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Pour encontre droit
Couronner Henrry ;
Mais Dieu loez soit,
Son rengne est finy.

Il cuidoit regner
Sur toute Engleterre ;
Mais ne poeult finer
Que sept piés de terre,
Et par mort est mys
En l'aitre ou as camps.†
Hellas! Le quetis
Cache les fouans.§

Il avoit emprins
De faire vergongne ||
Et de tenir prins

Le duc de Bourgongne,

Mais trop pesant fais
Prist sans advocat,

Car on n'a jamais

Sans mouffle ung tel cat.

Très souventes fois

Il faisoit son compte
De Flandres et d'Artois
Estre duc et conte;
Mais ce povre sot
Avoit trop cours doys ;
En terre est enclos
Pour escaillier noys.

* Pensait.

t Chétif.

+ L'endroit où sont les champs.
§ Foin.
|| Honte.

Il faisoit son compte ;
Mais il s'abusoit,

C'estoit sans son hoste
Que son compte faisoit.
Son compte est venu,
Tant juste au revers ;
Dont on a véu

Son volloir pervers.

Dieu ottroit * sa paix
En cestui sa provinse,
Et en tous ses faix
Garde nostre prince;
Et de Dieu prier
Ne soions lassés

Que repos donner

Voeulle aux trespassés.

Wui! hui! hui! et Ho! ho! ho!

Il est mort Wervic,

Wui! hui hui ! et Ho! ho! ho!

Et en terre enclos.

Anon. 1472?

III

ODE SACRÉE DE L'ÉGLISE FRANCOYSE
SUR LES MISÈRES DE CES TROUBLES

L'Astre qui l'an fuiant rameine
Commence sa huictiesme peine
Depuis que la fureur des cieux
Tonne et foudroie sur la France,
Sans qu'il naisse aucune apparance
D'un temps serain et gracieux.

* Octroie.

France est au navire semblable
Qui n'a mast, ny voile, ny cable,
Qui ne soient rompuz et cassez,
Et se jette encore à la rage
D'un huictiesme et fâcheux orage,
Oublieuse des maux passez.

Son gouvernail est cheut en l'onde,
Dont elle flotte vagabonde
Au seul vent de sa passion;
Jà du naufrage elle s'approche,
Heurtant à l'insensible roche
De sa longue obstination.
France meurt par sa propre vie;
France est par sa force affaiblie,
Et sa grandeur la met à bas ;
Son tant fleurissant diadème
Devient estranger à soy-mesme,
Quand soy-mesme il ne cognoist pas.

faire

France faict ce que n'a peu
L'armée de son adversaire,
Soit de l'Espagnol bazanné,
Soit de ceste perruque blonde
Qui n'a autour de soy que l'onde
Pour borne et limite assigné.

Mais enfin faudra qu'elle sente
Que sa puissance est impuissante
Puisqu'elle veut se ruyner,

Et que c'est un esclave empire
Quand on veut ses subjectz destruire
Pour sur ses subjectz dominer.

Anon. 1586

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Que me sert d'emplir l'air de cris espouvantables ? Que me sert d'implorer mon roy à mon secours ? Que me sert de plorer et les nuicts et les jours ? Que me sert de semer mes escrits lamentables?

Mon roy ne m'entend point; ses conseillers

damnables

Le tiennent en furie; estrangers ont le cours
En son privé conseil, et on les croit tous jours,
Encore que leurs fins on voye dommageables.

Sa mère le nourrit en plaisir et délices,
Mesme luy fait tenir escole de tous vices,
À fin que quelque foys il ne revienne à soy.

Ceux qui veulent m'aider me ruinent sans cesse ;
Comment seray-je donc sans appuy ni adresse?
Nenny, car j'ay mon Dieu qui est mon premier roy.

2

N'estoit-ce point assés que toute ma noblesse
Fust en armes bandée à ma destruction?
Que mes hommes gaillars de leur vocation
Fussent distrais, à fin d'entendre à mon oppresse?

• Oppression.

*

Mes temples fussent ars* et toute leur richesse
Fust au soldat mutin escheute en portion?
Mes marchans et bourgeois fissent la faction
De la guerre sanglante, au trafic donnant cesse?

Que mes gens de labeur, trois et trois fois pillez,
Veissent l'espoir de l'an, leurs beaux blez périllez
Que mes villes et forts rachatassent l'outrage?

O fureur furieuse! ô enragée rage!

On met l'arme en la main de mon peuple insensé Quel Phalaris l'a fait ? Quel Néron l'a pensé ?

3

Sénat, non plus sénat, ains † boutique marchande De haine, de faveur et de corruption,

Certes, je n'ay pour toy ma moindre affliction,
Ne trouvant point en toy l'aide que je demande.

Jadis tu escoutois la plainte et la demande
De mes enfans foulez ; mesmes la passion
Des rois ne destournoit ta saincte affection,
Et les roys honoroyent alors ta vertu grande.

Tu foules maintenant par tes arrests les bons,
Tu adjuges leurs biens aux mutins et félons,
Tu es de l'oppresseur des justes le refuge;

Tu fay exécuteur de ton iniquité

Mon peuple furieux : aussi, pour vérité,
Un tel exécuteur est digne d'un tel juge.

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