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Lyre Francaise.

I

RELIGIOUS SONGS AND HYMNS

I

ÉLÉGIE

Les cieux inexorables

Me sont si rigoureux,

Que les plus misérables,

Se comparans à moy, se trouveroient heureux.

Mon lict est de mes larmes

Trempé toutes les nuits;

Et ne peuvent ses charmes,

Lors mesme que je dors, endormir mes ennuys.

Si je fay quelque songe,
J'en suis espouvanté ;

Car mesme son mensonge

Exprime de mes maux la triste vérité.

B

La pitié, la justice,

La constance et la foy,
Cédant à l'artifice,

Dedans les cœurs humains sont esteintes pour moy.

En un cruel orage
On me laisse périr,

Et courant au naufrage,

Je voy chacun me plaindre et nul me secourir.

Félicité passée

Qui ne peux revenir,

Tourment de ma pensée,

Que n'ay-je en te perdant, perdu le souvenir !

Jean Bertaut. 1582?

II

CHANSON SPIRITUELLE

Jà le voile de la nuict
Petit à petit s'efface,

Et les astres donnent place
Au beau Soleil qui les suit.

Sus, mon cœur, pren ton déduit *
À chanter devant la face

Du Seigneur qui, par sa grâce,
Le temps gouverne et conduit.

* Divertissement.

Seigneur qui de ce Soleil
Fais le rayon nompareil
Sur bons et sur mauvais luire,

Illumine nos esprits,

Pour, au céleste pourpris,*
Heureusement les conduire.

Anon. 1569?

III

À M. DU PÉRIER, SUR LA Mort de

SA FILLE

Ta douleur, Du Périer, sera donc éternelle ?
Et les tristes discours,†

Que te met en l'esprit l'amitié paternelle
L'augmenteront toujours ?

Le malheur de ta fille au tombeau descendue
Par un commun trépas,

Est-ce quelque dédale où ta raison perdue
Ne se retrouve pas ?

Je sais de quels appas son enfance était pleine;
Et n'ai pas entrepris,
Injurieux ami, de soulager ta peine
Avecque son mépris.

* Palais.

+ Pensées.

Mais elle était du monde, où les plus belles choses

Ont le pire destin;

Et, rose, elle a vécu ce que vivent les roses,

L'espace d'un matin.

La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles :
On a beau la prier;

La cruelle qu'elle est se bouche les oreilles,
Et nous laisse crier.

Le pauvre en sa cabane où le chaume le couvre,
Est sujet à ses lois ;

Et la garde qui veille aux barrières du Louvre
N'en défend pas nos rois.

Malherbe. 1600

IV

PARAPHRASE DU PSAUME CXLVI

N'espérons plus, mon âme, aux promesses du monde ;

Sa lumière est un verre, et sa faveur une onde Que toujours quelque vent empêche de calmer. Quittons ces vanités, lassons-nous de les suivre : C'est Dieu qui nous fait vivre,

C'est Dieu qu'il faut aimer.

En vain, pour satisfaire à nos lâches envies, Nous passons près des rois tout le temps de nos vies

A souffrir des mépris et ployer les genoux :
Ce qu'ils peuvent n'est rien; ils sont, comme nous

sommes,

Véritablement hommes,

Et meurent comme nous.

Ont-ils rendu l'esprit, ce n'est plus que poussière

Que cette majesté si pompeuse et si fière

Dont l'éclat orgueilleux étonnait l'univers ; Et, dans ces grands tombeaux où leurs âmes hautaines

Font encore les vaines,

Ils sont mangés des vers.

Là se perdent ces noms de maîtres de la terre,
D'arbitres de la paix, de foudres de la guerre ;

Comme ils n'ont plus de sceptre, ils n'ont plus de flatteurs ;

Et tombent avec eux d'une chute commune

Tous ceux que leur fortune

Faisait leurs serviteurs.

Id. 1627

V

UN MOURANT

Un pied dans le sépulcre et tout près d'y descendre

Pour n'être au premier jour que poussière et que

cendre,

Puis-je encore, ô mon Dieu, fléchir votre courroux, Et recourir à vous?

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