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Romulus a fondé Rome,
On se mouille quand il pleut.
Caton fut un honnête homme,
Ne s'enrichit pas qui veut.
Je n'aime point la moutarde
Que l'on sert après diné.
Parlez-moi d'une camarde
Pour avoir un petit nez.

Quand un malade a la fièvre
Il ne se porte pas bien,
Qui veut courir plus d'un lièvre
A coup sûr n'attrappe rien.
Soufflez sur votre potage
Bientôt il refroidira;
Enfermez votre fromage,
Ou le chat le mangera.

Les chemises ont des manches,
Tout coquin n'est pas pendu,

Tout le monde court aux branches

Lorsque l'arbre est abattu.

Qui croit tout est trop crédule,

En mesure il faut danser,

Une écrevisse recule

Toujours au lieu d'avancer.

Point de mets que l'on ne mange,

Mais il faut du pain avec,

Et des perdrix sans orange

Valent mieux qu'un hareng sec.

Une tonne de vinaigre
Ne prend pas un moucheron,
À vouloir blanchir un nègre
Le barbier perd son savon.

On ne se fait pas la barbe
Avec un manche à balais.
Plantez-moi de la rhubarbe,
Vous n'aurez pas des navets.
C'était le cheval de Troie
Qui ne buvait pas de vin ;
Et les ânes qu'on emploie
Ne sont pas tous au moulin.

J'ai vu des cailloux de pierre,
Des arbres dans les forêts,
Des poissons dans la rivière,
Des grenouilles au marais;
J'ai vu le lièvre imbécille
Craignant le vent qui soufflait,
Et la girouette mobile
Tournant au vent qui tournait.

Le bon sens vaut tous les livres,
La sagesse est un trésor,
Trente francs font trente livres,
Du papier n'est pas de l'or.
Par maint babillard qui beugle
Le sourd n'est point étourdi,
Il n'est rien tel qu'un aveugle
Pour n'y voir goutte à midi.

Ne nous faites pas un crime
De ces couplets sans façon :
On y trouve de la rime
Au défaut de la raison.
Dans ce siècle de lumières,
De talents et de vertus,
Heureux qui ne parle guères
Et qui n'en pense pas plus.

XXXI

Anon.

18

ROMANCE DE NINA

Quand le bien aimé reviendra
Près de sa languissante amie,
Le printemps alors renaîtra,
L'herbe sera toujours fleurie.
Mais je regarde; hélas! hélas !
Le bien aimé ne revient pas.

Oiseaux, vous chanterez bien mieux,
Quand du bien aimé la voix tendre,
Vous peindra ses transports, ses feux;
Car c'est à lui de vous l'apprendre.
Mais, mais j'écoute, hélas! hélas !
Le bien aimé ne revient pas.
Échos, que j'ai lassés cent fois
De mes regrets, de ma tristesse,
Il revient peut-être sa voix
Redemande aussi sa maîtresse.
Paix ! il appelle: hélas ! hélas !
Le bien aimé n'appelle pas.

Etienne. 18

XXXII

L'ÉMIGRATION DU PLAISIR

Effrayé des maux que la guerre
Sur la France allait attirer,
Le Plaisir cherchait une terre
Sur laquelle il put émigrer.
La Prusse, l'Autriche, l'Espagne,
Présentent en vain leurs états,
L'Espagnol ne plaisante pas,
On ne rit point en Allemagne.

Il s'en va tout droit en Russie;
Mais le climat, par ses rigueurs,
Rend d'abord sa suite engourdie,
Et lui-même y perd ses couleurs.
Catherine en vain lui propose
De son palais le brillant toit;
Pense-t-on qu'à mourir de froid,
Le plaisir près d'elle s'expose?

Le plaisir ne calcule guère,
Il fait en peu bien du chemin.
Sans y songer, en Angleterre,
Il se trouve le lendemain.

Le Lord-Maire vers lui s'avance
Et le présente au parlement.

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Sortons," dit-il, “ très promptement On y baille plus qu'on n'y pense."

Il dirige ses pas vers Rome;
Cette ville, où régnaient les arts,
Ne lui montre qu'un petit homme
Sur le grand trône des Césars.
Il demande des vers d'Horace ;
On lui donne des Oremus,
Et dans le pays des Agnus
Que veut-on que le plaisir fasse ?

Hélas! comment rentrer en France?
Je suis sans papier et sans or.
Jadis on m'a fait quelqu'avance;
On m'en ferait peu-têtre encor.
Aussitôt qu'il met pied à terre,
Il aperçoit la Liberté.

Que peut craindre un enfant gâté,
Qui tombe aux genoux de sa mère !

Madame Viot.

XXXIII

TE SOUVIENS-TU, MARIE

Te souviens-tu, Marie,

De notre enfance aux champs,
Des jeux dans la prairie?
J'avais alors quinze ans.
La danse sur l'herbette

Égayait nos loisirs :

Le temps que je regrette
C'est celui des plaisirs.

18

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