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Mourant dedans nos charges,
Nos enfants sont exclus

D'espérer en partage

Des biens qu'ils n'auront plus ;
Notre roi se réserve
De les tous agréer,
Afin que l'on le serve
Pour le mieux mériter.

Ces ordonnances faites,

On nous dit en deux mots :
Qu'on ôte la Paulette

Qui nous met en repos ;
Et que par préférence
L'on voie Sa Majesté

De tous les biens de France

Le premier créancier.

Que feront donc vos femmes
Dans ce lieu de malheur?
Resteront-elles dames?

Perdront-elles le cœur?

Iront-elles en carosse
Vous mener au palais
Traînés par une rosse
Ou bien par deux mulets?-

Nos femmes et les coquettes
S'en iront tour à tour
Écouter les fleurettes

Des messieurs de la cour.

Anon. 1684

XIV

SUR LOUVOIS

Maurice disoit à Louvois :

"Mon frère, vous n'êtes pas sage ;
De quatre enfants que je vous vois,
Vous négligez bien l'avantage;"
Louvois répond avec soupirs :
"Je sais modérer mes désirs."

"Barbezieux réglera l'État,
Souvré remplacera Turenne,
L'abbé vise au cardinalat;

Pour Courtenvaux, j'en suis en peine ;
Il est sot et de mauvais air,
Nous n'en ferons qu'un duc et pair."

Louvois, garde-toi de mourir,
Quoique ton dessein soit modeste,
Car je crains pour leur avenir
Quelque catastrophe funeste,
Et sans être un fort grand devin,
Voici à peu près leur destin.

Ton fils, secrétaire d'État,
Sera traité comme Blainville;
Souvré ne sera qu'un soldat,
Ton abbé curé de Châville,
Et l'on fera de Courtenvaux
Ce qu'on a fait de Phelippeaux.
Anon. 1690

Z

XV

SUR VILLEROI

Écoutez, grands et petits,
Les beaux dits,

Ils contiennent les merveilles
Qu'a fait notre Villeroi ;
C'est pourquoi

Il faut ouvrir les oreilles.

Dès le douze de ce mois,
Les François

Quittèrent toutes leurs lignes,
Croyant sur leurs ennemis

Endormis

Prendre une victoire insigne.

Ils passèrent le Mandal
Bien ou mal

Avec grande diligence;
Mais après être passés,

Harassés,

Leur chef usa de prudence.

Car étant par un parti

Averti

Que l'ennemi se retire,

Il dit: "Messieurs, à demain

Au matin ; Cependant je vais écrire.”

Il mande à notre grand roi
Sur sa foi

Qu'il va marcher à la gloire,
Qu'il veut assurer la cour
Dans ce jour

D'une complète victoire.

L'on passa toute la nuit
Sans grand bruit,

Tous en ordre de bataille;
Mais au jour ce général

A cheval

Visita bois et broussailles.

Mais après avoir tout vu

Et revu

Notre aile droite et la gauche De celle des ennemis

Ébahis,

La nuit se trouva tout proche.

Mais l'ennemi décampa

Et marcha;

À qui faut-il nous en prendre? Le prince de Vaudemont

Eut raison;

Pouvoit-il plus nous attendre?

Dessous Oudenarde et Gand

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Voilà de notre guerrier

Le laurier

Sec comme de la poussière ;
Si c'eût été le bossu,

Il eût su

Mieux terminer sa carrière.

Lorsqu'on sut qu'en Villeroi

Notre roi

Prenoit tant de confiance,
Chacun crut voir à coup sûr
Dans Namur

Le défenseur de Mayence.

Si tu ne viens, Villeroi,
Près du roi,

Tu ne feras rien qui vaille.
Ayant si mal débuté

Cet été,

Fais du moins comme Noailles.

Quitte là ton baudrier

Sans laurier,

Sans oublier ton épée.

Nous voyons ici fort clair:

Ton grand air

N'est qu'une pure fumée.

Il faut contre les Anglois

Des François

Qui suivent de meilleures traces;
Ils sont tous dans leurs pays

De l'avis

Qu'un bon chien chasse de race.

Anon. 1695

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