de famille dauphinoises qui, dans des actes de baptême de la paroisse de Condé, du 12 juin 1732 et du 25 novembre 1739, est qualifié «< conseiller du roy et secrétaire du cabinet de S. M., seigneur de Condé et autres lieux. » A l'époque de la Révolution, Condé appartenait à la comtesse de La Tour-du-Pin, née Lériget de la Faye*.

AUGUSTE LONGNON.

1. On y trouve au 22 novembre 1708 « Me Gilles de Bonnefoy, procureur-fiscal de la principauté de Condé », et aux 8, 18 et 24 janvier 1711; « Jean de Pienne, receveur de la terre et principauté de Condé. »

2. Voyez dans le carton R, 17, des Archives Nationales, une saisie féodale de la terre de Condé opérée, en 1728, à la requête du duc de Bouillon.

3. On peut consulter sur cette famille et sur ce seigneur de Condé le Dictionnaire de la noblesse, de La Chenaye-Desbois, 2e édition, t. VIII, p. 623.

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4. Houillier, Etat ecclésiastique et civil du diocèse de Soissons (1783), p. 187. Catalogue des gentilshommes de Champagne qui ont pris part ou envoyé leur procuration aux assemblées de la noblesse pour l'élection des députés aux Etats Généraux de 1789, publié d'après les documents officiels, par L. de La Roque et E. de Barthélemy, p. 16.

III.

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de charité; d'après d'anciens manuscrits latins interprétés et annotés. 2o partie : l'évêché de Langres au seizième siècle. In-8, 82 p. Bar-le-Duc, imp. Guérin et Cie; les librairies ecclésiastiques de Langres, Dijon, Troyes et Sens.

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