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Veux tu savoir quel est l'estat de nostre France ?
Un jeune roy mené par un peuple mal duit,*
Mené d'un Hespagnol, d'un moyne et d'un faux
bruit,

Mené par une femme extraitte de Florence,

Un conseil bigarré qui cache ce qu'il pense,
L'artisan capitaine, un camp sans chef conduit,
Un pays de Papistes et Huguenotz détruit,
L'estranger qui pour nous à nostre mal s'avance,

L'ennemy qui, fuyant, s'en va mocquant de nous,
Le grand en nostre camp contre le grand jaloux,
Mille nouveaux états, mille emprunts sans trafic,

La justice sous pieds, le marchant faict les lois,
Paris ville frontière ! O malheur toutes fois,
Qui parle de la paix est ennemi public.

Anon. 1568

V

LES TRIOLETS DU TEMPS

Quoy donc ! Paris est investy?
O cieux! qui l'eût jamais pu croire !
Le roy mesmes en est sorty.
Quoy donc ! Paris est investy?
Il me faut donc prendre party

Pour sauver mes biens et ma gloire.

* Mené.

Quoy donc ! Paris est investy?
O cieux! qui l'eût jamais pu croire?

Parisiens, ne resvez pas tant,
La défense est toujours permise;
En ce malheureux accident,
Parisiens, ne resvez pas tant.
Çà ça ! viste, il faut de l'argent :
Donnons tous jusqu'à la chemise.
Parisiens, ne resvez pas tant,
La défense est toujours permise.

Il faut estre icy libéraux ;
Pour sauver la ville alarmée,
Choisissons de bons généraux ;
Il faut estre icy libéraux :
Pour nous garantir de tous maux,
Faisons une puissante armée ;
Il faut estre icy libéraux,
Pour sauver la ville alarmée.

Qu'on taxe, maison par maison,
Les petites et grandes portes ;
N'importe qu'il en couste bon,
Qu'on taxe maison par maison.
Il est besoin pour la saison
Que nos troupes soient les plus fortes:
Qu'on taxe, maison par maison,

Les petites et grandes portes.

En cette juste occasion,

Employons nos corps et nos âmes;
Travaillons avec passion

En cette juste occasion;

Il faut tout mettre en faction,

Enfants, vieillards, hommes et femmes ;
En cette juste occasion

Employons nos corps et nos âmes.

Suivons notre illustre pasteur,
On ne peut après luy mal faire ;
C'est un maître prédicateur;
Suivons notre illustre pasteur,
Cet autre Paul, ce grand docteur,
Que toute l'église révère ;
Suivons notre illustre pasteur,
On ne peut après luy mal faire.

François, venez tous prendre employ ;
Montrez ici votre vaillance,

Vous aurez au moins bien de quoy ;
François, venez tous prendre employ :
C'est pour le service du
roy,

Et pour le salut de la France;

François, venez tous prendre employ,
Montrez ici votre vaillance.

Anon. 1649

VI

ROMANCE DE RICHARD CEUR DE LION.

O Richard! ô mon roi !

L'univers t'abandonne ;

Sur la terre il n'est donc que moi
Qui s'intéresse à ta personne !

Moi seul dans l'univers, Voudrais briser tes fers, Et tout le monde t'abandonne. O Richard! ô mon roi ! L'univers t'abandonne,

Et sur la terre il n'est que

moi

Qui s'intéresse à ta personne.

Et sa noble amie... hélas ! son cœur
Doit être navré de douleur ;
Oui, son cœur est navré de douleur.
Monarques, cherchez des amis,
Non sous les lauriers de la gloire,
Mais sous les myrtes favoris
Qu'offrent les filles de Mémoire.
Un troubadour

Est tout amour,
Fidélité, constance,

Et sans espoir de récompense.

O Richard! ô mon roi !
L'univers t'abandonne ;
Sur la terre il n'est donc que moi
Qui s'intéresse à ta personne !
O Richard! ô mon roi!
L'univers t'abandonne ;

Et sur la terre il n'est que moi;
Oui, c'est Blondel! il n'est que moi
Qui s'intéresse à ta personne !

N'est-il que moi

Qui s'intéresse à ta personne?

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VII

RELAN TAMPLAN, TAMBOUR BATTANT

Je veux au bout d'une campagne,
Te voir déjà joli garçon ;

Des héros que l'on accompagne,
On saisit l'air, on prend le ton:
Des ennemis, ainsi qu' des belles
On est vainqueur en l's imitant.
Et r❜li, et r❜lan,

On prend d'assaut les citadelles,
Relan tamplan, tambour battant.

Braves garçons que l'honneur mène,
Prenez parti dans Orléans ;
Not' Coronel, grand capitaine,
Est le patron des bons vivans.
Dam' il fallait le voir en plaine
Où le danger était le plus grand.
Et r❜li, et r❜lan,

Lui seul en vaut une douzaine,
Relan tamplan, tambour battant.

Nos officiers dans la bataille
Sont pêle-mêlé avec nous tous :
Il n'en est point qui ne nous vaille,
Et les premiers ils sont aux coups.
Un général, fût-il un Prince,
Des grenadiers se met au rang.
Et r'li, et r'lan,

Fond sur l's ennemis et vous les rince ;
Relan tamplan, tambour battant.

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