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Il me dit: Bonne espérance!
Je cours de tous ses malheurs,
Sous Paris, venger la France.
Il part; et comme un trésor
J'ai depuis gardé son verre,
Gardé son verre.

—Vous l'avez encor, grand'mère,
Vous l'avez encor?

-Le voici.

Mais à sa perte

Le héros fut entraîné.

Lui, qu'un pape a couronné,
Est mort dans une île déserte.

Longtemps aucun ne l'a cru;
On disait Il va paraître ; .
Par mer il est accouru :
L'étranger va voir son maître.
Quand d'erreur on nous tira,
Ma douleur fut bien amère,
Fut bien amère.

-Dieu vous bénira, grand’mère,
Dieu vous bénira."

Béranger. 1815

ΧΙ

LA MARSEILLAISE

I

Allons, enfants de la Patrie,
Le jour de gloire est arrivé;
Contre nous de la tyrannie
L'étendard sanglant est levé...

Entendez-vous dans ces campagnes
Mugir ces féroces soldats ?

Ils viennent jusque dans vos bras
Égorger vos fils, vos compagnes !

Aux armes, citoyens! formez vos bataillons!
Marchons, marchons !

Qu'un sang impur abreuve nos sillons!

2

Que veut cette horde d'esclaves,
De traitres, de Rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves,
Ces fers des longtemps préparés ?
Français, pour nous, ah! quel outrage!
Quels transports il doit exciter !
C'est nous qu'on ose méditer

De rendre à l'antique esclavage !....
Aux armes, citoyens ! etc. etc.

Quoi! ces cohortes étrangères
Feraient la loi dans nos foyers?
Quoi! des phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers?
Grand Dieu! par des mains enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploieraient !
De vils despotes deviendraient
Les maîtres de nos destinées ! ....

Aux armes, citoyens etc. etc.

Tremblez, tyrans, et vous perfides,
L'opprobre de tous les partis ;
Tremblez! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leur prix !
Tout est soldat pour vous combattre ;
S'ils tombent, nos jeunes héros,
La terre en produit de nouveaux
Contre vous tout prêts à se battre !....
Aux armes, citoyens ! etc. etc.

5

Français, en guerriers magnanimes,
Portez ou retenez vos coups;

Épargnez ces tristes victimes
À regret s'armant contre nous;
Mais ces despotes sanguinaires,
Mais les complices de Bouillé,
Tous ces tigres qui sans pitié
Déchirent le sein de leurs mères !....
Aux armes, citoyens ! etc. etc.

6

Nous entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n'y seront plus ;
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus !
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil,
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre!....
Aux armes, citoyens ! etc. etc.

7

Amour sacré de la Patrie,

Conduis, soutiens nos bras vengeurs :
Liberté, Liberté chérie,

Combats avec tes défenseurs !

Sous nos drapeaux que la Victoire

Accoure à tes mâles accents;

Que tes ennemis expirants

Voient ton triomphe et notre gloire !....

Aux armes, citoyens! formez vos bataillons !
Marchons, marchons!

Qu'un sang impur abreuve nos sillons!

Rouget de l'Isle.

1792

XII

LE CHANT DU DÉPART: HYMNE DE GUERRE

UN DÉPUTÉ DU PEUPLE

La victoire en chantant nous ouvre la barrière ;
La liberté guide nos pas,

Et du nord au midi la trompette guerrière
A sonné l'heure des combats.
Tremblez, ennemis de la France,
Rois ivres de sang et d'orgueil !
Le peuple souverain s'avance;
Tyrans, descendez au cercueil.

La république nous appelle,
Sachons vaincre ou sachons périr ;
Un Français doit vivre pour elle,
Pour elle un Français doit mourir.

CHANT DES GUERRIERS

La république, etc.

UNE MÈRE DE FAMILLE

De nos yeux maternels ne craignez pas les larmes :
Loin de nous de lâches douleurs !

Nous devons triompher quand vous prenez les armes:
C'est aux rois à verser des pleurs.
Nous vous avons donné la vie,
Guerriers, elle n'est plus à vous;
Tous vos jours sont à la patrie :
Elle est votre mère avant nous.

CHŒUR DES MERES DE FAMILLE

La république, etc.

DEUX VIEILLARDS

Que le fer paternel arme la main des braves;
Songez à nous au champ de Mars;
Consacrez dans le sang des rois et des esclaves
Le fer béni par vos vieillards;
Et, rapportant sous la chaumière
Des blessures et des vertus,
Venez fermer notre paupière
Quand les tyrans ne seront plus.

CHOEUR DES VIEILLARDS

La république, etc.

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