XVI LA VIOLETTE Aimable fille du printemps, Comme le bienfaiteur discret Sans faste, sans admirateur, Sous les pieds ingrats du passant Pourquoi tes modestes couleurs Rassure-toi; même à la cour Viens prendre place en nos jardins, Je te promets tous les matins Une eau toujours limpide et claire. Que dis-je ? non, dans ces bosquets Heureux qui répand des bienfaits, XVII Dubos. 17 LA JEUNE CAPTIVE L'épi naissant mûrit de la faux respecté ; Et moi, comme lui belle, et jeune comme lui, Qu'un stoïque aux yeux secs vole embrasser la mort; Moi, je pleure et j'espère: au noir souffle du Nord Je plie et relève ma tête. S'il est des jours amers, il en est de si doux ! L'illusion féconde habite dans mon sein, Plus vive, plus heureuse, aux campagnes du ciel Est-ce à moi de mourir? Tranquille je m'endors, Et tranquille je veille; et ma veille aux remords, Ni mon sommeil ne sont en proie. Ma bienvenue au jour me rit dans tous les yeux : Mon beau voyage encore est si loin de se fin ! Au banquet de la vie à peine commencé, Je ne suis qu'au printemps, je veux voir la moisson; Je veux achever mon année. Brillante sur ma tige, et l'honneur du jardin, O Mort! tu peux attendre: éloigne, éloigne-toi ; Pour moi Palès encore a des asiles verts; Le monde, des plaisirs ; les Muses, des concerts: Je ne veux pas mourir encore. Ainsi, triste et captif, ma lyre toutefois Et secouant le joug de mes jours languissants, Ces chants, de ma prison témoins harmonieux, La grâce décorait son front et ses discours; André Chénier. 1792 XVIII LA FEUILLE "De ta tige détachée Pauvre feuille desséchée, Où vas-tu?"— Je n'en sais rien. Sans me plaindre ou m'effrayer; Où va la feuille de rose Et la feuille de laurier! Arnault. 1815 XIX À MON RUISSEAU Ruisseau peu connu dont l'eau coule Ruisseau, sur ma peine passée Près de toi l'âme recueillie Ne sait plus s'il est des pervers; Quand pourrai-je aux jours de l'automne, |