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XLIX

SUR UN COURTISAN

-De toutes les couleurs prompt à se revêtir,
D'un vrai caméléon il a le caractère....

-De toutes les couleurs?... Ah! comme on ex

agère !

Je ne l'ai jamais vu rougir.

Fabien Pillet. 18

L

CONTRE UN CRITIQUE

Il m'appelle petit auteur!
Eh bien, c'est un petit malheur.
En attendant que l'on me dise
De quelle taille est mon censeur,
Je le mesure à sa sottise,

Et suis frappé de sa grandeur !

Id.

LI

CONTRE UN ENVIEUX

Voyez de Méricourt l'air sombre; voyez, dis-je,
Comme il paraît triste aujourd'hui ;

De son propre malheur vous croyez qu'il s'afflige?
Eh non! C'est du bonheur d'autrui.

Ponsardin-Simon. 18

LII

ÉPITAPHE D'UN AMI

-Ci-gît qui fut toujours sensible, doux, fidèle,
Et, jusques au tombeau, des amis le modèle.
Il ne me quitta pas quand je perdis mon bien.
-C'était un homme unique !—Hélas! c'était mon
chien.

Edmond Dallier. 18

LIII

UN BON CONSERVATEUR

Je ne suis pas de ceux qui ne respirent
Qu'orage, trouble et révolution.

De lutte en lutte ainsi nos maux empirent.
J'aime la paix, je haïs l'ambition.

Pourquoi ce bruit qui toujours me réveille?
Mon lit est fait ! Dans un songe flatteur
J'y dors si bien sur l'une et l'autre oreille.
Conservez-moi! je suis conservateur.

Mon lit est fait! et ce n'est pas sans peine !
Comme l'oiseau, j'ai tressé brin à brin
Plume, duvet, fil de soie et de laine;
Et le voilà! je m'y repose enfin.

Vents, bercez-moi d'une aile fraîche et pure
Avec l'ombrage, avec le flot chanteur !
Terre, et vous, cieux, et toute la nature,
Conservez-moi! je suis conservateur.

S

Mon lit est fait ! je n'empêche personne
De faire aussi le sien comme il l'entend.
Tel n'en a pas, du moins je le soupçonne,
Mais j'ai le mien, c'est le point important.
Qu'on le dédouble, on en fera peut-être
Trois, tout au plus, de moyenne hauteur ;
Mais ce serait un acte bas et traître.
Conservez-moi! je suis conservateur.

Tel qui descend, le matin, dans la rue
Ne sait où prendre, hélas ! son pain du soir.
La faim le presse, il cherche, il s'évertue ;
Presque toujours il finit par l'avoir.

Oh! l'appétit est un bon chien de chasse!
Moi, je n'ai plus celui d'un sénateur ;
Pourtant je dîne et prends ma demi-tasse.
Conservez-moi! je suis conservateur !

Mais quoi! j'entends comme un flot qui se lève,
Comme un voix qui retentit dans l'air !
N'ai-je pas vu se mêler sur la grève
La pâle écume avec le pâle éclair?
Suis-je un rêveur, un rimeur, un poète ?
Non, non; c'est bien, terrible en sa lenteur,
De flots humains c'est bien une tempête !
Conservez-moi! je suis conservateur.

Nos chefs, hélas! nos chefs n'ont rien su faire Que se voiler le front de leur manteau.

Contre l'orage et le flot populaire

Ils étaient seuls: rôle d'autant plus beau!

S'ils avaient su mourir pour notre gloire,
Ils auraient eu mon vote approbateur,
Et j'aurais, moi ! conservé leur mémoire.
Conservez-moi! je suis conservateur.

Eh! citoyens, écoutez-moi, de grâce!
Un petit mot, bien sage, par ma foi !
Mais, en riant, l'un après l'autre passe ;
Je crois, parbleu ! qu'ils se moquent de moi.
Bons citoyens, calmez votre furie ;
Rentre en ton lit, torrent dévastateur !
Je cours à vous pour sauver la patrie,
Conservez-moi! je suis conservateur.

Fuste Olivier. 18—

V

HISTORICAL SONGS, VAUDEVILLES, PARODIES, "COMPLAINTES"

I

COMPLAINTE DU JUIF ERRANT

Est-il rien sur la terre
Qui soit plus surprenant,
Que la grande misère
Du pauvre Juif-errant ?
Que son sort malheureux
Parait triste et fâcheux !

Un jour, près de la ville
De Bruxelles, en Brabant,
Des bourgeois fort dociles
L'accostèrent en passant ;
Jamais ils n'avaient vu
Un homme si barbu.

Son habit, tout difforme

Et très mal arrangé,

Leur fit croire que cet homme

Était fort étranger,

Portant, comme ouvrier,

Devant lui un tablier.

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