Vaillant et fier sans arrogance, Nos grenadiers sont bonnes lames, Viens vite prendre la cocarde ; Avec respect j' veux qu'on te r'garde : Droit à l'honneur j'allons ensemble, La jeune Agnès devint ma femme, Au bout d'un mois changeant de gamme, Pauvres époux, voyez ma peine, Relan tamplan elle me mène Relan tamplan, tambour battant. Favart. 1758 VIII IAMBES I Que promet l'avenir ?-quelle franchise auguste Quels exemples sacrés, doux à l'âme du juste, Quelle Thémis, terrible aux têtes criminelles ?— Des antiques bienfaits quel souvenir fidèle ?—— Font digne de regrets l'habitude des hommes ? Le désespoir, le fer. sommes ! Ah!-lâches que nous Tous, oui tous; adieu terre, adieu ! Vienne, vienne la mort, que la mort nous délivre! Ainsi donc, mon cœur abattu Cède au poids de ses maux. Non, non puissé-je vivre, Ma vie importe à la vertu. Car, l'on est homme enfin; victime de l'outrage, S'il est écrit aux cieux que jamais mon épée Dans l'encre et l'amertume une autre arme trempée Justice, vérité, si ma bouche sincère, Ne froncèrent jamais votre sourcil sévère ; Si la risée atroce, ou plus atroce injure, Ont pénétré vos cœurs d'une longue blessure, Qui lance votre foudre, un ami qui vous venge. Sans percer, sans fouler, sans pétrir dans leur fange, Ces tyrans effrontés, de la France asservie, O ma plume! fiel! bile! horreur, dieux de ma vie ! Par vous seuls je respire encor ! Quoi !-nul ne restera pour attendrir l'histoire Pour consoler leurs fils, leurs veuves et leurs mères ? Pour que des brigands abhorrés Frémissent aux portraits, noirs de leur ressemblance, Pour descendre jusqu'aux enfers Chercher le triple fouet, le fouet de la vengeance, Déjà levé sur ces pervers; Pour insulter leur nom, pour chanter leur supplice... Allons, étouffe tes clameurs ; Souffre ô cœur, gros de haine, affamé de justice, Et toi, vertu, pleurs si je meurs. André Chénier. 1794 2 Quand au mouton bêlant la sombre boucherie Pauvres chiens et moutons, toute la bergerie, Les enfants qui suivaient ses ébats dans la plaine; Qui le baisaient en foule, et sur sa blanche laine Entrelaçaient rubans et fleurs, Sans plus penser à lui le mangent s'il est tendre ! . . . J'ai le même destin. Je m'y devais attendre. Oubliés comme moi dans cet affreux repaire, Pendus aux crocs sanglants du charnier populaire, Que pouvaient mes amis? oui, de leur main chérie Un mot à travers ces barreaux, En dépit de Bavus, soyez lents à me suivre : J'ai moi-même, à l'aspect des pleurs de l'infortune, À mon tour, aujourd'hui, mon malheur importune; Vivez amis, vivez en paix. Id. 1794 3 Comme un dernier rayon, comme un dernier zéphyre, Au pied de l'échafaud j'essaie encor ma lyre, Peut-être, avant que l'heure en cercle promenée, Dans les soixante pas où sa route est bornée, Le sommeil du tombeau pressera ma paupière; Ce vers que je commence, ait atteint la dernière, Le messager de mort, noir recruteur des ombres, Remplira de mon nom ces longs corridors sombres. Id. 1794 IX LA MORT DE JEANNE D'ARC Silence au camp! la vierge est prisonnière; Des pontifes divins, vendus à la puissance, Les Anglais commandaient ce sacrifice affreux : |