Page images
PDF
EPUB

Pour éviter ses créanciers,
En fit autant ces jours derniers.
Dans un siècle tel que le nôtre,
On doit être surpris, je crois,
Qu'un de nos prélats, une fois,
Ait su prendre sur lui d'imiter un apôtre.

Id.

17

XVI

ÉPIGRAMME

Un vieil abbé sur certains droits de fief
Fut consulter un juge de Garonne,
Lequel lui dit: "Portez votre grief
Chez quelque sage et discrète personne ;
Conseillez-vous, au Palais, en Sorbonne
Puis, quand vos cas seront bien décidés,
Accordez-vous, si votre affaire est bonne;
Si votre cause est mauvaise, plaidez."

Id. 17

XVII

AUTRE

"Huissiers, qu'on fasse silence,
Dit, en tenant audience,

Un président de Baugé ;

C'est un bruit à tête fendre ;

Nous avons déjà jugé

Dix causes sans les entendre!"

Barraton

XVIII

LES VIEILLARDS

Dans ma jeunesse On se divertissait; Chacun se trémoussait; Avec grâce on dansait; Dans un bal on faisait Admirer son adresse. Aujourd'hui ce n'est plus cela: Ce n'est qu'indolence, Langueur, négligence; Les grâces, la danse Sont en décadence, Et le bal va Cahin, caha.

Dans ma jeunesse
La vérité régnait,
La vertu dominait,
La constance brillait ;
La bonne foi réglait

L'amant et la maîtresse. Aujourd'hui ce n'est plus cela:

Ce n'est qu'injustice,

Trahison, malice,

Changements, caprice,

Détours, artifice,

Et l'amour va
Çahin, caha.

Dans ma jeunesse

Les veuves, les mineurs
Avaient des défenseurs ;
Avocats, procureurs,
Juges et rapporteurs

Soutenaient leur faiblesse. Aujourd'hui ce n'est plus cela: L'on gruge, l'on pille

La veuve, la fille,
Majeur et pupille;
Sur tout on grapille,
Et Thémis va
Cahin, caha.

Dans ma jeunesse
On voyait des auteurs,
Fertiles producteurs,
Enchanter les lecteurs,
Charmer les spectateurs
Par leur délicatesse.
Aujourd'hui ce n'est plus cela :

Les vers assoupissent,
Les scènes languissent,
Les Muses gémissent,
Succombent, périssent,
Pégase va
Cahin, caha.

Dans ma jeunesse L'homme sombre et prudent,

Au plaisir moins ardent,

Se bornait sagement,

Et ce ménagement

Retardait sa vieillesse.

Aujourd'hui ce n'est plus cela: Honteux d'être sage,

Le libertinage

Dès quinze ans l'engage;
À vingt il fait rage;
À trente il va
Cahin, caha.

Dans ma jeunesse
Les femmes, dès vingt ans,
Renonçaient aux amants;
De leurs engagements
Les devoirs importants
Les occupaient sans cesse.
Aujourd'hui ce n'est plus cela :
Plus d'une grand❜mère
S'efforce de plaire,

Et veut encore faire
Un tour à Cythère:

La bonne y va
Cahin, caha.

Dans ma jeunesse
Des riches partisans
Les trésors séduisants,
Les fêtes, les présents
N'étaient pas suffisants

Pour vaincre une maîtresse. Aujourd'hui ce n'est plus cela: Un commis sans peine Gagne une Climène,

P

Et dès qu'à Vincenne
En fiacre il la mène,

La vertu va
Cahin, caha.

Dans ma jeunesse
Le spectacle chéri
Se voyait applaudi;
Le théâtre garni,

Le parterre rempli,

Nous comblaient d'allégresse.
Faites-nous voir encor cela:

Qu'une ardeur nouvelle
Chez nous vous rappelle;
Pour vous notre zèle,
Constant et fidèle,

Jamais n'ira

Cahin, caha.

Panard. 1726

XIX

LES MERVEilles de l'OPÉRA

J'ai vu Mars descendre en cadence;
J'ai vu des vols prompts et subtils:
J'ai vu la justice en balance,

Et qui ne tenait qu'à deux fils.

J'ai vu le soleil et la lune

Qui faisaient des discours en l'air :

J'ai vu le terrible Neptune

Sortir tout frisé de la mer.

« PreviousContinue »